Vite, plus vite! Le dragon lui collait au cul. Il avait déjà tué tout le monde, et maintenant il en avait après lui.
Faut jamais faire confiance aux tekhanes.
C'était la veille, il buvait un coup dans un bistrot de campagne, et comme d'habitude, il avait l'intention de partir sans payer. Mais cette femme était arrivée, et lui avait payé sa note sans rien dire. Elle s'asseyait à sa table, souriante. C'était assez louche en fait.
"Quoi? Tu veux un bisou?"
Elle avait conservé un air grave, et le dévisageait comme les passants quand il passait dans un quartier noble. Elle pinça les lèvres, et s'exprima clairement:
"Je cherche des bretteurs."
Elle avait lâché ça comme ça, sans rien ajouter d'autre. Mais encore? Il s'en foutait un peu à vrai dire, il ne faisait ça que de temps en temps, par plaisir. Enfin bon, c'était habituel, sur Terra, de tomber sur des gens qui recrutent des mercenaires. Kyô bailla et la fixa, pour l'inciter à continuer.
"Tuer un dragon, ça à l'air classique comme ça, mais il est potentiellement très dangereux."
A vrai dire il s'en foutait royalement maintenant, un dragon, c'est pas amusant, aussi dangereux qu'on le dise. Alors pourquoi avait-il accepté? Peut-être pour tuer le temps, par esprit de contradiction avec lui-même, ou tout simplement pour se taper l'employeuse fort charmante au moment de la récompense. Enfin bref, le lendemain midi, il se retrouvait à gravir une montagne escarpée avec trois autres types...
Mais bon, ils étaient morts maintenant, le premier avait été percé puis calciné par un gros rayon argenté alors même qu'ils avaient atteint la plate-forme de la créature, le second, terranide de son état, avait été lancé comme leurre par l'autre bretteur pour une attaque totalement inutile. Il avait été fauché par la queue orné de lames du dragon. Le Dieu aurait pu le sauver lui, mais il n'en avait vraiment pas envie. Ensuite, la bestiole avait pris son envol et l'avait poursuivi. Le soucis? Ce foutu dragon était un robot tekhan avec un système corrompu! C'était une arme militaire haut de gamme, complètement blindée. Et elle absorbait la magie, problématique quand on s’appelle Kyô Yamiusagi et qu'on adore canarder les ennemis à la Burning Rain.
Et donc, il filait à toute allure dans les airs, poursuivi par ce truc énorme qui lui balançait des missiles et autres rayons de feu blanc. Ça commençait à le gonfler, ça faisait bien six kilomètres qu'il filait en ligne droite, et la machine ne le lâchait pas d'une semelle. Il pouvait accélérer, mais c'était ps son genre, de fuir. Alors tant pis, il fallait attendre une ouverture. Et elle vint. Il attrapa au vol deux missiles et les retourna à l'envoyeur, profitant de l'explosion pour prendre de l'altitude et se placer au-dessus de la bestiole, or de portée de vue et à l'abri d'un éventuel radar.
Et il le trouva, ce foutu point faible, il était juste là, entre les ailes, ce couvercle de verre épais. Assez énervé, le fils d'Artémis fit venir à lui son épée, qu'il empoigna avant de se jeter vers sa prochaine victoire. Cette bestiole l'aura quand même bien gonflé plusieurs minutes. Plus que cinq mètres, quatre mètres, et là...
Plouf!
Oui, plouf. Il se retrouvait sous l'eau, et son épée vint fissurer le carrelage blanc au fond. Il posa ses pieds, prit appui et remonta à la surface, puis se rapprocha du bord, et se hissa. Il cracha toute l'eau dans ses poumons, parce que oui, il venait de se noyer. Et ça faisait un mal de chien, bien que ce n'était pas la première fois. Il s'assit au bord de l'eau et regarda autour de lui. Une grande pièce, une piscine. Un plongeoir au bord de l'eau, les lumières éteintes, mais les grandes vitres laissaient passer la lumière de la lune ronde et du ciel étoilé. D'abord, c'était bizarre, techniquement, la prochaine pleine lune, c'était dans une bonne vingtaine de jours. Et puis bon, il était en plein ciel en train d'affronter un gros dragon mécanique, pas en train de prendre un bain de minuit dans une piscine municipale.
Ses bandelettes disparurent, pour en laisser place à des sèches. C'est trop bien, la magie! Il se leva, et regarda encore une fois autour de lui.
"Où est-ce que je suis? Ce machin avait quand même pas un système d'illusions?"
Il grogna, et réorganisa les mèches de ses cheveux qui collaient sur son front, avant de se les lisser de la main droite. Le mana les avait fait sécher eux aussi. En revanche, pour son hakama et ses sandales, il faudrait attendre.
Il éternua.
"Hé, il y a quelqu'un?"