L'avantage, avec ce genre de cabinets de confessionnal, c'est qu'on ne peut pas voir ce que fait la personne dans l'autre cabine. C'était un avantage pour la jeune fille, qui pouvait ainsi s'exciter sans qu'on le sache, malgré le fait que son soupir pas très saint soit assez révélateur, mais c'en était surtout un pour le " frère " qui écoutait ses aveux.
Alors qu'il parlait avec la jeune fille, toujours de sa voix sereine, à l'intérieur de sa cabine, c'était le parfait opposé. Il était presque allongé, assit désinvoltement, ses couleurs rouges et sombres de retour, se curant le nez lorsqu'il n'avait pas à parler. Lorsqu'on est caché de tous, certains en profitent pour raconter tous leurs secrets les plus noirs. Lui en profitait pour être lui même. Porter un déguisement d'humain n'était pas facile. Et écouter les usuelles prières saintes était d'un ennui. Lorsque enfin elle se mit à table, il fit craquer silencieusement ses doigts. Les acteurs sont en place, le spectacle pouvait commencer.
" V... Vraiment? Avec le p-père? Et... Et bien... Je... Je ne sais que dire... Le... L'important est que vous le regrettiez ma sœur. Dieu saura vous pardonner, car il est bon et bienveillant envers tous ses enfants... ... Où ça!? ... Haem... Excusez moi pour avoir haussé la voix, ma sœur... "
Malgré que cette voix était choquée, outrée, bref, chrétienne, Discordera était en plein éclat de rire intérieur. La catin, elle l'avait fait dans la sacristie, et elle n'a même pas attendu que les instincts pédophiles du père se réveillent. Décidément, elle a du potentiel cette petite. Plié en deux, riant à gorge déployée, il continuait pourtant son dialogue révisé par coeur d'homme de foi prude comme une pucelle, qui n'était en rien troublé malgré les spasmes provoqués par le fou rire.
C'était l'un de ses plus grand talents. La ventriloquie et l’imitation.
Alors qu'il laissait la jeune fille continuer ses confessions, lui tachait de reprendre son sérieux. Il avait rit un bon coup, maintenant il fallait passer à l'action. En vérité, il suivait les déplacement et les actions de la petite depuis un bon moment. Entre les orgasmes et les meurtres, il y avait de quoi faire, et il avait complètement pillé le stock de pop-corn du manoir tellement le spectacle était régulier et étendu. Malheureusement il n'en avait pas sur lui en ce moment. Dommage, le sucre l'aurait aidé à faire fonctionné ses neurones.
La première chose à faire était de réveiller cette petite. Lui faire prendre conscience de ce qu'elle était. Mais il fallait y aller en douceur. Les cas instables, il connaissait; lui même en avait provoqué beaucoup en y allant trop vite sur des sujets tout à fait normaux. Il faut croire que le souffle de la discorde n'est pas bon pour tout le monde.
" Je... Je ne sais que dire ma sœur... Ce sont de bien grave pêchés que vous avez commis, qui plus est, dans la maison de dieu. Je prie pour que le seigneur, dans sa grande bonté, pardonne cet affront que vous lui faites. "
Il attendit quelques secondes. Assez pour mimer un silence gêné. Puis il renchérit:
" Je m'excuse d'avance de ce que je vais vous demander ma sœur mais... Pourquoi ma sœur? Qu'est-ce qui vous pousse à commettre ces actes horribles dans la maison du seigneur? "
" Alors, c'était comment? "
Comme un éclair, une seconde voix avait retentit, bien plus grave, bien plus malsaine. Mais dans le même temps, elle était lointaine. Elle était dispersée... Quelqu'un avait-il vraiment parlé, ou bien était-ce une hallucination de l'esprit de la jeune fille? Elle pouvait nier, elle pouvait se dire que ce n'était qu'un rêve, que le démon dans ses tripes qui lui envahissait la tête. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que ce sentiment malsain était quelque chose de bien pire que ses propres pulsions sexuelles qui lui avaient parlé...
" C'était comment? Tu as aimé? Non? Alors pourquoi tu continues à en redemander, encore et encore, hmm? "
La voix était comme un bruit de fond. Persistante, insaisissable, et pourtant on avait du mal à savoir si elle était là ou pas. Comme ces chansons qu'on se met dans la tête. On veut tout faire pour les oublier, mais elles restent là. Et plus on pense à elles, plus l'esprit se focalisent sur elles, oubliant tout le reste. Et ce n'était pas agréable du tout.