Ces derniers temps, Ishtar se devait de faire attention à qui elle croisait, à qui elle parlait, avec qui elle s’amusait … Les beaux-jours où, insouciante, elle vivait de l’argent de quelques personnes étaient passés. A présent, elle devait rendre des comptes. Ainsi, elle se retrouvait cloitrée chez elle, dans cette vieille maison de geisha, à guetter qui passait, à prier afin qu’on épargne le semblant de vie qu’il lui restait. Un verre de saké entre les doigts, elle passa sa tête par la fenêtre de sa chambre. Depuis peu, on l’avait installée au rez-de-chaussée, en attendant que la tuyauterie de sa chambre soit comme neuve. Cela multipliait par cent les chances qu’elle avait de se faire prendre … elle poussa un immense soupir, et se permit de passer sa main par la fenêtre ouverte, savourant le courant frais qui passait dans cet air surchargé d’une chaleur maligne.
Une main agrippa son poignet, lui arrachant un cri. Le verre se brisa à ses pieds, tandis qu’elle hurlait comme une folle.
- Ferme-la, Ishtar.
Reconnaissant la voix, elle s’executa.
- Hans ?
- Ferme-la. Rends-moi mon argent.
- Mais …
- Immédiatement !
Sa voix tambourinait l’esprit de la jeune femme. Elle craignait qu’il ne lui brise le poignet gauche. Enfin, elle était droitière, elle s’en foutait un peu. La prise sur sa main se défit, et elle regarda l’homme. Il avait un Beretta dans la main. Elle s’efforça de sourire.
- Hans, s’il te plaît, on peut s’arranger … dit-elle doucement. Tu me connais …
- Je veux de l’argent, Ishtar.
Elle soupira, et il enclencha son flingue.
- Je ne peux pas, Hans.
- Oh, mais tu pourras … Je suis installé pour une semaine dans les landes ma belle. J’attends ta visite, et surtout l’argent que tu me ramèneras.
Elle s’apprêta à lui répondre, quand il lui plaqua l’arme sur la tempe. Elle poussa un cri sourd, aigu.
- Tu sais qu’il ne faut pas trop se frotter aux Yakuzas, hein ?
- Aucun rapport, il ne veulent pas de toi, grinça-t-elle.
- Disons que l’argent que tu me donneras leur reviendra … et que si tu ne le ramènes pas, c’est toi qui sera vendue comme esclave, d’ici quelques jours.
Elle voulut répliquer, mais ne put. Il partit alors, rangeant son arme, la laissant chamboulée dans sa chambre qui puait le saké. Elle reprit sa respiration un moment, étouffée par l’air aride qui remplissait sa chambre. Elle se colla une gifle, se traita de folle, puis reprit ses esprits. Il fallait qu’elle trouve une créature quelconque. Si elle ramenait à Hans la moindre chose qui puisse avoir de la valeur, elle serait sauvée. Une terranide, par exemple … Ou … Putain, j’en ai aucune idée. Elle s’extirpa de sa demeure qui sentait la braise, et se posa face à la maison, adossée contre le mur, scrutant la rue.
A force de jouer avec le feu, elle aurait dû se douter qu’elle s’y brulerait les mains.
D'ici peu, elle partirait en chasse.