Mal.
Oh oui, j'ai mal.
Mais pas une douleur plaisante.
Pas la douleur qui rythme certains ébats.
Non.
Une vrai douleur !
Celle qui vous brûle de l'intérieur, qui vous embrouille l'esprit, qui peut vous faire vivre un véritable
enfer tout au long d'une journée.
Cette douleur qui vous donne envie de mourir, qui annihile votre capacité de raisonnement,
qui vous fait vous demander pourquoi est-ce que vous la supportez.
Il s'agit bien de cela.
Mon poignet droit, d'ordinaire si agile et si vif, est désormais plaqué contre mon buste.
Mon chemisier blanc est taché de sang.
Je pense qu'un os de ce poignet ouvert est brisé.
J'ai entendu un craquement plus tôt.
D'ailleurs, comment me suis-je faite cela ?
C'était tôt ce matin.
Ou tard le soir pour ceux qui n'avaient pas dormi.
Encore une fois debout à l'aube, accompagnant les rayons du soleil naissant.
Je me promenais dans une ruelle.
Vide.
Déserte.
Puante.
Mon poignet droit était plaqué sur le bas de mon visage dans le vain espoir de faire disparaître cette entêtante
odeur nauséabonde qui m'agressais les narines.
Je marchai sur un rat.
Avec une grimace de dégoût, je le regardai détaler comme si sa vie en dépendait.
Je m'apprêtais à repartir lorsqu'une porte s'ouvrit et que deux hommes puant la vinasse en sortirent.
Je n'eus pas le temps de me reculer dans l'ombre que leur regard accrocha le mien,
aidés de la luminosité de leurs lampes.
Je les reconnais immédiatement. Ce sont les deux vendeurs itinérants que j'ai gruger il y a une bonne semaine,
avant de revenir dans la ville de Nexus.
J'ai subtilisé leurs vivres et leur argent. et j'ai brûlé leurs fringues et leurs charrettes où ils transportait ceci.
Pour quelle raison ?
Aucune idée.
Leurs visages, ils tentaient de faire resurgir des souvenirs dont je perçu que je ne souhaitais pas le retour.
Alors, pour pouvoir rester sans ceux-ci, j'ai voulu les réduire à l'état de mendiants et pauvre,
pour qu'ils meurent de faim.
Mais apparemment non.
Ils étaient là, et malgré leur ébriété avancée, ils réagirent vite en se jetant sur moi.
L'un d'eux avait un couteau et m'immobilisait par terre en s'appuyant sur mon bras droit.
L'autre me tenait l'autre bras en étant à califourchon sur mon ventre.
Je sentais leurs haleines avinées mêlée à la puanteur de ce dans quoi j'étais maintenant allongée.
La boue et les ordures dans mon dos...
Sans compter les autres merdes qu'il pouvait y avoir.
Je me débattais, brusquement, violemment.
Si violemment qu'en voulant récupérer l'usage de mon bras droit pour frapper celui qui me clouait au sol,
je réussi à me briser le poignet.
Un craquement sonore.
La jambe du type appuyait plus encore dessus.
Je hurlai.
En voulant me faire taire, l'homme assis sur moi m'étrangla presque.
L'autre trouvait amusant d'appuyer sur mon poignet douloureux.
Je sentais qu'au moins l'un d'eux était excité par cette situation.
Celui qui me maintenait dans les détritus à terre.
Une excroissance se faisant sentir contre mon ventre alors qu'il était penché sur moi.
Je suffoquais.
Il relâcha un peu la pression de mon cou.
Je rassemblais mes forces et mon souffle pour hurler à nouveau quand mon cri naissant
s'étrangla dans ma gorge.
Une lame s'enfonçait dans mon poignet inerte, déchirant la peau, laissant le sang couler à flot.
L'autre lui grogna de refermer la plaie, ou d'empêcher le sang de couler sinon
j'allais leur claquer entre les pattes.
C'est à contre-coeur qu'il déchira n bout de ma chemise pour venir serrer mon poignet,
rajoutant plusieurs bandes de tissus.
Je n'avais plus de manches à mon chemisier et il était maintenant ouvert sur mon ventre.
Le sang fut momentanément stoppé mais la douleur persistait, aiguë, lancinante.
Je ne tournais malheureusement pas de l'œil, aussi pouvais-je sentir que celui qui m'écrasait au sol
remontait ma jupe mi-longue noire et tirait sur le shorty assorti.
Je senti bien également qu'il me redressa,
me tenant d'une main comme on tient une poupée de chiffon,
et me plaqua contre le mur.
Mon poignet heurta les briques et je lâchais un autre hurlement qui fut couver
par une bouche violente et agressive.
Il mit fin au baiser prit de force pour venir m'attraper les cheveux et me faire pivoter.
Face contre le mur.
Je le ressenti s'insérer en moi de manière brutale, sans préparation.
Mon cri fut couvert par le mur contre lequel j'étais plaquée, sodomisée.
Position qui changea lorsque l'autre en quémanda aussi.
On me tira les cheveux et, à quatre pattes sur le sol dégoûtant,
la barrière de mes lèvres closes furent franchies.
Heureusement pour moi, je pense,
ils étaient trop excités par cette situation pour prendre trop de temps.
Quelques minutes de calvaire après, c'était fini.
Le sperme me maculait le visage et la croupe.
Comme si c'était normal, ils rangèrent leur matériel masculin et partirent en riant et parlant fort.
Couchée sur le sol, j'haletais.
J'hoquetais de douleur même.
Mon poignet était sous moi.
Trouvant la force de me relever dans la peur d'être découverte,
je longeais le mur jusqu'à disparaître dans l'obscurité.
Je savais où trouver de quoi me laver.
Mais pas où me soigner.
J'allais déjà plonger toute habillée dans le port.
L'eau salée raviva la douleur de ma plaie, mais au moins, elle la désinfectait.
Je grimaçais, allant jusqu'à me mordre la lèvre au sang pour ne pas crier,
et me débarbouillait, endolorie, épuisée.
Quand ce fut fait, je sorti de l'eau.
Ruisselante, je couru, éperdue, vers ma "tanière" où je me reposerais.
Je m'y étais assoupie une bonne heure avant de me réveiller sous la douleur lancinante.
Le poignet était bel et bien brisé, en un angle étrange.
Le bandage, refait hier après le bain de nuit, était taché de sang.
Il fallait que je trouve un médecin, ou quelqu'un qui me soigne ça en tout cas.
Et maintenant, je suis assise dans la ruelle où j'ai élu domicile.
Je m'étais mise en route pour trouver un médecin,
mais la fatigue m'avait vaincue et je me suis laissée glisser le long d'un mur.
Heureusement, la ruelle était plus propre qu'hier.
Depuis deux heures, je comatais.
Un chien errant, maigre à faire peur, me réchauffait faiblement, couchée sur mes jambes étendues devant moi.
Mes cheveux blonds étaient emmêlés, et ma mâchoire crispée sous la douleur horrible.
J'espère perdre conscience assez vite pour ne pas sentir davantage ce mal qui me ronge.
Ou alors, je souhaite qu'un individu bien intentionné passe par là.