C'était bien ma veine, je devais sûrement être tombé sur un cinglé échappé de l'asile du coin, un retardé du citron qui ne comprenait que la manière fort, où qui ne comprenait rien du tout. Foutrecul, qu'y avait il de sorcier à saisir qu'on était dans la panade et à s'avouer vaincu en levant les bras et en posant son barda pour se monter gentil ? Mais naaaaaaan, ces types devaient systématiquement ignorer les injonctions qu'on leur faisait et devaient systématiquement faire les marioles. C'était une histoire de fierté mal placée et d'hormones trop sollicitées, ça ! Merde, le jour où je me rendrais compte que je suis plus cuit qu'un immolé, ben je lâcherais l'affaire, moi !
Encore un p'tit con, le blondinet qui était là-dedans. J'aurais mis ma main à parier que c'était un petit zonard qui était venu chercher le grand frisson en se trouvant un gun et qui comptait impressionner une de ses copines en lui remuant sous le nez. Enfin... Il m'avait entendu mais avait fait le malin en disant qu'il "n'y avait personne" avant de sûrement retourner à son petit shopping musclé. J'allais répondre en passant cette fois la tête quand un gémissement m'interrompis, accompagné du bruit d'un sac qu'on aurait traîné sur le sol. En silence, je regardais prudemment à l'intérieur pour voir le petit vieux tenter de s'échapper alors qu'il laissait ses tripes devant la vitrine des couteaux de combat. J'allais lui tendre la main lorsqu'il reparti en arrière brutalement avant de passer la vitrine avec la force d'une orange lancée par un colosse... Et de s'écraser contre le mur le plus proche avec le même résultat, ce qui me fît ouvrir de grands yeux ronds.
En plus d'être plus équipé que tout l'Irak, le gamin était croisé avec King Kong. En pensant à mes hypothétiques renforts, je priais le ciel pour qu'ils emportent avec eux un lance-roquettes chargé.
"Crik crak" ? Co... Comment ça, "Crik Crak" ? Ce con comptait vraiment sortir avec son flingue à la main pour se tailler un chemin tranquillement ? Et MERDE ! Je faisais quoi, moi ? J'appellais les Power Rangers pour qu'ils me filent les clés du Mégazord ? Tiens, en parlant de clés... Pourquoi il les avait balancées juste aprés le cadavre ? C'était clair, le gosse était syphonné. Et je devais l'être tout autant, parce que j'étais bien décidé à l'arrêter.
- Dis voir, tu compte pas te rendre gentimment, hein ? Ca serait sympa, tout de même...
Je soupirais, puis je me décidais à m'aventurer un peu sur son terrain. Plus on est de fous, plus on se fend la poire. Et si il ne m'avait vraiment pas vu, la première fois ? Bon, si il lui fallait un support visuel, j'allais jouer le jeu. Je cherchais quelques instants autour de moi avant de trouver un bâton puis j'ôtais une de mes chaussures pour enlever la chaussette du pied concerné pour le foutre sur le bâton. Trempant mes doigts dans une flaque de boue (enfin un étron, mais je le compris trop tard), je dessinais à ma chaussette une face de smiley improvisé. Deux traits parallèles pour les yeux, un arc de cercle pour la bouche et hop ! Je venais de faire apparaitre Monsieur Pudépié, négociateur de son état.
Pudépié passa donc la porte, offrant à l'agresseur quelque chose à regarder en parlant. C'était officiel, j'étais aussi cogné que ce con de blond, là. Est-ce que les autres flics faisaient ça, hein ? J'étais bon pour la camisole.
- Je recommence. Bonsoir, merdeux ! Je disais donc, le quartier est cerné, tout ça tout ça ! T'a plus aucune chance de t'en sortir, alors tu devrais poser tout ton attirail et sortir les mains en l'air, d'accord ? La partie est finie, t'a plus de crédit ! Game-Over !