Parfois, on va détester une chose, ou une autre. Sans vraiment de raisons valables. Par exemple, cette caissière, parce que c’est physique. Le soleil, parce qu’on voulait de la pluie.
Là, c’était la femme qui était devant Engel qui déchainait en elle des envies de meurtre. Elle ne savait pas pourquoi, d’ailleurs. Juste parce que cette femme était devant elle, penchée, prenant son temps. « Oui, elle prend son temps, et tu n’es pas patiente, voilà tout » se rassura-t-elle. Tout allait bien, elle n’était pas associable, pas détestable, ni de mauvaise humeur.
Elle était normale.
En apparence, là, ça se discutait. Elle portait, en guise de robe, deux immenses débardeurs superposés, surmontés d’un veston là aussi trop grand, et des chaussures à talons qui ressemblait à des converses montées sur talons vernis. Ses longs cheveux verts tombaient sur ses épaules, délicatement, à cause d’une pince capricieuse qui refusait de les maintenir en place. Vu comme ça, elle ne semblait pas normale, non. Elle ressemblait à une enfant qui avait piquée les vêtements de sa mère.
Et elle était affalée dans les marches, essayant de boire allongée - c’est dur, je vous le promets - un Starbuck survitaminé qui lui donnait les joues roses. Ses yeux brillants, gris, scrutaient les alentours avec une curiosité non dissimulé.
Devant elle était posée une casquette esprit « gavroche », posée comme pour faire la manche. Elle ne faisait pas la manche, non, mais elle aimait beaucoup cette idée de passer pour une droguée clocharde. Elle s’en moquait, après tout.
Elle venait de faire scandale dans un magasin en faisant tomber tout un étalage. « C’est pas ma faute, se répéta-t-elle, si cette étagère est tombée ! » L'histoire avait retentit partout dans le centre commercial, et elle récoltait des regarsds étranges. Elle soupira.
- Le monde ne m’aime pas, grogna t’elle