Mélisende observa la jeune fille se lever. Elle était toujours autant touchée par sa pudeur. Kimiko se drapa comme elle pouvait dans le tissu. Ces gestes étaient maladroits ne faisant que renforcer cette idée de naissance ou de renaissance.
« Comment dois-je t'appeler ? Je ne voudrais pas me montrer irrespectueuse »
La jeune fille rougissait à ses paroles. Mélisende lui adressa un sourire rassurant.
« Appel-moi Mélisende, tout simplement »
L’ensorceleuse ne tenait pas du tout à ce qu’elle l’appelle maman ou quelque chose dans ce goût là. A l’inverse, elle ne tenait pas non plus à un « madame ». Le vouvoiement l’éloignerait d’elle. Or, Mélisende était bien loin de vouloir cela, au contraire. Si elle considérait Kimiko comme sa fille, du moins en partie, elle n’allait pas se priver de la former à certaines choses qui concernaient le sexe. Un des domaines de prédilection de la magicienne.
« Suis-moi, maintenant »
L’ensorceleuse sortit de la chambre et passa dans son salon privée. Ce dernier était meublé simplement mais toujours dans les matériaux de la magicienne, argent et soie bleu roi. Un sofa, deux fauteuils, une bibliothèque, des chandeliers sur pied, des coussins et des sculptures antiques le décoraient. Sortant sur le palier, Mélisende descendit l’escalier de marbre menant au couloir principal.
Elles passèrent devant trois chambres aux proportions moyennes dont les entrées étaient simplement cachées par des voiles blancs transparents. Une bibliothèque et un salon suivirent les chambres. Enfin, elles arrivèrent dans la pièce principale de la grande demeure. Du moins, la pièce principale visible à tous. La plus grande restant la bibliothèque au sous-sol.
Là, la table immense en argent, était toujours emplie de victuailles. Mélisende en faisait une des priorités pour ses esclaves. Au cas où quelqu’un s’inviterait chez elle, à l’improviste. Nombre de lits romains et de coussins se trouvaient tout autour de la table particulièrement garnie. Le reste de la pièce se composait de lits romains, de sofa, de coussins, de tentures, de chandeliers sur pied et de sculptures anciennes en marbre, comme toute la maison.
Quelques animaux, autrefois humains, des anciens amants qui ne satisfaisaient plus la maîtresse des lieux, se trouvaient là. Deux lions, trois loups gris et une panthère noire.
Mélisende rassura Kimiko.
« Ils ne sont pas méchants, du moins avec moi et toi, bien sûr. Ils ne te feront aucun mal. Il y a beaucoup d’animaux ici. Certains vont et viennent dans cette pièce mais la plupart reste dehors sur l’esplanade. Continuons un peu »
La sorcière reprit ses pérégrinations empruntant l’autre couloir qui desservait principalement les termes. Une pièce immense, basée sur la structure des thermes anciens romains, se composant de plusieurs bains aux propriétés et à la composition différente. Ensuite, une autre chambre et un nouvel escalier qui descendait uniquement.
Mélisende lui présenta chacune des pièces avant de revenir à la salle principale.
« Voilà, les pièces où tu peux circuler librement, y compris l’esplanade. Les pièces du sous-sol sont pour les esclaves et pour mes laboratoires. Personne ne peut ni ne doit y pénétrer. C’est compris ? – elle fit une pause voulant faire comprendre à la jeune fille qu’elle ne devrait jamais transgresser ses règles – Alors comment trouves-tu cette demeure, Kimiko ? »