La journée était belle, il ne faisait pas trop chaud, pas trop froid… Quoiqu’il faisait un peu trop chaud pour faire du roller. Alors Sam avait enfilé rapidement un vieux tee shirt coupé à l’arrache et tout déchiré, blanc avec la bouche des Rolling Stones imprimée dessus (quoiqu’elle se barrait en saucisse, on l’imagine vu que le tee shirt avait l’air particulièrement vétuste), avec une petite jupette, des bijoux et c’est parti. Et des Doc Marteens au pieds, c’est important de le préciser. Et puis… Direction le lycée. C’était le plus distrayant quand elle n’avait rien d’autre à faire. Elle avait un an ou deux de plus que les élèves qui y étaient, mais ça fait rien. Cracher discrètement ses chewing gums dans les cheveux des midinettes et leur voler leurs mecs la faisait marrer. Quoique pendant que tout le monde était en cours, c’était moins drôle. Enfin… Comme d’hab, elle choisit la salle où elle allait entrer au plouf plouf, histoire de voir si la chance était avec elle ce jour là.
-Une boule en or c’est toi qui sort…
Il n’y avait déjà plus personne dans les couloirs, ça voulait dire que les cours avaient déjà plus ou moins débuté. Mais Sam restait imperturbable. Elle continuait son plouf sans faire attention au possible retard qu’elle aurait. Après tout, si un prof la refusait, qu’est-ce que ça lui ferait ? Elle changerait de cours, voilà tout. Son doigt s’arrêta donc sur la porte de la salle où Marine et les différentes élèves présentes entamaient déjà un débat. Sam frappa doucement, passa la tête à l’intérieur et se glissa discrètement entre les murs, saluant de la tête les personnes présentes sans parler pour ne pas les interrompre, se mettant à sourire en entendant les paroles échangées. Son sourire s’accentua de plus belle alors qu’elle s’asseyait. Antiquité. Grecque, d’après la toge que portait celle qui semblait être le professeur, mais à l’écouter, ça serait plutôt sur l’Egyptienne. Peu importait, Sam adorait complètement ces deux thèmes. Si quelque chose la passionnait bien, c’était la mythologie. Excellent choix donc, la chance était avec elle.
Débat sur les relations incestueuses apparemment qu’avaient les égyptiens entre eux, et qui avaient perduré, même en Europe, jusqu’au XIXe voire au Xxe siècle… Avant l’avènement de la génétique il semblait à la jeune femme. Les rois de France s’étaient longtemps mariés avec leurs cousines ou sœurs, idem dans l’aristocratie anglaise où pour conserver la pureté du sang ou réunir deux domaines proches, on mariait les enfants ensemble… Afin de conserver l’héritage et le cercle d’évolution. Pratique contestée à notre époque, mais naturelle en d’autres temps. C’était une notion plutôt claire, il fallait parvenir à s’immerger dans le contexte de l’époque, où les liens du sang n’ont qu’une valeur religieuse et non scientifique. De toutes façons, en ces temps là, tout était religieux. Avec lenteur, Sam leva la main pour avancer une ébauche de réponse à la question de Shad.
-Les mariages forcés sont vus comme une prison pour nous, à notre époque encore une fois. Parce que le christianisme a en effet beaucoup influencé les mœurs. Nous prônons la monogamie et la fidélité, Sam se retint de commenter que c’était quelque chose d’hypocrite, mais à grand peine, mais dans le temps, il n’était pas rare que Pharaon ait un harem. Sa femme, c’était autre chose. Ca n’était pas une épouse comme on l’entend aujourd’hui. C’était son homologue, elle aussi avait le droit divin. Elle était là pour engendrer la progéniture pure et divine, représentante d’Isis sur terre. Autrefois, on faisait beaucoup plus la différence entre l’amour charnel et spirituel. Et le mariage, je crois, n’était qu’une union spirituelle en fin de compte. L’union charnelle pouvait se célébrer avec différents partenaires ?
Elle espérait ne pas avoir dit trop de conneries, et adressa un regard interrogatif au professeur. Ca se trouve, elle biderait à mort, en plus d’être arrivée en cours de route, mais qui ne tente rien n’a rien à ce qu’il paraît…