Il est 12h47, nous sommes le 12 janvier. L’activité du cabinet Dolan avait baissé. Il était l’heure de manger et les employés s’étaient égayés dans la ville à la recherche d’un encas bien mérité. Mais pas pour William dont les responsabilités le tenaient éloigné des préoccupations telles que la faim.
Cent milles idées tourbillonnaient dans la tête de maitre Dolan. Beaucoup de décisions à prendre, de problèmes qu’il devait résoudre. Le stress était monnaie courante pour lui et il savait le gérer. Cependant, ça faisait un certain moment qu’il passait ses nerfs sur son jardin zen, touillant le sable avec son râteau en bois et positionnant les galets de manière esthétique. C’était un cadeau de ses employés pour son anniversaire ; une attention amusante et touchante qui lui avait fait très plaisir. Comme quoi même dans des sociétés qui visaient le profit en faisant fi de la morale, on pouvait passer des moments simples et agréables.
Non, décidemment il n’arrivait pas à se concentrer. Prendre un peu l’air lui ferait le plus grand bien. Une pause s’impose. William prit sa veste et se prépara à quitter son bureau. Il jeta un regard hésitant à son attaché-case et décida finalement de prendre une « vrai » pause. Il sortit donc de son bureau en y enfermant ses soucis et ses obligations.
Après, une longue descente en ascenseur, William sortit de l’immeuble sans prêter attention à la plaque d’or gravé où on pouvait lire « Cabinet Dolan. Droit Pénal. ». Une berline l’attendait garé juste devant l’entrée. Le chauffeur vit William arriver et lui ouvrit la portière avec un sourire sincère.
- Bonjour monsieur Dolan, où désirez-vous aller ? demanda-t-il.
- Bonjour Ideki. J’aimerais profiter de votre sagesse pour me trouver un bon restaurant, répondit William en entrant dans la voiture.
Le chauffeur fit un hochement de tête et se mit au volant de l’engin. Celui-ci s’inséra dans la circulation et progressa lentement dans le centre ville. A travers les vitres de la berline, William regardait les rues défiler, les visages anonymes qui passaient et qu’il oubliait quelques secondes plus tard. Au bout, d’un quart d’heure la voiture s’immobilisa devant un petit restaurant que Dolan connaissait vaguement. Il n’y avait jamais été mais le changement lui ferait du bien.
- Vous y êtes monsieur.
- Merci Ideki, ne m’attendez pas. Allez manger vous aussi.
Maitre Dolan était un bon patron. Il savait être généreux avec ses employés alors qu’avec le salaire dont ils bénéficient, il pourrait très bien les traiter comme des moins que rien, qu’ils ne s’en plaindraient pas pour autant. Cependant, il ne cherchait pas leur amitié. Il aurait très bien pu inviter Ideki à manger avec lui mais il y avait des limites à ne pas franchir. Toute la subtilité était là ; entretenir de bonne relation avec ses employés sans pour autant leur faire oublier qui commande. C’est essentiel.
William poussa la porte de l’établissement et observa le restaurant. Ideki avait très bien choisi. Il régnait une ambiance calme. Les lampes, avec des abas jours bordeaux, éclairaient les lieux d’une douce lumière tamisée. Les tables étaient séparées par des cloisons d’un mètre de hauteur qui assuraient l’intimité des clients. Cet endroit était tout à fait charmant.
Une serveuse qui avait vu William entrer vint à sa rencontre et le conduisit à une table. Lorsqu’il fut débarrassé de l’inconfort de sa veste, l’avocat s’installa sur le siège rembourré et parcourut le menu des yeux. Il avait des envies de fruits de mer. Les douceurs Marine le détendrait surement.