Charly :
Quoi de mieux que de se reposer après une longue et pénible mission sur Terra ? Le duo avait été commissionné par un homme d’affaires pour récupérer des biens qui lui avaient été volés une semaine auparavant. Une mission relativement simple. Et bien payée. Ils avaient dû refaire quelques portraits au passage, mais c’était le métier.
La sœur et le frère n’avaient aucun souvenir d’une mission sans utiliser la violence. Même quand tout était millimétré, il y avait forcément des blessés, et souvent des morts. Il serait impossible de savoir combien de personnes ils avaient tuées, surtout pour Dany, qui avait été façonnée pour devenir une véritable machine à dézinguer tout ce qu’on lui demandait. Elle avait été formatée pour détruire : d’un simple claquement de doigt, d’un simple mot, elle devenait un chien fou. Maintenant qu’elle était libre, elle avait appris à être un peu moins impulsive. Même si cela restait difficile et que son passé refaisait souvent surface.
Charly : Tu crois qu’on deviendra quoi une fois morts ?
Autour d’un verre de bière dans une taverne miteuse de la ville, le duo s’apprêtait à refaire leur vie… comme bien souvent.
Dany : On sera morts. il n’y aura rien. On ira manger les pissenlits par la racine, c’est tout.
Charly : Tu ne crois pas qu’il y a quelque chose ? L’enfer, le paradis, d’autres trucs, tu vois ?
Dany : Non, je n’y crois pas. Et je préfère ne pas y croire.
Charly : Pourquoi ?
Dany rigola en se penchant sur sa chaise, faisant craquer les pieds sous son poids.
Dany : Tu crois qu’avec tout le mal qu’on a fait, on aurait une place bien au chaud au paradis ?
Charly, on tue des gens tous les deux jours. On a fait les pires saloperies pour le compte de James : drogue, putes, armes, trafic d’organes —
Charly : Oui, c’est bon, j’ai compris, Dan. Mais comme tu dis, on était sous le joug de James.
Dany : Ouep. On a arrêté certaines choses maintenant, mais on ne va pas se le cacher : on ne fait pas le bien. On a fait tellement de choses dégueulasses qu’il nous faudrait trois vies minimum pour se racheter.
Le duo continua leur conversation autour de leurs verres, en en commandant de nouveaux ainsi qu’une grosse assiette de sanglier à partager pour le repas. Dany était à un bout de la table, pantalon noir, débardeur blanc, affichant son corps musclé et marqué par le passé. À l’autre bout de la table, Charly, presque dans la même tenue, portait en plus une veste noire. Aucun des deux ne s’attendait à être dérangé ce soir.