Les vestiaires d’un stade de base-ball tout fraîchement rénové, quelque soixante-dix kilomètres au sud de Seikusu.
L’après-midi ne fait que commencer que la fête bat déjà son plein pour ces douze garçons qui tous, et sans la moindre gêne, se défont de leurs uniformes pour filer sous les douches communes. Et pour cause : de bout en bout, l’équipe de leur lycée a mené le jeu, et a fini par remporter haut la main le match qui les opposait à Seikusu. Une première en dix ans qui les envoie droit en demi-finale des tournois du printemps.
Tous rient, chahutent à grand bruit, et n’hésitent pas une seconde à se claquer les uns les autres à coups de serviette, trop heureux qu’ils sont d’avoir fait si fort.
« On est beaucoup trop bons, les gars ! Z’avez vu ça ?! » fait un premier, tout sourire, alors qu’il quitte les vestiaires pour la grande pièce carrelée juste à côté, frottant son derrière rougi par le coup qu’il vient tout juste de se prendre.
Un second confirme en le prenant par les épaules et les autres ne tardent pas à suivre en commentant ce match qu’ils viennent à peine de terminer, sans omettre de passer, bien sûr, par la case vantardise.
Les yeux du premier glissant sur les généreux attributs de son voisin, il repousse aussitôt ce dernier, craignant quelque peu cette bien trop virile proximité.
« Ah putain, éloigne-ça ! »
Tous rient, alors que s’enclenchent une à une les douches disposées aux murs. Comme à chaque fois, les garçons évitent de trop se regarder, surtout dans pareille situation, mais la nature humaine faisant et, le trop important besoin de se comparer n’aidant pas, les yeux de certains ne peuvent faire autrement que de glisser sur certains de leurs compères.
L’un d’entre eux surtout, leur capitaine, et la remarque qui suit a bien sûr le don de tous les tourner vers lui :
« Sérieux, mec… t’es un putain d’bourrin, c’est pas humain. Ça rentre dans quequ’chose, ça ? », lâche en effet l’un d’entre eux à l’intention du plus grand d’entre tous. Un type sacrément grand et qui, de ce fait, ne fait pas du tout son âge. Monté comme un poney, les remarques à ce sujet font jaser depuis belle lurette, et faut croire qu’il en joue, un peu trop fier qu’il est à ce sujet.
« Hahahahaha. Ta mère s’est jamais plainte, Takuo. »
Nombreux sont ceux qui rient, encore, exception faite du dénommé Takuo bien sûr, qui n’a que trop entendu cette mauvaise répartie de la part de son aîné.
Les éclats de rire s’estompant, l’attention vient se porter ailleurs, à l’autre bout de la pièce, lorsque l’un d’entre eux sursaute, pris d’un hoquet de surprise alors qu’il s’éloigne du camarade qui se savonne juste à côté de lui.
« Merde Tetsu, tu bandes, putain ? », lance-t-il à ce fameux camarade qui, non content d’être pris, en effet, d’une érection du feu de dieu, est aussi en train de se la savonner allègrement.
« Ouais, mais j’y peux rien ! M’regardez pas comme ça. C’est l’autre, là, aussi. », rétorque alors le freluquet que tous zieutent alors, tout petit, mais particulièrement fougueux, à en croire la courbe formée par son menu, mais étrangement long engin, qui semble prêt à être décoché comme une flèche.
« ‘tain, ouais. Z’avez vu ce cul ? », dit l’un d’eux, se prenant à rêver alors qu’il plonge un court instant dans ses souvenirs.
« Et ses nibards ! Rien n’vaut de beaux, gros nibards et putain, les siens y sont… WAW. »
Alors que les rires de certains reprennent, d’autres ne peuvent s’empêcher, comme ces derniers, de laisser leurs pensées s’égarer en quelque élan un peu salace.
« Elle va vraiment venir, vous croyez ? »
« Eh, elle a intérêt. Le jeu c’est l’jeu. Soit ça, soit ils allongent les biftons. C’est le deal. »
« Ça doit leur faire tout drôle, hahahaha. Eux qu’ont jamais perdu en dix ans. »
« Ouais. Et elle. Ça fait un moment qu’elle les supporte, cette connasse. À agiter son gros boule partout, chaque année. Putain ça m’dirait carrément d’la foutre à poil, celle-là. »
« Wowowowo. On y va doucement, hein. Le deal c’est d’la foutre sous la douche. Au pire vous materez c’qu’il y’a sous sa tenue de pom-pom girl trempée, mais rêvez pas trop non plus, hein. Ok ? »
« Roh, allez. Me dis pas que t’as pas envie de toucher sa grosse, grosse grosse paire de nichons, toi aussi ? »
« Si. » répond le capitaine de l’équipe, avant d’éclater de rire comme les autres.
Quand soudain, la porte séparant les vestiaires aux douches se rouvre venant faire tourner les têtes.
Un garçon siffle, puis un autre, avant qu’un premier, le poing levé, ne vienne scander un slogan que très vite, tous partageront, le sourire aux lèvres tout en continuant de siffler :
« À poil ! À poil ! À poil ! »
Une silhouette passe l’encadrement de la porte, et l’un des garçons s’approche, prêt à prendre les devants quoiqu’on en dise.
La pom-pom girl de Seikusu, que ce soit le deal ou non, lui a bien envie de la désapper.
« Hey ! Alors t’es venue, hein ? », jette le petit rondouillard de l’équipe en s’approchant, son visage tordu par un sourire bien trop malicieux pour être innocent.