Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Anéa

Administrateur

  • -
  • Messages: 4085


  • FicheChalant

    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

L'Ombre du passé [Saël Thorne]

lundi 27 octobre 2025, 17:41:27

Un archange en armure scintillante se tenait à genoux devant une assemblée. Toutes ailes dehors, la chevelure d'un blanc pur ne se mouvait qu'à cause de l'agitation des autres anges autour. Le visage d'Anéa était tiré, moult émotions traversant son esprit. La jeune femme savait avoir fauté, mais elle avait été trompée ! Par un diable, qui plus est, déguisé en humain. Oui, l'ange guerrière avait décidé d'écouter ses sentiments, se laisser porter par ses émotions. Elle avait décidé d'aimer, et c'était déjà de trop pour le tribunal divin.

Les yeux d'un bleu lagon de la jeune femme parcouraient la salle et elle ne vit aucun soutien. Ah ! Un goût amer et un cri étouffé lui serra la gorge. Elle qui avait passé toute son existence sur les champs de bataille, à combattre le Mal, repousser les êtres infernaux, allait être châtiée pour sa toute première faute. L'unique, la seule. On dit que Dieu est miséricordieux, mais ses Enfants, ses Anges, eux, ne le sont pas du tout, et éliminent la moindre impureté de leur Paradis parfait...

Ils la regardent. Ils la jugent depuis leurs piédestals, leurs saints sièges, et la condamnent à l'exil. Certes, elle échappe à la mort, mais pour Anéa, ça y ressemble fortement. Sandalphon énumèra les faits, les "Grands" fixant la pauvre archange encore à genoux, dont les ailes et les poignets avaient été ligotés par des chaînes célestes.


- Pour avoir enfreint les règles divines, pour avoir trahi les tiens. Pour t'être fourvoyée avec la pire engeance qui soit, archange Anéa, te voilà déchue de tes fonctions angéliques, ainsi que de ton statut. Tu as été marquée par le diable !

Métatron, ne souhaitant pourtant se montrer plus dur, rajouta.

- Pour purger cette peine éternelle, tu seras exilée sur les terres.

Uriel, à son tour, prit la parole, bien que l'on sentait dans le ton de sa voix qu'il était déçu.

- Nous t'accordons un dernier mot.

Anéa ne dit mot. Beaucoup trop de choses auraient voulu s'échapper d'entre ses lèvres, mais sa gorge serrée lui faisait défaut, la faisant taire. Alors, c'était ça, la reconnaissance divine ? Des siècles à batailler pour rétablir l'ordre, des siècles à risquer sa vie pour quelque chose de "plus grand", des siècles à voir ses frères d'armes tomber au combat pour maintenir l'équilibre. Tout ça pour "ça" ?

Après ce long silence accordé, d'un hochement de tête, Sandalphon ordonna à deux autres anges soldats de maintenir Anéa et de l'emmener sur Terra. Au moins, sur ce point-là, ils avaient été cléments. En ces terres peuplées de toute sorte de créatures, elle ne ferait pas tache et pourrait facilement se débrouiller pour survivre. La jeune femme ne se débattit même pas, mais se rendit compte que sa chevelure, d'un blanc céleste, reprenait les nuances de jais qu'elle avait adoptées lorsqu'elle n'était censée être qu'une lycéenne japonaise...La trace de ses péchés.



*___*___*___*


- J'ai un p'tit creux.

Et l'odeur ambiante n'arrangeait rien. Anéa, pour une fois, avait décidé de ne rien faire aujourd'hui, les récentes chasses l'ayant fort fatiguée. Seule dans son petit appartement à Seikusu, l'ange déchue tournait "un peu" en rond. Bien que son frigo était rempli, elle s'était  décidée à quitter les quatre murs de son habitation et à voguer au gré de ses envies. Ou plutôt de ses pas.

Des envies ? La jeune femme n'en avait plus vraiment, comme si sa double condition la faisait s'éteindre. Combattre et éliminer les démons ? Ça oui, et encore que, certains étaient toujours en vie malgré une ou plusieurs entrevues avec la guerrière. Baiser ? Au fond, elle se laissait rarement aller, même si l'étreinte d'un homme pouvait parfois lui manquer. Le classique manger et boire ? Que le nécessaire, quand sa gorge était sèche ou que son ventre criait famine. Comme maintenant, en fait.

Les rues de Seikusu étaient animées, de jour comme de nuit. Il faut dire qu'avec l'étrange population de cette ville, cela ne pouvait qu'être mouvementée. En bien comme en mal. Vêtue d'un crop-top blanc, d'un pantalon street bouffant et de baskets, Anéa erra dans la ville jusqu'à tomber dans une ruelle spécialisée dans la street food. Il ne lui fallut pas longtemps avant que celle-ci ne hausse les épaules, tout en se disant "Pourquoi pas".

La guerrière s'arrêta alors devant un stand en particulier, plutôt captivée par la dextérité à retourner les takoyakis dont faisait preuve la japonaise âgée devant elle. Malgré son âge, elle allait vite et bien ! C'était décidé : la semi-démone se cramerait la langue et le palais avec ses beignets de poulpe, aussi brûlants que de la lave en fusion.

L'archange déchue se présente auprès de la commerçante et fit un signe de "cinq" avec ses doigts, comprenant que la cuisinière n'entendait pas forcément très bien. Anéa hocha doucement du chef, patientant après sa commande ensuite. La jeune femme jeta un œil dans les environs et vit plus loin, au bout de la rue, un parc où elle pourrait s'installer pour manger tranquillement.

La demoiselle paya la mamie, la remerciant, et prit sa nourriture, prenant ensuite la direction de ce fameux parc. L'odeur des takoyakis chauds lui titillait les narines, salivant mais lui tirant déjà un très léger sourire à l'idée de croquer dedans. Elle allait se régaler, et si elle avait toujours faim, il y avait encore pléthore de stands de nourriture...
« Modifié: jeudi 30 octobre 2025, 17:28:05 par Anéa »





-En souvenir du bon vieux temps-

Saël Thorne

Avatar

L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 1 lundi 27 octobre 2025, 23:30:15

☩Le Jugement Oublié☩

Le pas de Tsaphkiel résonne dans les couloirs d’albâtre du Palais Divin, aussi clair et tranchant qu’un glas suspendu entre deux mondes. L’air, d’ordinaire empli de prières murmurées et de musique angélique, semble s’être figé à son passage. Ses ailes, déployées dans toute leur majesté d’ombre et de lumière mêlées, effleurent les hautes colonnes gravées de constellations anciennes. Son armure d’or ancien, polie à la perfection, scintille sous les lueurs ambrées des lampes célestes. À sa hanche, son épée longue, équilibrée, presque vivante, résonne d’un bourdonnement léger, comme si elle pressentait la tempête.

Dans sa main droite, le tube d’albâtre veiné de rubis pulse d’une chaleur sourde. Le sceau a été rompu, tout en lui criant la trahison. Une sentence a été prononcée sans lui. Un Jugement tenu dans l’ombre. Et un nom gravé dans la flamme du bannissement :Anéa.

Son pas s’arrête devant les grandes portes dorées des appartements jumeaux. Une odeur capiteuse s’en échappe : ambre, encens et chair échauffée. Un silence hésitant, puis un son étouffé… un soupir.
Tsaphkiel ferme les yeux une seconde, et son aura se contracte, vibrant dans l’air comme un orage contenu. Les lourds battants s’ouvrent sans qu’il ait besoin de les toucher.

Les lambris de nacre et les drapés opalescents révèlent une scène qu’aucune prière ne saurait absoudre.
Métatron et Sandalphon, les jumeaux de la Parole et de l’Harmonie, s’enlacent, trop étroitement, trop langoureusement, sous la lumière douce des halos suspendus. Leurs mains glissent sur des courbes d’or et de peau. À leurs pieds, un ange mineur, attaché par des rubans de lumière, détourne le regard, tremblant sous la honte et la fascination.

Le parfum de leurs péchés flotte dans l’air : musc divin, ambre brûlée, nectar d’hélianthe.
Un silence tombe.

Et Tsaphkiel, debout dans le seuil, est l’incarnation même du Jugement muet.
Je vois que la pureté du Ciel a bien changé.

Sa voix, calme et basse, fend la pièce comme une lame tirée du fourreau. Les jumeaux se séparent d’un sursaut, tentant de redresser leurs tuniques. Métatron, le premier à retrouver contenance, se pare d’un sourire angélique, trop lisse.

Prince des Trônes… votre arrivée n’a pas été annoncée.

C’est vrai,” répond Tsaphkiel sans hausser le ton. “Puisque vous avez jugé bon de me tenir à l’écart de vos petits jeux. Même des Jugements Divins.

Il pose lentement le tube d’albâtre sur la table de cristal. Le bruit sec du contact résonne dans la pièce comme une condamnation.
Pourquoi Anéa ?” demande-t-il enfin.
 
Sa voix n’est plus qu’un souffle, mais la lumière vacille.
Pourquoi la meilleure guerrière que vous ayez eue ? Pourquoi celle qui a versé son sang pour défendre la frontière du Firmament ?

Métatron baisse légèrement les yeux, feignant la réflexion. Sandalphon, lui, s’avance d’un pas, les lèvres retroussées d’un sourire doucereux.
Elle a fauté. Elle a aimé. Et l’Amour est la plus belle des corruptions.

Et moi ?” souffle Tsaphkiel, ses prunelles se durcissant. “Moi qui porte les ténèbres dans mes ailes alors qu’Il m’a créé ainsi !

Un frisson parcourt la pièce. L’ange attaché détourne le regard, priant en silence pour que le ciel ne s’effondre pas.

Les jumeaux se figent. Ils savent. Ils se souviennent. Le Prince des Trônes est l’unique ange dont les ailes furent teintées par le Fragment lui-même. Le Témoin. Le Gardien du Sanctuaire originel. Même si Tsaphkiel ne s’en souvient pas. Et il est celui qu’ils n’ont jamais pu soumettre.

Tsaphkiel s’avance, chaque pas résonnant comme une sentence.
Vous me cachez un Jugement. Vous mentez au Firmament. Vous profanez le rôle même que vous prétendez incarner.

Métatron se crispe, Sandalphon pâlit.

Le silence s’étire, oppressant.

Puis, dans un souffle tremblant, Métatron parvient à articuler :
Nous… nous pensions que cela ne te concernerait pas, Tsaphkiel. L’ordre venait d’En-Haut.

D’En-Haut,” répète l’Archange avec lenteur, une ombre glacée dans la voix. “Alors dis-moi… qu’est-ce qui est plus haut que le Prince des Trônes ?

Un battement d’ailes, ou peut-être le bruit de leur honte.

Tsaphkiel recule d’un pas, son regard de bronze fixant les deux frères.
Gardez vos secrets, mais souvenez-vous-en : si l’Harmonie chancelle, c’est moi qui la relèverai. Pas vous.

Il tourne les talons, laissant derrière lui le parfum entêtant de leurs fautes et le silence pesant de la peur.
Le tube reste sur la table, comme un rappel que le Ciel aussi peut saigner.

Dans le couloir, la lumière semble plus froide.

Méniel attend, immobile, à distance respectueuse. Il ne dit rien d’abord, observant le visage fermé de son Maître.

Puis, dans un murmure doux et mesuré :
J’ai déjà pris les devants, Prince. Votre absence ne sera pas remarquée. Le Palais croira que vous méditez au Jardin des Échos.

Tsaphkiel incline légèrement la tête, reconnaissant ce zèle discret et fidèle. Les lourdes portes se referment derrière eux. L’ombre du Ciel, ce soir-là, paraît un peu plus dense. Les appartements du Prince des Trônes s’ouvrent sur un vaste espace de marbre et de lumière, suspendu entre ciel et infini.

L’air y est pur, presque immobile, et l’odeur familière des lampes à huile, cerise noire, bois de santal et une note mentholée, flotte doucement, emplissant chaque recoin de sa chaleur tranquille.
Mais ce soir, l’atmosphère semble trop ordonnée, trop calme… comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.

Tsaphkiel y entre sans un mot. La colère, encore vibrante dans ses veines, se mêle à une amertume sourde. L’odeur du péché de Métatron et Sandalphon s’accroche à sa mémoire.

L’archange guerrière… déchue. Seule.
Cela tourne en lui comme un glas silencieux.

Le scribe, déjà présent, l’attend à quelques pas, les mains croisées sur une tablette de cristal. Il s’incline légèrement, un geste respectueux, mais empreint de gravité.

L’Archange dépose son épée et commence à retirer, pièce après pièce, son armure officielle. Les plaques d’or ancien résonnent d’un timbre doux, tandis que chaque symbole céleste s’éteint à mesure qu’il les détache. Le halo divin qui l’entoure se resserre, plus contenu, plus humain.

Méniel observe, silencieux, le geste méthodique de son Maître. Tsaphkiel, fidèle à son habitude, installe lui-même l’armure sur le mannequin de bois, veillant à la position exacte de chaque courbe et de chaque inscription. Les constellations gravées semblent luire une dernière fois avant de s’éteindre tout à fait, comme un ciel que l’on referme.

Ne reste bientôt qu’un homme, aux longs cheveux bruns profonds glissant sur ses épaules et son dos, et dont le regard mordoré conserve pourtant l’intensité des étoiles.

Méniel s’avance alors, tenant dans ses bras un ensemble soigneusement préparé : un costume noir aux reflets mats, une chemise prune, une paire de gants assortie, un boxer prune, une ceinture de cuir violet profond, des chaussettes noires, des chaussures italiennes, et une longue écharpe blanche duveteuse.
Je me suis permis d’adapter la coupe aux coutumes terrestres. Vous y serez à votre aise, Monseigneur.
Le ton du scribe est mesuré, mais ses yeux ne trompent pas : il s’inquiète.

Tsaphkiel acquiesce en silence et dépose la main sur son épaule, un contact rare.
Tu as bien fait, Méniel.

Le Prince des Trônes ferme les yeux, et un frisson parcourt son dos. Il inspire profondément, une fois, deux fois, puis, d’un mouvement lent, il rétracte la lumière. Ses ailes, immenses et souveraines, se replient sur elles-mêmes, comme avalées par le vide. Une douleur fulgurante le transperce. Ses genoux frappent le sol de marbre dans un bruit sec. L’air se charge d’une vibration douloureuse, d’un son presque métallique, semblable au cri d’un cristal qu’on brise.

Méniel s’agenouille aussitôt près de lui, sans oser le toucher.
Monseigneur… ?

Tsaphkiel halète, les doigts crispés contre le sol. La lumière sous sa peau pulse en rythme avec son cœur. Puis, lentement, le silence revient. Là où ses ailes se déployaient naguère, deux lignes argentées, fines et luisantes, marquent désormais sa peau, cicatrices d’un sacrifice volontaire. Il fera réapparaître ses ailes que lorsqu’il devra rétablir l’Equilibre parmi les siens.

Je vais bien, souffle-t-il enfin. Ce n’est qu’un rappel."
Sa voix est rauque, mais ferme. Il se redresse, les mèches de ses cheveux collées à sa nuque par la sueur, et enfile lentement les vêtements terrestres préparés pour lui.

Le tissu noir épouse ses mouvements avec souplesse. La chemise prune glisse sur sa peau chaude, contrastant avec la pâleur de ses cicatrices. Il ajuste la ceinture, puis passe l’écharpe blanche, dont la douceur tranche avec le poids invisible de son gloire angélique.

Méniel tend la bourse d’argent terrestre.
Pour vos besoins immédiats. Et... permettez-moi un conseil, Monseigneur ?

Je t’écoute.

Attachez vos cheveux. En catogan. Les humains y verront un signe de distinction, non d’étrangeté. Mais gardez votre lame à portée, je vous en prie.

Tsaphkiel esquisse un sourire discret, presque amusé.
Toujours prévoyant.
Il attache sa chevelure d’un brun profond à la nuque, glissant ensuite l’épée longue dans son fourreau, contre son flanc gauche. La lame émet un tintement léger. Promesse muette de vigilance.

Le scribe, lui, reste immobile, le regard un peu voilé. Tsaphkiel s’avance alors, et pour la première fois depuis des siècles, il l’enlace brièvement, une étreinte franche, fraternelle, vraie.
Je vous ferai signe dès qu’un déséquilibre se manifestera. Puissiez-vous rétablir la Justice et l’Equilibre !

Alors je n’ai rien à craindre. A mon retour je veillerai à t’élever d’un rang.

Ils échangent un dernier regard. L’un empli d’admiration silencieuse, l’autre de reconnaissance profonde.

Une brise légère traverse les appartements lorsque Tsaphkiel franchit le balcon, et ses pas disparaissent dans une lumière nacrée.


☩La Chute Douce☩

L’air du monde humain le frappe comme une gifle tiède.

La lumière est plus basse, plus épaisse, saturée d’odeurs et de bruits. Tsaphkiel chancelle d’un pas, la gravité l’alourdissant d’un poids brutal, une densité étrangère à la légèreté du Ciel. Le pavé froid de la ruelle absorbe ses pas sans les rendre. Il reste immobile un instant, respirant difficilement, une main plaquée contre le mur de brique pour retrouver son équilibre.

Chaque battement de son cœur résonne dans son crâne. Les sons du monde humain affluent, le grondement lointain d’une voiture, un aboiement, un rire, un cliquetis métallique, le sifflement du vent entre les immeubles.

Puis viennent les odeurs.

Un torrent. La pluie récente, mêlée à la pierre et à la poussière.Les relents de gaz et de métal brûlé. Et par-dessus tout… les effluves vivantes, colorées, vibrantes : soja grillé, gingembre, huile de sésame, poisson fumé, riz chaud, pâte sucrée, ail et coriandre. Un monde de senteurs qui semble respirer à sa place.

Nausée.
Un instant, il croit défaillir. Ses sens, trop purs encore, trop célestes, refusent d’abord ce chaos. Mais il ferme les yeux, inspire lentement… et se laisse imprégner. La douleur du manque d’air se mue en apaisement discret. L’odeur du monde devient rythme, chaleur, vie.
Seikusu vibre, vivante, grouillante, insaisissable.

Son épée longue heurte doucement son flanc, tintement discret, presque rassurant. Sous son costume noir entrouvert, la chemise prune frémit à la moindre brise. Il avance lentement, ses cheveux attachés en catogan, le regard attentif, mesurant chaque pas comme s’il craignait que le sol ne s’ouvre sous lui. Les passants pourraient le prendre pour un homme presque ivre.

Tsaphkiel se laisse guider par le hasard, ou par quelque chose de plus haut, qu’il ne nomme pas encore. Une ruelle étroite, saturée de vapeur, s’ouvre devant lui : des stands de ramen, de yakitori, de okonomiyaki et de takoyaki s’alignent, exhalant des parfums brûlants et sucrés. Une voix féminine appelle des clients dans un japonais doux, ponctué de rires. Il s’arrête à un stand où la vapeur monte en volutes dorées.

La vieille cuisinière le salue sans surprise. Il hoche la tête, observe l’alignement des yakitori sur la plaque brûlante, hypnotisé par leur lente rotation. Il manque de parler en enochien Mais se reprend vite et utilise la langue du coin
 “Trois.” dit-il d’une voix calme, son accent presque effacé.

La femme lui tend une barquette, un léger sourire au coin des lèvres. Le contact de la chaleur sur ses mains le surprend, presque douloureux, mais étrangement apaisant. Une chaleur simple, humaine. Il s’incline en remerciement, glisse quelques pièces, puis s’éloigne.

Ses pas le portent jusqu’à un parc. Là, les arbres bruissent doucement sous le vent. Il choisit un banc vide, ajuste sa lame pour ne pas qu’elle le gêne, et s’assoit. Ses doigts défroissent lentement un des yakitoris fumants, le soulèvent vers ses lèvres. La brochette brûlante lui arrache un sursaut et un sourire discret, le premier depuis son départ du Firmament.

Face à lui, sur le banc opposé, une jeune femme brune est déjà installée, une barquette différente entre les mains. La vapeur flotte entre eux comme un voile translucide. Un instant, leurs regards se croisent.
Et tout s’arrête.

Le bruit du monde, les odeurs, la lourdeur du corps… Tout s’efface dans l’ombre d’une réminiscence qu’il ne comprend pas encore.
« Modifié: dimanche 02 novembre 2025, 21:40:24 par Saël Thorne »

Anéa

Administrateur

  • -
  • Messages: 4085


  • FicheChalant

    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 2 jeudi 30 octobre 2025, 21:26:01

La barquette fumante à la main, Anéa s'installa sur un banc dans le fameux petit parc qui lui avait fait de l’œil lors de son attente. La mamie japonaise avait été très généreuse : sur les cinqs takoyakis avait été déposé de la sauce okonomiyaki, ont été saupoudrés de flocons de bonite séchée, puis d'algues vertes séchées en poudre. La jeune femme n'avait qu'une idée en tête : qu'elle allait se régaler !

Sans attendre trop longtemps, ni en s'empressant de peur de se brûler la bouche, l'archange déchue se décida, attrapant la courte brochette en bambou piquée dans un des beignets de poulpe encore fumants, et le dirigea vers sa bouche. Gnam ! Délicieux ! Mais oh bordel, que c'est chaud encore ! Avec la bouchée encore sur la langue, la semi-démone entrouvrit les lèvres, expirant fortement pour refroidir le takoyaki à peine croqué. On ne lui avait pas menti ! Cela ressemblait bien à de la lave en fusion ! Elle devait surtout avoir l'air idiote, ainsi tiraillée par sa nourriture brûlante, mais au fond, elle n'en avait que faire. Finissant enfin son premier mets, la guerrière en repos soupira d'aise, souriant un peu, en se disant que parfois, ne rien faire et profiter de la simplicité que lui offrait cette « nouvelle vie », n'était pas si mal. C'est un second souffle qu'elle s'accordait rarement, pour ne pas dire jamais, mais cela avait du bon.

Ses yeux d'un bleu glace se perdirent sur le reste du parc et sur les passants qui allaient et venaient. Son regard s'arrêta sur un homme, assis en face d'elle. Anéa écarquilla les yeux, troublée. Son allure, son visage, tout chez lui renvoyait à un passé qu'elle aurait voulu oublier. Est-ce qu'elle se trompait ? Était-elle en train de défaillir ? Peut-être que la jeune femme était en train d'être sous l'effet d'un sort de manipulation, d'une magie plus puissante qu'elle ? La guerrière à la chevelure de jais secoua vivement la tête, comme pour s'échapper de cette vile illusion. Seulement, rien n'y faisait. Continuant de fixer dans sa direction, l'homme était toujours là, assis sur ce banc devant elle. Pire encore, leurs regards se croisèrent...

Anéa détailla cette ombre d'un monde où elle n'était clairement plus la bienvenue. Déjà...Ahem...Dans un premier, qui se promenait avec une arme bien visible en pleine ville, encore plus au Japon ? Peut-être que cela serait passé s'il s'agissait d'une simple réplique pour du cosplay par exemple, mais on pouvait clairement voir que l'épée était tout ce qu'il y a de plus réel. Il fallait être fou ou inconscient de se promener avec quelque chose du genre, mais vu l'énergumène, la jeune femme opta pour la seconde option : il était inconscient. Ses soupçons se confirmèrent quand ses beaux yeux glacés se posèrent sur le fourreau...

L'archange déchue avait du mal à y croire : Tsaphkiel était bel et bien là, devant elle. Lui, craint pourtant des plus grands anges de par sa recherche de l'équilibre, était là, tranquillement assis sur son banc, en train de manger une brochette. Impossible...Enfin, la situation n'avait aucun sens pour Anéa, pour ne pas dire que ça lui semblait des plus ridicule. La demoiselle à la peau d'albâtre se pinça la joue droite avec une telle force, jusqu'à ce que celle-ci rougisse fortement. Cela ne lui arracha qu'un léger « Aïe ! ». Elle fronça les sourcils, fort désappointée. Tout était bien réel.

Toujours la barquette de takoyakis en main, la demoiselle en crop-top se redressa, quittant son assise. D'un pas léger mais déterminé, Anéa s'avança sans faiblir vers cette ombre du passé. S'il était présent ici sur Terre, qui plus est, devant elle, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Est-ce que par hasard, il venait pour éradiquer l'erreur de la nature qu'elle était devenue ? Autant de questions se bousculaient dans l'esprit de la déchue, mais pour avoir des réponses, elle préférait faire face à ce qui pourrait être sa fin, plutôt que de fuir.

S'approchant de Tsaphkiel jusqu'à se planter devant lui, debout...Elle aimait à avoir ce léger « dessus », pour une fois, avec lui. Son nez se frisa, ne sachant pas si elle devait se méfier ou se foutre de la situation. Un ange pareil sur Terre...


- Mh...Que vient faire le Prince des Trônes sur Terre ? Voilà quelque chose de bien inhabituel.

On pourrait même croire que c'était sa première fois ici bas. Nonchalamment, Anéa piqua un autre de ses takoyakis et le croqua, avec une toute autre envie en tête : savoir le pourquoi de sa présence ici sur Terre, et surtout devant elle.





-En souvenir du bon vieux temps-

Saël Thorne

Avatar

L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 3 lundi 03 novembre 2025, 00:08:31

☩ L’Écho sous la peau☩


La chaleur du jour caresse les pierres du parc. Le vent s’y mêle, léger, soulevant parfois quelques pétales oubliés sur le gravier clair. Le murmure des passants, les rires d’enfants, le cliquetis d’une chaîne de vélo composent une mélodie simple, presque rassurant, un chant du monde que Saël Thorne apprend à écouter sans l’interrompre.

Assis sur le banc, il contemple la vapeur qui s’élève de la brochette qu’il tient entre ses doigts. Ce nom qu’il a choisi pour la Terre, Saël Thorne, lui colle encore à la peau comme un vêtement neuf : familier dans le miroir, étranger dans la bouche des autres.

Il goûte ce calme étrange, ce vide tiède où rien ne le réclame, ni ciel ni flamme. Et pourtant… quelque chose s’invite, presque imperceptible.

Un mouvement. Une présence.

Ses sens se tendent avant même que son esprit ne l’ordonne. Parmi la foule, la silhouette assise sur le banc face à lui, fend la lumière. La jeune femme qui se lève a une démarche mesurée et un port assuré. Il y a dans ses gestes une autorité qui ne s’apprend pas, un instinct forgé dans le combat ou la foi.

La lumière frappe sa peau claire, glisse sur ses cheveux d’ébène. Et soudain, sans qu’il comprenne pourquoi, une pulsation sourde traverse la poitrine de Saël. Un écho. Une note familière dans un chant qu’il croyait oublié.

C’est absurde ! C’est la première fois qu’il foule le sol des Hommes. Et aucun ange, surtout pas une femme, ne porte de tels cheveux.

Alors pourquoi cette impression de reconnaissance, presque douloureuse, comme si le monde, un instant, se souvenait à sa place ?

La jeune femme s’arrête face à lui. Le soleil découpe leurs ombres sur le gravier : deux lignes qui se frôlent sans jamais se confondre.

- Mh...Que vient faire le Prince des Trônes sur Terre ? Voilà quelque chose de bien inhabituel.

Le cœur suspendu, Saël cligne des yeux.
Prince des Trônes.
L’appellation résonne dans l’air comme un éclat d’épée, trop juste pour n’être qu’un hasard.

Il tente de se lever. Trop vite. Le fourreau de sa lame accroche l’accoudoir du banc. Un bruit sec, un juron à peine contenu. Le voilà, lui, l’ancien Juge des Sphères, prisonnier d’un banc public. L’absurde se mêle au divin, et il en a presque envie de rire.

Enfin debout, il redresse la tête. Son port change tout : le poids invisible d’un commandement oublié se pose sur ses épaules. Quand il parle, sa voix porte la sérénité glacée des hauteurs, celle qui ne s’élève pas, mais fait taire le monde autour.

"Voici bien une jeune femme prompte à confondre un passant avec un être de légende." dit-il, un sourire en coin, presque amusé.

Il incline légèrement la tête, geste poli mais prudent.
"Le Prince des Trônes, dites-vous ? Vous m’en voyez flatté… mais je me demande encore ce qui vous pousse à une telle affirmation."

La lumière accroche l’ambre de ses yeux.

Il s’avance d’un pas mesuré, la contourne à demi. Son regard glisse sur elle, attentif, sans jamais se faire impoli. Cette stature. Ce port de tête. Cette manière de contenir le silence entre deux respirations.

Elle fait la même taille qu’Anéa.

L’idée s’impose, brutale, avant de se briser sous le poids de la raison.
Anéa n’est plus. Elle n'est plus aux yeux des autres. Et même si elle l’était… cette femme n’aurait pas cette fatigue dans le regard, cette lumière fêlée qu’on ne gagne qu’en tombant.

Pourtant, tout son être hurle le contraire.

Ses yeux cherchent un signe, un éclat, un vestige. Rien. Rien que cette sensation brûlante d’avoir reconnu une note sans se souvenir de la mélodie.

Il recule d’un souffle, gardant entre eux la distance exacte d’une prudence sacrée. Sa main ne cherche pas son arme. Pas encore.

Il balaie le parc du regard : un couple main dans la main, un chien qui tire sur sa laisse, un enfant qui rit. Rien d’hostile. Et pourtant, l’air s’est épaissi, chargé de ce silence qu’il connaît trop bien : celui qui précède l’orage.

Leurs yeux se croisent à nouveau. Le monde s’arrête.

Un murmure naît au creux de lui, pas une pensée, mais une réminiscence. Pourquoi ai-je l’impression que mon âme se souvient d’elle avant ma mémoire ?

Le soleil, haut et implacable, sculpte la scène d’une clarté crue. Il ne sait pas qui elle est. Mais une chose est sûre : son équilibre, forgé dans la lumière, vient de vaciller.

Le silence dure, suspendu comme un souffle entre deux battements. Puis, lentement, Saël incline la tête, un souffle d’air agitant à peine les mèches claires sur son front.

"Vous semblez bien rapide à reconnaître ce que d’autres ne sauraient même concevoir." dit-il enfin, d’une voix tranquille.

Un sourire léger effleure ses lèvres, celui d’un être qui dissimule plus qu’il ne montre.

Son regard glisse vers les arbres où le vent joue entre les feuilles. Quand il reprend, sa voix a cette douceur grave des vérités retenues trop longtemps.
"Disons simplement que je suis ici de mon propre chef."

Une pause.

Un éclat doré traverse ses prunelles d’ambre, l’espace d’un battement d’aile.
"Je cherche quelqu’un. Rien de plus."

Il ne précise pas qui. Ni pourquoi.

Puis, comme s’il devinait déjà la crainte qu’elle pourrait nourrir, il ajoute, plus bas :
"Pas pour le châtier."

Un souffle. Son regard s’adoucit, presque humain.
"Au contraire. Pour… le comprendre, peut-être. Ou simplement m’assurer qu’il, ou elle, n’est pas perdu."

Alors, le vent change.
Un souffle tiède traverse l’espace entre eux, effleurant la peau, apaisant sans qu’il le veuille.

Ses doigts se referment sur le fourreau à sa ceinture, réflexe de discipline, non de menace.
"Et si ce lieu m’a mené ici, conclut-il dans un murmure, peut-être que cette rencontre n’est pas due au hasard."

Son regard revient à elle, tranquille et brûlant à la fois. Un feu céleste contenu sous des siècles de silence. Une invitation muette, ni défi, ni serment, mais l’espoir fragile d’un passé qui n’a peut-être jamais cessé de battre sous la peau.

Anéa

Administrateur

  • -
  • Messages: 4085


  • FicheChalant

    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 4 jeudi 13 novembre 2025, 17:27:03

Tandis qu'elle continuait de manger ses takoyakis car cela aurait été une honte, voire même une hérésie de les consommer froid, Anéa se perdit dans ses pensées, tout en fixant ce fichu ange. Se pensait-il discret ? Croyait-il qu'il passerait incognito alors que son allure humaine n'était pas si différente de sa version angélique ? Sa longue chevelure d'ébène, ses épaules larges qu'elles pourraient porter le monde, ses yeux mordorés semblables aux multitudes colorations d'une ambre baltique...La déchue soupira doucement, peut-être d'exaspération ou alors suite à sa gourmandise, mais dans tous les cas, elle semblait contrariée.

Qu'est-ce qu'il venait faire ici, bon sang ?! L'ancienne archange ne comprenait pas : Pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Cela devait être la toute première fois que le Prince des Trônes posait les pieds sur une terre humaine, et en plus, il apparaissait devant elle. La jeune femme ne se souvenait même plus de la dernière fois où ils se sont parlés, ou ne seraient-ce croisés. Sa déchéance remontait déjà à quelques années, pour ne pas dire une décennie au moins, mais avec toutes les galères qu'elle a dû affronter, cela lui semblait être une éternité.

Un autre soupir s'échappa d'entre ses lèvres charnues, sa bouchée terminée, lorsqu'il chercha à se lever, légèrement coincé par son épée. Bah il ne fallait pas se trimballer avec ! Anéa se massa une tempe, le voyant si empoté, Lui, le grand Prince. Oui, il a toujours cette stature imposante, d'au moins une tête et demie de plus que la semi-démone, et puis, il avait toujours cette aura lourde de responsabilités, un poil trop parfaite selon la guerrière. Mais le voilà qu'il sourit, et bien que brièvement, cela était tellement rare et étrange que la demoiselle arqua un sourcil, curieuse.

Nouveau soupir. Il ne la reconnaît pas. C'est avec certitude qu'Anéa comprit qu'il ne faisait guère semblant car, dans ses souvenirs, Tsaphkiel n'était pas du tout un homme de mensonge. Était-elle déçue ? Peut-être un peu, c'est vrai, mais ce n'était là rien de grave. L'archange déchue avait bien changé depuis tout ce temps, un peu physiquement mais davantage dans son âme et dans sa psyché. Elle ne recula pas d'un centimètre lorsqu'il s'approcha d'elle, comme pour l'observer un peu mieux, tout comme elle se tut, le laissant terminer, bercée ensuite par le silence et ses yeux brillants.

Il céda enfin, avouant la raison de sa venue, Anéa continuant de manger les deux derniers takoyakis qui lui restait. Silencieuse et attentive, son regard de glace se porta légèrement sur cette main proche du fourreau. Un fin sourire orna ses lèvres avant de rapidement s'effacer. La jeune femme se décala pour aller jeter sa barquette vide dans une des rares poubelles présentes aux alentours, puis revint vers lui, nonchalamment. L'archange déchue passa son index gauche sur le coin de ses lèvres avant de le coincer entre et de le suçoter, retirant ainsi toute trace possible de sauce sur son visage de nacre. Face à lui, elle se tint fière, droite, la voix presque aussi tranchante que ses armes restées à son appartement.


- Je ne te savais pas si idiot, Tsaphkiel.

Anéa secoua un peu la tête, suivi d'un haussement d'épaules.

- Bon, je ne peux pas vraiment t'en vouloir, j'ai changé...Un peu. Mais je pensais être reconnaissable.

Adieu ses cheveux d'un blanc pur. Adieu ses yeux d'un bleu lagon qu'on aurait pu y plonger dedans. Aujourd'hui, mis à part sa peau un peu plus albâtre, sa longue chevelure avait terni pour se recouvrir de jais, et son regard s'était éteint, passant d'une mer tropicale à un océan de glace, leur couleur à peine perceptible.

Elle ne dit pas son nom. Au fond, elle espérait qu'il s'en souviendrait de lui-même. Pour quelle raison ? Anéa ne le savait pas elle-même. Peut-être par pur ego ? Faisant mine d'être peu intéressée -c'est raté-, la jeune femme répondit au Prince.


- Quelle grande entité céleste ou démoniaque a pu faire descendre le Prince des Trônes du Paradis ? Qui cherches-tu ?

À son humble avis, il devait y avoir quelque chose dehors qui troublait l'équilibre que Tsaphkiel cherchait tant à maintenir, et il souhaitait des réponses. C'était tout lui, ça...





-En souvenir du bon vieux temps-

Saël Thorne

Avatar

Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 5 jeudi 13 novembre 2025, 22:23:55

☩ Le Nom Retrouvé☩

Le vent s’était levé, sans prévenir. Il souleva un voile de poussière et de pétales, effleurant la peau comme un souvenir oublié. Le monde continuait de tourner,  les voix, les pas, les échos de la ville. Mais pour lui, tout s’est arrêté.

Ses yeux se posent sur elle. Et le temps se fige.

Un battement. Puis un autre, plus fort.

Ce timbre. Ce port. Ce feu froid contenu dans le regard.

Le vide qu’il porte depuis son départ du Paradis se remplit d’un coup, d’un nom, d’une lumière brisée. Et lorsqu’il le prononce, c’est une prière arrachée à la poussière des cieux.

M… l’Archange guerrière… Anéa.

Les syllabes vibrent dans l’air, lourdes de siècles. Elles s’enroulent autour d’eux, chassant le brouhaha du parc.

Un pas. Puis un autre. Il avance, comme on franchit un seuil sacré.  Le soleil glissait sur ses épaules, ourlant d’or les mèches sombres de ses cheveux. L’ombre d’Anéa tangue à la sienne sur le gravier, et leurs contours, un instant, se frôlent.

C’est donc ainsi que le monde te garde…” murmure-t-il, la voix chargée d’un respect presque douloureux. “…Et que la chute t’a changée.

Son regard parcourt son visage, attentif, presque tremblant. Il reconnaît la guerre dans le calme de ses traits, la fierté dans la froideur de ses yeux. Et pourtant, il y a quelque chose d’autre. Une faille. Une lumière blessée.

Il inspire lentement, le souffle troublé par un poids ancien.
Pardonne ma cécité,” finit-il par dire. “Ils s’étaient arrangés pour que je ne sois pas au courant ou me faire croire que tu étais en mission. Jusqu’à ce que Méniel découvre la vérité et m'en fasse part.

Sa main retombe contre le cuir du fourreau, réflexe de discipline, sans menace. Un sourire discret effleure ses lèvres : celui, rare, de l’être trop grave pour feindre.

Tu te tiens encore droite, et ton regard ne ploie pas. Alors je saurai enfin ce que le monde a fait de toi.

Un silence. Le vent passe entre eux, soulevant la poussière dorée.

Il lève à peine les yeux vers le ciel, le temps d’un souffle, comme pour s’assurer qu’aucune voix d’en haut n’ose troubler cet instant. Quand il parle à nouveau, sa voix s'est adoucie, plus grave, plus humaine, presque basse.

Montre-moi un endroit où nul ne viendra troubler nos pas. Un lieu large… ouvert. Où la terre ne craindra pas notre mémoire.

Ses prunelles d’ambre s’accrochent aux siennes, paisibles et brûlantes à la fois.
C’est toi qui connais ce monde, à présent. Guide-moi, Anéa. Fais-moi voir où bat ton ciel désormais.

✧ ☾ ✧

Anéa

Administrateur

  • -
  • Messages: 4085


  • FicheChalant

    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 6 mardi 02 décembre 2025, 02:19:06

Pauvre Anéa...Était-elle si différente en tout point de ce à quoi elle ressemblait quand elle foulait les palais célestes ? Ou bien, cela faisait peut-être un trop long moment depuis la dernière fois qu'ils s'étaient croisés pour que Tsaphkiel la reconnaisse ? L'archange haussa un sourcil, laissant le Prince des Trônes reconnecter ses neurones et fasse enfin le lien avec ce que la demoiselle venait de lui avouer. Le silence coulait lentement entre eux deux, trop dense, presque trop chargé pour n'être qu'un hasard ou une suite logique au discours de la guerrière. Anéa le laissa s'installer comme une vieille amie, s'en enveloppant pour chasser tout frisson inutile. Mille et une questions se bousculaient dans son esprit. Que faisait-il sur Terre ? Plus précisément, pourquoi était-il à Seikusu ? Et surtout, pourquoi était-il apparu devant elle ? Est-ce que par hasard, il avait eu vent qu'elle était toujours vivante mais « changée », et que pour maintenir l'équilibre, il devait l'éliminer ? Une très fine grimace fit tordre ses lèvres, alors qu'elle ne cessait de fixer les yeux mordorés du Prince.

Son cœur, lui, heurta sa cage comme un oiseau impatient. Enfin, il l'avait reconnue. Il ne prononça son nom qu'une fois, et pourtant, la semi-démone eut l'impression qu'il résonnait comme un écho lointain, un chuchotement ténu d'un passé qui brûlait toujours dans ses os et son âme. Comme figée sur place, Anéa ne recula pas lorsque son ancien supérieur s'approcha d'elle, mêlant leurs ombres dansantes sur le sol.


- Enfin. Il t'en a fallu du temps.

C'était dit sans chaleur, mais sans méchanceté réelle non plus. Ce n'était qu'une façon de masquer un trouble qu'elle se refusait de laisser paraître. Elle n'avait pas demandé à être appelée, à être reconnue, ni à être vue...

Tsaphkiel s'approcha de nouveau, d'un pas à peine perceptible, comme s'il ne foulait même pas le sol. Il n'était pas assez proche de la jeune femme pour la toucher et elle, bien entendu, ne recula pas d'un millimètre. Elle n'avait jamais reculé devant lui. Cependant, l'archange cligna des yeux, détournant un instant le regard comme si le soleil l'éblouissait. Mensonge. Ce n'était guère la lumière extérieure qui lui faisait plisser les paupières, mais bien le Prince des Trônes qui rayonnait d'une puissante aura. Elle grimaça un instant, pestant. Tout ceci l'agaçait...

Les paroles qu'il tenait étaient des plus simples, et si Anéa le laissa parler sans le couper, elle ressentit une tension glisser le long de sa colonne, sourde et ancienne. Quelque chose dans son ton, dans la manière dont son regard doré cherchait le sien glacé, réveillait un souvenir enterré sous les siècles. La guerrière prit une lente inspiration, contrôlée en tout point, bras croisés sous sa poitrine. Elle prit le temps de réfléchir à ce qu'il lui avait demandé : un lieu large, ouvert, qui ne craindra pas leur mémoire. L'ancienne céleste comprit ce qu'il sous-entendait par cette demande, et quelque chose dans cette formulation l'irritait autant qu'il la frappait en plein cœur. Toujours ce langage, cette grandeur et cette poésie, cette manière d'habiter le monde comme s'il lui devait silence...Anéa leva finalement les yeux vers lui, un sourire fin et ironique sur les lèvres.


- Tu t'rends compte que t'as vraiment choisi le pire endroit de l'univers pour être discret ? Tu te pointes ici, avec ta belle gueule d'ange, ton aura céleste aussi captivante que le soleil, et une épée plus grande que moi. Et tu veux un endroit tranquille pour qu'on s'en mette sur le coin de la figure ?

La demi-démone secoua lentement la tête, exaspérée mais une lueur trouble passa dans son regard de glace, une étincelle qu'elle chassa aussitôt.

- Très bien. Il y a les îles Habomai, au nord du pays, qui sont inhabitées. Il suffira tout de même de ne pas attirer l'attention des bateaux qui passent.

La jeune femme, avec sa chevelure de jais vacillant au vent, contourna Tsaphkiel. Elle le frôla brièvement, un contact volontaire, comme pour prouver que tout ceci était bien réel. Une chatouille minuscule, presque hostile...presque tendre. Puis, la demoiselle prit ses distances, semblant prendre la direction de la sortie du parc, les mains dans les poches.

- Suis-moi. Et te perds pas s'il-te-plaît, parce que je ne t'attendrai pas...

Pas même un regard par dessus l'épaule et la voici qui s'avança dans les ruelles de Seikusu. L'archange déchue ne se retourna pas à un seul moment. Elle savait pertinemment qu'il la suivait, toujours de ce pas sûr et silencieux, trop maîtrisé pour appartenir à un simple humain. Sur le chemin pour rejoindre son appartement et récupérer ses armes, parce qu'il fallait bien ça pour lui montrer qui elle était, Anéa prit le soin d'éclaircir un peu sa voix, abandonnant un morceau de sa nouvelle réalité au vent.

- Tu parlais de...voir où bat mon ciel. Tu risques d'être déçu. Il est très bas, désormais, et pas toujours du bon côté.

Un rictus amer effleura les lèvres charnues de la jeune femme. Qu'est-ce qu'il devait penser de sa déchéance ? Était-il au courant de tout ce qui avait fait qu'elle ne foulait plus les cieux ? Est-ce qu'il sentait qu'elle n'avait presque plus rien d'angélique ? Peut-être qu'il attendait juste le bon moment pour la faire passer à trépas...

Anéa s'arrêta brusquement en bas d'un immeuble. Il devait rester là à l'attendre. La déchue ne prit pas beaucoup de temps, juste assez pour prendre ses deux armes et de redescendre afin de le rejoindre et de prendre la direction des îles Habomai. Étrangement, elle ne souhaitait pas que le Prince des Trônes pénètre dans son appartement. Pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment, mais c'était le seul endroit où elle était...Tranquille. Avant de reprendre la route, elle jeta un œil vers Tsaphkiel, croisant son regard. L'ambre contre la glace...Il n'y avait là ni défi -pas encore, du moins-, ni soumission. Seulement une vérité nue, offerte malgré elle.


- L'endroit où on va aller, c'est un paysage peu commun mais il n'y a pas d'humain, au moins. Sauf quelques oiseaux vivent là...Il y en aura juste deux de plus le temps d'un combat.

La déchue hocha la tête vers le Prince, signe qu'ils pouvaient s'envoler à pleine vitesse afin de rejoindre Habomai. Sur le chemin, elle se tut, sa chevelure semblant à des vagues de jais dansantes et s'écrasant sur ses épaules. Les îles, surtout celles de la taille d'Habomai, n'étaient que rarement peuplées. Bien sûr, il y avait eu du passage humain auparavant, mais la nature y avait les pleins droits.

L'air marin était plutôt frais, mais ce n'était pas pour déplaire à la guerrière. L'île principale, la plus grande, n'était qu'un immense plateau d'herbes rases et de mousses, entouré de plages de galets plus ou moins gros. Ce n'était pas un terrain simple pour s'affronter. Tant mieux. Battre Tsaphkiel ne sera que plus...joussif. Ouvrant grand les bras vers l'éphèbe immortel, Anéa s'inclina à la manière d'un noble gentilhomme faisant face à la royauté.


- Alors, Prince des Trônes, tu voulais savoir ce que le monde a fait de moi, mh ? Je vais te le montrer.

Ses lèvres légèrement rosées s'étirèrent en un sourire froid, et pourtant infiniment vivant. Anéa dégaina ses armes, toujours en s'inclinant, faisant bien trop de manières qu'à l'habituel. Son regard vibrait d'une lueur vive...Presque de folie.

- Viens. Je t'attends.





-En souvenir du bon vieux temps-

Saël Thorne

Avatar

Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]

Réponse 7 mardi 02 décembre 2025, 21:39:21

Anéa parle, et ses mots pourraient être des lames si sa voix n’était pas si familière.

Tsaphkiel incline très légèrement la tête, l’ombre de ses cheveux sombres glissant sur sa joue. Son regard mordoré évite le sien une seconde, pas par gêne, ni par honte… mais parce qu’il sait trop bien ce que ses yeux reconnaissent quand ils rencontrent les siens. Une vérité qu’il n’est pas encore certain d’avoir le droit de regarder en face.

Quand elle se moque de lui, de son aura, de son épée, du ridicule d’être “discret” ici, un souffle lui échappe. Pas un rire. Pas vraiment. Plutôt une exhalation qui appelle la sincérité.
Ce n’est pas moi qui ai choisi l’endroit où je descendrais.

Sa voix est calme, posée, d’une douceur intransigeante.
Le point d’arrimage m’a simplement… laissé ici. Le hasard, ou ce qu’il en reste.

Il relève lentement les yeux vers elle, juste assez pour accrocher son regard avant de le laisser glisser ailleurs, par pudeur plus que par prudence.
Et pour le reste… Méniel a pris les dispositions nécessaires. Là-Haut, tout le monde croit que je suis dans mes quartiers, ou en audience. Personne ne sait que je suis sur Terre.

Un silence. Court. Dense.

Puis, sans détour :
Et je suis venu pour toi.

Le Gardien du Jugement Silencieux ne dit pas pour t’abattre. Il n’en a ni la posture, ni l’intention, ni même l’ombre du geste.
Non pour couper ton souffle… mais pour rétablir l’Équilibre qui t’a été arraché.

Il la suit quand elle contourne, quand elle frôle son épaule. Un contact si infime qu’aucun humain ne l’aurait senti. Eux si.

Sur le chemin, il observe tout. Les différents moyens de locomotion. Les enseignes. La circulation des passants. Les différentes manières de s’habiller. Les différentes teintes de lumière. Chaque artère de la ville, chaque odeur d’asphalte, de terre, de pluie, comme s’il devait mémoriser une carte invisible. On ne sait jamais… la Terre n’a pas la constance du Ciel.

Quand celle en qui il avait le plus confiance parmi les Archanges dit que son ciel est “bas” maintenant, il l’écoute sans broncher, puis répond avec une fermeté douce, presque chaleureuse :
Le haut et le bas ne sont que des directions. Il y a du bon et du mauvais partout, Anéa. Ce ne sont pas les lieux qui décident… mais ce qu’on en fait.

Il la laisse entrer seule dans l’immeuble, par respect, ou peut-être par intuition. Et juste après qu’elle a disparu dans les étages, il ferme les yeux et appelle mentalement :
Méniel.

Sa pensée traverse la trame céleste, ténue, sacrée, un fil d’ambre dans l’immense. Il ignore si son scribe peut entendre si loin, mais il essaye.
Je l’ai trouvée. L’Archange guerrière. Anéa. Je dois vérifier ce qu’elle est devenue. Reste en alerte, mais ne fais rien. Pas encore.

L’air crépite autour de lui une seconde… Puis s’apaise. Pas de réponse, mais une impression. Comme une fidélité intime qui lui revient, chaude et discrète.


Celle pour qui il aurait arrêté de contrôler ses émotions, réapparaît.

Le regard de glace heurte celui d’ambre. Et, malgré lui, une tension lui traverse la poitrine. Pas de désir,  pas encore, mais cette sensation de retrouver quelque chose qui n’aurait jamais dû être perdu.

Il apprécie. Oui. Ce regard droit. Ce regard vrai.

Lorsqu’elle hoche la tête pour signifier leur départ, une ombre passe dans les yeux du Prince. Une nuance de douleur.

Il n’a plus ses ailes. Il les a laissées au seuil du monde pour descendre jusqu’à elle.

Alors il inspire. Profondément. Il lui faut un peu de temps. Et la lumière craque d’un coup derrière ses omoplates.

Son dos se cambre, imperceptiblement, alors que les cicatrices argentées se rouvrent, que les muscles se soulèvent sous la peau, qu’un sifflement humide perce la chair céleste. Les rémiges s’extirpent, longues, lisses, sombres comme une nuit sans étoiles, tandis que le tissu humain se déchire en silence autour d’elles.

La douleur est fine, intense, métallique, presque musicale. Il ne la montre pas. Il n’en a jamais montré aucune.

Ses ailes jaillissent, s’étendent, battent l’air, et l’Archange se met à la suivre, se maintenant toujours derrière elle. Toujours à distance respectueuse. Mais sans jamais perdre sa vitesse.

Ils volent longtemps. L’océan exhale son sel, son froid, ses embruns épicés. L’air gifle, le vent chante, la lumière danse.

Habomai apparaît. Un plateau sauvage, vaste comme un souffle ancien.

Tsaphkiel se pose derrière elle, et la terre glisse sous ses pieds un bref instant. Un déséquilibre, discret, humain presque.

Il ferme les yeux une seconde. Il savoure.  L’air marin. La mousse. Le parfum minéral du monde. Si différent du Ciel. Lorsqu’il les rouvre, Anéa est là, en train de s’incliner avec une révérence digne d’une cour perdue depuis mille ans.

Il croit d’abord à l’ironie. Il n’a jamais aimé qu’on ploie devant lui. Alors il s’incline à son tour. Plus bas. Plus gracieux.

Pas pour le rang. Pour elle.

En se redressant, un sourire très fin traverse son visage. Sa duelliste pourrait croire que c’est le plaisir du duel. Ce ne l’est pas. Pas vraiment.

C’est le plaisir. Simple, pur, presque douloureux, de la retrouver.

Sans un mot, il retire sa veste noire, aux reflets mats. Puis ses gants prunes, glissants comme de la soie froide. Puis sa chemise, que le vent marin saisit aussitôt. Enfin, il défait ses cheveux, qui tombent en cascade sombre jusqu’entre ses omoplates et dansent dans la brise. Il reste torse nu, en pantalon, laissant ainsi une marque inconnue de l’ancienne guerrière. Une ligne noire-bleutée au reflet argenté de son bras gauche à son dos en passant par son coeur. Une marque qui palpite doucement, vivante.
Il ne le fait pas pour impressionner. Ni pour provoquer.

C’est un réflexe ancien. Un automatisme guerrier. Sans armure, tout tissu devient un obstacle aux mouvements.

Il avance de quelques pas, serein, presque nu sous le ciel pâle. Son torse sculpté par des siècles de discipline céleste brille légèrement sous la lumière. Ses ailes replient leur envergure, absorbées lentement jusqu’à disparaître en un frisson de lumière.

Il croise enfin son regard. Sans hypocrisie. Sans détour.

La voix de la jeune femme venait à peine de mourir dans l’air que Tsaphkiel la fixait déjà avec une intensité trop calme pour être rassurante.

Un souffle traversa les ruines, poussière, cendres, odeur métallique de pierre chauffée au soleil, et fit trembler les mèches de ses cheveux pâles. Ses ailes sombres se déployèrent légèrement, non pour menacer… mais comme un réflexe ancestral de domination silencieuse.

L’Archange ne dit rien au début.  Il observe. Comment elle respire. La manière dont ses mains restent visibles. Le léger tremblement que même un soldat aguerri ne peut masquer après des années d’exil. Le cœur qui cogne, perceptible dans l’air pour une créature comme lui.

Puis il bouge.

Ce n’est pas une mise en garde. Ce n’est pas un avertissement. C’est un test pur, brut, instinctif. Le genre de test que seules des guerrières comme Anéa savent décoder avant même de réagir.

Ses doigts se posent sur la garde de son épée. Un cliquetis de métal contre cuir, sec, précis, fend l’air.
Il feinte une posture bien particulière… Celle qui pourrait faire penser que sa lame décrira une trajectoire nette, en couronne puis en taille, de droite à gauche. Un coup qui aurait décapité n’importe quel soldat. Cependant, à la dernière seconde, celui qui se fait passer comme étant Saël Thorne, effectue un tout autre geste. Un mouvement ascendant en diagonale et de gauche à droite.

Il ne la touche pas. Il ne cherche pas à la toucher. Il cherche son premier réflexe. La vérité d’un guerrier ne se lit jamais dans ses mots, mais dans le mouvement qui précède la pensée. Le métal s’arrête à quelques centimètres seulement de sa gorge.

Une vibration basse, presque inaudible, résonne encore dans la lame. Les ricochets de la puissance retenue.

Tsaphkiel la fixe, la pointe de son épée encore levée, l’expression indéchiffrable. Une rage froide sous-jacente. Une blessure qu’il refuse de nommer. Et une attente : montre-moi qui tu es devenue.

Lorsque sa voix tombe enfin, c’est avec un calme qui tranche autant que la lame.
Avant que je n’entende tes raisons…  Montre-moi si ton premier réflexe est encore celui d'un Archange… ou de quelqu’un qui a oublié qui elle était.

Pas d’accusation. Pas de douceur. Pas encore. Il se contient. Juste la vérité nue du Prince des Trônes.


Répondre
Tags :