Pour un garçon aussi jeune, inexpérimenté et timide que Takezo, il y avait toujours eu quelque chose de très… intimidant, dans le fait de se voir devenir le centre d’attention d’une femme comme Rosalia.
Les filles l’observaient bien un peu, en sport le plus souvent, mais ne l’approchait guère. Aussi, l’idée qu’il se faisait d’une hypothétique vie sentimentale, comme des contacts charnels qui pourraient découler de telles relations s’était, à dire vrai, bâtie davantage au biais de séries ou de films. Souvent pas les mieux écrits, d’ailleurs.
Pour être tout à fait honnête, l’imaginaire du garçon à ce sujet s’était surtout garni, avec le temps, d’images et de situations rocambolesques, qu’il tirait simplement du sacré paquet de films pour adultes qu’il consommait soir après soir… tristement machinalement. Son rapport à l’amour et aux femmes en devenant évidemment quelque peu… biaisé.
Lui qui n’était déjà pas bien populaire, n’avait non plus pas la moindre idée de comment plaire, de comment se faire remarquer…
Alors, forcément, quand s’inscrit soudain dans le paysage de son morne quotidien, une femme comme Mademoiselle Del Tredici, sa professeure de langue étrangère, figure semblant tout droit sortie du panthéon de ses fantasmes charnels et amoureux, que celle-ci s’approche sans qu’il n’ait pourtant rien demandé… ça fait quelque chose.
Faite comme ces femmes qu’il a pris l’habitude de regarder nues, en pleine action et dans des positions souvent… dégradantes, plus que comme ces autres filles qui peuplent son entourage et son quotidien, elle, et seulement elle, dans la réalité du moins, semblait avoir ce pouvoir… cette… capacité, à mélanger dans sa petite tête à lui, déjà bien en bazar, réel et fiction.
Comme tout droit sortie de son écran d’ordinateur, tard le soir, ou bien d’un de ses rêves, la seule existence de sa professeure, et le fait qu’ils coexistent l’un et l’autre en une seule et même pièce relevaient tout droit du mythe devenu réalité. Rosalia Del Tredici se faisant… fantasmes inavouables faits femme, pour ce garçon qui venait à peine de fêter son dix-huitième printemps.
C’était déjà assez compliqué comme ça, d’ordinaire, alors imaginez-vous à quel point ça l’était pour le garçon, maintenant qu’il se trouvait seul avec elle, en tête à tête dans cette petite salle de classe dont la porte venait d’être fermée. Figurez-vous comme cela devient pire encore, dans la tête de l’adolescent quand, du coin de l’œil, il la voit, il la sent approcher, dans cette démarche chaloupée qui fait si bien balancer ses larges hanches, et dont il connaît déjà par coeur l’hypnotisant mouvement de balancier.
Sa gorge se serre, son rythme cardiaque accélère.
Il appréhende, se fige presque, intimidé par cette bien trop délicate silhouette qui vient soudain projeter son ombre sur cette petite table qu’il finit de mettre en ordre.
- « C’est mon devoir de professeur que d’aider les moins bons élèves à progresser. »
Aïe.
Réfléchie ou non, voilà une pique qui ne manque pas de déstabiliser le jeune homme, qui manque déjà bien assez de confiance en lui. Ce n’est sans doute pas grand-chose mais, puisqu’elle fait, en tant que professeure, figure d’autorité, voilà des mots qui résonnent soudain lourdement dans sa tête, n’en finissant pas de le mettre en position d’infériorité.
Comme figé, alors qu’il peine déjà bien assez à ranger ses affaires, Takezo ne sort même pas un mot, pas un merci, n’étant pas bien sûr que de tels mots soient censés le réconforter.
Elle s’approche encore, se penche juste au-dessus de lui, au moment même où celui-ci pose son sac tout contre ses genoux.
- « Ne te soucies pas tant du regard des autres. Ou les rumeurs te gênent ? »
Le cœur du garçon fait un bond dans sa poitrine, encore, alors que bien des choses lui viennent en tête suite à ces mots. Comme un animal pris sur le fait, surpris en pleine bêtise, Takezo pense à lever la tête pour faire face à sa professeure… gêné, comme s’il était sur le point de se faire gronder.
Mais… bien vite, son regard n’a d’autre choix que de tomber face à tout ce qu’il n’avait fait que deviner jusqu’ici, et qu’il essayait d’éviter. Ses yeux cherchent à monter, mais bloquent, se paralysent, à la vue du si large décolleté que Rosalia offre à sa vue, en se penchant ainsi devant lui. À hauteur de son visage, tout juste, pendent deux énormes seins lourds et ronds, une plastique toute de rêve et de fantasmes, qui semble atrocement comprimée par ce chemisier pourtant si ouvert, et par des dessous qui devaient -c’est en tout cas ce qu’imaginait le garçon- en cacher plus encore.
Juste sous son nez, balançaient ces deux énormes choses…
Takezo dut se taire une seconde, peut-être deux, avant de trouver la force de regarder ailleurs, de se recentrer un peu pour répondre.
« - D-des rumeurs ? Quelles rumeurs ? »
Son visage ayant blanchi, ou rougi, il ne le savait pas, Takezo s’était empressé de détourner le regard, de faire mine de vérifier son sac à dos, encore.
« - Tu préfères qu’elles deviennent réalité, Illo ? »
Et rebelote. Takezo se figea, alors que son regard, plein de surprise, s’était levé une fraction de seconde à peine, pour croiser celui de la jeune femme.
Il était bien trop honteux pour espérer faire autre chose, alors il avait tenté de jouer les innocents. Jamais l’élève n’avait pensé que de telles rumeurs arriveraient jusqu’aux oreilles du corps professoral aussi, il n’en fut que plus surpris d’entendre Rosalia les mentionner ainsi.
Évidemment qu’il savait de quoi parlait sa professeure.
Si vous saviez ô combien celles-ci étaient venues nourrir son imagination, et hanter certaines de ses nuits…
Lui qui n’avait déjà pas perdu de temps pour se donner du plaisir, au-dessus de sa photo, dès lors qu’était arrivé dans sa boîte à lettres le trombinoscope de cette année, ses hormones n’avaient eu aucun mal à faire le reste du travail quand, au lycée, il entendit de plus en plus d’élèves les imaginer ensemble, l’un et l’autre…
Dans certains de ces rêves absurdes et complètement fous, que Takezo teintait évidemment de son expérience personnelle de la chose, Mademoiselle De Tredici et lui se tenaient ici, dans cette même salle de classe, mais pas tout à fait au même endroit.
Dans celui-ci en particulier -même si tous ses fantasmes se ressemblaient un peu, il faut l’avouer-, Rosalia était penchée à son bureau, à côté du tableau et face à tous les autres élèves de la classe. Complètement nue, sa large croupe ronde rougissait, claquait sous les assauts brutaux du jeune homme, qui n’avait de cesse de la faire hurler à chaque coup de butoir plus fort encore, coulissant son puissant organe entre ses fesses dodues…
Cette scène n’avait rien de réelle, de bien… réalisable, à n’en pas douter, du fait de ses propres proportions notamment, mais que voulez-vous, toute expérience, toute idée que Takezo avait de la chose, n’avait pour provenance que de nombreux sites aux noms douteux.
Quoiqu’il en soit, c’est cette scène en particulier qu’il eût en tête, quand il prit vraiment conscience de ce que sa professeure venait de lui demander.
Il s’était de nouveau imaginé en train de la sodomiser jusqu’à l’extase, comme il avait pu le voir dans un film qu'il avait regardé récemment, et cela avait eu pour effet de réhausser un peu plus ce gros sac, qui reposait sur une jeune mais bien belle bosse, qui n’en finissait plus d’enfler.
À cet instant, Takezo était perdu. Complètement perdu, trop emporté qu’il était par l’élan soudain de ses propres hormones.
Ce fut le rire soudain de sa professeure qui le ramena durement, mais heureusement sans doute, à la réalité.
« - Ne fais pas cette tête, je rigole ! »
Attrapant la chaise devant lui, la plantureuse jeune femme s’installait en riant, tandis qu’il peinait encore à reprendre entière et pleine conscience. Il était… hors de ses moyens, clairement, ayant l’impression de retrouver l’énorme décolleté de Rosalia partout, quand bien même lui cherchait à regarder ailleurs.
Puis vint un grand frisson, une véritable décharge électrique, qui parcourut en un instant son corps tout entier, courant le long de son échine, à lui faire hérisser les poils. Takezo se raidit, en comprenant que c’était l’une des belles et longues jambes de Rosalia, qui remontait doucement contre la sienne.
« - Je peux te donner des cours privés, si tu préfères. En fait, je te laisse le choix. Je peux continuer à montrer à toute la classe que tu es mon chouchou ou m’occuper de toi à la fin des cours. »
Lui qui n’avait aucune expérience de ce type de contact, ne put que s’imaginer bien des choses encore, d’autant plus après pareille « proposition ». Nombreux étaient les semblants de scénario qu’il avait dévoré, qui commençaient comme ça, pour finir eh bien… en parties de jambes en l’air des plus torrides, alors… Takezo déglutit encore, ayant perdu pied avec la réalité, une fois de plus.
Il tentait bien sûr de raccrocher les wagons entre eux, mais ne comprenait pas où sa professeure voulait en venir. Lui s’imaginait bien des choses, mais raisonnait encore juste assez pour savoir que tout cela restait du ressort de la fiction…
Décidément, cette sorte de… piège, qui semblait se refermer sur lui, lui paraissait bien compliqué. Était-ce pour cela qu’elle lui avait demandé de rester ? Qu’est-ce qu’elle avait en tête, sérieux ? Espérait-elle soutirer un peu d’argent supplémentaire à des parents peu regardants, en donnant des cours de soutien, après l’heure des cours ? Était-ce une arnaque ?
« Hum… e-eh… eh bien… »
S’efforçant de regarder par la fenêtre, pour être sûr de ne plus l’avoir, elle, dans son champ de vision, le garçon serra son sac tout contre lui, pour se rassurer, comme pour masquer une envie dont la… « taille », l’ampleur démesurée, ne risquait que trop bien de susciter émoi et surprise…
Il se sentait pris au piège.
Attendez, quand on y réfléchit… c’est bizarre, non ? Ce serait… une sorte de chantage ? En tout cas, c’était clairement pas une invitation à un rencard, c’est sûr.
Résigné et, désirant plus que tout s’extirper de cette fâcheuse situation, le jeune homme poussa un soupir.
« Je… je crois qu’je préfère la deuxième solution, si ça peut rester entre nous. Juste entre nous… après les cours. »
Une pensée traversa son esprit et ses joues virèrent encore au rouge, avant qu’il ne secoue la tête comme pour la faire partir. Comme si une petite voix s’était adressée à lui dans sa tête, Takezo venait de se demander : si l’école fermait ses portes après l’heure des cours, où allaient-ils bien pouvoir se rencontrer ?
La petite voix suggérait un love hotel, trois à quatre fois par semaine, sur l’heure du midi, ou bien le soir.