Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

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Dany

E.S.P.er

Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

vendredi 25 octobre 2024, 18:34:49

Dany : Vos hommes n'ont rien vu ?

Dans un bureau immense, bien plus grand que son propre appartement, Dany se tenait face à un homme d'une soixantaine d'années. Ce dernier, à la tête d'une des familles les plus riches du Japon, était assis derrière son bureau, les coudes posés dessus, visiblement embarrassé par les récents événements chez lui.

Monsieur Hyuga : Ils n'ont rien vu, et ils ne pourront plus jamais rien voir.

Dany haussa un sourcil derrière ses lunettes noires, devinant que les hommes de son futur client avaient probablement rejoint les poissons.

Monsieur Hyuga : Je n'aime pas m'encombrer de gens inutiles qui abusent de leurs privilèges. Au lieu de surveiller ma résidence secondaire comme il se doit, ils préféraient vider mes bouteilles et profiter de la compagnie de femmes qu'ils faisaient venir... en parler m'agace.

Dany : Ce n'est pas grave, de toute façon s'ils ne sont plus là, cela ne sert à rien. Et les femmes présentes ?

Monsieur Hyuga : Celles qui étaient sur place au moment de la découverte du vol sont avec mes hommes.

Au fond de l'océan.

Monsieur Hyuga : Il y en a probablement d'autres que nous recherchons en ce moment.

Il était certain que d'autres femmes, plus discrètes, avaient décidé de partir rapidement et d’éviter de s’éterniser dès que le vol avait été découvert.

Monsieur Hyuga : Vous pensez être à la hauteur, mademoiselle ?

Dany : Oui.

Bien sûr que Dany était à la hauteur pour cette mission ; retrouver des bijoux volés était dans ses cordes, même si ce n'était pas ce qu'elle préférait. Pour récapituler, Monsieur Hyuga, qui possède une maison secondaire à la campagne pour y organiser des réceptions, s'était fait vandaliser. Ne disposant pas de caméras de surveillance, il n'avait pas d’enregistrement pour identifier le coupable. Ses hommes, qui devaient surveiller la maison jour et nuit, avaient quitté leur poste, préférant vider les placards et leurs poches. Ils n’étaient plus là pour en parler, mais il était possible que certaines des femmes soient encore en vie ; Dany allait devoir les retrouver et les persuader de parler. Les objets volés, qu'elle devait retrouver en priorité, étaient des bijoux : un collier dont elle avait une photo et une chevalière de famille, transmise de génération en génération.

Monsieur Hyuga : Si vous n'avez pas de questions, je vous laisse commencer vos recherches.

Dany : À bientôt, Monsieur.

Dany se leva de son siège, salua l'homme d'une courbette, puis quitta la pièce avec son sac de travail, en direction de la gare sans attendre. Elle prévoyait de se rendre directement dans ce petit village de campagne pour interroger les habitants ; le lieu, isolé, lui permettrait peut-être de savoir si des étrangers avaient été aperçus dans le coin. Durant le trajet, elle contacta Charly, qui travaillait sur une autre mission. Tous deux travaillaient en solo pour gagner davantage d'argent, les missions devenant rares et chacun jouant sur plusieurs tableaux à la fois.

Arrivée au village, Dany ne se rendit pas immédiatement à la résidence de son client ; de toute façon, elle avait déjà été fouillée de fond en comble. Elle préféra se diriger vers le seul hôtel du coin.

Dany : Bonjour, Monsieur, je souhaiterais une chambre. Il vous en reste ?

Gérant : Bonjour, Madame, bien sûr. Une simple ?

Dany : Non, je vais prendre une double, s'il vous plaît.

Dany allait en profiter, puisque c'était Monsieur Hyuga qui payait les frais. Elle observa les environs : une salle vide pour les repas, une autre, d’où venaient des bruits d'enfants, qui semblait être une salle de détente.

Dany : Vous avez du monde à cette période de l'année ?

Gérant : Toujours, oui. Beaucoup cherchent à quitter la grande ville pour profiter du calme de notre village et de nos services. Ici, par exemple, nous proposons des massages, un onsen extérieur, des ateliers de préparation du thé...

Dany l'écoutait distraitement. Il y avait donc beaucoup de monde dans le coin, ce qui ne jouait pas en sa faveur. Elle était cependant persuadée que le voleur était toujours là : Monsieur Hyuga avait déployé de gros moyens après le vol, établissant des barrages pour fouiller quiconque souhaitait quitter la région.

Dany : Merci, je vais y réfléchir.

Gérant : Je vous compte pour le repas de ce soir ?

Dany : Je prendrai un bento pour manger dehors.

Après avoir finalisé les formalités, Dany monta dans sa chambre pour y déposer ses affaires. Elle en profita pour observer les lieux par la fenêtre, cherchant tout signe d’agitation à l’extérieur. Le crépuscule ne tarda pas à apparaître ; Dany récupéra son paquet à la cuisine, prête à effectuer son premier tour d'observation en extérieur.
La sœur...
Le chien...



Eugene Erik

Humain(e)

Re : Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

Réponse 1 samedi 26 octobre 2024, 13:09:25

Délesté d’apparats dont il n’aurait jamais le moindre usage, clinquants et onéreux comme seuls pouvaient l’être les vains vestiges d’une opulence qui ne l’était pas moins, le père Hyuga avait dégraissé sec. À son âge, quel qu’il fut, peut-être canonique à deviner le crin blanchi, il n’avait très franchement plus rien à prouver. À mettre en perspective de ce qui fondait son capital mal acquis, on ne l’avait pas même soulagé d’un fond de poussière dans un porte-monnaie, personne à sa place n’y aurait regardé à deux fois.
Mais Hyuga n’était pas personne, il est était devenu monsieur Hyuga. La traque engagée n’avait en réalité pas grand rapport avec quelque orfèvrerie que ce fut. C’est à la chasse aux principes qu’il l’avait lâchée, la Dany, car tout cela, en définitive, n’était plus qu’une question de principe.

Il aurait pu et, les juristes concernés en témoigneraient, il aurait eu tout à gagner à ne rien entreprendre de drastique suite à cette menue mésaventure. Seulement, le respect ne s’imposait pas avec le sourire et de ce respect, Hyuga en fut trop lourdement tributaire s’il souhaita qu’on persista à l’appeler « monsieur ». Passer l’éponge, lever les yeux au ciel pour une bagatelle, c’eut été la solution de sagesse. Or, de sagesse, il n’en était point question dans les eaux troubles au travers desquelles il avait navigué des décennies. Les requins de son engeance ne grisonnaient jamais ; pas à moins d’être les plus voraces d’entre tous. S’il était là où il était, et s’il compta y rester, le Yak’ le devait à sa propension à la violence. Qu’on le dévalisa ainsi de ses effets au nez et à sa barbe reniflait aux naseaux des charognards de sa race comme un signe de faiblesse. Et parce que ce qui chancelle ne demande qu’à tomber, quelques concurrents – sinon amis douteux – de monsieur Hyuga auraient pu interpréter l’événement comme un signal ; le moment où le vieux perdait la main, le top-départ pour la course à sa succession précoce.

S’il se montra si épidermique dans ses châtiments, le barbon, c’était encore car il voyait déjà sa tête sur le billot, qu’il sentait respirer contre sa nuque le souffle rauque et puant d’ambitieux qui n’avaient attendu leur tour que depuis trop longtemps. Les bijoux étaient moins qu’accessoires dans la hiérarchie de ses présentes préoccupation. Faire appel à un « ami », c’était ratifier de lui-même le dernier volet de son livret de famille. Des « amis », dans ses eaux troubles, Hyuga n’en trouverait aucun. C’eut été se mettre en position de faiblesse que de confier son sort à qui s’empresserait de devenir son bourreau ; aussi avait-il tapé dans le Gaijin. Dany, taiseuse, avait peut-être déjà tenu compte de tous les paramètres de l’équation dans laquelle elle y alla de sa retenue. De loin, on pouvait voir poindre l’aurore d’une guerre de succession chez les mauvaises gens. Si les joailleries ne retrouvèrent pas leur écrin, quelques balles perdues iraient peut-être se loger dans son charnu. Le beau guêpier dans lequel elle avait mis la main lui apporterait alors moins de miel que de douleurs.

Sans doute en était-elle déjà à brosser le portrait global des événements sans en laisser toutefois une trace dans un carnet. Qui avait bien pu lourder le vieux Hyuga de ces ornements qu’il destinait à ses maîtresses ? Une courtisane jalouse ? Un lieutenant aux dents longues, venu initier une étincelle dans une poudrière ? Peut-être même un gang rival, désireux de tumulte pour rafler le territoire ? Et si ça n’avait été tout simplement qu'un cambrioleur intrépide ? Sans compter que la thèse du génie criminel n’était pas à exclure.
À moins que ce ne fut Eugene Erik. Car parfois, la foudre tombait au mauvais moment sans qu’elle ne descendit du ciel pour une raison particulière, aussi on n’osa sans doute envisager que toute cette affaire partait d’un regrettable – très regrettable – malentendu.

Sur l’archipel, ce concentré d’imbécilité qu'était Eugene y avait atterri sans trop savoir comment ou pourquoi, ayant même oublié qu’il s’était égaré dans un container, ayant cheminé trois moins entiers à se nourrir de la marchandise qui s’y trouva jusqu’à ce que la cargaison fut déversée avec lui sur les rives de la baie de Yokohama. Son malheur – mais surtout de qui avait à le supporter – tenait à une malédiction dont il fit les frais pour le châtier de son intempérance passée. Le binoclard à verres noircis perdait en effet la mémoire des vingt-quatre dernières heures l’ayant précédé chaque fois que sonna minuit. Le problème n’en était que mieux gâté que son amnésie concerna tous ses souvenirs personnels à compter du berceau. Aussi vaquait-il en animal stupide, vagabondant sans le savoir vers un avenir de courte vue qui lui échapperait des yeux à compter du lendemain. Sisyphe l’avait heureuse en comparaison.

Ici au Japon – « terreuh perdue entreuh tradition et modérenité » comme aiment à le dire les commentateurs audiovisuel – c’était rien moins que l’affaire de Boucle d’Or et les Trois Ours que celui-ci, ce Eugene, avait rejoué. En badaud crédule, qui ne se doutait de rien car ignorant jusqu’aux risques qu’il prenait à chaque ineptie qu’il perpétrait allègrement, il avait, quelques jours auparavant, profité de la vacance d’une bien belle demeure pour s’en aller y sommeiller. Dans ses délires, car il se bricolait une identité à chaque matin en puisant dans un carnet de notes qu'il ne quittait jamais, Eugene s’était persuadé, et sans que ne ne s’esquissa ne serait-ce que l’ombre d’un doute, que la demeure qu’il s’en était allé investir avait été la sienne.

Aussi le frigo avait-il été mieux dévalisé que la boîte à bijoux avant qu’il ne piqua un roupillon et ne s’extirpa le lendemain des draps et cela, pour s’en aller dériver vers de nouvelles et improbables aventures. Les poches de son manteau bourrées de quincailles dorées et serties de joyaux – ce qu’il avait oublié – il avait repris sa route en vandale insoupçonné, pas même de lui-même.
Si le sang coula prochainement dans les rues de Tokyo du fait d’un règlement de compte en vue d’une usurpation d’un pouvoir criminel, la faute incomberait ainsi à un amnésique abruti et heureux de son sort à défaut de pouvoir d’en émanciper. Ça tenait finalement à peu de choses, une guerre de gangs.

Lorsque, sur le cheminement rigoureux de son enquête, Dany s’empara de son bento avant qu’elle n’œuvra sur le sentier de la traque, un inconvenant – et c’était peu dire du personnage – manqua de lui ébouillanter les paluches tandis qu’il abattit lestement une passoire sur la table de travail à présent trempée.
Après que le malséant eut accompli ses œuvres, il s’essuya le front d’un revers de bras et s’adressa à la bougresse du fait qu’elle fut sa seule interlocutrice environnante.

- Elle est mal foutue leur marmite. Jamais j’arriverai à faire cuire mes carottes là-dedans. En plus, c’est mal aéré, y’a de la vapeur partout et on crève de chaud. Comment tu veux qu’on fasse cuire ses pâtes là-dedans ? À moi ça m’a pris vingt minutes !

À situer sa provenance, de là où il fit son irruption fracassante, l’incongru revenait manifestement de l’onsen. À n’en point douter, cet illustre spécimen d’imbécile avait fait des bains une marmite de circonstance.
Pour sa défense, ce brave garçon, lui aussi pensionnaire de l'auberge, était très lourdement amnésique. Pour ne rien arranger à son malheur, il avait plus d’instinct que de réflexion en lui, aussi manquait-il de jugeote et de perspicacité à un point où chacun de ses choix, mal avisés pour la plupart, aboutissaient à une insanité comme le commun des mortels ne pouvait que difficilement en conjecturer.

Soufflant à force d’avoir eu à suffoquer tout habillé dans les onsens le temps de sa popote improbable, il réajusta le bandana blanc au-dessus de ses lunettes de soleil et annonça, avec allant et entrain :

- Bon ! Maintenant, au tour des carottes.

Ce fut sans compter les réserves d’ordre pratique que vînt formuler le propriétaire, lui aussi très porté sur les entrées brutales dans la cuisine. Lui avait au moins l’excuse de la colère pour motiver sa rudesse.

- Ma parole mais… mais… mais c’est vous qui avez laissé traîner des pâtes dans le Onsen ?!

Par confusion et par bêtise, Eugene interpréta le « vous » comme la deuxième personne du pluriel, ce qui contribua à attirer avec lui Dany dans les abîmes lorsqu’il se tourna vers elle pour lui demander :

- T’es arrivée à les faire cuire toi ? Les miennes sont encore croquantes.

- Qu’est-ce que c’est que ces Gaijins à la…, ravala le tenancier les dents serrées qui crut alors pouvoir les mettre dans le même panier de crabes, vous allez me foutre le camp de mon établissement et fissa ! Et croyez-moi que je vais téléphoner à tous les aubergistes et hôteliers du coin pour leur faire part de la nouvelle !

L’un ou l’autre n’eurent alors le temps d’expliciter leur plaidoyer que tout deux furent vertement foutu dehors dans le vacarme d’une vocifération furieuse. Eugene Erik était un paratonnerre dont il ne faisait jamais bon se trouver proche. Ainsi Dany fut privée de ses pénates temporaires, avec un bento en lot de consolation, par la faute cet improbable malheur qui l’accabla si tôt après son arrivée au Japon.

Tout en s’époussetant indolemment après avoir été viré en malpropre qu’il était, Eugene, qu’on savait bavard invétéré, ne put s’empêcher d’avoir le dernier mot ; ou même le premier du reste.

- Non mais tu l’entends celui-ci ? Le culot ! Y’avait des vieux qui barbotaient à poil dans sa cuisine, mais c’est à moi, à ce pauvre Eugene, qu’il va faire ses reproches. Ces sauvages, je te jure. Bon ! Reprit-il gaillardement comme si rien de notoire ne s’était passé. C’est pas tout ça, on à faire nous.

Parce que Dany et lui étaient les seuls étrangers du coin, et parce que l'aubergiste cru qu'ils étaient de connivence pour les loger à la même enseigne, Eugene n’envisagea pas la thèse du hasard, préférant imaginer opportunément qu’ils se connaissaient. Qu’elle ne partagea pas plus tôt sa chambre tendait à indiquer qu’ils n’étaient pas des proches, aussi en conclut-il, avec ce sens de la déduction approximatif qu’était le sien, que Dany et lui étaient collègues.

- Allez au boulot ! Attends, c’est moi ton chef ou c’est toi ma supérieure ? Je sais jamais.

La foudre, parfois tombait au mauvais moment sans qu’elle ne descendit du ciel pour une raison particulière. Si monsieur Hyuga et son aréopage en avaient récemment fait les frais, ce fut cette fois à Dany d’essuyer le cataclysme qui, sur un malentendu dont Eugene avait le secret, venait de s’ancrer à elle.


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