La pression semblait se ressentir de plus en plus. Fouine préféra écarter ses signaux mortuaires, se concentrant sur ses mouvements. Elle devait être efficace sur le temps, ne pas faire de geste inutile, afin de préserver l’air dans ses poumons. Elle sentait l’eau devenir de plus en plus fraîche au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans les abîmes. Encore une fois, elle écarta ses signaux, si elle devait crever en essayant de remonter, elle le ferait.
Ses gestes se pétrifièrent quelques secondes en entendant la voix. Comme supposée, Fouine se mettait à croire que son cerveau commençait à débloquer, prenant donc en compte que son temps commençait à manquer et qu’elle devait redoubler d’efforts. Elle ouvrit ses yeux et braqua ses yeux émeraude vers la créature fantastique, pensant qu’il s’agissait d’une illusion, bien que ne comprenant pas pourquoi cette illusion était une belle rousse, n’ayant pas spécialement d’attirance pour les demoiselles. Mais là n’était pas la question, venant à secouer sa tête pour essayer de se reconcentrer sur sa tâche.
Fouine ne put retenir un frisson de peur quand les mains touchèrent ses joues. Son esprit affûté venait à comprendre qu’en dépit de la scène surréaliste, cette femme était en chair et en os, pensant à une légende qu’une aînée venait à raconter, les kelpies, des êtres aquatiques qui emmenaient les innocents dans l’eau pour les dévorer. Fouine ne résistait pas au mouvement de la tête vers le haut, essayant de continuer de couper cette fichue corde, constatant alors la distance à parcourir.
Elle frissonna à nouveau en sentant les mains sur son corps, pensant qu’à tout moment cette femme allait se transformer en créature hideuse et planter ses griffes dans sa chair. L’humaine crut comprendre que Lyli était une créature joueuse, sentant sa seule arme être retirée de ses mains et aller rejoindre l’obscurité des abysses. Elle n’avait à présent plus aucun moyen, par elle-même de se libérer, étant totalement à la merci des envies de cette créature qui semblait chercher à jouer et réfléchir si l’appât vivant allait terminer noyé ou non.
Sentant les lèvres de la créature, lisses et pulpeuses, se posant sur les siennes, creusées et sèches, Fouine s’attendait à ce qu’elle absorbe l’air de ses poumons, car si l’humaine avait bien compris, c’est que les criminelles aiment jouer avec les mots, apaiser, pouvant aussi avoir une notion bien plus morbide que l’on pourrait le penser. Cependant, elle fut surprise de sentir un peu d’air regonfler ses poumons, sentant bien que cet air n’était pas aussi pur et concentré qu’à la surface, mais suffisant pour permettre la survie.
Fouine ne calcula pas la main sur sa poitrine, ce genre d’attouchement ne la faisait ni chaud ni froid en vérité, laissant Lyli constater que sa proie était moins bien dotée qu’elle.
Sentant les nœuds se défaire, Fouine envisagea d’essayer de fausser compagnie à la sirène. Cependant, la pression pouvait être pleinement ressentie, une fois qu’elle pouvait mouvoir ses bras, se rendant compte qu’il serait impossible de remonter. L’humaine comprit aussi que sa sauveuse n’avait pas besoin de respirer, la preuve étant qu’il n’y avait aucun signe de suffocation, malgré l’air donné.
Sentant Lyli la saisir au poignet, la jeune femme savait qu’elle était à sa totale merci. Aussi opta-t-elle pour économiser ses forces, si elle devait lutter pour ne pas finir dévorée, il fallait emmagasiner le maximum de force. L’apport d’un nouveau goulet d’air de la sirène fut salvateur, permettant d’endiguer cette envie de tousser. Fouine le savait, si elle cédait à sa maladie, tout l’air partirait, devant focaliser son esprit pour ne pas tousser, sentant ses poumons tenter de se contracter et devant se faire violence pour que les bulles du précieux air ne sortent pas de sa bouche.
Quand la cavité fut atteinte, elle ne put retenir de respirer à plein poumon, venant à tousser d’une voix rauque, recrachant un peu de sang. Cela dura bien une dizaine de secondes avant que l’humaine put avoir une respiration normale, venant à la ralentir pour limiter la consommation de cette poche, ne sachant pas combien de temps elle pourrait tenir dedans.
Son cerveau carburait, faisant le point. Même avec cette poche d’air, il était impossible de remonter, la différence de pression était importante, elle doutait pouvoir nager vers la surface dans ses conditions. L’autre problème était Lyli, une créature qui semblait plus intéressée à jouer avec sa nouvelle prise qu’être réellement une créature aux bonnes intentions. Parlant une langue compréhensible, Fouine supposa que la sirène avait suffisamment d’intelligence qu’un humain, ce qui ne la rendait que davantage dangereuse. L’humaine avait même compris que fuir à la nage était perdu d’avance, vu la vitesse de sa sauveuse.
Blesser cette créature ? Fouie se doutait que Lyli était plus forte qu’elle et même blessée, la sirène n’aurait qu’à la laisser dans cette cavité jusqu’à ce que tout l’air soit vidée.
Pour résumer en une phrase, elle était cuite quoi qu’elle envisage, serrant son poing droit sous l’eau de frustration. Elle devait retourner à la surface pour écarter les Raveneurs de la ville, pour sa sécurité et celle des autres souriceaux. Aussi, ne tourna-t-elle pas autour du pôt.
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J’ai conscience que je te dois la vie, jusqu’à maintenant. Quel est ton prix pour me ramener sur la côte ? Sache que je n’ai aucune richesse, que j’ai la tuberculose, donc mon temps est certainement compté et je ne sacrifierais pas ceux qui me sont cher. |
L’humaine savait qu’elle parlait avec un certain culot. Mettre autant de restrictions aurait énervé bon nombre de gredins, alors elle ne savait pas comment cette créature allait réagir. De toute manière, elle se doutait que si Lyli voulait la dévorer, cela ne ferait que donner un motif et, dans cette cavité, elle était totalement à sa merci.
C’était quitte ou double.