« L’invitation est parvenue jusqu’au roi Alphen ?
- Saphielle s’est chargée de la lui remettre en main propre. Et pas que… Si tu veux mon avis.
- Je me passerais de tes commentaires, Arryn.
- Si tu ne te détends pas, tu n’arriveras pas à en profiter !
- Mon devoir n’est pas de profiter mais d’accueillir le Roi, ronchonna agacée
Lyrei. Cela fait quelques dizaines d’années qu’il ne nous a pas rendu visite, que dirait-il si l’hospitalité se faisait médiocre face à sa dernière visite ?
- Qu’il est simplement heureux d’être présent ?
- Tu m’agaces. »
De petites cernes avaient fait leur apparition sous les pupilles étranges de Lyrei. Ses nerfs atteignaient leur terme avec l’agaçante
Arryn qui ne comprenait guère l’ampleur de son devoir.
Son pas s’accélérait à travers les ruines parées de quelques décorations printanières ; sa pénible cadette ne la lâchait pas, emboitant son pas.
« C’est la première fois que la tâche t’est confiée, intervient cette fois-ci Saphielle, au détour d’un couloir. Tout le monde commence quelque part, Lyrei. »
A ses côtés, Siraye demeurait silencieuse. Elle était l’une des plus jeunes et connaissait bien mal ce roi et l’amitié noué entre son Royaume et l’Ordre. Pour ne pas dire qu’elle n’avait que peu d’intérêt à sa visite ou face aux festivités.
« Arryn, Siraye a besoin d’aller chercher quelques plantes médicinales. Veux-tu bien l’accompagner ?
- Bien entendu ! »
La ruse de
Saphielle libéra Lyrei de son épine pour refourguer à la cadette son impétueuse aînée. La brune n’osa guère protester mais un service lui serait valu ! Elle pouvait en être certaine.
« Quand arrive le Roi ?
- Il ne devrait plus tarder. Quelques affaires l’ont pressé et il n’a pas pu m’accompagner jusqu’ici. Isarrel s’occupera de l’accueillir, ne t’en fais pas. Montre-moi ce qu’il te reste à terminer. »
L’elfe aux pupilles écarlates eut tort de croire en ses propos.
Isarrel était bien connu pour être tête en l’air et ne suivre que ses envies de l’instant. Prise dans une peinture, avec quelques pigments naturels, sur un mur à moitié effondrée, la créature avait oublié sa tâche primordiale.
Lyrei, aveuglée par sa fatigue et la pression pesante, ne prit pas non plus garde à ses propos.
Par chance, à l’entrée spectaculaire des ruines,
Kaylin, la plus jeune, s’était postée dans une ravissante étoffe ébène. Quelques jours plus tôt, de la bouche de son amie,
Aurae, une véritable commère indiscrète, elle avait appris la venue d’un Roi ! Sans connaître plus à son sujet, son seul titre suffisait à attirer l’attention de l’orgueilleuse elfe. Pour être la première et seule à obtenir ses faveurs, la rousse prit la peine de perdre sa complice dans le dédale de ruines.
La silhouette de la fée se dessinait au loin. Un ravissant sourire vint orner ses lèvres. Quand Alphen fut presque à sa hauteur, dépassant le brouillard protecteur des ruines enchantées, elle se fendit d’une élégante révérence.
S’il devait connaître les plus anciennes, le visage de Kaylin se dévoilait pour la première fois à l’invité d’honneur.
« Bienvenue, Votre Majesté. »