… Garde ton calme, Izar. Ta semblable – dont tu ignores tout du nom – s’est mis en tête de te séduire et forniquer avec toi, peu importe si la mise en place d’un acte sexuel au milieu des décombres constitue une bonne idée. Au demeurant, tu n’as jamais été un Elfe raisonnable. Encore moins un Elfe modeste et capable d’endiguer ta voracité charnelle, le flot de tes impulsions concupiscentes et ton goût des jolies jeunes femmes séduisantes et grivoises ! Mais tu devrais ici accomplir un effort, éconduire la donzelle affamée, la transporter en lieu sûr, puis lui poser un recueil de questions sur (i) l’origine exacte de cette agression, (ii) les motifs ayant présidé à son emplacement dans une librairie aussi bien située et (iii) la nature de ses relations avec les diverses confréries et sororités vampiriques qui florissent dans la ville, écument les environs et ratissent les différents quartiers en quête de proies fraîches ou de dents-courtes taillables et corvéables à merci.
…
« Mais je n’ai pas envie que tu me traites comme une princesse «, me sussurait-elle à l’oreille après m’avoir mordu au menton, l’effet de l’adrénaline ayant momentanément anesthésie toute sensation de douleur.
En vérité, je n’en avais, pour parler crûment, rien à foutre de cette petite voix raisonnable qui m’incitait à la modération et à adopter une rationalité calculatrice à cet instant. J’avais l’occasion de prendre du plaisir, immédiat, avec une nana très bien foutue, à la superbe peau chocolatée, et manifestement redevable, au point de s’empresser, telle une actrice de cul, de me récompenser par l’octroi de ses faveurs. Toutefois, la bougresse, qui ne faisait guère œuvre sociale, se montrait tout-à-fait égoiste en premier lieu, prenait clairement un malin plaisir à mon sujet, jouissait de mon corps, prenant même le luxe – coupable ! - de ponctionner mes précieuses réserves sanguines, acquises au prix du labeur et de mon audace. Là, par contre, je ne vais pas tarder à me fâcher. Quoi, je lui sauve la vie et elle ose me prendre pour un banal mortel que l’on peut traire comme bon lui semble ? Quoique mon échine était traversée par toutes sortes de sensations gratifiantes qui exacerbaient ma virilité arrogante, je gardais une certaine conscience de mes instincts bestiaux. Après avoir défait une bête, je me considérais véritablement comme le mâle dominant, si je devais utiliser une expression aussi surannée et sans originalité particulière.
Une vigoureuse fellation prodiguée par ma comparse eut lieu. Elle enchaînait avec application, passant sa langue râpeuse autour de l’obélisque triomphant, désireuse de goûter au nectar à la source. Je la toisais durant l’intégralité de ses facéties, n’appréciant que de façon aigre-douce la perfidie de ses pratiques. Hmmm… Je me mordais les lèvres, je réalisais qu’elle avait planté ses ongles aussi affûtés que des rasoirs sur diverses parties de ma masse musculaire, y disséminant quelques-uns de ses baisers écarlates, sans aucune délicatesse, ni plus ni mieux.
Aussi, par souci de cohérence… Bwhahahahahaha ! Ne divulgâchons rien. Je me saisis de son épaisse toison de jais pour l’inciter à accélérer son grand-oeuvre, son Magnum Opus, en bonne fellatrix éprouvée qu’elle était. Sans discontinuer ou presque, la dent-courte, assignée à mon service, à la satisfaction de mon besoin primaire, devait se fatiguer pour moi, mettre son souffle à l’épreuve. Les gorges profondes se multiplient ; j’éjacule ; elle jacte ; j’éjacule encore ; elle racle du fond de sa gorge ; rien d’élégant, ma semence déferle dans son gosier, brûle sa langue, émoustille ses papilles voraces, qu’elle est obligée de consommer ; mon sperme a un sale goût métallique, âcre, fort, sauvage, bestial, aux lointaines saveurs sanguinaires et alcooliques. Peut-être doit-elle retenir son souffle, s’arrêter momentanément, alors que la dent-longue que j’étais ne montrait aucun signe de fatigue apparent… Dans tous les cas, je jouis divinement et je reprends facilement le momentum. Sa bouche s’empale sur mon sabre au clair, elle ne peut plus respirer. Durant plusieurs dizaines de secondes, je la fixe, je la toise du regard, je me gausse d’elle. Un rire dédaigneux résonne au milieu des ruines, alors que la brunette risquait de mourir d’asphyxie.
« Huhu… Tu n’es vraiment qu’une petite garce indisciplinée. Dents-courtes, ne te permets plus de mordre ton supérieur, de me mordre sans mon autorisation, sauf si tu veux mourir d’une mort violente. J’ai été assez clair ? » lui assénai-je d’une voix qui s’élevait à peine du murmure, ma colère était palpable, contenue, annonciatrice d’une tempête insaisissable.
Je la dégageais sans aucune délicatesse. La pauvre dents-courtes reposait à mes pieds, suffocante, la bouche béante et dégoulinante de mes liquides séminaux et sanguins. Qu’elle absorbe vite les nutriments de son forfait, j’allais sans doute enculer sa bouche.
« Une petite garce indisciplinée qui risque de mourir bien assez tôt en l’état, vu son arrogance », ajoutai-je, perfide jusqu’à la moelle, arrogant jusqu’aux couilles.
Je ne lui laissais pas même une dizaine de secondes de répit alors que je la saisissais par la gorge. Elle était prête, opérationnelle, déchaînée, bref, humide. La plaquant violemment sur le mur décrépi, j’arrchais sa culotte, sa jolie dentelle, puis ses jolis bas gothiques, pour introduire dans son fourreau le tranchant de ma lame. Elle pouvait hoqueter, me conjurer de m’arrêter, de cesser mes assauts cruels et vindicatifs, d’enrayer le rythme de mes embardées impitoyables : il n’en était rien. Tel était mon bon plaisir, je m’en badigeonnais les testicules avec le pinceau de l’indifférence. Elle récoltait les conséquences de ses actes, de toute manière.
Au milieu de nos rugissements bestiaux et de ce viol qui ne disait pas son nom, je lui infligeais une petite gifle qui risquait de lui décrocher un tantinet la mâchoire. Ma prostituée de cette soirée le méritait bien, si elle voulait survivre.
« Sinon, à quel nom répond une salope de ton acabit ? » lui demandai-je du tac au tac, une lippe incontestablement arrogante, alors que je maintenais l’allure de ma chevauchée impérieuse dans son intimité réchauffante et, avouons-le, diablement confortable.
Les hiérarchies raciales étaient on ne peut plus claires parmi les cercles vampiriques : en tant que vampire de sang pur, je revendiquais de fait un droit d’aînesse sur cette dents-courtes. Entre autres choses, je la prenais de haut et surtout au mot, puisqu’elle ne voulait pas en aucune façon être traitée avec des gants. Le langage châtié faisait également partie de mon crue de surcroît. Les mièvreries romantiques valaient leur pesant d’or et favorisaient autant l’ennui que les débandades calamiteuses, quoique je n’avais jamais souffert de panne érectile.
Je la tins par le menton, effleurant ce dernier de mes ongles noirs et impeccablement taillés, lui infligeant une estafilade, une estafilade… tout-à-fait mignonne.