Ama pleurait beaucoup, décidément. Je n'étais pas capable d'étudier correctement dans l'ancien laboratoire de Xatiav à cause de ses pleurs et de ses cris. Si elle continuait, les ombres de l'endroit allaient devenir fous à force d'y être exposées. Elles réclamèrent le départ de l'homuncule sur le champ ainsi que le mien, puisque j'étais celui qui l'avait emmenée. Le bébé n'aimait pas du tout être dans le noir et les ombres n'aimaient pas qu'on illumine leur repaire. C'est dans un grand soupire que j'ai pris mon enfant dans mes bras pour la bercer doucement, refermant le livre de toutes les connaissances avec une attention presque aimante, avant de me lever de mon siège. Les pièges de la montagne noire s'étaient dissipés à mon entrée, mais lors de mon passage vers la sortie, ils se réactivaient un par un. Ama finit par se taire finalement, dès que nous fûmes hors des ténèbres, contente d'être sortie de ce lieu des cauchemars. La chute d'eau alchimique se remit à couler, voilant l'entrée de la caverne aux yeux des curieux. Je pris alors une grande inspiration de manière à remplir totalement mes poumons avant de les vider lentement, jusqu'à ce qu'il n'ai plus d'air à souffler. Élever des enfants était vraiment très dur pour un homme et pour un guerrier de surcroît. C'était un véritable travail de fou et j'avais peine à croire que je pourrai m'en sortir sans l'aide constante de Mystile et de mes servantes.
L'enfant s'endormit alors que je marchais dans la vaste étendue de sable, ramenant ses petits poings contre sa poitrine, en remontant un vers sa bouche pour sucer son pouce, ses petites jambes se repliant sur son corps. Attendri par autant d'innocence et d'ignorance totale du danger, je ne pus m'empêcher de la serrer doucement contre moi. Elle était si jolie, ma petite fille, et j'étais très fier d'elle. Un moment d'attendrissement de trop, cependant. Une lance faite de faire blanc venait de se planter à mes côtés sans que je sentes même la présence de son... ses propriétaires. Je tournai la tête brusquement, serrant le bébé contre moi de manière protectrice, et j'aperçus des anges qui venaient de me repérer. Les êtres célestes battaient des ailes de manière à rester en vol stationnaire pendant leur lente descente. La voix cristalline d'une des trois jeunes femmes (pour quatre hommes) retentit alors.
-Meisa Kamui, n'est-ce pas? Demanda-t-elle.
-Et si je le suis? Rétorquai-je, menaçant.
-Nous sommes ici pour te chasser de la terre des hommes. Tu es le descendant du Démon de la lumière Australe, Lucifer, et en tant que tel, tu es un danger pour les hommes et la justice céleste.
-Votre justice, j'en ai rien à foutre. Foutez-moi le camp, j'ai un enfant à aller mettre au lit, je n'ai pas le temps de jouer.
-Il ne s'agit pas d'une négociation.
Aussitôt, les êtres divins se posèrent sur le sol et dégainèrent leurs armes. Entendant tout ce bruit, Ama s'était de nouveau réveillée et s'était remise à pleurer de protestation. Elle voulait dormir, elle, et on osait la déranger. Je la serrai doucement contre moi, ne lâchant pas les autres du regard. Plaçant mon enfant sur mon bras gauche, je dégainai mon sabre et je me mis en garde. Si j'étais le seul concerné, il aurait été facile de me débarrasser de ces gêneurs, mais dans l'actuelle situation, c'était un peu trop demander. Ashura fit réfléchir la lumière d'un éclat sinistre, telle une aura annonciatrice de mort.