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Ces dames des sables, loin de tout. [Vanéalidées !]

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Enothis/Emaneth

Humain(e)

Ces dames des sables, loin de tout. [Vanéalidées !]

vendredi 17 juillet 2020, 20:44:08

Première Identité : Enothis Anekthotem / Sainte porteuse / Enfant du Djinn
Âge : 17 ans
Sexe : Féminin
Race : Humaine
Sexualité : En toute récente découverte et vierge.

Physique :

Enothis est une jeune femme Egyptienne de dix-sept printemps. De manière assez étrange pour elle et sa famille, elle ne tient guère du métissage de ses parents, si bien qu’elle n’a conservé que les traits caractéristiques de ses origines africaines : tout d’abord des cheveux noirs, qu’elle a eut le bonheur d’avoir lisses, ce qui lui évite de devoir les entretenir longuement par quelques huiles et autres produits. Ensuite, une peau au teint sombre, comme un grain de café, dont la perfection unanime est une sorte de bénédiction qui a souvent eut le don de lui apporter la jalousie de quelques enfants de son âge, notamment durant sa période adolescente. Si d’ailleurs elle n’était que finesse dans son enfance, les choses ont bien changé ces dernières années, cette peau fine et de belle couleur s’est gonflée, parée des atours d’une jeune femme : une poitrine opulente est venue pendre à son torse, ses hanches se sont élargies aussi. Elle crût un temps qu’il s’agissait d’une erreur d’alimentation, dans toute sa candeur, si bien qu’elle s’évertua à sculpter ce corps étrangement changeant par de nombreuses activités physiques, dont le seul succès fut de lui offrir une forme athlétique, un corps de rêve sur des jambes solides. Pour l’anecdote, elle alla d’ailleurs assez loin dans ce régime de vie pour se rendre malade, si bien que les membres actifs de sa communauté durent s’obliger à lui expliquer que toutes ces modifications de son corps étaient naturelles. La jeune femme s’en sentit si sotte qu’elle jura de ne plus s’empêcher de manger… non sans prolonger ses activités physiques.

Ainsi donc, c’est une belle jeune femme, franchement gâtée par la nature. En ces dix-sept ans, elle arbore une coupe de cheveux mi-longue, coupés proche du cou, et conserve une tendance commune à couvrir sa plastique. Non pas qu’elle en ait une honte particulière, mais la jeune femme apprécie bien plus l’élégance de quelques tenues que celle de sa propre chair. Aussi, même avant sa fugue, elle a toujours mis un point d’honneur à acquérir des vêtements qui peuvent lui plaire, mais qui surtout lui permettent de se mettre un maximum en valeur, que ce soit en montrant ou en dissimulant son corps. Bien sûr, il est à souligner que sa période de croissance fut un grand moment de panique pour la jeune fille, qui eut à changer plus d’une fois de garde-robe, mais elle offrit ce qu’elle ne pouvait plus porter à d’autres enfants, si bien qu’elle ne fut pas non plus frappée par l’inutilité de ses précédentes demandes en terme d’achats. Si pendant longtemps elle dut en revanche se vêtir de tenues de cérémonie, généralement bien peu à son goût, elle n’en a désormais plus l’obligation, hormis lors des courtes apparitions d’Emaneth. Autrement, elle privilégie un style urbain des plus seyants, et doit avouer avoir une véritable passion pour les baskets, dont les innombrables paires acquises après maintes années ont été tout particulièrement difficiles à trier lors de sa fugue, entre celles qu’elle se devait de conserver, et celle qu’elle dut abandonner.

Autrement, Enothis ne détonne pas plus. Sa gestuelle est mesurée, contrairement à tout le panache et le cérémonieux qu’elle dut entretenir lorsqu’elle était encore l’outil de la secte dont elle s’est enfuie. Sachant jouer la comédie, elle en a pourtant pris horreur, préférant une franchise claire, si bien qu’elle ira sans hésitation attraper le col de quelqu’un dont elle n’apprécie pas le comportement. Elle est agile, preste, et si sa force n’est clairement pas son plus grand avantage, elle a toutefois la connaissance minimale nécessaire pour se défendre face à l’agression. Sans parler de la présence d’Emaneth à ses côtés, même si la Djinn n’apprécie pas franchement être dérangée par quelques incommodités du genre. Finalement un seul détail n’a pas encore été survolé est celui du faciès de la demoiselle. Souriante, innocente, elle a la joie de vivre sur le visage. Rien en ce monde ne saurait ternir son air mutin de tous les jours. Et dans les cas rares où son visage change, pour exprimer colère, indignation et peine, il y a toujours quelque chose qui rappelle fièrement que cette jeune femme, sortant de l’adolescence, ne compte jamais se laisser avoir par le chaos et les imprévus de ce monde de brute : ses deux grands yeux d’or, radieux, un soleil dans chaque œil qui ne se laissera sûrement jamais dompter.

Caractère :

Enothis a longuement vécu un isolement qui a en partie freiné son développement mental et ses questionnements moraux. Cela ne se traduit pas forcément par un retard, mais une sorte d’innocence qui lui colle désormais à la peau, et influe grandement sur sa nature, ses choix, et sa vision du monde.

De prime abord, le monde et ses aspects sont souvent vus au travers d’un prisme tout particulièrement enfantin. Il y a les méchants et les gentils, et elle bien sûr se doit d’être une gentille, car le mal qui peut exister de partout doit trouver en face de lui des gens preux et sans reproches. Ainsi, la jeune femme à une vision très moralisée de la société. Les actes de charité sont plus souvent un devoir qu’une bonne action, et l’aide du prochain est une nécessité si l’on ne veut pas tomber dans un intérêt qui mène à la passivité. En somme, sans être une justicière, elle juge qu’il faut qu’elle soit de ceux qui font pencher la balance du monde vers le Bien, avec un beau B majuscule.

De même manière, cette innocence la voile de beaucoup de problèmes de société, ou de civilisation. Les grandes questions de l’écologie, de la corruption des états, de la pauvreté mondiale ou encore de la guerre sont souvent simplifiées à leur paroxysme dans sa tête de jeune femme bien incapable de considérer que tout le monde n’aspire pas à être Bon (encore une fois, avec un beau B majuscule). Cela fait que même du haut de ses dix-sept ans, elle reste très superficielle sur de nombreuses questions, voire candide, ayant bien souvent le malheur de parler un peu trop légèrement, ce qui amène parfois quelques sourires amusés sur le visage de ceux qui la côtoient désormais.

En dehors de cela, la demoiselle vit entre ses lubies et ses passions. Libérée d’un cadre oppressif et réducteur, la demoiselle peut enfin exprimer le tout de sa curiosité et de son énergie débordante. Découvrir les boutiques de vêtements, la télévision, pouvoir se perdre dans les rues d’une ville, remplir avec joie son ventre de nouvelles denrées, ou aller traîner dans le magasin de chaussures le plus proche, autant de choses qui font son bonheur et dont elle ne se prive pas. Elle cherche encore des gens qui l’accompagneraient, des amis notamment, mais elle ne se formalise pas pour autant, confiante à l’idée qu’elle saura tisser des liens avec le temps, comme avec Emaneth.

En parlant d’Emaneth, celle-ci a aussi une influence croissante sur elle. Non pas que la Djinn cherche à l’utiliser ou à modifier sa vision du monde, mais surtout parce que ses conseils sont à l’origine de la prise de conscience d’Enothis. Elle a vu grâce à la Djinn que son petit monde privé était corrompu, et ainsi a découvert son sens de la justice. Elle a compris aussi grâce à cette compagnie ésotérique qu’elle avait un certain pouvoir, et qu’elle pouvait en faire usage pour se libérer de ses geôliers tout en condamnant au mieux leurs comportements. Et surtout, Emaneth lui a ouvert les yeux sur ce qu’elle était, à savoir une jeune femme sans éducation qui ne pouvait même pas prétendre être autre chose que le joyeux pantin d’un cercle de privilégiés malsains, ce qui lui a donné la force de se mettre en danger.

Et ainsi le portrait est complet. Enothis est donc une jeune femme qui cherche à s’instruire et à vivre, sans retenue, qui ne s’en laissera guère dédire, malgré tous ceux qui voudraient encore la conserver sous leur emprise.


Seconde Identité : Emaneth / Celle qui parle sous le sable / Sainte Maîtresse
Âge : Quelques centaines d’années
Sexe : Féminin
Race : Djinn - Créature
Sexualité : Désintéressée car immatérielle. Seul l’éveil d’Enothis à ce genre de concept l’amène à y réfléchir, mais elle n’est autrement aucunement attachée à la sexualité.

Physique :

Emaneth n’ayant pas proprement de physique, elle emprunte toutefois le corps d’Enothis lors de ses quelques manifestations, si bien que la description physique faite plus haut permet déjà de se donner une idée de son apparence.

Toutefois, quelques points changent. Et avant toute chose, c’est la tenue de la femme qui vient être drastiquement différente lors de ses apparitions ! Emaneth hait toute tenue qui ne provient pas de sa culture et son pays. Et bien sûr, n’ayant pas vraiment de boutiques de vêtements spécialisées dans la reproduction d’habits de l’ancienne Égypte à des centaines de kilomètres à la ronde, elle a tendance à user de ses dons merveilleux pour modifier les horreurs que porte Enothis. Ainsi, elle apparaît bien souvent en portant des tenues légères, diaphanes, richement décorées de parures et de bijoux. Elle affectionne les hautes couronnes de l’Egypte antique, même s'il s’agissait d’un accessoire purement masculin à l’époque, mais plus que tout elle ne se présente jamais sans un de ses lourds collier d’or et de jades taillées, laissant la couleur de ces joyaux souligner la beauté de ses iris.

Car oui, la dame a pour autre différence d’avoir un changement de couleur au niveau des yeux. Si Enothis les a d’or, elle a le droit à deux émeraudes quasiment félines par Emaneth. Et d’ailleurs, en parlant de félin, parlons un peu des spécificités de la Djinn en rapport à cet animal. Emaneth est l’esprit d’un chat errant ayant acquis par son ancienneté quelques capacités qui en font une Djinn mineure, mais déjà autrement plus puissante que de simples humains. De sa nature elle tire à la fois une capacité à se déplacer proprement inhumaine, mais aussi assez de force pour trancher et mordre autrui avec une certaine sauvagerie dont elle ne se garde pas de faire la démonstration si besoin. Le reste du temps sa gestuelle est outrageusement réduite, et ses mouvements parfois saccadés, comme si elle luttait avec l’enveloppe charnelle qu’elle occupe. Elle compense cela par une voix envoûtante, un esprit aiguisé, et rapidité d’action qui pourrait faire pâlir d’envie les meilleurs praticiens d’arts martiaux.

Heureusement, elle n’a pas eu souvent d’occasion de le démontrer.


Caractère :

Contrairement à Enothis, Emaneth n’a pas dix-sept années. Au contraire, son expérience du monde et de ses enjeux vont bien au-delà d’une vie humaine d’observation. Elle considère l’humanité comme fourbe, décadente et hautaine, et le fait qu’elle ait été un chat avant d’être un esprit a vite eu le don d’exacerber cette vision des choses. De ce fait, il n’est pas exagéré de dire que la Djinn déteste les êtres humains. Elle les hait comme jamais, et ne leur fait donc pas de cadeau, voire s’amuse de leurs déboires, ne manquant pas de ponctuer l’observation de chaque misère par un rictus amusé et un ricanement malsain.

Pour autant, ce n’était pas comme si la femme n’avait pas appris de sa cohabitation forcée avec la petite et grandissante Enothis. Les deux partageant pensées et corps, chacune a su influencer la personnalité de l'autre. Et si la Djinn s’est prise d’une étrange affection pour la petite pleine de bonne volonté et d’amour pour son prochain, Enothis a aussi aidé la femme à développer une nuance dans sa vision du monde. Emaneth a lentement perdu de son sadisme pour juste développer une forme de nihilisme pour ce monde, en ce sens qu’elle n’a pas à se sentir touchée par le comportement des humains. Elle ne s’occupe que de son « vaisseau », parfois grâce à un bon mot, d’autre fois grâce à une courte possession pour la tirer d’ennuis. C’est d’ailleurs ainsi qu’elles se sont échappées de la surveillance de la secte.

En revanche, et malgré son relatif adoucissement, Emaneth n’en est pas pour autant une simple créature, aussi son orgueil peut prendre le dessus, et l’amener à utiliser les quelques terrifiants pouvoirs qu’elle possède. Attirer le mauvais œil sur un être ou un groupe de personnes, obscurcir les cieux et faire pleuvoir la maladie, comme maudire ou appeler à elle des nuées d’insectes, elle reste une calamité qu’il ne vaut mieux pas mettre en colère. Le tout de ses crises d’orgueils ont toutefois une limite : la Djinn est très diminuée dans le corps d’Enothis, et ne peut donc se permettre d’user à outrance de ses pouvoirs, non sans parler que la jeune femme qui lui sert de vaisseau a tendance à la rappeler à l’ordre, allant jusqu’à argumenter des heures pour tenter de l’arrêter.

Aussi, et en dehors de tout autre détail, Emaneth est donc cet être étrange, qui en veut au monde mais se laisse lentement dresser par une toute petite et insignifiante humaine. Aussi, lorsqu’elle ne profite pas de temps à autre du corps d’Enothis pour aller dormir au soleil en haut d’un immeuble … Elle reste une entité bien sage, qui mord bien moins souvent qu’elle ne feule.


Histoire :

Commençons par une époque où Enothis n’était pas encore de ce monde. Quelque part dans les années soixante, en Egypte, se trouvait un docteur Allemand un peu missionnaire qui traversait les villages locaux afin de rependre soins et bonne parole. Hermann Turich était son nom, et quelques soient les lieux qu’il traversait, il y trouvait un accueil chaleureux, car son nom se propageait à travers les sables du désert plus rapidement que les Sept Plaies en avaient détruit le paysage aux grandes heures de Moïse. Il était l’homme qui remettait les ancêtres sur pied, celui qui calmait les fièvres des enfants, et l’homme en blouse qui s’assurait que la femme reste auprès du mari quand elle enfantait. Et tandis que ses bonnes actions se multipliaient, son orgueil lui aussi gonflait à proportion, l’étranger errant en terres ancestrales sentant lentement une aube nouvelle se lever pour sa personne. Il était un élu, sans nul doute, et sa présence en un berceau de l’humanité n’avait pas moins de signification que celle du légionnaire qui tint Longinus sans même connaître la portée de son acte futur. Il allait accomplir une action qui plongera le monde dans un changement ultime et sans précédent, car il était le soigneur, celui dont les mains gardaient la vie, celui qui pouvait repousser la mort. Leur sauveur à tous en ce pays balayé par l’abandon du Seigneur.

C’est un crépuscule de septembre qui vit la naissance de son projet. Dans les sables du désert, là où le soleil frappa, il ressentit cette lourde main sur son épaule qui le poussa à sortir son carnet de notes, et d’y écrire alors les mots du Divin, celui qui allait lui accorder la tâche d’être le nouveau Berger de cette populace en proie au doute et au remord. Il tira fébrilement son stylo, observant le ciel qui se paraît d’étoiles, sentit la grâce envelopper son être, et apposa la plume, commençant à noircir le papier d’une large tâche d’encre. Puis il écrivit ces mots :

« En ces terres qui virent, au travers du temps, les populations de tout un monde la parcourir, voici les paroles de notre Père à tous.
Nuls sont ceux qui ne sauront pressentir la grâce du Seigneur
Nuls sont ceux qui remettront Sa parole aux malins
Nuls sur Terre, nuls dans les Cieux, nuls dans les Abysses ne se cacheront de Sa lumière
Car Il est, sera, et perdurera, bien plus que tout être ne saura s’imaginer.
»

Hermann sentit son devoir le rattraper, comme s’il n’avait jamais su quel était le but de sa vie, la portée de ses actes, le travail que Dieu lui avait confié. Plus que des soins, il offrit désormais contre ses services de confier aux populations d’Egypte la parole de Dieu, celle qui leur permettrait désormais de se comporter comme les fiers enfants du Seigneur, capable d’écouter et de ressentir que dans Sa toute puissance, le Très-Haut était en chacun d’eux, cette lueur qui leur permettait de juger leurs actes, et d’en comprendre le bon du mauvais, l’œuvre sainte et le péché malin. Il fit guerre verbale à tous les paganismes, aux paroles hérétiques, convia les curieux à se porter à sa présence, et à ces mêmes curieux de propager ses enseignements dans leurs familles et auprès de leurs amis. Ses sermons attirèrent des fidèles, mais aussi des peurs, voire des violences. Hermann fut lentement poussé à agir discrètement, laissant ses fidèles mimer sa voix, conter ses miracles. Il quitta les villages, s’enferma dans un ancestral tombeau qu’il trouva par hasard. Il y marqua ses lois dans la pierre, à la manière de Moïse, et se constitua Prophète. Mais de l’errance, il s’en affranchit. Désormais, les valeureux viendraient à lui, et Dieu mettrait sur son chemin ceux qui auront devoir de poursuivre ses sesseins.

C’est ainsi que fut fondé le Choeur du Créateur. Hermann y accorda la fin de sa vie avec une simplicité qui frôla de peu la hauteur de son orgueil. Lui, le Très Saint, l’Élu, avait seul devoir de propager les paroles du Seigneur, et chacune de celles-ci était rigoureusement consignée dans le journal de ce « nouveau Saint Sauveur ». Ainsi, chacun de ses sermons avait ce ton impérieux, absolu, et c’est par cette force que l’homme parvint à convaincre ceux venus quérir son verbe, ou douter de ses dons. Par la curiosité, et par le doute, Hermann attira à lui de nombreux membres, une quantité colossale de voyageurs, de marchands, d’âmes perdues, tous prêts à le remettre en doute, puis tous le suppliant de les bénir de son Don. Parmi toutes ces âmes errantes, ces agneaux en manque de protecteur, il trouva malgré lui son Judas. Il fit cette rencontre à l’aube de sa soixante-quatorzième année. Une aube rayonnante, où l’impasse montagneuse vit marcher trois hommes dans le sable encore frais. Et quand, aux portes du tombeau, il les salua avec l’humilité du Berger retrouvant ses bêtes, le premier se prosterna devant lui, le nez contre les marches millénaires. Le second mima son aîné, mais le troisième resta debout droit, et observa Hermann comme un égal. Il fut le seul à qui Hermann s’adressa :

« Toi, voyageur éreinté, pourquoi ne suis-tu pas l’exemple de tes pairs ?
 -  Sauveur, mon père est un porc qui vendit sa femme pour une poignée de lentilles. Mon frère est un sot, qui jeta les graines du Seigneur dans un puits par vengeance. Ils viennent te voir car on leur a promis le Pardon. Mais je sais de notre prêtre que l’avidité et l’orgueil sont les organes du Malin. Que les Djinns qui parcourent le Désert sont les âmes perdues que Dieu n’a pas voulu voir à ses côtés, mais dont les affres furent assez pour que le Diable leur offre ses faveurs ! Ces hommes sont là pour leur Salut, moi je viens te rejoindre.
 -  Terrible est ton mot jeune voyageur. Et forte est ta foi. De quel nom ta génitrice t’a-t-elle affublé ?
 -  Mon père me donna celui d’Ishar.
 -  Ishar, enfant de Dieu, acceptes-tu les mots de l’homme que tu sembles si durement juger ?
 -  Ce nom est mien, que celui-ci m’ait ou non été confié par un pécheur.
Alors, Ishar, comprends que notre Père à tous ne nous a pas confié nos noms, mais nous a offert la parole, et que celle-ci porte la foi, même dans un cœur terni. Père, frère d’Ishar, vos actions sont-elles celles décrites par son verbe ? Avez vous commis la faute dont il vous targue ? Levez la tête, répondez au Ciel. Bien au dessus de nous, le Très-Haut entendra vos aveux, vos vérités, et vos mensonges. »

Cloués sur place, ils obéirent, répondirent par la foi, révélèrent leurs duperies et leurs péchés. Ishar regarda simplement le vieil homme… Et Hermann observa ce jeune prodige. Si lui était sur le déclin, celui qu’il venait de rencontrer semblait en revanche prêt à défier le monde et sa déperdition. En moins de temps qu’il n’en fallut, et tout autant par le biais d’Hermann que par un habile stratagème d’Ishar, ce dernier devint le disciple du saint homme. Il en absorba le savoir, en copia l’essence, en analysa la nature. En quelques semaines, Ishar ne fut rien de moins que le plus proche acolyte d’Hermann, son confident, et son élève le plus dévoué. Il ne fallut pas plus de temps même pour que l’intelligent jeune homme n’offre à son père adoptif sa dévotion la plus absolue, avec en son cœur autant de poison que libérerait la morsure du crotale. Car si l’Enfant n’avait pas péché, c’est parce qu’il avait su garder en lui le Malin suffisamment longtemps pour pouvoir alors détruire la plus grande œuvre d’un homme de Dieu. Il instilla dans l’esprit de plus en plus affaibli du vieillard orgueilleux les sifflements du Serpent, fit mine de couler dans son verre une ambroisie interdite aux mortels : celle de l’éternité.

« Immortel sois-tu, Saint Père, car si ta grâce n’est pas celle de notre Seigneur, elle égale celle de Son Fils. Je ne suis que l’enfant d’un autre, un abandonné souhaitant s’absoudre de sa triste engeance. Ma foi, ma loi, mon verbe sont tiens Hermann. Et de perdurer ton œuvre divine m’est un devoir dont je pressens le poids avec crainte.
 -  Mon Fils, il n’est que du Seigneur de choisir mon successeur.
 -  Alors permettez que je vous conte ce que je vis ce matin ! Sortant afin de soigner un voyageur blessé, je vis un serpent s’approcher de ce lieu de paix. Celui-ci, perfide, mimait le sable comme nul autre de son espèce que je ne vis jamais, et pris de crainte, je crus devoir fuir l’approche de cet agent maléfique. Mais je sentis un poids sur mes épaules, et entendis dans mon cœur le devoir de protéger ces lieux. Alors je pris la plus lourde pierre à mes pieds, et frappa l’horreur en un bond. J’ai foi que Dieu guida mon bras en votre absence, et m’amena à vous sauver ainsi que vôtre tâche. J’ai foi que notre Saint-Père fit de cet instant une épreuve, chercha à voir si j’étais digne de vous et de votre ouvrage. »

Hermann ne put dire mot. Il tourna ses pas vers le cœur du Tombeau, et pria le reste de la journée. Ishar, lui, ne fit pas plus cas de cette histoire, fabriquée de toutes pièces ; il attendit son heure. Et quelques jours plus tard, quand le Berger sortit de son mutisme, il déclara aux fidèles présents que leur Saint-Patron avait choisi son suivant, et que lorsque la nuit viendra pour lui, qu’il marcherait en direction des portes célestes afin d’y recevoir son Jugement, alors Ishar prendra sa suite, car le Très-Haut l’eut déjà mis à l’épreuve, et qu’il répondit avec la bravoure des héros d’antan. La surprise secoua les adeptes du Chœur, mais la parole de leur Prophète fut absolue. La volonté de Dieu était inexpugnable, et le verbe d’Hermann était le verbe du Seigneur. Aussi, et dès ce jour, Ishar fut perçu par les autres membres comme le Fils, celui qui viendrait les sauver quand leur Père les quitterait.

Hermann s’éteignit à soixante-dix-huit ans. Ses idées moururent avec lui.

*
*   *

Sous les ordres d’Ishar, le Choeur du Créateur changèrent lentement, mais insidieusement, de cap. Si Hermann avait su créer une voie de pensée alternative, même si mue par un ego surdimensionné, le nouveau dirigeant de cette Eglise n’avait pas le moins du monde les mêmes projets. Non, il y avait vu une possibilité de quérir pouvoir, gloire et richesses, de quitter les basses extractions pour finalement s’élever à une condition de vie autrement plus agréable.

Le changement fut donc de mise sous sa direction. Il abandonna les mœurs d’ermite de son prédécesseur, invoqua que Dieu souhaitait que Sa grâce soit observée et reconnue parmi Son peuple, que les élus du Seigneur se devaient désormais d’amener à la lumière les fidèles égarés, que ceux-ci devaient découvrir la véritable foi. Une méthode agressive d’acquisition de fidèles qui s’accompagna de modifications en terme de droits entre les membres. Ceux qui avaient suivi Hermann en ses premières heures furent reconnus comme premiers des fidèles, et eurent accès à nombre d’avantages, comme le droit de côtoyer Ishar dans ses prières et sermons. Puis vinrent lentement ceux qui rejoignirent le Choeur alors qu’Ishar avait pris les commandes. Et eux, ceux qui n’avaient su trouver l’amour de Dieu en ces premiers instants furent soumis à une politique de valeur. Plus ils abandonnaient leurs précédentes possessions, les léguaient à la grandeur du Chœur du Créateur, et plus leur était promis absolution et reconnaissance de leurs saintes intentions. Lentement s’installa un système pyramidale des plus lucratif pour Ishar… Mais ce n’était pas encore suffisant.

Il sépara hommes et femmes, prétexta que la lumière était seule capable de permettre à chacun de trouver l’amour de Dieu, et que les relations charnelles se devaient d’être faites par dévotion, et non plus par relation avec un être commun. Les naissances furent triées, les enfants des différents croyants vivant entre eux sous la garde de personnes de confiance. Enfin, lentement, Ishar mis en place ce qu’il voulait reproduire depuis tant d’années :

Car Ishar n’avait jamais crû en Dieu, ni même en quelque puissance supérieure, mais il savait en revanche que loin dans le désert, les hommes appelaient à eux les esprits des ancêtres et les Djinns, et que leurs plus grands guerriers étaient les hérauts de forces obscures tapies dans le désert. Il voulait faire main basse sur ces forces, avait dans ses errances de démarcheur, de mystificateur, de propagateur de la foi, rencontré quelques sorciers avec qui il avait entretenu des relations particulièrement intéressantes. C’est grâce à eux qu’il comprit les sombres appels de ces démons du sable et leurs pouvoirs. Il ne lui fallait que quelques hôtes, et il jugea que les enfants de ses désormais fanatiques de serviteurs étaient les plus indiqués pour ce genre de tâches. C’est ainsi qu’il déclara, lors d’un sermon particulier, adressé à l’ensemble de la communauté, et destiné à être propagé parmi l’ensemble des fidèles :

« Enfants du Seigneur, agneaux égarés, les paroles du Très-Saint me laissent aujourd’hui épuisé, écrasé par Son influence et Sa miséricorde. Il a vu dans votre foi, dans vos actes, la preuve la plus absolue de votre dévotion à Son égard, et ainsi promet à tous la sauvegarde de leurs familles, de leurs frères, de leur sœurs et de leurs enfants. Il m’a confié cette tâche en ces mots : ‘Fils d’Hermann, premier des éveillés, ton acte est à son aube. Que tes fidèles obtiennent le fruit de leur premier labeur, car seul Ozymandias en ces terres fut coupable d’un orgueil sans reconnaissance. Toutes et tous, trouvez votre foi en ma présence, trouvez votre bénédiction en l’amour de ceux qui ont rejoint l’éveil. Je choisirai parmi vos plus jeunes enfants un élu, et doté de mon essence, il sera le vecteur de mes miracles. Qu’au crépuscule de la prochaine lune, vos enfants soient menés en ces lieux où la terre se déchire pour rejoindre les étoiles du firmament. Là-haut mon don sera accordé.’ »

Ferveurs et dévotions menèrent les innocents à boire ses paroles sans le moindre doute. Ainsi les enfants déjà séparés de leurs familles quittèrent l’abri salvateur du Chœur pour accomplir une longue marche à travers le désert, en direction d’un lieu malsain qu’Ishar connaissait des mots de quelques mages tribaux. En haut des monts d’Hamata, tout au Sud de l’Egypte, se trouvait un cercle que les anciens utilisaient pour appeler à eux les seigneurs immatériels du désert, les gratifiant d’offrandes et de beaux mots pour s’attirer leurs bonnes faveurs lors de l’annonce de temps difficiles. Lui, simple et honnête homme bien sûr, ne cherchait pas à s’attirer leurs bonnes grâces... il comptait se les accaparer. Quand ils se trouvèrent en ce lieu ancestral, Ishar fit garder l’entrée des pistes par ses plus fidèles et dévoués serviteurs, puis mena de lui-même la procession de jeunes garçons et filles jusqu’au sommet, tandis que la lune grimpait haut dans le ciel. Ils atteignirent l’alcôve maudite tard dans la nuit, mais cela ne vexa guère l’homme avide de pouvoir. Il fit s’installer les jeunes gens à flanc de colline, les laissant se reposer, les pauvres s’écroulant de fatigue. Puis, un par un, il vint les réveiller, les emporta avec lui dans le lieu malsain, entamant rituels sur rituels. Peu seront ceux qui survivront, mais il était prêt à tout pour parvenir à ses fins.

*
*   *

Elle s’appelle Enothis. Enroulée dans une couverture, transie de froid, elle a été emmenée avec les autres enfants par le Saint Sauveur pour accomplir la volonté de Dieu. Elle ne sais pas vraiment qui est ce Dieu pour être honnête, mais il semble tellement important qu’elle a fait tous les efforts du monde pour ne pas s’écrouler sur le chemin. Là, elle essaye de dormir, sur le roche dure, mais elle a trouvé une grosse pierre pour luis servir d’oreiller, alors elle est plutôt contente, elle parvient ainsi à se reposer ! Pourtant, dans cette relative quiétude, elle entends malgré tout les pas lourds du Sauveur qui passe de temps à autres près d’elle, allant quérir la main d’un de ses amis, et l’amener dans cette ouverture froide et légèrement éclairée qui se trouve tout en haut de cette montagne. Elle n’a pas envie d’y aller. Dès qu’elle l’avait aperçue, quelques chose lui avait serré le cœur, comme si une peur sourde et instinctive s’était soudain révélée à son esprit. Elle tentait de dormir pour oublier. Fermer les yeux, et les rouvrir au matin, avec l’étouffante chaleur du désert, et l’obligation d’aller rapidement trouver un brin d’ombre. Malheureusement cela ne se produisit pas ainsi…

Elle sentit une main lourde lui secouer l’épaule. La petite ouvrit lentement ses yeux d’or pour observer la mine sombre et fermée du Saint Sauveur auprès d’elle, et sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il avait le regard froid et déterminé, elle était la prochaine à voir si elle allait être l’Élue de Dieu… Et cette idée était particulièrement dérangeante dans l’esprit d’une jeune fille de six années. Pourtant elle était obéissante, alors quand il lui somma de se lever et de le suivre, elle le fit, se redressant avec un peu de mal à cause de la fatigue encore présente, puis suivit l’homme d’un pas rapide, pour ne pas se faire distancer par la démarche déterminée de celui-ci. Quand elle dépassa ses petits compagnons, elle remarqua que de nombreuses couvertures étaient déjà vides et cela ne l’aida pas à se rassurer, mais atteignant rapidement l’entrée de l’alcôve maudite, elle n’eut plus trop l’occasion de se poser des questions à ce sujet. L’homme lui fit signe d’entrer, elle s’exécuta en tremblant, trouvant la lumière blanchâtre des lieux particulièrement glauque. Et une fois à l’intérieur, elle découvrit une pièce qui lui glaça le sang, par pur instinct.

Il s’agissait d’une demi-sphère d’un diamètre de cinq mètres, et dont le plafond, de hauteur relativement peu élevée, était percé d’un trou en son sommet, laissant passer la lumière lunaire. Là où la lumière passait, elle illuminait de nombreux et chaotiquement inscrits hiéroglyphes, dont le sens échappait bien sûr complètement à la pauvre Enothis. En revanche, si déjà ces symboles illuminés lui paraissait bien inquiétants et peu naturels, rien ne pouvait être plus terrifiant pour elle que ce qui se trouvait au cœur de la pièce : une large dalle de pierre couverte de sillons et actuellement de cendres et de morceaux de tissus. Elle reconnaissait un gilet de laine bleu, ou du moins un morceau, appartenant à un précieux ami du nom de Jafar. Elle ne voulut pas faire un pas de plus. Les larmes aux yeux, elle fit mine de reculer, mais la main d’Ishar appuya sur son dos et la poussa vers l’avant. Elle voulut se débattre, répondre, mais l’homme de peu de foi lui glissa des mots qui la turent en un instant.

« Si tu ne réponds pas à l’appel de notre Seigneur, ce sont ton papa et ta maman qui en paieront le prix. »

Elle était sage et ne voulait pas le moins du monde que son comportement puisse amener à blesser ses parents. Elle les aimait, comme elle aimait tous ceux qu’elle pouvait rencontrer. Alors ce ne fut pas de bon cœur, mais elle se laissa pousser vers le centre de la pièce, répondit le plus positivement possible quand on lui somma de s’allonger sur l’étrange dalle de pierre, taisant sa peur et ses larmes quand elle sentit la cendre encore chaude au travers de son humble tunique. Ses yeux d’or exprimaient la terreur, mais le Saint Sauveur aux airs de diable ne sembla pas en faire cas. Il ne fit que s’installer au niveau de sa tête, plaça ses mains épaisses et rugueuses au niveau de ses joues, puis se mit à parler dans une langue qui lui était étrangère. Une langue rauque, aux consonances brutales et dysphoniques, une horreur à ouïr, encore plus pour un cœur empli de crainte. Elle tremblait de tout son être, rêvait de fuir, de quitter ce lieu qui lui faisait peur, si peur, tellement peur. Seule l’image de ses amis lui permit de sa calmer, de ne pas s’échapper à toutes jambes face aux mots et à la résonance lugubre de la pièce. Car si elle ne le faisait pas, qui sait quelle pauvre âme se retrouverait à sa place, et cette simple idée alliée à sa bienveillance infantile l’obligèrent à accepter son sort.

Lentement elle eut de plus en plus chaud. Un flux bouillant l’emplissait. Une énergie qui, d’abord appréciable même si étrange, devint rapidement brûlante et sauvage, la faisant se tordre avec peine tandis qu’elle voulut hurler. Mais quand elle voulut le faire, pas un mot, pas un son ne franchit ses lèvres. Elle ne pouvait même plus se mouvoir quand cette torture poussa son esprit à se retrancher sur le plus essentiel, fuir et survivre. La douleur l’envahit, l’impression d’être au milieu de flammes avides et mordantes lui sembla la meilleure des images pour représenter cette sensation mortifère ! Alors de toute son âme, elle voulut hurler, au point où cela devint une obsession. Crier à la mort, jurer sa peine, pleurer sa vie. Et tant et tant que… soudainement tout se calma, elle ne ressentit plus rien, alors qu’enfin on lui répondit :

« Cesse, cesse, je n’en peux plus ! »

Le temps était comme figé. Elle n’entendit plus les paroles de sombres savoirs proférées par le Saint Sauveur. Ni même ne ressentit encore les flammes qui lui calcinaient le cœur et la chair sans même exister. En revanche, assise sur son ventre, elle vit un chat. Un chat d’ébène, les pattes serties d’anneaux d’or, de bandes tissées de pierres précieuses, et dont la fière encolure avait le droit de porter orgueilleusement un lourd collier aux agates et tourmalines vertes. La bêtes aux yeux d’émeraude la regardait alors d’un air courroucé, s’approchant de son visage immobile pour que sa truffe soit à quelques millimètres de son nez. Et les deux orbes verts si proches de son propre regard qu’Enothis put y lire animosité et incompréhension.

« Qui es-tu pour me vriller les tympans ainsi !? Oser me déranger en un tel instant ! Et pour me retrouver face à une enfant stupide qui n’a même pas le bon sens de fuir ! Vous, humains, êtes égoïstes et fourbes, tu n’aurais jamais dû rester, tu aurais dû fuir comme une damnée, comme quiconque l’aurait fait ! Mais réponds, que diable !
 -  Je… Je m’appelle Enothis. Je… fais partie des enfants qui ont été amenés ici pour recevoir la grâce de notre Seigneur et très haut Père. C’est notre Saint Sauveur qui nous a amenés ici… Qui… qui es-tu, toi ?
 -  Au moins tu sembles avoir un brin de politesse. Et cet homme est un menteur. Il n’y a point de « Seigneur » dans le désert. Il n’y a que les fourberies des Hommes et les jeux des Djinns. Et je suis joueuse. Enothis, si tu souffres tant, pourquoi ne pas abandonner ? Laisse donc ce feu te consumer.
 -  Je… Je peux pas. Si je finis en cendres, un autre suivra, et subira la même chose. Je veux pas, c’est trop douloureux. Je veux tenir, je veux pas que quelqu’un d’autre ait mal.
 -  Tais-toi ! Et ravale-moi ces larmes. Tu n’es rien qu’une enfant, ne crois pas que ton devoir est de souffrir pour que d’autres soient épargnés. Tu es juste une gamine qui essaye de se donner des raisons d’avoir obéi comme une idiote !
 -  Il veut faire du mal à mon papa et ma maman si je n’obéis pas.
 -  Eh bien, peu devrait t’en faire. Où sont-ils, ton papa et ta maman, pour te sauver de cette souffrance ? Qu’ont-ils fait quand cet homme te mena jusqu’ici ? Ils n’ont rien fait pour toi, ne fait rien pour eux, crétine ! »

La pauvre jeune fille se tut. Enothis ne comprenait pas cette situation, et parler avec un chat alors que le monde restait en suspend n’était acceptable pour son esprit uniquement parce que cela lui permettait de ne plus souffrir plus abondamment des flammes invisibles. Cet… être installé sur elle était clairement adulte, et on lui avait dit d’écouter les adultes, mais ce qu’elle disait était si étrange, si contradictoire avec tout ce qu’on lui avait dit jusqu’ici qu’elle … ne savait plus vraiment où pouvait se trouver le bon du mauvais, le vrai du mensonge. Était-ce ce que les adultes appellent une épreuve de la Foi ? Devait-elle souffrir et rejeter ce Malin, telle une simple hallucination ? Elle ne sut le dire, car maintenant, quand elle observait les deux émeraudes devant son visage, elle n’y lisait plus d’animosité, surtout une forme … de doute ? De surprise ? D’indignation ? Elle n’aurait su le dire, mais cela lui permit de comprendre quelque chose de plus important. Un point crucial que son esprit confus avait omis de reconnaître.

« Mais… toi, tu es là pour quoi ?
 -  . . . Tu es peut-être moins crétine que tu ne sembles l’être. Je suis là parce que j’ai été appelée, comme d’autres de mes semblables, dans la nuit. Les paroles de ton « Sauveur » sont du poison, elles glissent dans notre essence et nous forcent en ces lieux. Il tente de nous lier à vos corps, alors nous réduisons votre chair en cendres pour ne pas finir emprisonnés.
 -  Je… Pourquoi ne suis-je pas déjà cendre alors ?
 -  Je ne veux pas jouer le jeu de cet homme. Il répétera ses actions jusqu’à ce que l’un de nous cède, et vous tuera les uns après les autres. Les humains, petits ou grands, ne m’attirent aucune sympathie. En revanche, cet homme mérite une plus importante punition. Alors… Je viens te proposer un marché.
 -  Que… quelle genre de marché ?
 -  Je suis fatiguée des sables du désert, des étendues vaines et de la faune mourante. J’accepterai de te sauver la vie, de vivre en toi, en échange de quelques promesses de ta part. Attention, si tu y déroges, je peux me comporter de manière autrement moins cordiale.
 -  N-non je … Je vous écoute.
 -  Je veux que tu ne parles jamais de notre marché. Je veux que tu me fasses confiance, envers et contre tout, et que tu m’obéisses. Un jour nous fuirons des griffes de ce merdeux, mais il faut que tu grandisses d’ici là. Nous jouerons la comédie, et quand je te dirai que nous devons partir, alors nous partirons, loin, très loin, et priverons cet homme de sa gloire tout en lui crachant au visage. Ce ne sera pas simple mais...
 -  Mais… ?
 -  Mais tu sembles assez courageuse pour que je te prête ma confiance. Après tout, n’est-ce pas toi qui n’as pas fui en premier lieu ? Tu sais faire face au danger, alors je saurai veiller à ce que celui-ci ne puisse te toucher. Marché conclu ? »

La petite Enothis fut mise là face à un choix qu’elle n’aurait su prendre autrement, du haut de ses six années. Mais en cet instant, ce félin, même s’il se trouvait être complètement improbable et dangereux, lui inspirait bien plus de confiance que l’homme qui l’avait apportée à cette misère. Elle ne put cacher le tremblement de sa voix quand elle lui répondit, car elle se trouvait malgré tout impressionnée, mais elle eut le don de se montrer la plus claire possible, afin de paraître aussi sereine que se peut :

« J’accepte. Marché conclu madame… madame euh…
 -  Emaneth, Madame Emaneth. »

L’instant d’après, le cours du temps reprit sa lente marche, mais tout avait changé. Point de flammes ou de brûlures ressenties, Enothis se détendit juste, d’un coup, avec un étrange sentiment de plénitude. Suite aux tourments de son corps, elle n’eut que l’action la plus naturelle du monde et s’endormit. Ishar ne sut franchement que faire, pour lui les événements n’avaient pas duré plus d’un millième de seconde entre la peine de l’enfant et son soudain relâchement, et il crut un temps avoir échoué son rituel. Ce ne fut qu’à l’instant où il voulut reprendre depuis le début que le corps d’Enothis remua, bondissant en avant et mettant immédiatement une bonne distance entre elle et le prétendu Saint Sauveur. Toutefois, quand elle ouvrit les yeux, l’homme comprit instantanément que quelque chose avait changé : la demoiselle avait troqué ses pupilles dorées pour deux belles émeraudes, scintillantes dans la nuit.

« Ose, humain, toucher à nouveau celle qui me sert de vaisseau, et je ne peux promettre que les plaies d’Égypte ne viennent pas se repaître de ta vie !
 -  Djinn, seigneur du désert, loin de moi cette intention. Je vous salue, et vous présente une alliance. Je veux étendre mon pouvoir sur ce monde, et vous propose de m’accompagner dans cette quête. Vous pourrez dominer le genre humain, afficher votre supériorité. Hommes et femmes seront à votre merci, profitez simplement du savoir que j’aurai à vous offrir.
  -  J’imagine que mon refus signifiera que tu me l’imposeras, via cette dalle ancestrale sur laquelle blanchissent déjà tes phalanges ?
 -  Effectivement.
 -  … Je m’accorde à t’aider dans ta tâche, à la condition que cette dalle soit brisée le jour où tu obtiendras ce que tu désires. Maintenant, permets-moi, je vais quitter ces lieux et dormir. Cette enveloppe charnelle est épuisée. Nous aurons d’autres occasions de palabrer. »

Ishar n’empêcha guère la Djinn de quitter les lieux. Elle trouva la quiétude de la nuit bien plus agréable que la présence de cet humain et retourna à la couche de l’enfant pour pouvoir lui offrir le sommeil dont elle avait besoin. Désormais elles étaient liées, elle allait devoir en prendre soin.

*
*   *

Les événements s’emballèrent suite à cela. Enothis et sa famille furent rapidement propulsés à un stade privilégié de ce monde corrompu qu’était celui d’Ishar. Le grand luxe leur fut ainsi promis, et rien ne sut aller à l’encontre de cette promesse, les largesses du Chœur du Créateur étant en tout point gargantuesques depuis quelques années. Ils ne purent toutefois être réunis, car ayant désormais le titre d’élue divine, Enothis fut placée sous une garde permanente, et Ishar n’aurait eu l'idiotie de perdre la précieuse jeune femme quelque soit la situation. Il fit preuve d’une intelligence certaine aussi quant à ce qu’il lui offrit comme apprentissage, s’assurant de faire de la jeune femme grandissante la plus parfaite des marionnettes, celle qui saurait lui manger dans la main sans remettre en cause ce qu’il lui présenterait. Et sans la présence d’Emaneth, il fut certain que ce genre de comportement aurait parfaitement porté ses fruits, mais la Djinn s’assura de toujours mettre en garde son vaisseau quand le Saint Sauveur avait le don de lui mentir. La jeune fille, elle, se comporta simplement, avec l’innocence qui la caractérisait, profitait des bienfaits de ce monde sans trop y réfléchir, et ce malgré les deux adultes autour d’elle qui se vouaient une guerre de possessivité presque affligeante. Du moins si quiconque en avait eut la connaissance !

Elle put grandir dans un confort qui ne fut troublé que lors des nombreuses cérémonies dont elle fit l’objet. Séances de divinations, promesses du Seigneur et de Ses anges, absolution de la veuve et de l’orphelin, ou bénédiction de santé, de fortune, de grâce, pour tous ceux qui avaient la connaissance de son existence, ou le privilège d’avoir assez de pouvoir pour intéresser Ishar. Ainsi se développa en parallèle cette légende d’une élue divine en Égypte, capable d’éloigner l'infortune et faire connaître à qui le souhaite la bonne grâce du Seigneur, et l’importance croissante du tout puissant Ishar dans le pays, puis à l’international, auprès de ce cercle relativement fermé des chefs d’État superstitieux mais influents. Il y eut un temps besoin de s’assurer et de comprendre un peu l’étendue des capacités d’Emaneth, mais dès lors qu’il fut évident que la Djinn n’avait aucune capacité à faire le bien, il fut relativement simple de trouver les moyens de produire un mal profitable pour ces commanditaires n’attendant qu’à ce que les pions bougent tout seuls sur leurs échiquiers politiques et économiques. Ainsi Enothis devint de plus en plus précieuse, irremplaçable même aux yeux de beaucoup, si bien que sa chère colocataire charnelle commença à fomenter sa vengeance avec minutie, prévenant avec amusement son vaisseau que l’heure allait bientôt venir. L’heure où elles prendraient leur envol, loin de ces comportements barbares et de ces mensonges écœurants !

Ce fut à l’aube de ses dix-sept ans. Enothis fut amenée à faire un discours devant les fidèles, leur présenter quelle était la foi nouvelle de leur église, la toute puissance de leur religion, la grandeur de leur cause. Quelque chose de finalement assez commun, elle savait depuis le temps qu’elle se devait de nourrir les croyants de paroles dithyrambiques, de propos galvanisants, afin de s’assurer de leur pleine ferveur. On pouvait même dire que désormais, c’était un domaine dans lequel elle excellait, car si elle n’avait pas foncièrement la connaissance la plus vaste du monde, elle ne manquait pas pour autant de savoir littéraire, ce qui lui faisait un très joli verbe, que la perfection de son être et son rôle ne faisait que renforcer. En tout cas, elle eut à leur parler, et à cette occasion, Emaneth lui glissa à l’esprit qu’elle allait devoir, à un moment, glisser quelques informations particulières. Exactement, elle allait devoir leur faire accepter, par quelques tours de forces, qu’elle allait devoir voyager, quitter le berceau de cette religion pour aller répandre sa parole par delà les océans. Enothis avait d’ailleurs passé sa nuit à réfléchir à l’endroit où elle allait vivre les prochaines années, tant et si bien qu’elle fit une nuit blanche au bout de laquelle elle trouva enfin le pays de ses rêves. Elle voulait découvrir la technologie, les cités surpeuplées, et se trouver le plus loin possible de l’Égypte… C’est ainsi qu’elle choisit le Japon.

Alors, devant une foule de fidèles prêt à s’abreuver du moindre son qui dépassait ses lèvres, elle s’exprima.

« Enfants, filles et fils du plus lumineux des êtres, baignez-vous aujourd’hui encore dans les rayons de Sa grâce et de Son savoir. Découvrez en vos cœurs Sa force, Son amour et Sa loi. Car Lui seul est plein dans Ses sentiments. Nous sommes ici réunis, au creux de Sa paume, afin de L'embrasser et de Lui jurer une nouvelle fois notre servitude et notre dévotion absolue. Que soit loué le Très-Haut. »

Joignant l’acte à la parole, elle s’agenouilla, puis posa son front au sol, appelant par là même les fidèles à l’imiter. Nul n’en fit autrement, certains avec quelques exclamations de grâces divines redoublées, de ressentis de la main du Seigneur auprès d’eux, et autres charmants instants de fanatismes. Elle reprit une fois s’être relevée.

« Aux pleines ombres de la nuit, j’ai senti le souffle du Seigneur m’apporter mon Saint devoir, et le vôtre. Vous, fier peuple de Dieu, avez prouvé à ses yeux la plus grande des valeurs, et Son amour pour vous n’a d’égal que celui qu’Il porte aux anges qui protègent le Paradis. Vous, humains en quête de votre foi, avez su prouver par vos actes la dévotion et la loyauté indéfectible que Dieu seul sait trouver dans Ses serviteurs les plus dévoués. Ainsi, la voix du Seigneur vint me trouver en ces termes : ‘Que chacun d’entre eux parcoure milles miles, qu’ils s’avancent dans le monde avec le front haut et le pas ferme. Car notre parole doit s’étendre d’Est en Ouest, des profondeurs de la terre nourricière au vide du firmament.’ »

Les larmes jubilatoires coulèrent sur ses joues encrassées par le vent du désert, mais imperturbable, Enothis annonça sa dernière et unique strophe utile… Du moins pour elle.

« À votre instar, Dieu me présenta Sa loi : ‘À toi que j’ai prise pour vassale, tu trouveras ta route sur une île d’Orient. Loin des tiens, là où tous te trouveront étrangère, tu trouveras savoir et suivants, comme une nouvelle lumière. Cette quête t’éprouvera, et les tiens seront éprouvés, comme furent éprouvés les peuples saints lors des premiers exodes. Quitte ces terres en confiant aux agneaux leur tâche, et ne te retourne point, car chacun en ce monde aura à prouver sa foi.’ »

Les retombées furent immédiates, pas tant dans la foule de badauds en pleine extase que dans le regard noir et désapprobateur d’Ishar, voyant d’un très mauvais œil cette soudaine liberté prise par la jeune fille ! Il ne put toutefois rien dire sur l’instant, attendit la poursuite des sermons de la jeune femme avec une impatience qui l’amena à passer rageusement ses nerfs sur un des murs le plus proche. Mais quand elle entra dans les arrières pièces, destinées aux privilégiés, et donc elle par la même occasion, l’homme ne se fit pas attendre pour l’agripper et la tirer à lui, l’amenant à décoller ses talons du sol tant Ishar se laissait emporter dans sa colère et son accès de nerfs. Elle s’était attendue à ce genre de comportement, mais le but du jeu était de lui faire croire qu’elle était à l’origine de l’idée, et non Emaneth, de manière à ce qu’il ne pressente pas le coup venir. Alors elle ne put effectivement s’empêcher d’exprimer une légère surprise, mais une fois cela passé, elle le regarda droit dans les yeux, comme si elle était prête à défendre, avec tout l’égoïsme d’une jeune femme fière de ses décisions somme toute assez nouvelles, la décision qu’elle venait de prendre.

« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE MERDE, ENOTHIS ?
 -  J’en peux plus de vivre ici. Mes précepteurs ne veulent plus m’enseigner quoi que ce soit et j’en ai marre de rester enfermée. Ça ne sera pas plus simple pour toi de trouver de nouveaux pigeons autre part ? Je nous ouvre des portes, là !
 -  C’est MOI qui dirige aussi, tu n’es qu’un écran de fumée !
 -  Peut-être, mais un écran de fumée en or. Emaneth est liée à moi, JE suis celle qui te permets d’engranger du pouvoir et de l’argent à plus savoir quoi en foutre ! Alors ouais, j’exige contre ma servitude d’avoir enfin accès à un minimum d’éducation ! Et de libertés ! Je veux découvrir autre chose que les fissures du mur de ma chambre.
 -  Espèce de... »

Il manqua la frapper, mais retint son bras. Cette crétine commençait à n’en faire qu’à sa tête, et il n’avait pas encore obtenu tout ce qu’il désirait des pouvoirs d’Emaneth. Il se devait de conserver la jeune fille auprès de lui pour l’instant, et son retour au ciel attendrait qu’il soit satisfait. Alors il la relâcha, un rictus de dégoût au visage, puis reprit la discussion par la première victoire d’Enothis : il posa ses conditions sans la contraindre à sa loi.

« J’accepte. Tu choisiras ton école, va où tu veux. Mais tu seras sous haute surveillance où que tu soit. De même manière, tu auras accès à un compte bancaire mais seul un de mes hommes en connaîtra les codes, c’est clair ?
 -  Parfaitement. »

C’était une victoire absolue, et un premier pas très clair vers sa liberté. Les prochaines semaines virent ainsi une grande majorité des lieux se vider, seuls les quelques derniers intermédiaires nécessaires à la vie d’Ishar et d’Enothis furent obligés de rester en place jusqu’à leur départ. Puis vint le jour du départ. Entourée de six hommes de confiance d’Ishar, elle prit l’avion en direction de Tokyo, empruntant par là même l’aéroport du Caire, et s’émerveillant déjà de l’ensemble de cette technologie. Emaneth, quant à elle, opéra à une prise d’informations intensives au travers des yeux dorés d’Enothis : elle observa les gardes, leurs mimiques, leurs comportements, chercha parmi ceux-ci qui était en possession des codes bancaires. Elle comprit vite le mensonge d’Ishar quand elle remarqua qu’il devait être plus d’un, les retraits des tickets ayant été faits par l’un, tandis que l’observation des données bancaires sur un moniteur fut accomplie par deux autres. Ils avaient séparé les informations, et étrangement Emaneth se sentit passablement amusée par cet effort méritoire mais inutile. La plus grande erreur du Gourou avait été de penser qu’il ne s’agissait là que d’un caprice de la jeune femme !

L’avion fut une expérience qui fit rire aux éclats Enothis, et fort heureusement pour elle, la première classe de ce voyage était passablement vide, ce qui lui offrit plein droit d’exprimer cette effusion de joie. Le décollage lui souleva le cœur, l’atterrissage aussi, mais il y eut en cet instant un tel bonheur qui émanait d’elle que ces désagréments ne surent ternir son plaisir d’un tel voyage. L’arrivée dans un nouveau pays fut toutefois un moment particulièrement étrange pour la jeune femme, qui découvrit que dans sa grande mansuétude et son habituelle retenue, Dieu en détruisant Babel avait su rendre la tâche monstrueusement ardue pour l’être humain de se comprendre avec son semblable. Devant bien avouer qu’elle ne comprenait pas un traître mot des autochtones, elle dut se rabattre sur un interprète le temps qu’elle prenne en main un minimum l’apprentissage du japonais, surtout que ses futures recherches allaient devoir demander qu’elle sache au moins comprendre ses professeurs. C’est ainsi qu’elle apprit en hâte formules de politesse et langage basique avant de se mettre à la recherche d’un lycée ! À déjà dix-sept ans, elle allait accuser un retard, mais elle se préparait à être tout particulièrement studieuse. Elle fit mine de chercher tranquillement sur un ordinateur, bien gentiment surveillée par sa garde aussi collante qu’ils étaient fidèles à la cause d’Ishar… Puis de nuit, Emaneth prenait soin de prolonger ces recherches à l’insu des gorilles, choisissant le lieu idéal pour se dissimuler sans pour autant paraître trop évident. Elle choisit ainsi l’établissement d’une ville nippone un peu plus lointaine, du nom de Seïkusu, et entama d’acquérir, de compléter, et de fournir les documents qui permettraient à Enothis de s’enregistrer comme étudiante de première année en ces lieux. Nul besoin de préciser que les deux femmes n’ayant guère conscience de ce monde et de ses difficultés, réunir les pièces justificatives prit plusieurs mois, assez pour que l’été arrive… et qu’elles se préparent alors à accomplir leur dernière duperie.

Il était tard, très tard quand Emaneth prit la place d’Enothis. Elles avaient besoin de plusieurs petites choses pour pouvoir s’en sortir une fois leur fuite entamée, et la première allait être de s’assurer que la petite égyptienne puisse vivre sans avoir à craindre pour son logement et sa nourriture. Alors la Djinn alla trouver les gardes endormis, et se glissa dans leurs songes. Elle y chercha les informations dont elle avait besoin, à savoir tout particulièrement les différents codes et identifiants du compte bancaire alloué à Enothis, puis s’assura d’avoir acquis les bons numéros en allant se connecter sur le site de la banque concernée. Le premier essai fut une erreur, l’accès lui ayant été refusé, et dans sa colère elle décida de ne plus passer par quatre chemins : plongeant à nouveau dans leurs songes, elle y fit naître cauchemars et terreurs, assez pour rendre un homme fou sans jamais le réveiller. Et elle leur fit cracher le morceau bien malgré eux. À plus de trois heures du matin, elle eut enfin droit à sa victoire, observa la somme colossale qui avait été allouée à Enothis, puis eut le plus grand des plaisirs à modifier identifiants et mots de passe, pour s’assurer d’avoir toujours la main-mise sur le compte sans que qui que ce soit ne se permette de le clôturer après leur départ. Elle envoya immédiatement après un mail, via une boîte internet qu’elle avait précédemment créée, reprenant le fil d’une discussion qu’elle avait eut avec la propriétaire de logements pour étudiants et jeunes adultes, de petites chambrettes propres et entretenues.

Elles avaient déjà convenu d’une date d’arrivée, le lendemain exactement, et elle lui exprima dans son dernier et ultime message que malheureusement elle ne pourrait être disponible à cause de son travail, si bien que seule sa fille serait présente le lendemain, mais qu’elle aurait l’argent pour les cinq premiers mois de loyer en signe d’excuse. Elle ne s’attendait pas à une réponse, mais au moins elle pouvait ainsi s’assurer qu’il n’y aurait pas trop de problème dans la journée du lendemain.

Alors, elle acheta un billet pour le prochain train à destination de Seïkusu. Elle effaça ensuite les traces de ces transactions et des recherches qu’elle avait faites sur le navigateur. Puis elle rassembla les affaires … répugnantes d’Enothis, et les emporta sans un bruit. Elle se glissa par la fenêtre, s’avança sur les gouttières sans les faire grincer, légère comme une plume, sauta sur les escaliers de secours avant de les dévaler pour finalement disparaître dans la nuit.

Quand Enothis ouvrit de nouveau les yeux, elle était dans le train, et vit sa plus précieuse amie dans le reflet de la vitre. Tournant la tête vers les yeux émeraudes, elle ne put s’empêcher de sourire de manière infantile, puis de lui demander avec candeur :

« Alors c’est bon ? Nous avons réussi ?
 -  Oui Enothis, nous sommes enfin libres. Plus qu’à voir ce qu’on va faire de cette vie. »

~Fin~



Comment avez-vous connu le forum ? : DC ma gueule !
« Modifié: samedi 18 juillet 2020, 17:30:01 par Anéa »

Ahri

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    Description
    Kitsune-bi Inari, Renarde à neuf queues ayant obtenue par magie l'apparence humaine, ayant besoin de fluides sexuels pour vivre, Ahri vit généralement seule à la recherche de plusieurs 'esclaves idéales'.

Re : Ces dames des sables, loin de tout.

Réponse 1 vendredi 17 juillet 2020, 21:47:57

Rebienvenue, bienvenue. ♥
♥~~ Dispo par MP (ou sur discord, j'y suis 24/7) si besoin. ~~♥

Lied Mueller

Humain(e)

Re : Ces dames des sables, loin de tout.

Réponse 2 samedi 18 juillet 2020, 00:17:52

Alors.... Sur une base de huit de l'heure, tarif ami évidemment, pour six heures de travail, je viens réclamer mon paiement, siouplaît '^'
J'accepte les virements, les chèques, les cadeaux et les pouyous ! En plusieurs fois et avec un délai intéressant !

Merci d'utiliser les services de kwirrection !
Enfin, pas trop quand même, je suis pas responsable des validations et des abandons de lecture de ces quinze pages. Meh 'w'

Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Ces dames des sables, loin de tout.

Réponse 3 samedi 18 juillet 2020, 00:22:01

*Entame de payer, en commençant par 48 gros pouyous*
Merci encore mon coeur.

Et dans le fond y'a paaaas vraiiiiimeeent 15 pages. Précisément il y a à peu près 59700 caractères, sur une limite de 60000 caractère par poste. Moi je trouve ce résultat honorable ! C'est presque de l'art à ce degré.

PS : Tu m'as fais peur Ahri, sincèrement ! Mais merci ^^

Anéa

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    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : Ces dames des sables, loin de tout.

Réponse 4 samedi 18 juillet 2020, 17:29:38

Rebienvenue !  :-*

Y'a quelques fautes, mais rien de grave. :3
Il n'est pas fini, leur périple !  ::)  Courage à elles !

Tu es validé ! Bon jeu à toi ! o/   :D





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