Soupirant doucement, elle lève les yeux au ciel. Un instant d’accalmie, enfin sereine dans cette impasse, elle entend son coeur battre la chamade. Boom boom. Boom boom. Tout à l’air calme en apparence, les rues ont été désertées très rapidement suite aux coups de feu et, maintenant, il n’y a plus que les créatures et les fous qui y restent. Elle ? Sans doute fait-elle partie des créatures. La féline forme se redresse, accroupie, puis observe l’austérité prégnante de cette rue, de ces murs craquelés, de ces briques brisées. De la peinture vandale souille les murs de bétons, l’âge a eu raison de la beauté des lieux. Auparavant, cette partie de la ville était la plus cotée. A présent, entre les ordures, les bruissements, les klaxons, l’horreur, il n’y avait que les fous qui dansent. Lyra rouvre les yeux, quelqu’un passe au-dessus de la fenêtre. Le vieu qui l’a induite en erreur tout à l’heure. Sa témérité gonfle sa poitrine, ses poumons, puis ses mains se serrent, il semble chercher ses mots, puis se met à courir, elle le poursuit. Pourquoi ? Il détale, elle s’amuse. Elle devait certainement faire cela pour s’excuser de … Ce qu’elle avait fait au bel homme aux cheveux pourpres ? Oui, c’était cela. La donzelle le suit dans les hangars, il tente de la semer, oui. Elle le suit, toujours, passant parfois par des raccourcis qui l’approchent plus de lui.
Ce vioque est particulièrement rapide… C’est bizarre non ? Pourquoi coures-tu, humain ? Ne sens-tu pas cette panthère prête à se jeter sur toi à chaque instant ? Dans sa course, elle se jette sur lui, le dos de l’homme heurte le sol et racle celui-ci sur une longue distance, en plein milieu d’un hangar. C’était certainement un dépôt d’arrivages, ou bien d’une mafia. Lyra pose ses mains sur les épaules de l’homme. Son genoux est placé sur son sternum, elle entrave bientôt les poignets de l’homme et le désarme. Elle appuie sur ses côtes, puis le fixe de ses yeux océan. Un sourire s’étire sur son visage.
“Alors, c’est pas très très sympathique de mentir sur son âge et sa condition physique, papy.”
Elle appuie encore jusqu’à ce que le souffle de l’homme se coupe, elle approche son visage du sien. Le choc au crâne a un peu sonné l’homme. Et maintenant, que faire, Lyra ? Elle ne sait pas du tout, devait-elle attendre que ce… ce… Contrôleur de métal ? Ce satané justicier ? L’homme se reconcentre sous elle, il lui fait goûter la caresse mordante de ses phalanges sur la joue. Elle a d’ordinaire un peu de force, disons qu’elle se défend, mais celle des hommes la dépasse largement. Il se hâte vers l’arme glissée, elle saisit sa jambe. Alors il s’intéresse à elle, tombée au sol. La belle roule sur le côté, se redresse d’une ondulation. Il la repousse d’abord, elle cogne une des étagères. Il s’avance vers le flingue, puis, soudain, reçoit une caisse, savamment lancée par la demoiselle, directement sur la tête. Elle le regarde s’effondrer, elle vient sur son dos, sur lui. Elle s’assoit et attend de voir s’il arrive.
“Eh bieeeeen ! Tu en as mis du temps, m’sieur le héros. En attendant j’ai appréhendé le papy. Que vas-tu en faire ?”
La belle demoiselle croise les bras, les jambes croisées, elle l’observe.
“C’est quoi ton nom ? Parce que je t’avoue que j’ai pas vraiment eu l’occasion de te le demander.”
Elle se relève lentement et s’approche de l’homme aux cheveux rouges, une jambe après l’autre, elle lève les yeux vers lui, puis observe le corps derrière-elle, un sourire aux lèvres.
“Lyra Scytha, enchantée.”
Elle lui étire son plus beau sourire, fière d’elle, même si un hématome commence à s’étendre sur sa tempe, ça ne doit pas être si grave. Elle penche la tête sur le côté et s’éloigne, vers sa prise du jour.