Tout avait commencé par une dispute entre les deux sœurs. Jaina avait reproché à White Rabbit sa frivolité, en lui indiquant qu’elle en avait assez que sa sœur passe son temps à gaspiller leur argent, et ne fasse rien d’utile de sa vie et de ses pouvoirs. Il fallait bien admettre que Jaina était une professeur à l’université de Seikusu, au complexe scolaire Mishima. Elle participait régulièrement à des colloques, et était une femme expérimentée et réputée. De son côté, la Lapine était tout l’inverse, passant ses journées à dormir, à faire des bêtises, ou à s’amuser dans un style très hédoniste et profondément épicurien. Mais White Rabbit avait aussi une mentalité d’enfant, et avait été très vexée par cette dispute. Elle avait donc décidé de se remonter les bretelles, et de trouver un boulot. Elle s’était renseignée sur un éventuel
maid café, ou un
bunny girl café. Si elle aimait bien le Japon, c’était parce que le pays était à leur image. Un pays extrêmement sérieux, ancré dans de profondes traditions, dans un conservatisme à toute épreuve… Mais qui laissait aussi s’exprimer des zestes de pure folie et d’insouciance démentielle. Au Japon, on pouvait volontiers croiser des individus en
cosplay de gros ours rose, sans compter les cafés particuliers… Ceux où on était servis par des maids, par des filles déguisées en chats, les cafés avec des chats à câliner, les distributeurs de culottes usagées… Le Japon était le paradis de la fantaisie !
Finalement, White Rabbit avait répondu à une annonce pour participer à un casting en vue de rejoindre un groupe de musique, les
Spooky Kids. La musique était quelque chose que la Lapine appréciait beaucoup, surtout le rock. Le casting consistait à se présenter sur scène, et à danser et à chanter sur une musique libre. La
bunny girl s’était donc rendue sur place, dans sa tenue usuelle, celle qui lui avait valu une main aux fesses en postulant pour un maid café, mais un refus de poste malgré tout.
Ce fut ensuite à son tour de grimper sur scène. Elle arriva ainsi, avec une démarche pleine de sensualité, et se posta au milieu de la scène, tenant sa main sur le micro. Dans les gradins, il y avait quelques personnes assises, et elle leur sourit doucement. Il n’y avait pas de timidité dans sa voix, et elle attrapa le micro, le retirant de son trépied, tandis que la musique qu’elle avait choisi s’enclencha. Un mode karaoké d’un grand classique du rock des années 1980’s, «
I Wanna Be A Cowboy » des Boys Don’t Cry.
Loin de rester figée sur place, White Rabbit profita des quelques secondes où la musique se lançait pour attendre à côté du trépied, yeux clos, puis se mit à chanter :
« Riding on the range,
I've got my hat… On,
I've got my boots… Dusty. »
Sa voix était mélodieuse, avec des tonalities sensuelles, tandis qu’elle se déhanchait doucement sur place. En finissant le premier couplet, elle se déplaça doucement, et reprit ensuite, mimant une selle en écartant les jambes, omme si elle tentait de s’asseoir sur son cheval, et reprit :
« I've got my saddle
On my horse.
He's called... T-t-t-t-t-trigger
Of course. »
White Rabbit marqua chaque «
-t » du mot «
trigger » en tendant sa main en avant, mimant un pistolet avec le pouce levé et le doigt brandi. C’est ensuite que venaitle refrain, qui subit quelques aménagements, et pendant lequel elle pointa du doigt, l’un après l’autre, les hommes assis devant elle :
« I want to be a cowGIRL
And you can be my cowBOY
I want to be a cowGIRL
And you can be my cowBOY
I want to be a cowGIRL »
Et, juste après ce refrain, il y avait un couplet où une femme en détresse chantait désormais, un passage qui se révéla encore plus sensuel, White Rabbit se livrant à un
show qui relevait alors Presque du
strip tease, même si elle ne retira aucun de ses vêtements. Elle pliait les genoux en se déhanchant, frottant ses collants avec sa main libre, accentuant les soupirs féminins à la fin de chaque vers pour leur donner une légère connotation :
« Riding on the chuck wagon,
Following my man.
His name is Ted,
Can you believe that?
Camping on the prairie
Plays havoc with my hair.
Makes me feel quite dirty,
Though we all do sometimes »
Elle reprit ensuite le refrain, et continua sur ce rythme, se lançant dans une danse spectaculaire. La Lapine avait aussi envisagé de postuler dans un club de strip-tease. Elle se déplaça en arrière, et, tout en sifflotant à nouveau le refrain, s’avança à nouveau, parlant plus fort, frappant le sol avec ses talons en les pointant encore du doigt, et reprit ensuite, avant de terminer en modifiant encore les paroles sur la dernière strophe :
« My name is RABBIT,
And one day I'll be dead yo, yo. »
Et elle se tut ensuite…