Targetting The Widow [Katerina Kayser]

Madripoor était une île très particulière. Cette principauté était une île indépendante et autonome située près de Singapour, le long du détroit de Malcca. Géopolitiquement parlant, ce détroit était d’une importance vitale, car il était la principale route d’approvisionnement en pétrole vers la Chine et vers le Japon. Proche de Singapour, le détroit était donc un haut-lieu de la piraterie internationale, ce qui allait très bien avec Madripoor, île qui avait longtemps été un refuge de pirates. À l’origine, Madripoor avait été l’une de ces utopies libertaires, comme on avait pu en trouver dans les Caraïbes. L’équivalent de la République des Corsaires  en Asie du sud-est. Madripoor avait été un refuge pour flibustiers et pour criminels, avant de peu à peu se développer, s’organiser sous la forme d’une monarchie. L’île avait su gagner son indépendance, en reposant sur un système complexe et opaque de corruption, de pots-de-vin, d’attentats et d’assassinats, tout en conservant une stabilité politique qui avait permis, grâce au crime, à l’île de prospérer.

Aux yeux de la communauté internationale, plus particulièrement occidentale, Madripoor était un  rogue State, un État-voyou qui avait pendant longtemps abrité des terroristes et des criminels internationalement recherchés. L’absence de traités d’extradition avec le reste des autres États du globe avait souvent permis aux criminels de se réfugier. L’île était maintenant sous la coupe réglée d’une terroriste internationale qui servait HYDRA, la redoutable et sensuelle Ophélia Sarkissian, plus connue sous le sobriquet de Madame Hydra. Dangereuse, cruelle, perverse, elle avait même été jusqu’à épouser Wolverine pour asseoir son autorité sur Madripoor, lui qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, avait été l’un des gardiens de Madripoor, la protégeant de l’influence de la Main et des forces de l’Axe. Depuis que Madripoor était sous son commandement, l’île était dans le viseur renforcé du S.H.I.E.L.D.

Depuis une grue industrielle du port, Natalia observait les jonques qui approchaient dans la baie de Madripoor.

*Lesquelles sont à HYDRA ?*

Le S.H.I.E.L.D. enquêtait sur une piste sérieuse. Une piste impliquant un allié de Madame Hydra qui refourguait à Madripoor des esclaves terranides, une espèce hybride venant de Terra. L’affaire était d’importance, car il était avéré que Madripoor était au bout d’un vaste trafic ayant, de l’autre côté de la chaîne, le puissant clan yakuza des Guramu. Madripoor était un client, et disposait d’entremetteurs, des intermédiaires comme le capitaine de cette jonque, Nibori Hoshido. Natalia avait été envoyée pour retrouver sa jonque, et obtenir des informations sur ses complices japonais. S’il était toujours difficile d’agir sur le sol de Madripoor, ce n’était toutefois pas le cas des autres pays.

Natalia était ici en parfaite illégalité, sans couverture, ce qui était pour elle une habitude. En revanche, ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que l’informateur du S.H.I.E.L.D. était un menteur, et que tout cela était un piège destiné à attirer la Veuve Noire hors de sa toile.

Un piège, tout simplement, qui allait bientôt s’abattre sur elle...

Il y a quelques jours de cela, quelqu'un avança de l'argent à Katerina pour qu’elle aille faire un tour du côté de Singapour. Bien évidemment, il fallait qu’elle pose des questions. Elle ne pouvait pas aller comme ça là-bas, sans savoir quoi faire. On lui donna simplement la description physique de sa cible. Une grande rousse aux yeux vert, dans une combinaison en cuir. Les rousses dans du cuir, ça ne courrait pas les rues. Et si par mégarde elle tuait quelqu’un qui n’avait rien à voir dans cette histoire, cela ne lui poserait aucun problème. Il fallait simplement qu’elle soit discrète, et qu’elle ne cause pas un massacre à échelle urbaine. La russe savait se faire discrète, quand elle le voulait. Pour cette mission, elle recevrait une bonne somme d’argent, si elle réussissait à éliminer sa cible. Mais elle était prévenue. Cette dernière avait plus d’un tour dans son sac. Katerina devait donc être prudente, et surtout, discrète.

Une fois à Madripoor, la Russe était à la tête d’une petite équipe de mercenaires. Elle était bien claire avec eux. C’était sa cible, son pognon. Ils auraient leur part du gâteau si ils tuaient les témoins. Si l’un d’entre eux tentait de la doubler, elle lui ferait payer les conséquences. Par conséquent, il mourrait, sans sommation. Son 357 à la ceinture, et son SV-98 sur le dos, elle montait sur une grue pour rester en hauteur. Ils allaient monter la garde, dispatchés dans plusieurs endroits du port. Ils étaient tous reliés avec des oreillettes, pour ne pas devoir hurler comme des sagouins pour se faire entendre. En haut de sa grue, Katerina attendait. Pour patienter, elle s’alluma une cigarette. Assise en haut de sa grue, les jambes dans le vide, elle contemplait la mer, faisant de petits ronds de fumée. Elle pouvait être très patiente. Elle se grattait le bras droit par moments, sans se poser la moindre question. L’ambiance était très calme dans ce port, bien que l’agitation de la ville pouvait se faire entendre en léger fond sonore.

En se levant, et en fixant les alentours, la jeune femme tomba enfin sur sa cible. Au loin, elle vit une silhouette humaine noire et rousse. Typiquement ce qu’elle attendait. Prenant son fusil et jetant un œil par la lunette, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

- Une si belle chose. C’est dommage, mais tu vas bientôt cesser d’exister.

Si Katerina devait s’inquiéter du physique de ses cibles, elle ne tuerait presque plus personne. Alors qu’elle chargeait sa chambre, son oreillette grésilla. L’un de ses hommes l’informait qu’il commençait à y avoir du mouvement dans le port. Elle n’était donc pas toute seule sur le coup? Qui pouvait bien piétiner ses plates-bandes? En balayant le port de sa lunette de visée, elle voyait qu’ils n’étaient pas seuls. Bordel, mais qu’est-ce que ce troupeau venait faire ici? Elle entendait dans son oreille plusieurs voix, qui lui demandaient quoi faire. Elle garda son calme et ordonna à tout le monde de ne pas bouger. Alors que son fusil était chargé, elle reprit sa cible, et en posant le doigt sur la détente, une déflagration lui perça le tympan. Elle chercha du regard la source de ce bruit, avant de pointer le canon de son fusil vers cette nouvelle cible. Il allait y avoir du sport. Gardant sa cigarette éteinte à la bouche, elle avait un sourire narquois. Pressant la détente, elle fit sauter le caisson à celui qui venait de produire ce bruit. Se massant ensuite l’oreille, elle savait déjà qu’elle venait de détruire sa furtivité. Mais tant qu’elle pouvait tuer, la furtivité n’était que le cadet de ses soucis.

- Tuez tout le monde. Je me charge de la rouquine. Et si j’en chope un essayer de me doubler, je bute tout le monde, c’est clair?

Depuis sa grue, Widow ne se contentait pas que d’observer les lieux, mais aussi les environs. Elle n’était pas une Widow pour rien. Depuis sa plus tendre enfance, elle était entraînée, préparée et formée pour pouvoir être une espionne et une tueuse en n’importe quelle circonstance. Elle observa alors de curieux mouvements le long des quais, des hangars, et fronça les sourcils.

*Qu’est-ce qui se passe ?*

Un vrombissement se fit entendre en hauteur. Natalia se retourna, et avisa la présence d’un hélicoptère noir qui se rapprochait. Les hélices tournaient rapidement en l’air. Natalia commença à sentir le problème, et vit l’hélicoptère pivoter sur le côté. Tout ça n’était pas bon, mais elle était encore loin de se douter de...

...Les évènements dérapèrent brusquement.

Natalia entendit plusieurs détonations, et l’hélicoptère pivota pour de bon. Une porte latérale s’ouvrit, et un missile jaillit brusquement, atteignant la nacelle de la grue sur laquelle se trouvait Black Widow.

*BOOOOM !!*

La grue s’effondra dans le sol dans un enfer de cliquètements métalliques. Des bouts de tôle et de métal brûlés tombèrent en même temps, tandis qu’une boule de feu flotta dans les airs pendant quelques secondes. Une épaisse masse descendit ensuite de l’hélicoptère, pendant que des hommes armés s’approchèrent de la grue, s’abritant derrière des murs et des caisses. Ils portaient des masques de carnaval chinois, ainsi que des armes à feu. Si le Japon était un pays très strict sur le port d’armes à feu, ce n’était clairement pas le cas de Madripoor.

« Elle est morte ?
 -  Y a un sniper !
 -  Qui a explosé la grue ?!
 -  Vos gueules ! Cherchez son cadavre ! »

La grue s’était en partie effondrée sur le toit d’un entrepôt, défonçant une verrière. Les tueurs allumèrent des lampes-torches tout en se dispersant dans des endroits exigus. C’était une bande locale, qui n’appartenait pas au groupe de Katerina, tout comme ceux dans l’hélicoptère d’assaut, qui descendirent en rappel, portant des uniformes noirs, entourant l’individu qui avait détruit la grue, un super-vilain redoutable, mercenaire d’élite employé pour des missions à haut vol, et qui avait un long historique avec les X-Men : Bonebreaker ! Son œil cybernétique scanna les environs, et détecta rapidement la tireuse d’élite. Fronçant les sourcils, Bonebreaker déploya vers elle un canon permettant des tirs précis... Et se mit à faire feu.

« Je n’ai jamais aimé la concurrence... » commenta-t-il pour lui-même.

Surpris, les voyous sursautèrent, tout en continuant d’examiner l’entrepôt.

« Merde, merde, je savais qu’on aurait pas dû accepter ce boulot !
 -  Ferme ta gueule, putain ! Une telle prime, ça ne se...
 -  Haaaa... !! »

Un brusque cri de douleur se fit entendre, et ils sursautèrent sur place.

« Merde ! C’était quoi, ça ?! »

Les deux criminels s’avancèrent vers l’origine des cris, et virent plusieurs corps étalés sur le sol... Puis levèrent la tête, en voyant une silhouette bondir sur eux. Elle s’abattit sur le premier, une détonation retentit dans le vague. Surpris, le second écarquilla les yeux, et une fléchette l’atteignit au cou, le clouant au sol. Quant au premier, il s’était écroulé sur le sol, et sentit le tranchant froid et redoutable d’une lame contre la peau de son cou.

« <C’est quoi cette histoire de prime ?> » demanda Natalia dans la langue locale, avec un accent parfait.

Terrifié, l’homme désigna d’une main tremblante son téléphone portable... Que Natalia consulta, remerciant l’homme en le neutralisant.

Elle ne put ensuite que constater l’amère vérité...

Katerina n'aimait pas la tournure des choses. Elle était là pour tuer une nenette, pas pour liquider la moitié d'un régiment. Alors qu'elle visait la rousse, un bruit d'explosion la fit littéralement sauter d'effroi, alors qu'elle voyait la grue s'effondrer. Visiblement, elle n'était pas la seule sur le coup. Elle détestait cette concurrence. Il fallait à tout prix qu'elle s'occupe du reste. Épaulant rapidement son fusil, elle sautait de la grue, avant de s'accrocher violemment à sa structure, pour descendre sans craintes. Son regard était noir, étant on ne peut plus désappointée. Et elle n'aimait pas être désappointée. Elle allait régler ce problème par elle-même, et tant pis pour les victimes collatérales. Si elle devait commettre un massacre, alors elle n'allait pas s'en priver. Mais pour le moment, elle avait perdu de vue sa cible principale. Pestant, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas de fumigènes. Monumentale erreur.

Son oreillette crépitait alors qu'elle essayait tant bien que mal d'entendre ce qui se disait. Elle ne savait pas quelles pertes ils avaient essuyés. Mais ce n'était pas son problème. Ils étaient à son service, et étaient payés pour ça. En passant la tête de l'autre côté, elle vit rapidement une tourelle, et devint pâle comme un linge. Elle avait bien une idée pour passer en sécurité, sans finir en gruyère. En voyant l'un de ses hommes, elle lui fit de grands signes, pour lui faire comprendre qu'elle avait besoin de grenades fumigènes. Il en fit rouler deux jusqu'à elle. Elle en attacha une à sa ceinture, tout en dégoupillant l'autre avec ses dents. La fumée commençant à faire son œuvre, elle la jeta au sol afin de pouvoir passer de l'autre côté sans se faire cribler de balles.

Prenant son 357 dans la main, elle contourna par le côté, afin de ne plus être dans la ligne de mire de cette saloperie. Il fallait impérativement qu'elle retrouve sa cible. Mais où pouvait-elle être? Elle n'avait pas pu quitter ces lieux sans que Katerina ne s'en rende compte. Elle était loin d'être une des meilleures tireuse d'élite, néanmoins, ses yeux ne la trompaient pas. Elle était donc encore ici. La puce présente dans son cerveau s'activa, afin qu'elle puisse réfléchir plus vite. Il n'y avait que certains lieux où elle avait pu se dissimuler. La Russe allait donc les fouiller un par un, rapidement. S'activant, Katerina fit chou blanc à plusieurs reprises. Elle bouillonnait. Elle ne pouvait pas perdre une cible comme ça. Serrant fort la crosse de son 357, elle finit par leur demander où elle était. Ils n'en savaient rien. Inutiles jusqu'au bout. L'assassin allait s'en charger par la suite. S'allumant une cigarette pour se calmer, elle alla se planquer dans un coin en hauteur pour juger de la situation, ses armes bien en évidence.

10.000.000,00 $. Le chiffre avec le nombre de zéros avait clairement de quoi impressionner. Natalia cligna des yeux à plusieurs reprises, consultant l’écran du téléphone portable de l’homme qu’elle venait de neutraliser. Une mystérieuse prime avait circulé sur le Dark web, une petite partie d’un plus grand ensemble regroupant tous les contenus non référencés sur les moteurs de recherche, le deep web. Le dark web était un endroit obscur, accessible uniquement par certaines portes très rares, et comprenant quantité de données et de marchés illégaux. Il y avait toutefois beaucoup de canulars, mais Natalia, par l’intermédiaire du S.H.I.E.L.D., savait aussi qu’il existait réellement des marchés de tueurs à gages. Visiblement, tout cela avait été un piège, car, en consultant l’annonce portée sur sa tête, elle vit qu’il était indiqué qu’elle se trouverait au port de Madripoor, ce jour.

*Les services de renseignement se sont faits piéger... Tout ça est un piège pour me tuer !*

Mais pourquoi elle ? S’agissait-il d’un ancien ennemi ? Après son attaque du Triskelion, Natalia avait perdu la mémoire. Celle-ci revenait très difficilement, et elle suivait à ce titre une intense thérapie, essayant, tant bien que mal, de comprendre d’où elle venait, et d’obtenir des informations sur la Red Room et sur ses maîtres. Qui donc pouvait avoir envie de la tuer ? Eux ? Les proches d’une de ses anciennes victimes ? Widow ne pouvait même pas demander des renforts au S.H.I.E.L.D., car elle était en zone rouge, sur un État où le S.H.I.E.L.D. n’avait pas le droit d’intervenir. Si elle était surprise, il y aurait une forte crise diplomatique, car les adversaires des États-Unis militant pour une réduction du budget accordé à l’organisation aux Nations-Unies ne manquerait pas de se ruer sur la présence d’une agente du S.H.I.E.L.D. à Madripoor pour faire valoir leur cause.

Natalia devait donc agir rapidement, et se déplaça encore. Elle savait se débrouiller seule, fort heureusement, et entendit des bruits de pas supplémentaires. Les gangsters continuaient à affluer, et, rapidement, des détonations retentirent entre les différents groupes. Chacun voulait la prime pour soi, et Black Widow se retrouvait au milieu de la mêlée. En essayant de rejoindre une sortie, elle s’arrêta brusquement quand son corps se retrouva enveloppé dans le halo lumineux d’une lampe.

« C’est elle !
 -  Merde, butez cette salope ! »

De puissantes détonations retentirent, signe de l’utilisation d’armes de gros calibre, contraignant Natalia à filer dans l’entrepôt, le long d’étagères industrielles immenses abritant des meubles, des armoires, des lave-vaisselles, des frigos... Agissant rapidement, elle glissa sous une étagère, et atterrit à côté de deux ennemis, qu’elle neutralisa à l’aide de fléchettes, puis entendit des aboiements furieux.

*Merde, des chiens !*

Rien ne serait donc facile dans cette escapade. L’espionne observa rapidement son environnement, puis déploya un grappin depuis ses bracelets, et s’en servit pour s’envoler dans les airs. Elle rejoignit ainsi les poutres en hauteur, et échappa de cette manière à ses poursuivants, sortant par une vitre en hauteur. Rejoignant le toit, elle regarda autour d’elle, et avisa alors une silhouette sur le toit à proximité, surplombant l’entrepôt. Natalia s’en approcha lentement, se fondant dans l’obscurité, et entendit de nouvelles détonations, tandis que sa proie sortait une cigarette, en allumant une.

Natalia se rapprocha lentement d’elle, observant la crinière bleue de la femme. Ce n’était pas le genre de Natalia de se terrer face à la menace. Elle s’approcha donc doucement, et, quand la femme se déplaça, Natalia bondit brusquement sur elle, et envoya un coup de pied retourné vers son visage, attaquant avec rapidité et efficacité...

A peine avait-elle allumé sa cigarette que sa cible se précipitait d'elle-même sur Katerina. La Russe eut à peine le temps d'esquisser un sourire de satisfaction, avant de recevoir un coup de pied au visage. Le genre de coup de pied humiliant, qui laissait toujours traîner un léger filet de ça. Et ça, Katerina ne le supportait pas. Elle en avait horreur. En se relevant, elle ricana, comme si elle voulait déjà laver cette petite humiliation. Si la Rousse voulait se battre à mains nues, elle avait mal choisi son adversaire. La jeune femme paraissait frêle, mais les puces présentes dans ses bras la rendait bien plus dangereuse, de par sa force démultipliée. Gardant sa cigarette aux lèvres, la Russe expirait sa fumée par le nez.

- Ma chérie, je dois te le dire, tu ne sais pas à qui tu as affaire. Elle crachait le surplus de sang qu'elle avait dans la bouche. - Je pourrais te tuer pour ça, tu sais. Mais ta jolie frimousse me rendra très riche. Et n'essaie pas de fuir ou quoi, je trufferais ton corps de balles, sans jamais toucher le moindre de tes organes vitaux. Tu as beaucoup de valeur à mes yeux tu sais. Ne m'obliges pas à te faire du mal.

Elle posait le long canon froid de son 357 magnum sur le front de Natalia, tout en pressant le chien. Elle n'allait évidemment pas lui tirer une balle en pleine tête. Non, elle la voulait vivante. Livrer sa tête, engranger l'argent, et ne plus à avoir à se soucier de son sort. L'argent l'intéressait plus qu'autre chose. Après tout, elle devait bien gagner sa vie. Le doigt toujours sur le chien, elle la regardait, ses yeux plongés dans les siens, alors qu'elle adoptait un air des plus froid. Comme si le simple fait de lui mettre une balle en pleine tête ne l'impacterait pas plus que de choisir quelle sauce elle mettrait sur ses pâtes du soir. Par moments, Katerina semblait n'accordait que très peu d'importance à la vie humaine. Mais il n'en était rien. Elle n'accordait pas la moindre importance à la vie de ses cibles. Pour ses proches, la situation était tout autre. Elle était on ne peut plus protectrice et attentionnée envers eux.

- Trésor, tu vas me suivre sans opposer la moindre résistance. Une seule de ses balles suffirait à repeindre une pièce avec le contenu de ta boîte crânienne. Et tu es beaucoup trop mignonne pour mériter que je te fasse sauter le caisson. J'ai un très gros contrat sur toi. A moins que tu n'ai mieux à proposer. Mais tu m'excuseras, il est hors de question que je te livre à ce troupeau de dégénérés. Pour bien illustrer ses propos, elle tira dans la tête d'un homme en noir en contrebas. - Je garde la primeur des meilleures cibles. Oh, et n'essaie même pas de me remettre un coup de pied au visage, tu aurais du mal à marcher par la suite.

Le coup de pied fit mouche, mais sans mettre à terre la femme, ce qui ne manqua pas de surprendre Natalia. Vu sa constitution, la seule explication plausible était que son interlocutrice dispose de facultés améliorées. Face à elle, Widow hésita un peu sur la conduite à tenir, ce qui laissa le temps à la femme de lui braquer son arme au visage. Fronçant lentement les sourcils, Natalia banda légèrement les muscles, et constata que la femme n’avait pas froid aux yeux, tout en étant sans doute assez imprudente. Elle détourna en effet son attention de Black Widow pour abattre un individu plus bas, et, le temps qu’elle ne pointe de nouveau sur elle son pistolet, Natalia avait eu le temps de sortir de sa ceinture un disque argenté, qu’elle tenait entre ses doigts. Finalement, la Russe se mit doucement à sourire.

« J’ignore qui tu es, ma belle, mais je compte au moins douze façons de me sortir de là... Dont celle-ci. »

Elle appuya alors sur le disque, qui s’illumina, et le laissa tomber. Dès que ce dernier toucha le sol, une décharge électrique jaillit. Si la combinaison de Natalia était pensée pour repousser l’électricité, ce n’était visiblement pas le cas des vêtements de son adversaire, et, tandis que l’électricité affluait, Natalia agit. Elle n’allait pas plus vite qu’une balle de pistolet, mais sûrement plus vite que le temps de réaction de son adversaire. Si Katerina avait des implants, Natalia, elle, avait un entraînement de super-espionne au sein de la Red Room. Elle jeta donc le disque tout en pivotant sur le côté, et, en prenant appui sur un pied, tournoya sur place. Son pied heurta le plexus solaire de son adversaire, et Natalia bondit en arrière, faisant une roulade, tout en tirant ensuite sur elle des fléchettes anesthésiantes... Mais vit que sa proie, malgré les arcs électriques, avait réussi à se déplacer. Les fléchettes se perdirent dans le vide, tandis que la femme s’abrita derrière une cheminée sortant du toit.

Natalia courut encore, et bondit en hauteur, atterrissant sur la cheminée, puis sauta à nouveau. Décrivant un salto en l’air, elle arriva à côté de Katarina, et tenta encore de la frapper, son pied se détendant vers les côtes de la femme... Pour se heurter à la main de la femme. Natalia constata alors que Katarina avait une force surnaturelle, et son adversaire la repoussa du plat de la main, l’envoyant valser sur plusieurs mètres, mais confirmant aussi ce que Black Widow pensait.

« Tu es une améliorée, hein ? Uff... J’avais peur que ce soit trop facile. Mais tu n’impressionnes personne, tu sais, je ne dois pas valoir beaucoup morte. »

La femme n’avait pas le temps de tergiverser, car, après le coup de feu de son adversaire, les autres traqueurs pouvaient débarquer à tout moment. D’un autre côté, elle ne pouvait pas se permettre de tourner le dos à son ennemie, qui était tout à fait susceptible, par exemple, de l’immobiliser en lui tirant dans la jambe. Elle s’élança donc à nouveau sur elle, bien décidée à être prudente, en évitant autant que possible de recevoir des coups.

« Qui t’envoie ?! »

Mine de rien, elle avait beau sembler frêle au premier abord, cette petite rousse avait le pied solide. Katerina ricanait, même si elle allait lui faire payer cela plus tard. Après avoir mis fin à la vie d'un sombre idiot, la Russe se tournait une nouvelle fois vers sa prise, avant de constater la présence d'un disque. Quand ce dernier s'alluma et se posa au sol, des arcs électriques en jaillirent. Le temps de réaction de Katerina fut très court, et elle sauta de son perchoir avant d'être impactée par l'électricité. Dans ce genre de cas, elle pouvait dire merci aux puces présentes dans son cerveau. Une fois au sol, elle vit sa cible se ruer sur elle, pied en avant. Ricanant ouvertement, elle vint arrêter ce coup du plat de la main, avant de l'expédier à plusieurs mètres de distance.

- Trésor, je te l'ai dit, morte tu ne vaudras rien. J'ai besoin de toi vivante. Ça veut aussi dire que je peux te truffer de plomb tout en te laissant en vie si je le désire. Mais cela serait vraiment du gâchis, tu ne crois pas? Pour répondre à ta question, ma chère, je n'ai rien à voir avec ce troupeau d'amateurs. Le nom de mon commanditaire ne te dira rien. Mais une chose est sûre, c'est que nous sommes plusieurs à vouloir ton cul. Mais pas dans le sens littéral. Je ne sais pas ce qu'il te veut, mais ce que je sais, c'est que tu vaux très cher à ses yeux. Et je compte bien toucher cette thune, tu ne m'en voudras pas, n'est-ce pas?

Katerina n'avait pas ses couteaux de combat sur elle, mais elle était suffisamment armée pour la tuer plus d'une fois. Elle ne comptait bien évidemment pas la tuer, car son contrat stipulait que Natalia devait être ramenée vivante. Elle pouvait aussi la tuer si la situation l'exigeait, mais pour le moment, elle n'avait pas vraiment envie de lui tirer une balle entre les deux yeux. Cependant, si la Russe n'avait pas d'autre choix, elle n'aurait aucun scrupule à le faire. Elle se grattait le bras compulsivement, en gardant ses yeux braqués sur sa cible. Si elle essayait de fuir, le temps de réaction de Katerina n'allait pas être bien long, et elle lui tirerait une balle de 357 dans la jambe. Suffisant pour faire s'écrouler à terre n'importe qui.

- Je te propose un marché. Je m'occupe de ces gens pour toi, et tu viens gentiment avec moi. Dans le cas contraire, je n'aurais aucun scrupule à te jeter dans la fosse aux serpents, et les voir te liquider ne me posera aucun problème. C'est dans ton intérêt que je te dis ça. Je sais qui tu es, mais je doute que tu t'en sortes toute seule, surtout s'ils ont des renforts.

La femme disposait d’améliorations cybernétiques. Autant dire qu’il ne fallait pas la sous-estimer. Natalia était une araignée piégée dans une épaisse toile, et la femme aux cheveux bleus face à elle lui réitéra qu’elle n’avait aucune chance de lui échapper, et qu’elle préférait la capturer vive que morte, mais ne verrait en soi aucune objection à l’abattre. L’observant silencieusement, Natalia fronça les sourcils devant la proposition de la femme, qui alla jusqu’à lui suggérer de se débarrasser ensemble des autres mercenaires. Widow sourit lentement, amusée par ça, et haussa les épaules.

« Tu fais dans l’humour, ma cocotte ? »

Des vrombissements se firent alors entendre. Natalia n’acheva pas sa phrase en voyant des lumières se rapprocher. Ses cheveux virevoltèrent, tandis que, dans les airs, l’hélicoptère de combat de Bonebreaker se rapprocha. Natalia reconnut rapidement le modèle : un Ka-52. Surnommé l’Alligator, il s’agissait d’un nouveau modèle d’hélicoptère de combat russe. Disposant d’un puissant armement, le Ka-52 était aussi très mobile, et les canons 2A42 situés dessus s’enclenchèrent, tournoyant sur place... Puis une pluie de balles s’abattit sur le toit. Un arsenal militaire qui défonça le toit, les balles explosant ce dernier comme du beurre, amenant Natalia à devoir courir rapidement. Pour le coup, ses fléchettes étaient totalement inutiles contre une telle puissance de feu. Elle courut donc vers le rebord, et bondit dans les airs, déployant un filin qui s’enroula autour de l’une des grues industrielles.

Les balles la poursuivirent, et dégommèrent le milieu de la grue, arrachant des pylônes de soutènement. Dans un grincement métallique, la grue s’effondra sur place. Natalia relâcha la grue, et rebondit sur un container, avant de glisser au sol, atterrissant au milieu de containers. Le Ka-52 s’avança encore, pivotant sur place, profitant de sa redoutable maniabilité pour mitrailler les containers, les puissantes balles des canons de 30mm dégommant ces derniers, passant à travers, les défonçant comme du beurre.

*La vache... Ils ont envoyé de l’artillerie lourde !*

Natalia ignorait qui avait payé ces types, mais, pour qu’on envoie un tel arsenal contre elle, les individus voulant sa mort devaient être très puissants... En tout cas, la situation continuait à se compliquer. Un hélicoptère de combat, des gangs, une fille dotée d’implants cybernétiques...

Black Widow n’allait pas oublier de si tôt son séjour à Madripoor !

- Tant pis pour toi, ma chérie. Mais je vais jouer franc jeu avec toi. Je ne rate jamais ma cible, qu'elle soit mobile ou non. Je te laisse 2 minutes tranquille. On va voir comment tu vas te débrouiller à deux contre un.

Katerina avait un sourire on ne peut plus satisfait sur ses lèvres. Elle avait suffisamment de balles pour la tuer un certain nombre de fois. Elle s'allumait une nouvelle cigarette en ricanant, avant de sauter dans le vide, la laissant seule, avant de se rattraper une nouvelle fois de manière brutale à la grue. La jeune femme n'avait plus qu'à se laisser glisser, et lui laisser donc les deux minutes de répit qu'elle avait promis. La Russe était du genre à tenir parole, quand cela l'arrangeait. Une fois planquée dans un endroit assez restreint, elle se gratta compulsivement le bras, tout en tirant de grandes taffes. Elle savait très bien que fumer durant une opération n'était pas du tout discret, de par la fumée, mais elle s'en foutait royalement. On ne pouvait pas vraiment lutter contre ses addictions, et elle le savait mieux que quiconque. Tout en se grattant le bras avec force, elle se demandait bien comment elle allait pouvoir s'occuper de la rousse.

Toutefois, quand l'un de ses hommes vint lui annoncer qu'ils avaient perdu toute trace visuelle de leur cible, Katerina commença à fulminer. Comment pouvaient-ils être des bons à rien pareils? Elle aurait réellement fait du meilleur travail seule. Elle sortit son 357, et plaqua cet incompétent contre un mur. Avec un air on ne peut plus neutre, elle lui fourra le canon dans la bouche, avant de presser sur la détente. Elle savait très bien que cette arme était extrêmement puissante, et par conséquent, elle baissa grandement la tête lors du tir. Mais pas suffisamment, vu que du sang vint maculer la partie gauche de son visage. Ce qui ne la dérangeait pas plus que cela. Utilisant le tee shirt de ce dernier pour éliminer le surplus de sang de son visage, elle tirait une dernière grande taffe avant de jeter son mégot. Elle n'hésiterait pas à le refaire.

Alors qu'elle chargeait une balle dans la chambre de son SV-98, un hélicoptère de combat passa rapidement au dessus d'elle, avant de prendre la rousse pour cible. Si Katerina avait été prise pour cible, elle aurait bien prit ses jambes à son cou pour fuir le plus vite possible. Mais là, elle restait quelque peu indifférente. La Russe allait la laisser se débrouiller un peu, pendant qu'elle liquiderait quelques membres de gang. Pour ne pas perdre la main.

- Maintenant que tu vas bien être dans la merde, je te laisse réfléchir à ma proposition, mon bichon. gloussait-elle.

Face à un hélicoptère de guerre, Natalia était un peu comme David face à Goliath. Elle était clairement en territoire hostile, sans aucun renfort possible, encerclée d’ennemis, et, dans ce labyrinthe d’acier et de béton, un Minotaure métallique la traquait impitoyablement. Natalia savait que l’Alligator devait disposer de capteurs thermiques, d’appareils ultrasophistiqués pour la repérer. Les balles pleuvaient autour d’elle, et elle se rapprocha du mur d’un entrepôt, avec une petite grille d’aération permettant l’évacuation des eaux usées. Natalia tendit sa main, et lança une fléchette explosive sur les barreaux de la grille, tout en glissant sur le sol. Elle fila sur plusieurs mètres, et passa à travers le trou, atterrissant dans l’entrepôt, dans une chambre froide. Des carcasses d’animaux flottaient dans les airs, suspendus à des crochets filant le long de tapis roulants.

*Un abattoir...*

L’hélicoptère continua à tournoyer sur place, et Natalia appuya sur plusieurs boutons situés le long de ses bracelets, tout en recouvrant sa tête d’un masque relié à sa combinaison. Celle-ci devint ensuite invisible, Black Widow enclenchant un camouflage optique, qui la protègerait aussi des capteurs thermiques de l’Alligator. Elle vit l’hélicoptère tournoyer lentement, ses puissants projecteurs éclairant l’intérieur de l’abattoir. Natalia se déplaça prudemment, consciente que des mouvements trop brusques risquaient d’attirer l’attention de cet hélicoptère de guerre.

Elle réfléchissait à un moyen d’en venir à bout, et entendit alors du mouvement. Une porte s’ouvrit, et des lueurs apparurent, ainsi que des commandos armés. Ils portaient d’épaisses combinaisons de combat, avec des fusils d’assaut modernes. Natalia se déplaça prudemment, les voyant se rapprocher.

« <Méfiez-vous, elle dispose d’une combinaison de pointe, fabriquée par le S.H.I.E.L.D. !>
 -  <Mais elle est seule, nous sommes dix fois plus nombreux qu’elle !>
 -  <Tu as entendu parler des Widows ? Arrête tes conneries ! Tu crois pouvoir la piéger ? C’est elle l’araignée !> »

Ils avançaient prudemment, en rang serré, éclairant les lieux. L’abattoir s’étalait sur une grande surface avec un étage donnant sur des bureaux, et sur des plateformes de surveillance. Peu à peu, les commandos furent contraints de se séparer, montant à l’étage, cherchant leur proie. Manifestement, la prime sur sa tête était suffisamment importante pour justifier le déploiement d’une véritable milice ! Dehors, des fusillades résonnaient régulièrement, probablement entre gangs. Qui donc pouvait en vouloir à ce point à Natalia ? Intriguée, cette dernière se déplaçait lentement, jusqu’à apercevoir deux commandos s’approcher des bureaux.

Agissant rapidement, elle fila vers eux, les attaquant dans le dos, et lança deux fléchettes électriques. Elle atteignit le dos d’un commando, déclenchant des arcs électriques qui le firent hurler. L’homme lâcha une détonation en l’air, mais la fléchette toucha un plastron du second, électrifiant son armure. Il se retourna rageusement en tirant, et Natalia bondit par-dessus la balustrade, son camouflage optique disparaissant pendant sa chute, qui l’amena à s’écraser sur un commando. Elle récupéra ensuite un pistolet, et fit feu sur un comparse proche, lui transperçant la tête, puis se mit à courir, avant de glisser sur le sol, filant sous une table. Elle se retourna ensuite, poursuivie par les balles, et répliqua, faisant preuve d’une précision mortelle.

Elle se déplaça encore, filant dans un couloir.

Comme ils l’avaient eux-mêmes indiqué, quand ont raquait Black Widow, les rôles avaient souvent tendance à s’inverser...

Katerina riait ouvertement. La situation ne la dérangeait pas, puisqu'elle n'était pas la cible pourchassée. De toute manière, si elle était dans une telle situation, elle tournerait rapidement la situation à son avantage. Passant par conséquent de traquée à traqueuse. Elle pouvait se débrouiller sans armes à feu, même si elle était bien plus dangereuse avec une arme à feu dans les mains. Ayant encore le visage maculé de sang bien qu'ayant essayé d'éliminer le surplus, elle venait d'avoir une idée en tête. Elle éjecta la balle de son SV-98 pour la remplacer par une autre, bien plus adéquate dans cette situation. Une balle antimatériel. Il était hors de question de viser un quelconque élément mécanique, de toute évidence, le calibre ne suffirait pas. Viser simplement la vitre allait être suffisant. La dispersion du verre allait faire le reste, si la balle loupait sa cible.

Une fois la balle dans la chambre, elle s'extirpait de sa cachette, afin d'aller se mettre en place pour tirer. Elle suivait, relativement discrètement, ce foutu hélicoptère. Il était hors de question qu'un enfoiré lui pique sa prime. Il n'était pas question qu'elle saute sur le cockpit pour essayer d'y entrer par la force. Elle perdrait un temps précieux, et surtout, l'effet de surprise ne serait pas le même. La force brute n'était pas la solution universelle. En voyant le pilote à proximité d'un abattoir, lumières en avant, elle ricanait. Un moment parfait pour faire ce qu'elle voulait faire. Tant qu'il focalisait son attention sur l'analyse de l'intérieur du bâtiment, elle avait du temps pour se préparer. Elle grimpait rapidement par l'arrière, tout en haut du bâtiment, fusil dans le dos. Dans cette configuration, elle était à peine visible. Une fois sur le toit, elle prit son fusil, et l'arma.

En regardant par le viseur, la Russe avait un sourire en coin. Le pauvre ne s'attendrait sûrement pas à une chose pareille. Qui s'attendrait à se prendre une balle venant d'une personne postée sur un toit, pendant que l'attention était focalisée ailleurs? Personne. Et Katerina jouait justement sur ce genre d'effet de surprise. Elle attendit patiemment que l'angle de tir soit bien plus ouvert, avant de presser sur la détente, pour faire feu. La balle vint percuter la vitre, la faisant voler en mille éclats. Cette dernière n'arrêta pas la balle, évidemment, puisque cette dernière vint se loger dans le cockpit. Mais les éclats de vitre firent le reste. Personne ne pouvait éviter des milliers d'éclats de verre lorsque ses derniers étaient aussi proches d'un corps humain. Aussi tranchants que des lames de rasoir, ces derniers pouvaient être une arme des plus dévastatrice. Ces derniers vinrent se planter de part et d'autres dans le corps du pilote, ce qui fit grandement sourire Katerina.

- Maintenant, la rouquine. Elle éjecta la douille de son fusil en ricanant.

À l’intérieur de l’abattoir, les détonations se mirent à retentir. Les gangs locaux hésitaient toutefois à se rapprocher, en raison du redoutable hélicoptère qui tournoyait autour de l’entrepôt. Un terrible chien de garde, disposant d’un arsenal meurtrier. Très clairement, les autorités de Madripoor avaient été prévenues de la présence de Widow. C’était la seule raison justifiant que la police ne soit pas là, ou qu’il n’y ait aucun badaud. De toute manière, la police de Madripoor n’était rien de plus qu’une milice locale, qui n’avait de « police » que le nom. Personne ne viendrait au moins déranger Widow, pendant que la situation à l’intérieur de l’abattoir se transformait en un chaos généralisé.

« <Arrêtez-là !>
 -  <Bordel ! Elle est où ?!> »

Fidèle à sa réputation, Widow bondissait sur ses proies. Une araignée redoutable, qui déployait ses dards, lançant des fléchettes, ou faisant feu avec le pistolet qu’elle avait récupéré. Elle abattit ainsi un autre ennemi, et récupéra un fusil d’assaut, puis bondit derrière un pilier, évitant des tirs venant d’autres commandos. Leurs balles firent voler plusieurs morceaux de placo, et elle répliqua ensuite, appliquant un tir nourri sur les ennemis.

Dehors, l’hélicoptère continuait à chercher un angle de tir attaqué, de sorte que le pilote ne fit, à aucun moment, attention à Katerina. La balle explosa brusquement la vitre, provoquant une arrivée subite d’air, tandis que le pilote sentit des bouts de verre tomber sur lui. Il braqua brusquement, et le rotor arrière de l’hélicoptère heurta un poteau électrique, provoquant une nuée d’étincelles, ainsi qu’une série d’alarmes à l’intérieur du cockpit. Les bris de verre avaient heurté la combinaison protectrice du pilote, entaillant ce dernier à plusieurs endroits, et l’Alligator se déplaça encore. Les pales frôlèrent les vitres de l’abattoir, en explosant une, mais le pilote sut, probablement par miracle, éviter une collision en se relevant. L’hélicoptère s’envola dans les airs, tandis que le pilote, blessé, mais non moins stoïque, inspectait son corps, et cherchait à comprendre qui avait bien pu lui tirer dessus.

Natalia n’en demanda pas plus, et déploya un filin argenté vers la vitre détruite, se catapultant dans les airs à l’aide de son grappin, et se retrouva dehors. Elle fit une roulade pour se réceptionner sur un container, avant d’atterrir au niveau de la rue, et vit devant elle une bande. Des lumières l’englobèrent, et elle entendit des bruits de voix, puis des détonations supplémentaires, et courut précipitamment sur la droite, entre deux immeubles, évitant les balles de ses poursuivants.

*Merde, ces enfoirés sont tenaces !*

Elle se déplaça donc rapidement, préférant fuir les ennemis, sans trop comprendre ce qui était arrivé à l’hélicoptère... Mais en songeant fugacement à cette étrange femme aux cheveux bleus.

Le tir de Katerina n’avait toutefois pas échappé à tout le monde, et Bonebreaker n’était pas le seul super-mercenaire sur place. Des bruits de pas se firent entendre dans le dos de Katerina. Un individu redoutable lança sur elle des tentacules métalliques : Omega Red !

« Petit papillon, j’ignore ce que tu fais là, mais... Tu me déranges ! »

- Fils... de... pute.

Katerina était persuadée que tout ceci allait s'occuper une bonne fois pour toute de cette saloperie de pilote. Mais visiblement, elle avait eu on ne peut plus tort. En inspectant sa douille, elle était bien consciente que cette balle était une balle antimatériel. Mais cette dernière avait dévié dans le cockpit, et l'avait donc épargné. Ceci dit, son hélicoptère était suffisamment amoché pour qu'il ne soit plus une menace dans l'immédiat. Elle était cependant déçue. D'habitude, à si courte distance, elle ne manquait jamais un tir létal. Devait-elle se remettre en question? Elle se remettait en permanence en question. Elle devait être la meilleure dans son domaine, et une remise en question permanente lui permettait de corriger ses erreurs.

Mais elle s'attendait à avoir des représailles, à un moment ou à un autre. Car son arme n'était pas dotée d'un silencieux. De ce fait, elle faisait un vacarme inimaginable. Et elle savait qu'elle serait repérée sous peu. Se cacher sur un toit aussi plat, ce n'était pas vraiment possible, à moins de se coucher à plat ventre et de prendre le moins d'espace possible. La Russe n'était pas du genre à faire cela. Alors qu'elle pestait toujours contre cette foutue balle, une voix dans son dos se fit entendre, et surtout des tentacules fondirent sur elle, qu'elle évita au dernier moment. Elle mit quelques instants à se retourner par la suite, avant de tomber nez à nez avec un type habillé en rouge. Visiblement, celui-ci n'avait pas l'air satisfait de la voir. Ayant toujours un couteau de combat sur elle, elle s'en saisit avant de rétorquer.

- Chéri, je suis actuellement occupée. Tu me déranges aussi.

Elle fit tourner le manche dans sa main, jaugeant son adversaire. Elle savait d'avance qu'il ne serait pas simple à vaincre, et que si elle faisait n'importe quoi, elle allait y laisser des plumes. Par moments, elle était pleinement consciente de sa supériorité sur certains adversaires, alors qu'à d'autres moments, elle savait qu'elle ne faisait tout simplement pas le poids. Elle n'allait pas faire la maligne avec cet adversaire. Katerina allait se donner à fond. Elle pouvait être une excellente combattante à mains nues, bien qu'elle soit bien plus douée avec les armes à feu. Trifouillant son pendentif, elle le laissait attaquer en premier. Si jamais il se jetait sur elle, tentacules en avant, elle en profiterait pour le frapper aux flancs. Ce couteau était une excellente arme blanche, pouvant causer des dommages corporels très élevés. Ce dernier lui avait sauvé la vie plus d'une fois.

- Chaton, on t'as hybridé avec une pieuvre?

De son vrai nom Arkady Rossovitch, Omega Red était jadis un tueur en série disposant de pouvoirs mutants. Il était devenu un cobaye du KGB à une époque où l’Armée Rouge cherchait à reproduire dans ses laboratoires le sérum du Super-Soldat, afin d’avoir ses propres variantes de Captain America. De la même manière que Wolverine, Omega Red disposait de son propre facteur autoguérisseur, et était un individu particulièrement dangereux. Placé en animation suspendue pendant des années, il avait été libéré de son caisson par les forces de La Main après la chute de l’URSS, et, depuis lors, menait différentes missions pour la criminalité internationale, en recherche d’un élément très particulier qui lui permettait de survivre aux évolutions de sa mutation suite aux expériences soviétiques : le carbonadium. Un élément rarissime, qui avait contraint Arkady à en chercher pendant des années, avant de finalement retrouver des figures de son passé, qui avaient réussi à stabiliser sa formation.

« Tu ne comprends rien à ce qui se passe ici, pas vrai ? Ce contrat mis sur la tête de Black Widow... Ce n’est qu’un leurre. »

Le sang-froid de cette femme l’impressionnait. Elle avait bien failli détruire leur hélicoptère ! Concentré sur Black Widow, Arkady s’était désintéressé de la femme aux cheveux bleus, un très grand tort qu’il comptait réparer dès maintenant. Il bondit brusquement vers elle, témoignant d’une impressionnante rapidité malgré sa corpulence. La jeune femme était toutefois aussi très souple, évita la charge, et contre-attaqua par un coup de pied retourné qui atteignit Arkady au visage, le repoussant sur quelques centimètres.

Omega Red gloussa légèrement.

« Pas mal. »

Les tentacules métalliques rattachés à ses poignets fusèrent ensuite, s’électrifiant en l’air, s’abattant sur la femme comme des fouets, contraignant cette dernière à les esquiver. Omega Red bondit encore, trouva un angle, et son genou se logea dans le ventre de la femme, la repoussant sur plusieurs mètres.

« Tu es dans la cour des grands, ma petite. Ce coup sur l’hélicoptère, c’était incroyable, mais le miracle s’arrête ici,f ace à moi. »

En contrebas, Natalia, qui pensait enfin souffler un peu, arriva le long d’un entrepôt... Pour entendre des bruits de roulement. Elle tourna la tête, et aperçut alors Bonebreaker, qui se mit à lui envoyer un missile ! L’espionne bondit sur le côté, tandis qu’une déflagration la souffla, l’envoyant rouler sur le sol.

« Tu pensais pouvoir fuir longtemps, Natalia ? Tu es notre Araignée ! »

L’explosion avait partiellement déchiré la combinaison de Natalia, qui lança une fléchette à l’intention de Bonebreaker depuis les débris où elle avait attiré. Un courant électrique s’en déversa, déstabilisant son ennemi pendant quelques secondes, permettant ainsi à Natalia de courir rapidement, optant à nouveau pour une prudente fuite stratégique...