«
Je ne travaille pas pour le S.H.I.E.L.D., Phil. -
Pourquoi tu me dis ça ? Tu crois que je n’étais pas au courant ? -
Je ne suis pas venue à Seikusu pour gérer vos affaires ! »
Malicia avait souvent tendance à s’agacer vite, surtout quand on la prenait pour une cruche. Et, malgré tout le respect qu’elle accordait à l’
agent spécial Phil Coulson, nommé depuis peu responsable de la base du S.H.I.E.L.D. à Seikusu, elle n’était pas venue ici pour enquêter sur l’HYDRA, ou sur toutes les menaces dépendant de l’autorité du S.H.I.E.L.D.
«
Nos données sont compromises, expliqua encore Coulson,
et... -
Et moi, je te répète que ça ne me concerne pas ! Je suis là pour autre chose, sugah ! -
La plage et les palmiers ? Seikusu est pourtant assez éloignée d’Okinawa, à moins que ce ne soit pour le footing, ou pour le charme des sanctuaires bouddhistes... »
Malicia se tut. Elle avançait le long de sa moto, une élégante Harley-Davidson, tout en discutant avec Phil depuis une oreillette intégrée dans son casque. Une technologie Stark Industries, l’un des multiples cadeaux que le milliardaire avait fourni à Charles Xavier et aux X-Men pour équiper leur manoir en technologie de pointe. Après tout, il ne fallait pas croire que des engins comme la
Danger Room ou le
Blackbird avaient pu se faire seuls. La Harley, en revanche, n’avait rien de spécial.
«
Je pense qu’il y a un lien entre cette affaire et... Ce que tu recherches. -
Tu peux développer ? -
SoM ne travaille pas seul... Et les Guramu sont autant liés dans le trafic d’armes que dans l’utilisation de drogues similaires à l’hypercortisone D... »
L’
hypercortisone D... Un triste souvenir. Une drogue spéciale, dont les mutants avaient été très friands, car elle permettait de booster leurs capacités. Des recherches avaient néanmoins permis de s’assurer que, outre des effets secondaires redoutables, cette drogue, qui se prenait sous la forme d’un aérosol, était en fait issu d’un redoutable super-vilain, Sublime. Une affaire assez vieille, mais qui ne devait pas faire oublier à Marie que Seikusu était un refuge de drogues synthétiques et d’injections redoutables qui se développaient à travers le monde. Et, sur ce point, Coulson n’avait pas tort. Les investigations de Rogue lui avaient permis d’apprendre que, dans le milieu du crime organisé de Seikusu, le clan des Guramu dominait la ville.
Aussi longtemps qu’on s’en souvienne, la famille Guramu était liée au développement économique et urbain de la ville. Ils avaient participé à la création de Seikusu, et, après la Seconde Guerre Mondiale, avaient profité de l’effondrement de la ville pour récupérer bon nombre de terrains ravagés. La plupart des actes authentiques de l’époque avaient été détruits sous les bombes incendiaires des Alliés, et les Guramu n’avaient eu aucune difficulté à modifier les plans cadastraux et les données foncières pour devenir propriétaires de terrains abandonnés, leurs propriétaires étant morts. Malicia savait ainsi que les terrains sur lesquels le lycée Mishima avait été bâti appartenaient en réalité aux Guramu, qui en avaient la nue-propriété, tout comme une grosse partie du quartier portuaire, de la Toussaint, et d’autres quartiers. Une solide mainmise qui leur avait permis de constituer un redoutable empire criminel, s’exportant à l’international. L’
Oyabun du clan, Akihiro Guramu, avait d’ailleurs acheté la propriété de
Muramasa-jo, le château-fort historique de Seikusu, et l’avait utilisé comme quartier général.
C’est ainsi que Marie se retrouva le long du port. Coulson avait une piste, mais ne voulait pas impliquer une équipe du S.H.I.E.L.D., car il savait que la base était infiltrée, et n’avait pas envie que l’opération foire comme la dernière. Malicia en avait entendu parler à la télé’. Une opération musclée en coordination avec les forces locales, mais le S.H.I.E.L.D. n’avait laissé filtrer que ceux qu’il voulait filtrer. Rogue rejoignit le fameux entrepôt, et se posa sur le toit, volant pour atterrir dessus.
À travers les vitres crasseuses, elle fronça les sourcils en voyant deux bandes, grimaça en voyant d’anciens souvenirs : Deadshot, et Le Rhino.
*
Enfin, je les connais surtout de réputation...*
Coulson voulait qu’elle remonte la filière de
SoM. Marie n’était toutefois pas spécialement une détective. Pourquoi ne pas envoyer Natalia sur ce coup ?
«
C’est fantastique, putain ! Comment vous faites pour obtenir tout ça ? »
Neo haussa les épaules.
«
Secret industriel. -
Enfin... On prend trop, et on rajoute même un petit extra, Guramu-sama aime beaucoup faire avec vous. »
Les miliciens de
SoM portaient de curieux cyber-implants, et ressemblaient tous à des caricatures d’agents secrets cybernétiques, avec leurs lunettes noires et leurs longs manteaux.
«
Vous savez, je... »
Deadshot se retourna alors, et tira en hauteur. Marie écarquilla les yeux, et sentit une balle l’atteindre au ventre. Dans un grognement de douleur, elle tomba en avant, et s’écrasa lourdement au milieu de l’entrepôt.
«
Qu’est-ce que c’est que cette merde ?! -
C’est qui, ça ?! -
Rogue, une X-Men. »
Deadshot confirmait sa redoutable réputation. Malicia, elle, sentit les effets de la balle, une balle électrique, faire trembler tout son corps.
«
Les X-Men ?! Les putains de mutos’ ?! -
Elle, elle nous intéresse. -
Hein ? -
Le GmH... Elle pourrait être utile, si vous voulez des stocks supplémentaires. »
Le GmH... L’un des noms donnés à l’une de ces drogues synthétiques qui rappelaient l’hypercortisone D, mais disponibles même pour les humains lambdas, les dotant provisoirement de pouvoirs surnaturels. Une drogue redoutable, bien plus efficace que les drogues de synthèse dérivées d’expérimentations militaires.
*
Merde... Coulson, je te hais de m’avoir envoyé dans ce merdier !*
Deadshot regarde toutefois autour de lui... Comme s’il était convaincu qu’il y avait encore quelqu’un d’autre dans le coin...