« Un problème de... uh, pardon ? »
La sorcière était familière avec les Noyeurs, ces créatures nécrophages qui vivaient dans les endroits humides et sous-marins. Il lui était arrivée à plusieurs reprises d'en croiser sur sa route, et ils finissaient généralement carbonisés par une puissante décharge électrique. Néanmoins, actuellement, Keira ne voyait pas la moindre trace de Noyeurs dans les parages. Sans songer aux aptitudes du sorceleur, elle se demandait même s'il ne cherchait pas une excuse pour la laisser faire le sale boulot, ou pire, s'il ne se moquait pas d'elle. La blonde haussa un sourcil, et s'apprêta à rétorquer quelque chose, lorsque finalement, l'un d'entre eux sauta hors de l'eau, près de Kolgrim, et l'attaqua.
« Attention ! »
Elle cria pour le prévenir, par réflexe, mais évidemment le sorceleur n'avait pas été pris au dépourvu, conscient de sa présence depuis bien longtemps déjà. Sa lame dégainée, il scella rapidement le sort du monstre, d'un puissant coup d'épée qui le trancha net. Keira continuait de se concentrer sur l'acier épais des barreaux, tout en lançant des regards assez inquiets en direction de la scène de bataille. Heureusement, elle n'eut pas besoin de quitter son poste. Bien qu'étant hargneux et menaçant, très dangereux pour le commun des mortels, Kolgrim parvenait sans peine à s'occuper de ces corps en décomposition sur pattes, avec une habileté rare, jusqu'à tous les neutraliser.
« Hum. Vous ne vous débrouillez pas trop mal avec une épée. Non, je n'ai pas encore f... »
* KLING *
« ...ah, bah en fait si, c'est fini ! »
La grille finit par céder pendant que Keira parlait, et tomba lourdement au sol dans un cliquetis métallique sonore.
« Bien, fichons le camps d'ici, cette atmosphère commence à me donner la nausée. »
Évitant soigneusement les rebords brulant, chauffés à blanc, la sorcière s'engouffra dans le passage, se recroquevilla sur les quelques dizaines de mètres de l'étroit passage, pour arriver dans une cave sombre. La petite lumière flottante, qui la suivait toujours, mit en évidence les étagères fixées aux murs, et les nombreux bocaux qui les ornaient. La majorité contenait toutes sortes de fluides, avec parfois des fleurs macérant à l’intérieur. L'odeur ambiante était très forte, un mélange de parfums trop intense dont l'alcool agressait les narines plus qu'il ne les cajolait. Ce n'était pas agréable, mais bien mieux que les égouts dont ils venaient de s'échapper. Keira continuait de mener la marche, et avança au fond de la cave, jusqu'à des escaliers qu'elle monta, avant de tenter d'ouvrir la porte.
« Zut, c'est fermé. Encore ! Décidément. Ce serait bien d'ouvrir une porte normalement, pour une fois. »
Fatiguée de toujours devoir forcer le passage pour avancer, elle entreprit de frapper à la porte de manière répétée. Ce devrait être suffisant pour éviter toute confusion avec un bruit de rats, ou autre, encore faudrait-il que quelqu'un les entende derrière cette porte, et daigne leur ouvrir sans appeler les gardes. Cela restait quand même une option plus civilisée que de simplement défoncer la porte et s'inviter à l'improviste, comme des cambrioleurs.
« Vous la connaissez bien, cette parfumeuse ? »