Manoir Harper Naomi Ichigami était terrorisée ce maintenant. Son cœur remuait furieusement dans sa poitrine en traversant la grande et massive cour d’entrée en marbre de l’immense manoir Harper. C’était une bâtisse immense, colossale, à la hauteur de la fortune terrifiante de la famille Harper. C’était l’une des plus riches familles mondiales, disposant d’un immense empire immobilier, qui remontait à l’ère victorienne. L’origine de la fortune des Harper venait de la compagnie qu’ils avaient dirigé à l’époque de la colonisation, et qui leur avait permis d’acquérir une fortune considérable en se lançant dans des activités bancaires avec des colons. Une pratique peu recommandable, moralement parlant, car elle leur avait permis, par des taux d’intérêts élevés et des hypothèques prises en sûreté des prêts, d’obtenir des titres de propriété.
Plusieurs siècles après, la famille Harper était un riche conglomérat international, dont le siège était situé au Japon, précisément au manoir Harper. Face à l’immensité de cet empire, présent sur tous les continents, et qui tirait des revenus locatifs immenses des multiples sociétés et particuliers louant leurs terrains et leurs immeubles de construction, Naomie, elle, n’était qu’un petit pion. Elle était la mère de famille de deux enfants, Ben et Robbie, et avait un mari, Kenji, qui travaillait précisément pour l’empire Harper. Autrement dit, leur vie dépendait entièrement du bon vouloir de la femme qui, actuellement, était très largement majoritaire dans la société, pour avoir hérité des parts sociales de ses parents, décédés il y a plusieurs années.
Helena Harper était la richissime héritière de l’Empire Harper. Elle était née avec une cuiller en argent dans la bouche, et, même, une cuiller
en platine. Elle avait eu une grande éducation, dans de glorieuses écoles privées. En fait, elle était même une surdouée, mais avait toujours manqué d’amour. Une souffrance terrible, que Naomi avait essayé de combler à sa manière. Ses deux parents avaient été tués lors d’un grave accident à Courchevel, lors d’une avalanche, alors qu’Helena était encore adolescente. Et, dès cette époque, Naomi était déjà la servante personnelle d’Helena, faisant son lit, la coiffant, entretenant ses vêtements... Avec la mort de ses parents, elle s’était rapprochée de la jeune Helena, essayant de la consoler... Sans se douter qu’Helena était en réalité bien plus perverse que ce que Naomi pensait.
Elle en avait eu la démonstration la semaine dernière, quand Helena l’avait convoqué à un entretien très important. Nerveuse, Naomi, qui avait peur de perdre son emploi, puisque Miss Harper était grande... Alors qu’elle s’attendait à la voir dans la grande salle de réunion, entourée de ses conseillers, Helena l’avait accueilli dans un salon plus intimiste, et lui avait expliqué qu’elle tenait sa vie entre ses doigts. De nos jours, il n’était pas facile d’éduquer deux enfants, et le salaire de leur mari était la seule chose permettant à sa famille de tenir, d’éduquer leurs enfants, tout en remboursant leurs dettes. Helena lui avait expliqué qu’elle comptait restructurer une partie de l’activité de l’entreprise, et que, à ce titre, il lui appartenait de décider du sort de son mari ou non. À la perspective qu’il devienne chômeur, dans un pays où trouver un emploi stable et durable était de plus en plus difficile, Naomi avait paniqué.
«
Ne faites pas ça ! avait-elle supplié.
Je vous ai toujours loyalement servi, Harper-sama, et mon mari aussi ! »
Mais Helena était disposée à les épargner... Si Naomi acceptait ses caprices. Elle lui avait laissé une semaine de réflexion, en lui offrant des sous-vêtements, et en lui disant de faire sa chambre, la semaine prochaine, en enfilant lesdits sous-vêtements. Autrement, elle supprimerait l’agence où travaillait son mari, en lui faisant une proposition de reclassement dans une filiale à l’autre bout du pays. La mort dans l’âme, Naomi avait réfléchi toute la semaine, et n’en avait évidemment pas parlé à son mari.
Et, aujourd’hui donc, une semaine s’était écoulée. Elle était là, dans la chambre d’Helena, une immense pièce, avec un lit colossal. Helena n’était pas encore là, mais, quand la femme arriverait, elle aurait la surprise de voir que Naomi avait cédé à son petit jeu, et qu’elle portait sur elle la tenue offerte par Helena : des jarretelles sombres, des gants s’arrêtant au début des mains, et des sous-vêtements de même couleur, avec un string.
*
Je n’ai jamais été aussi humiliée de ma vie... Pourquoi Harper-sama voudrait-elle me voir ainsi ?*
Elle était encore bien loin de se douter de ce qu’Helena avait prévu pour elle...