Consulter le livre de Thaïs avait beaucoup intéressé Grayle. Il avait remarqué à quel point ils étaient tous deux diamétralement opposés sur presque tout, excepté peut-être leur fort appétit sexuel. Que ce soit de caractère ou d'apparence, ils n'avaient guère de points en communs. Et le grimoire de Thaïs, qui semblait être liée à elle tout comme l'était son sac, en était une autre preuve. Avec ce tome, elle avait accès à toutes les informations du monde, et il feuilletait d'un air fasciné les pages d'apparence ancienne, mais solides comme s'il sortait de l'imprimerie. Elle ne pouvait pas se perdre, et toujours savoir ce qui se passait. Un outil incroyable pour un pérégrin, et que Grayle aurait énormément aimé posséder.
Mais lui avait son sac et sa besace, capables de générer et conserver objets, nourriture et boisson. Certes, il ne savait rien des endroits où il se trouvait, toujours égaré, sans cesse perdu. Mais il ne souffrait jamais de la faim, ni de la soif, ni du froid ou de la chaleur. Si Thaïs pouvait décrypter le monde qui l'entourait et comprendre les menaces, Grayle seul avait toujours en main les cartes pour lutter contre ces derniers. Planification contre improvisation. Connaissance contre pouvoir. Deux facettes d'une même pièce, et deux philosophies opposées et complémentaires du voyage.
En redonnant le livre à Thaïs, il fut heureux de voir ce qu'elle était, une jeune femme enjouée, curieuse, souriante et coquine. Un tel grimoire, tout comme son sac, seraient des armes bien dangereuses entre les mains de personnes moins bien intentionnées...
Lorsque Thaïs avait commencé à le toucher, il l'avait regardé avec surprise, ne s'attendant pas à ce qu'elle se montre aussi... directe, même s'il compris rapidement, qu'après sa fellation au restaurant, il devait désormais s'attendre à tout. Ce n'est pas seulement le geste et la sensation des doigts sur son entrejambes qui firent gonfler ce dernier, mais le fait de savoir qu'a côté et avec lui se trouvait quelqu'un avec qui il avait tant à dire, à partager, et tant de choses en commun -leur propre nature-, et qui avait, en plus, une très forte libido...
La réflexion de la machine, et la réaction scandalisée et boudeuse de Thaïs, presque enfantine, le fit rire. Il s'était serré contre elle et avait chastement embrassé sa joue et son front alors qu'elle éteignait la machine.
- Ca va ! Ce n'est pas grave...
Ils regardèrent ensuite la ville en contrebas. Même s'il était là depuis plusieurs mois, Grayle n'avait jamais pris de Taxidrone sur ce chemin, et découvrait la ville autant que Thaïs.
- Ils ont vraiment fait de belles choses oui. Même s'ils ont un balai dans le cul, au moins, ils n'essaient pas de s'étriper entre eux, ou de conquérir le voisin... dit-il de bonne humeur. Ils jouèrent les touristes un petit bout de temps, avant qu'il ne pointe le musée du doigt. Il tenait toujours Thaïs par la taille, collé contre elle amoureusement, sans l'être de façon lascive, toujours dans l'implicite.
Il décida d'être un peu plus... entreprenant. Maintenant que la machine était pour ainsi dire stoppée, ils ne craignaient rien, non ? Il fit glisser une main sous le manteau, puis une autre, et il se mit à tenir Thaïs par la taille, caressant doucement sa peau à travers le très fin haut marron qu'elle portait. Il se colla légèrement contre elle, embrassant doucement son crâne, puis son cou découvert, arrachant un adorable soupir à la jeune fille, dont il sentait l'excitation grimper en flèche, au point que son sexe devenait dur comme le roc. Il caressa les longs cheveux gris de la jeune fille afin de les écarter, et lécha sa gorge, puis son épaule.
Elle essaya de se retourner, mais il lui interdit, la poussant légèrement vers la vitre. Bien plus fort physiquement qu'elle, Grayle en profitait outrageusement, et Thaïs, bras collés contre le long du corps, se retrouvait emprisonnée par ceux de Grayle, qui caressait sans vergogne son petit corps en lui interdisant toute réponse. Ventre, flanc, cuisses, même ses bras. La seule partie qu'il ne touchait pas était sa poitrine, s'en approchant à chaque fois à la frontière. Il se frottait doucement contre elle, la laissant sentir, même malgré le pantalon et son manteau, son sexe encore lourd d'envie. Leurs coeurs battaient à l'unisson, et il sentit une accélération drastique lorsque de ses mains s'engouffra encore les jambes de la pérégrine, qui avaient écartées ces dernières à l'extrême, presque inconsciemment. Son petit short rouge était brûlant et humide, et elle poussa un gémissement lorsqu'il y apposa la paume de sa main. Il la couvait du regard, voyant la respiration de la jeune fille faire de la buée contre la vitre. Lui, restait silencieux, exprimant son désir par ses gestes toujours aussi doux, mais qui transmettaient un désir impérial et contenu. Il la caressa encore un long moment, la sentant s'échauffer de minute en minute. Il se pencha sur elle, parlant doucement à son oreille, son souffle chaud s'écrasant contre elle.
- J'ai très envie de te faire l'amour, tu sais ? Mais nous sommes arrivés.
Et, comme un fantôme, en laissant longuement ses mains trainer contre elle, il s'écarta, et sortit du taxi.
Ils étaient arrivés devant la coupole, qui se trouvait, comme l'avait dit Thaïs, en bordure du roc. Elle était immense, de plusieurs dizaines de mètres de haut, et il fallait encore grimper des dizaines de marches pour y accéder. Il regarda sa partenaire avec un sourire presque méchant, sentant une petite pointe de colère au milieu d'une mer de frustration et de désir. Il la prit par la main, et ils se dirigèrent vers le bord, espérant contempler le vide en bas... pour se rendre compte que ce dernier était caché par un sol artificiel qui s'étendait au dessus du vide, impossible d'accès à cause de barrières. Grayle regarda plus loin
- Ah les sa... on va devoir payer pour vraiment profiter de la vue. Bon, je t'invite hein... mais c'est pas sympa de leur part !
Il n'y avait pas tant de monde que ca. La journée était encore en cours, et pas mal d'enfants étaient tout simplement en classe, et les adultes, au travail. Ils montèrent les marches de marbre blanc en se tenant par la main. Grayle fronca les sourcils alors qu'ils croisaient quelques visiteurs sortant de la coupole.
- Il y a bien trop de gens qui te mattent... dit-il d’un ton qui sonnait un poil trop jaloux à son goût. Il n’avait pas tort ceci dit. Beaucoup hommes comme femmes, regardaient la jeune pérégrine d’un air à la fois surpris, amusé et intéressé. Il amena Thaïs plus près de lui, main au bas du dos, la prenant par la taille et faisait des regards méchants aux inconvenants. Le regard, particulièrement appuyé du vendeur, lorsque Grayle acheta les deux tickets de visite, acheva de le rendre d’humeur massacrante. Thaïs était plus… détaillée du regard qu'autre chose, englobée de haut en bas d’un air plus étonné que pervers.
Il l’amena à sa suite en insistant un peu et ils entrèrent à l’intérieur du bâtiment, construit en pierre beige et avec un style antique, de lourds colonnes soutenant la coupole. L’endroit était plutôt calme, malgré les dizaines de touristes. Seul un léger brouhaha de fond se faisait entendre.
- Hum… je ne suis jamais allé à la partie Est. Juste à l’Ouest. On y va du coup ? proposa t-il d’un ton qu’il essayait d’être léger, même s’il ne pouvait pas cacher au cœur de Thaïs le léger énervement et trouble qui l’avait envahi, et qu’elle devait aussi ressentir.
Malgré toute sa technologie, Ereshkigal était assez rétrograde concernant les musées. Pas de casque audio, mais des visites guidées ou libres. Ils entrèrent donc dans l’aile Est, dédiée à l’histoire précédent l’établissement des citées, qu’elle soit lointaine ou toute proche.
- Ah, l’histoire toute proche c’est ici, et… hein ?
Les deux pérégrins croisèrent une jeune femme, sensiblement de leur âge. Rousse aux yeux clairs, elle était grande et plutôt mignonne, mais ce qui attira leur regard, ce n’était pas son visage, ni ses formes, mais… son accoutrement.
Elle portait exactement les mêmes vêtements que Thaïs. Elle les regarda, et fixa Thaïs en souriant et lui fit un clin d’œil complice.
- Son style est génial hein ? Dit-elle avant de poursuivre sa route dans l’autre direction. Ils la regardèrent silencieusement, ébahis.
- Heu… c’est normal ? demanda Grayle, un peu abruti, et méfiant. Il regarda autour d’eux, et ses yeux s’ouvrirent en grand lorsqu’il vit quelque chose, au loin. Il courut, traînant Thaïs par la main.
- Que…
Une salle absolument grandiose de l’exposition, par laquelle transitait toutes celles de l’Aile Est, servait de mémorial. A son centre, une énorme statue…d’une jeune femme, habillée comme Thaïs. Non. Mieux, il s’agissait de Thaïs. Sur une plaque, gravée sur le socle de la statue de plusieurs mètres, on pouvait y lire « à la mémoire de Thaïs la batisseuse, arrivée comme une comète et sauveuse de l’humanité. ». Elle était vêtue de son grand manteau et d’un livre, semblant diriger des gens invisibles, le visage joyeux et déterminé. La ressemblance était parfaite… excepté au niveau du physique. La statue était clairement mieux… pourvue au niveau de la poitrine et des fesses.
Une classe d’écoliers était devant la statue, leur maitresse faisant la lecon et expliquant l’histoire et les origines de Thaïs. Une des élèves était habillée comme le sujet de leur attention.
* C’est donc pour ça que les gens fixaient Thais ? Ils pensaient qu’elle était déguisée ?* pensa Grayle avec stupéfaction. Il regarda sa partenaire.
-Hé bien, tu a laissé de bons souvenirs on dirait…