Milo du Scorpion n'ayant pas eu beaucoup de succès (il faut dire aussi que je ne l'avais pas mis des masses en avant), j'ai préféré le recycler et me faire un personnage qui me plait beaucoup plus et qui, je l'espère, vous plaira aussi Notez que je reste dans les bestioles rampantes Nom : Kolgrim
Âge : 30 ans (en parait beaucoup moins grâce aux mutations qu'il a subies)
Sexe : Masculin
Race : Créature (mutant)
Orientation sexuelle : Hétéro
Profession : Sorceleur de l'École de la Vipère
Physique : Kolgrim fait un peu moins de six pieds de haut et possède un corps mince et souple. Comme tous les sorceleurs il a subi un rude entraînement qui lui a forgé un corps d'athlète (sans pour autant avoir une musculature proéminente, la sienne étant plutôt sèche). Il a un visage aux traits fins et réguliers, un nez droit, une mince bouche aux lèvres sensuelles et une belle chevelure noire de jais. Le plus remarquable sont ses yeux : de couleur jaune, ils brillent légèrement dans le noir et peuvent rétrécir ou se dilater en fonction de la luminosité ambiante.
Tout comme ses confrères il adopte une tenue de combat légère, adaptée à son style. Il porte ses deux épées - une en acier, l'autre en argent - dans le dos et peut les faire surgir en un éclair.
Caractère : La plupart des sorceleurs affichent un masque impassible et montrent peu leurs émotions, ceci étant dû au processus de mutation qui leur permet de mieux les contrôler. En ce qui concerne Kolgrim, cela a un peu moins bien marché, ce qui fait qu'il a l'air moins "coincé" que ses congénères. Ses yeux fureteurs et son perpétuel sourire en coin donnent l'impression qu'il se fout de tout et de tous (impression accentuée par sa façon de parler et son humour pince-sans-rire). En réalité, il est beaucoup plus sensible qu'il n'en a l'air et peut se montrer très sérieux quand il le faut. Le truc qui le met le plus en rogne c'est quand on essaie de le blouser (notamment sur ses contrats de sorceleur) et dans ce cas il peut se montrer très violent.
S'il y a bien une chose qu'il a vite compris dans son métier de sorceleur, c'est que les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on pense et parfois ce sont ces derniers qui doivent être protégés des humains.
Pouvoirs & Capacités de Sorceleur :
- Kolgrim est immunisé aux maladies et résiste admirablement aux poisons et toxines.
- Il possède des réflexes et une endurance surhumains ainsi qu'une force supérieure à la moyenne (sans être pour autant herculéenne).
- Il maîtrise les Signes, une forme de magie rudimentaire, et qui sont au nombre de cinq : ils comprennent AARD (un souffle d'air assez puissant pour repousser voire renverser les adversaires du sorceleur, IGNI (un projection de flammes), QUEN (une barrière de protection magique), AXII (pour déstabiliser mentalement un adversaire, calmer un animal sauvage ou encore influencer une personne au cours d'une conversation) et YRDEN (piège magique permettant de ralentir, voire immobiliser, un ennemi et de rendre tangible les créatures immatérielles pénétrant dans la zone d'effet).
- Ses sens sont largement supérieurs à ceux d'un humain ordinaire et ses yeux lui permettent de voir dans le noir.
- Son médaillon de sorceleur - représentant une tête de vipère aux yeux flamboyants - vibre en présence des créatures surnaturelles ou magiques ainsi que des lieux chargés de magie, des personnes pratiquant les arcanes, bardées de protections magiques ou encore portant des objets enchantés.
- Kolgrim possède une bonne connaissance des plantes et est capable de préparer des philtres, potions, huiles et bombes. Étant au début de sa carrière, il ne connait qu'une dizaine de formules.
- Il vieillit à un rythme ralenti et est stérile.
La fillette courait à perdre haleine, filant droit devant elle. Derrière elle, elle entendait les grognements des créatures qui l'avaient prise en chasse. Elle savait qu'elle aurait dû écouter sa mère qui lui avait dit au moins une bonne dizaine de fois de ne pas trop jouer dans la forêt, surtout après le coucher du soleil car on disait que le lieu était hanté.
Bien entendu, elle s'était malgré tout rendue dans le bois et avait joué jusqu'au crépuscule. Voulant rentrer, elle s'était perdue car l'endroit était plongé dans l'obscurité et s'y repérer relevait de la gageure. Elle voyait plus ou moins le ciel nocturne à travers les branches mais la lumière de la lune, à son premier quartier, était masquée par les nuages.
Et voila que des créatures, sorties des fourrés, s'étaient mises à sa poursuite. Elle n'avait pu distinguer des silhouettes indistinctes, aux yeux laiteux qui brillaient faiblement dans le noir ; quoi qu'il en soit, elles se déplaçaient sacrément vite et elle avait pris aussitôt la poudre d'escampette, ayant instinctivement compris que ces choses comptaient ajouter la gamine à leur menu du soir...
Elle avait fini par aboutir à un chemin qui traversait la forêt de part en part. Elle savait qu'il était régulièrement emprunté par des caravanes de marchands et des voyageurs et qu'il passait par son village. Le problème est qu'elle ne savait pas quelle direction prendre : à gauche ou à droite ? Entendant les grognements des monstres dans son dos, elle prit à droite, priant le ciel que ce fut le bon choix. Au bout d'une dizaine de mètres, elle trébucha contre une pierre et tomba rudement au sol. Les créatures voyant que leur proie avait cessé de courir l'avait encerclé, se délectant à l'avance du festin qu'elles allaient faire. Les nuages s'écartèrent et à la lumière de la lune, la fillette put enfin voir à quoi ressemblaient ses poursuivants : des humanoïdes décharnés se déplaçant à quatre pattes, à la peau blanchâtre et malsaine et aux membres noueux terminés par des griffes ; leur visage était vaguement humain mais leur gueule était garnie de crocs. Mais le pire était l'odeur qu'ils dégageaient : une odeur de cadavre en putréfaction, qui agressait les narines.
Sa grand-mère lui avait déjà parlé des goules, de ces monstres qui dévoraient les cadavres mais également les vivants, ces derniers étant pour ces êtres un mets de choix, tout spécialement les enfants...
Alors que la gamine sentit que sa dernière heure arrivée, un sifflement retentit dans l'air et l'instant d'après une des goules poussa un cri de douleur : quelque chose venait de la blesser. Ses comparses tournèrent la tête vers la gauche et la fillette fit de même : entre deux arbres se tenait un homme faisant un peu moins six pieds de haut, mince et portant un long manteau de voyageur. Sous la capuche, deux yeux brillaient d'une faible lueur jaunâtre. D'un pas tranquille, il s'avança vers les goules et la fillette put voir qu'il souriait. Un éclair et l'instant d'après une épée à la lame aussi brillante que la lumière de la lune apparut dans sa main comme par enchantement (elle comprit plus tard qu'en réalité l'arme était dans son dos et qu'il l'avait dégainée très rapidement).
- Ne reste pas plantée là, cours ! dit-il d'une voix calme, se mettant entre l'enfant et les monstres. Elle ne demanda pas son reste et se dirigea vers un arbre qu'elle grimpa en un temps record. Elle aurait pu courir jusqu'à son village mais un petit quelque chose la retint : il émanait une telle assurance de cet homme qu'elle sentait qu'il ne ferait qu'une bouchée de ces monstres et qu'elle ne voulait rater ça pour rien au monde.
La suite des évènements lui donna raison : dans un bel ensemble les goules se jetèrent sur lui mais il esquiva leurs attaques en effectuant une pirouette vers le côté tout en portant un coup d'épée qui alla décapiter l'une d'entre elles puis il fit une autre pirouette, vers l'avant cette fois et sectionna en deux une deuxième qui n'avait même pas eu le temps de bondir sur lui. Ne restait plus que la dernière qui regardait l'homme d'un air indécis, poussant un grognement de rage et de frustration : cette proie était bien trop rapide pour elle et elle se demandait si ce n'était pas elle la proie... Finalement la faim fut la plus forte et elle bondit vers l'homme qui se contenta de faire un pas de côté tout en portant une botte qui transperça la goule de part en part.
Le silence retomba sur la forêt et l'homme leva la tête vers l'arbre où se tenait la fillette :
- Mais pourquoi es-tu... Oh et puis zut ! Tu peux descendre, c'est fini !
Elle s'exécuta et quand elle parvint à hauteur du guerrier, ce dernier essuyait la lame de son épée avec un tissu puis la rengaina en un éclair.
- Merci beaucoup sire chevalier ! Sans vous ces créatures m'auraient dévoré tout cru !
- Chevalier ? Franchement j'ai une tête à être chevalier ? répliqua-t-il d'une voix amusée, rabattant sa capuche, dévoilant ainsi son visage ; il avait les traits fins et réguliers, un nez droit, une bouche aux lèvres sensuelles, étirées en un mince sourire qui avait quelque chose de moqueur et des yeux enfoncés dans les orbites qui semblaient s'amuser d'un rien.
- Ben, vous savez vous battre à l'épée donc vous devez être un chevalier...
- Y'a pas que les chevaliers qui savent se battre tu sais. D'ailleurs certains sont aussi doués que des manches de pelle !
- Si vous le dites... Vous vous appelez comment au fait ?
- Kolgrim. Et toi pucelette ?
- Erika.
- Enchanté Erika ! Bon, je propose qu'on se bouge car d'autres de ces saloperies pourraient se pointer, même si j'en doute fort. Mais avant...
Sous le regard perplexe d'Erika, le dénommé Kolgrim entassa les cadavres des goules sur le bas-côté puis traça un signe dans l'air de sa main gauche en direction du tas : une langue de feu jaillit de sa paume, embrasant les cadavres et répandant dans l'air une atroce odeur de chair grillée.
- Ouah, comment avez-vous fait ça ? Vous êtes magicien ?
- Si on veut... Bon allez, restons pas là !
Il émit un sifflement et quelques secondes d'après une belle jument grise jaillit des fourrés et se dirigea en trottinant vers Kolgrim.
- Je te présente Polka !
- Elle est jolie ! Mais pourquoi lui avoir donné ce nom ?
- Ben, essaie de monter sur elle sans y avoir été invitée et tu comprendras... Il ponctua cette phrase d'un petit rire, assorti d'un clin d'œil.
- Ah d'accord ! Euh, messire, vous saignez à la jambe !
Elle désigna du doigt trois estafilades à la cuisse gauche. Les plaies ne saignaient pas beaucoup mais répandaient une odeur quelque peu écœurante.
- Ah merde, l'une de ces saloperies a dû me blesser sans que je m'en rende compte ! Ah la la, faut vraiment que je m'améliore...
Il fouilla dans une sacoche accrochée à la selle de Polka et en sortit un morceau de tissu ainsi qu'un petit flacon de verre contenant un liquide orangé. Il enroula la blessure avec le premier et but une petite gorgée du second.
- C'est quoi ?
- De l'Hirondelle, ça sert à soigner les blessures. Tu verras que demain il n'y paraîtra plus.
C'est alors qu'Erika remarqua que Kolgrim avait non pas une mais deux épées dans le dos.
- Pourquoi vous avez deux épées ? C'est au cas où vous perdriez la première ?
- Mais non. L'une est en acier, pour les humains, les non-humains et les animaux ; l'autre est en argent et je l'utilise quand je suis confronté aux créatures surnaturelles et aux monstres, comme ces saletés que je viens d'occire.
- Une épée en acier et une autre en argent... Attendez, ça me revient maintenant : l'ancien du village m'en avait parlé, vous êtes un sourceleur !
- Sorceleur ! rectifia-t-il d'une voix douce. Sinon c'est bien ça, je suis un chasseur de monstres.
- C'est vrai que vous capturez les enfants pour en faire des sorceleurs ? Vous allez faire de moi une chasseuse de monstres ?
- C'est l'ancien qui t'a raconté ces conneries ?! Mais non, on arrache pas les mômes à leurs parents... On est pas des sauvages quand même ! Après, il est possible que ce soit arrivé deux ou trois fois mais faut pas en faire une généralité.
Il grimpa sur sa monture et tendit la main à Erika pour qu'elle puisse monter à son tour. Ils se dirigèrent au galop dans la direction opposée à celle qu'Erika avait empruntée lorsqu'elle avait fuit les goules.
- Ton village est pas trop loin, on devrait y être en quelques minutes. Je sens même une bonne odeur de bouffe !
- Je sens rien moi...
- Sens aiguisés de sorceleur pucelette !
Ils arrivèrent effectivement au hameau, qui s'appelait Beauval, au bout d'environ cinq minutes. Il comportait une bonne trentaine de masures avec une place centrale où se trouvait un temple. Erika lui montra du doigt la maison la plus grande.
- C'est là où je vis ! Mon papa est le bourgmestre !
- Hum, je parie qu'il a dû organiser une battue pour te retrouver...
- Oui et j'imagine qu'il a dû accompagner les autres villageois. Ce qui veut dire que maman doit être seule à la maison. Je vais sûrement me prendre une bonne raclée...
- Bah ! Mieux vaut ça que de finir dans l'estomac d'une goule, hein ?
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- Je ne vous remercierai jamais assez d'avoir sauvé la vie de ma fille messire sorceleur.
Assis à la table familiale, le bourgmestre, son épouse et Erika regardaient Kolgrim dévorer son petit-déjeuner composé de bacon, de fromage, et d'œufs sur le plat le tout arrosé d'une bonne bière bien fraîche. Lorsqu'elle avait vu sa fille en compagnie du sorceleur, la mère d'Erika avait accueilli son retour, d'abord avec des cris de joie puis ensuite des récriminations comme quoi elle lui avait bien dit de ne pas s'attarder dans la forêt après le coucher du soleil et ainsi de suite. Puis elle s'était tournée vers son sauveur, l'avait remercié de son noble geste et l'avait cordialement invité à passer la nuit dans sa maison, faisant préparer pour lui un lit confortable. Elle avait également envoyé un serviteur prévenir son père et le reste des villageois que sa fille était saine et sauve et qu'ils pouvaient arrêter la battue.
- C'est moi qui vous remercie ! Une bonne nuit de sommeil dans un bon lit et un bon repas, le bonheur tient à peu de choses... dit-il entre deux bouchées. *Avec ta bourgeoise dans mon plumard cela aurait été encore mieux*, acheva-t-il mentalement, *mais bon, on peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et la cremière avec...*
Le trio était fasciné, non pas par le prodigieux appétit du sorceleur mais par ses yeux : sous la lumière du soleil matinal ils s'étaient réduits à deux minces fentes qui lui donnaient un aspect félin et vaguement inquiétant.
- Alors comme ça vous êtes sorceleur... demanda la femme du bourgmestre, une brune d'une trentaine d'années et qui répondait au doux nom d'Eliabel.
- C'est exact madame, de l'école de la Vipère pour être précis.
- Ah bon, il y a différentes écoles de sorceleur ? reprit le bourgmestre, un solide quadragénaire à la barbe fournie.
- Oui, les plus connues sont celles du Chat, du Loup, de l'Ours et du Griffon mais d'autres le sont moins comme la Manticore ou encore celle à laquelle j'appartiens. J'ai même entendu parler d'une école de la Pieuvre mais je pense pas qu'elle existe vraiment.
- Le Loup, je connais ! s'exclama Erika. L'ancien m'en avait parlé. Il m'avait dit qu'ils habitaient à Kar Morden, un nom comme ça.
- C'est Kaer Morhen. Sinon c'est exact, chaque école possède une sorte de quartier général qui sert de lieu d'entrainement, de base d'opération et de repos quand l'hiver vient. Celle de l'école de la Vipère se nomme Vol'Koch et se trouve quelque part à Ashnard.
- Vous venez d'Ashnard ?
- Oui, de la ville proprement dite. J'étais un enfant qui crevait de faim dans les bas-fonds... J'ai été recueilli par un sorceleur qui m'a emmené à la forteresse. Là-bas j'ai subi un sévère entrainement sous la férule de Bazin, le doyen des sorceleurs de l'école de la Vipère.
- T'étais tout seul ?
- Non, on était dix gamins, pratiquement du même âge. A la fin de notre formation, on était plus que quatre...
- Qu'est-il arrivé aux autres ?
Kolgrim ne répondit pas mais adressa au bourgmestre un bref regard des plus éloquents. Ce dernier comprit et n'insista pas davantage. Il toussa et se leva.
- Bon, j'ai quelques affaires à traiter aujourd'hui. Sorceleur, vous pouvez rester chez moi aussi longtemps que vous le désirez. A tout à l'heure !
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- Ta blessure va mieux ?
Kolgrim était confortablement assis sur un banc qui se trouvait à côté de la porte donnant sur le jardin de la maison du bourgmestre. Dos au mur, les yeux clos, il offrait son visage aux rayons du soleil. Il avait entendu Erika venir bien avant qu'elle n'arrivât à sa hauteur mais il n'en avait rien laissé paraître. Une fois la question posée, il ouvrit les yeux et lui sourit gentiment :
- Beaucoup mieux, regarde ! dit-il en enlevant le morceau de tissu. Il ne restait quasiment rien des estafilades de la veille, sinon trois fines cicatrices.
- Incroyable, elles se sont refermées en une nuit ! C'est grâce à votre potion ?
- En partie. Mon organisme a subi des mutations qui nous octroient des réflexes et des sens accrus ainsi qu'une résistance aux poisons et toxines et nous immunisent de la plupart des maladies. Les potions que nous ingérons, comme l'Hirondelle, servent a accélérer le processus de guérison : mes blessures cicatrisent en seulement quelques heures là où une personne normale mettrait plusieurs jours.
- C'est quoi une mutation ?
- Euh, en gros c'est une sorte de procédé visant à modifier le fonctionnement du corps humain pour lui donner par exemple des meilleures capacités, voire des nouvelles.
- C'est de la magie ?
- Hum, si on veut... En fait c'est un secret de sorceleur et nous ne sommes pas autorisés à en parler. Désolé.
- Je comprends. Moi aussi j'ai des secrets et je dois en parler à personne !
- C'est bon, vous pouvez sortir de votre cachette ! Je vais pas vous manger !
Erika regarda le sorceleur, interloquée, mais elle vit que son regard était braqué sur la haie séparant la maison du bourgmestre du champ voisin. Quelques secondes plus tard une demi-douzaine de têtes enfantines émergèrent du fourré. Erika invita les enfants à s'approcher et ils s'exécutèrent mais avec peu d'empressement. Kolgrim nota leur air à la fois penaud et craintif et se souvint que lui aussi avait ressenti la même chose la première fois qu'il avait vu un sorceleur, même si les circonstances étaient bien différentes.
Quand les enfants, quatre garçons et deux filles, furent à leur hauteur, Erika fit les présentations :
- Kolgrim je te présente mes amis : Léo, Julian, Percy, Aymeric, Rachel et Martha.
- Bonjour les enfants !
Ils répondirent par un "b'jour" timide puis un ange passa durant quelques secondes avant que le dénommé Percy, un petit blondinet, se mette à parler :
- Y sont bizarres vos yeux, on dirait ceux d'un chat !
- C'est exact, mes pupilles rétrécissent ou se dilatent en fonction de la luminosité ambiante, ainsi je peux voir parfaitement dans l'obscurité.
- Ouah, du coup z'avez pas besoin de torche pour aller chercher l'vin à la cave ! s'exclama Léo, un grand brun.
- C'est pour ton père que tu dis ça ! Mais il a pas besoin de yeux d'chat pour trouver le pinard dans sa cave vu qu'il y est tout l'temps fourré ! railla Aymeric, qui était le plus costaud du groupe.
- Ta gueule !
- Et comment vous saviez que nous étions cachés ? intervint Aymeric, désirant détourner l'attention de ses deux compères qui menaçaient d'en venir aux mains. Il avait un air intelligent et son regard reflétait plus la curiosité que la crainte.
- Oh, votre respiration et vos chuchotements étaient suffisamment forts pour que je vous entende. Sans compter que l'une d'entre vous s'est légèrement enrhumée et qu'un autre a mangé un peu trop de fromage au petit-déjeuner...
Le dénommé Julian, qui semblait le moins bavard du groupe, souffla dans sa main puis la porta à son nez, déclenchant l'hilarité des autres enfants.
- ... en plus t'avais lâché une caisse !
- Et c'est vrai que vous avez sauvé Erika d'une bande de monstres ? demanda Rachel, une blondinette un peu potelée, une fois que les enfants eurent fini de rire. Cette fois leur méfiance avait fait place à une sorte de curiosité teintée d'admiration.
- Ouais enfin bon, ils n'étaient que trois et c'étaient des goules... C'auraient été des algoules, j'aurais eu plus de mal...
- C'est quoi ça ? questionna Martha, une ravissante rouquine au visage constellé de tâches de rousseur.
- Une goule mais en plus vicelard.
Kolgrim comprit, en voyant leurs regards perplexes, qu'ils n'étaient pas plus avancés...
- En tout cas, vous l'auriez vu se battre ! Il était plus rapide que l'éclair et il a occis les monstres en quelques secondes ! Tchac, tchac et tchac ! Là-dessus, Erika se mit à mimer les mouvements d'épée du sorceleur.
- Vous pourriez nous faire une démonstration ?
- Pourquoi pas... Vous auriez un bâton de la même taille que mon épée ?
Quelques minutes plus tard, il se tenait au centre du jardin, tenant un solide bâton de bois à la main. Les enfants étaient sagement assis, les filles sur le banc, les garçons par terre, à distance respectueuse, comme l'avait demandé le sorceleur. Ce dernier avait ôté son pourpoint de cuir noir, aux manches cloutés d'argent et ne portait sur le dos qu'une simple chemise de lin.
il commença à exécuter des moulinets avec son arme tout en se déplaçant, d'abord en effectuant de simples pas de côté puis des pirouettes, abattant des ennemis imaginaires. Il passa, pour ainsi dire, à la vitesse supérieure en faisant des figures plus complexes, exécutant des sauts périlleux aussitôt suivis de coups de taille ou d'estoc. Quand il eut fini, les gamins le regardaient avec des yeux ronds comme des soucoupes et ce ne fut que quand Kolgrim s'avança vers eux et leur demanda si la démonstration leur avait plu qu'ils se mirent enfin à sortir de leur stupeur.
- Génial !
- Vous vous battez super bien !
- On dirait une sorte de danse !
- C'était vraiment joli !
Kolgrim remit son pourpoint de cuir noir tandis que les gamins continuaient leurs commentaires élogieux.
- Cela s'appelle la Danse de Mort de la Vipère. finit-il par dire, une fois que l'excitation des enfants se fut quelque peu calmée.
- Z'avez pas l'air essoufflé en plus ! fit remarquer Julian.
- Tu m'étonnes, il doit avoir l'habitude !
- J'parie qu'y peut battre l'fils du seigneur !
- Hum, pas sûr, il est quand même bon à la quintaine !
- Tu parles, il se casse la figure une fois sur deux !
Les enfants, ainsi que Kolgrim, éclatèrent de rire.
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La nuit était bien avancée et Kolgrim dormait paisiblement. Le reste de la journée s'était passée dans la joie et la bonne humeur : à la demande d'Erika, il avait montré aux autres enfants les Signes, une sorte de magie rudimentaire que tout sorceleur maîtrisait : il avait allumé une chandelle avec Igni, soufflé une petite meule de foin avec Aard, calmé les aboiements du chien du meunier avec Axii, demandé à l'un des garçons de lui balancer une pierre qui avait rebondi contre une sorte de bouclier invisible grâce à l'utilisation de Quen. Pour Yrden, il se contenta de leur expliquer qu'il était utile face aux créatures immatérielles, comme les Spectres ou les Fantômes, les rendant tangibles tant qu'elles se trouvaient dans la zone du Signe, permettant au sorceleur de les blesser avec son glaive d'argent ; il était en outre efficace contre les autres adversaires puisqu'il ralentissait leurs mouvements.
Il leur avait parlé de son médaillon qui était plus qu'un simple bijou car il se mettait à vibrer en présence des monstres, des créatures surnaturelles ou magiques ainsi que de toute personne maîtrisant les arcanes, bardée de protections magiques ou encore portant sur elle des objets enchantés.
Un des enfants lui demanda depuis combien de temps il était sorceleur ; il lui avait répondu qu'il l'était depuis peu, environ sept ans. Ils apprirent ainsi qu'il avait 30 ans et Rachel lui fit remarquer qu'il en faisait beaucoup moins. Léo se souvint alors que l'ancien lui avait dit que les sorceleurs vieillissaient beaucoup plus lentement que les personnes ordinaires. Kolgrim lui répondit par l'affirmative et leur indiqua que son mentor, Bazin, était âgé de 155 ans, c'est à dire 63 ans de plus que l'ancien du village et que, en dehors des rhumatismes, il était en parfaite condition physique.
Un autre s'étonna du fait qu'il n'utilisait pas de bouclier ni ne portait d'armure. Kolgrim lui dit que les sorceleurs privilégiaient un style de combat rapide et acrobatique et qu'une armure plus lourde qu'une cotte de mailles entraverait leurs mouvements. Seule l'école de l'Ours avait mis au point des techniques de combat avec ce type d'armure mais leur style était moins élégant, plus "bourrin". Même s'il combattait la plupart du temps à l'épée, il ne rechignait pas à utiliser de temps à autre une arbalète de poing.
Du style on passa aux monstres et Kolgrim leur parla des créatures qu'il avait combattues. Étant donné qu'il était un jeune sorceleur, il n'en avait pas eu beaucoup à son palmarès mais il pouvait s'enorgueillir d'avoir terrassé bon nombre de Goules, quelques Algoules, une bonne dizaine de Noyeurs, deux ou trois Harpies, un Spectre de Midi et deux de Minuit, un Ekimme, un Troll et enfin une Wyverne. Léo lui demanda s'il avait déjà combattu un Dragon et il lui répondit que ces créatures étaient bien trop puissantes, même pour un sorceleur expérimenté.
Percy lui posa une question intéressante : selon lui qui était le pire, les humains ou les monstres ? Kolgrim lui expliqua que, d'après son expérience, certains humains pouvaient dépasser en malfaisance la plupart des monstres, ces derniers ne faisant en fait que suivre leur nature. Il fit par ailleurs remarquer que certaines créatures étaient intelligentes et inoffensives, comme les Célicoles qui s'amusaient à faire des farces innocentes.
Erika lui avait demandé s'il avait une fiancée et les autres enfants s'étaient moqués d'elle en disant "Ouuuh, elle est amoureuuuuuse !!" suivi d'un "même pas vrai !" de l'intéressée. Kolgrim avait répondu qu'il n'avait pas pour le moment "d'amoureuse" et que de toute manière les sorceleurs se devaient d'être constamment sur les chemins et les sous-bois afin de proposer ses services - ce qu'ils appelaient la Voie - et que de ce fait ils n'avaient pas vraiment le temps de nouer des relations durables.
Voulant rapidement changer de sujet, il leur montra quelques une des potions qu'il utilisait durant ses contrats : l'Hirondelle pour soigner les blessures, le Chat pour voir dans les ténèbres les plus totales ou d'origine magique, le Loriot Doré pour résister aux poisons... Il leur parla également des huiles pour lames qui permettaient aux sorceleurs d'infliger de blessures encore plus cruelles aux monstres ainsi que des bombes qui étaient efficaces pour détruire les nids de certaines créatures, de nettoyer une zone rapidement ou encore de créer une diversion ; sa favorite était le Vent du Nord qui produisait une déflagration de froid intense et qui gelait tout dans la zone d'impact.
Un léger grattement à sa porte le tira de son sommeil. Il n'eut pas le réflexe de se saisir de son arme car il savait qui s'y trouvait derrière mais se mit en position assise. Bientôt la porte s'ouvrit doucement et il distingua sans peine la personne qui se tenait sur le seuil.
- Eh bien, madame, vous n'arrivez pas à dormir ?
Eliabel poussa un petit cri, rapidement étouffé, de peur.
- Comment saviez-vous que c'était moi ?
- Je suis sorceleur, l'auriez-vous oublié ? J'ai senti votre odeur de marguerite avant même que vous ouvriez la porte. D'ailleurs si vous pouviez la refermer...
Tandis qu'elle s'exécutait, Kolgrim alluma une chandelle.
- Alors quel est le but de votre visite si tardive ? demanda-t-il nonchalamment, connaissant déjà la réponse : elle était inscrite sur le visage de son hôtesse, cela crevait les yeux, mais il voulait l'entendre dire par sa propre bouche. En fait il s'était attendu à ce genre de visite et l'avait même redoutée car il jugeait ce genre de situation inconfortable ; il avait des scrupules envers le bourgmestre et il n'aimait pas mélanger le plaisir et les affaires. Bien entendu il pouvait repousser ses avances mais la dernière fois qu'il avait voulu jouer à la loyale, cela s'était retourné contre lui.
Il avait accepté un contrat pour un baron qui avait un problème avec une wyverne. Au terme d'une rude bataille il avait occis la créature, rapporté sa tête au seigneur qui, en plus de l'avoir récompensé en espèces sonnantes et trébuchantes, lui avait offert le gite et le couvert pour la nuit. Touché par cette marque d'attention, Kolgrim avait accepté. La baronne vint le voir en catimini au beau milieu de la nuit et s'offrit de réchauffer la couche du sorceleur. Ce dernier repoussa poliment mais fermement ses avances. La châtelaine repartit bredouille, l'air dépité et Kolgrim pensa que l'affaire en resterait là. Il se trompait.
Quelques heures plus tard, peu avant l'aube, quatre gardes solidement armés se présentèrent à la porte de sa chambre pour l'arrêter. Fort heureusement, il avait pris la fuite depuis belle lurette : une servante du château, qui s'était prise d'affection pour le sorceleur, vint le prévenir que la baronne s'était plainte auprès de son époux qu'il avait tenté de la violer, le seigneur, ivre de rage, décida d'envoyer ses meilleurs hommes pour le capturer et l'amener devant lui pieds et poins liés afin qu'il lui administre une justice des plus expéditives.
Bien sûr, Kolgrim aurait pu attendre les hommes de pied ferme, glaive au poing, et les massacrer mais il n'avait pas envie que des braves types, qui somme toute ne faisaient que leur travail, paient pour les caprices de leur châtelaine.
- Je me suis aperçue que je ne vous avais pas remercié comme il fallait pour avoir sauvé la vie de ma fille... dit Eliabel tout bas.
- Vraiment ? dit-il d'un air faussement surpris.
La femme n'en dit pas davantage mais enleva doucement sa robe de chambre qui tomba à ses pieds, s'offrant complètement nue devant le regard du sorceleur qui ne sembla pas frémir devant le spectacle mais qui en réalité bouillonnait intérieurement. *Tout à fait mon genre : petite, mince avec de beaux petits seins !* se dit-il, du geste il invita la femme du bourgmestre à s'approcher.
Chez une femme, Kolgrim attachait moins d'importance à la taille des seins qu'à leur forme : une poitrine menue avec des tétons qui pointaient vers le haut l'excitait bien davantage qu'une grosse paire de loches. Pour le reste, il préférait les petits gabarits et ce pour deux raisons : elles prenaient moins de place dans le lit et le plus souvent elles étaient plus goulues.
Il rabattit la couverture, dévoilant à son tour son anatomie. Il avait les épaules larges, un corps mince, presque maigre, à la musculature sèche, et dont il émanait une grande force nerveuse. Il avança une main fine puis caressa la peau du ventre de son hôtesse avant de l'emprisonner entre ses bras et l'attirer à lui...
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Le soleil était levé depuis une bonne heure et Kolgrim avait annoncé au bourgmestre qu'il reprenait la route. Il serait peut être resté un peu plus longtemps mais en réalité il n'était pas très fier de ce qu'il avait fait la nuit précédente et il répugnait à rester sous le toit d'un homme qu'il estimait avoir trahi. Bien entendu, s'il avait repoussé les avances de son épouse, cette dernière aurait probablement cherché un moyen de se venger. Ou pas. Mais l'expérience de la femme du châtelain restait gravée dans sa mémoire et il n'avait pas eu envie de courir un nouveau risque de ce genre.
On taxait souvent les sorceleurs d'insensibilité et de froideur, de ne pas avoir d'âme. Rien n'était plus faux. Le processus de mutation leur permettait de mieux contrôler leurs émotions et leur peur mais cela ne voulait dire nullement qu'ils ne ressentaient rien, bien au contraire. Ainsi, même si Kolgrim n'en laissait rien paraître, il avait le cœur gros à quitter cette charmante famille ; les haltes de ce genre étaient rares au cours de ses voyages et il convenait de les savourer.
Il fit ses adieux au bourgmestre, à son épouse, qui affichait une expression neutre, et à Erika, qui pleurait à chaudes larmes, leur promettant néanmoins de revenir à la première occasion. Il sortit, vêtu de son manteau de voyage, portant ses deux épées dans le dos, enfourcha Polka et quitta le village au galop, après avoir salué une dernière fois le trio qui le regardait s'éloigner ainsi que les autres enfants qui coururent pendant un temps à la suite de sa monture tout en lui disant revoir.
- Trois goules de tuées et je n'ai même pas eu de paiement... Ceci dit, j'ai été payé mais en nature !
Dieu merci, son aventure de cette nuit ne porterait pas de fruit : les sorceleurs étaient stériles. Il avait néanmoins laissé un petit quelque chose à une personne chère à son cœur...
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Erika entra dans sa chambre. Dehors le temps était magnifique mais elle n'avait pas envie de sortir. Demain, peut être, elle rejoindrait ses amis pour jouer avec eux mais aujourd'hui, elle préférait rester seule. Elle s'assit tristement sur son lit et se prit le menton entre ses mains.
C'est alors qu'elle remarqua quelque chose sur sa table de chevet, quelque chose qui n'y était pas quand elle s'était réveillée le matin : une petite pochette de velours blanc et qui semblait contenir quelque chose à l'intérieur. Intriguée, elle l'ouvrit et vit à l'intérieur un billet et un petit diamant.
Elle poussa un petit cri de joie et admira la gemme à la lumière du soleil. Elle déplia le billet et y lut ces lignes :
Je reviendrai avec un anneau d'or pour aller avec ton diamant, comme ça tu auras une jolie bague. Kolgrim
P.S. : trouve lui une bonne cachette.