C’était une soirée peu comme les autres au centre-ville; presqu’aucune voiture ne passait, la ville ayant fermé la majorité des routes pour le
Midori No Hi, la fête de la nature. Les bourgeons commençaient à se faire plus présents en ce début de mois de Mai, le printemps voulant tranquillement reprendre sa place, réchauffant les cœurs de tous, et on pouvait le sentir avec les festivités, écologiques, qui se tramaient un peu partout en ville… Excepté à une certaine batisse, ou les dures labeurs se faisaient bien présentes en ce jour de fête.
Ça faisait une bonne heure que l’équipe predators se tenait devant une carte, en silence, laissant au bourdonnement du plafonnier au dessus de leur tête et de la longue table grise envahir la pièce. Le contrat qu’on leur avait fourni avait semblé si facile aux premiers abords; un simple scientifique que leur client voulait rencontrer de façon informelle… Un simple
snatch and grab comme avait si bien dit Uroi. Cependant, le laboratoire ou ils devaient extraire le vip était sous la mer… Vous savez ce fabuleux endroit, ou l’île-état avait décidé de foutre un parc d’attraction et un musée? Honnêtement, pour les touristes, c’est merveilleux, beaucoup rêverait de voir un tel endroit, mais pour un kidnapping, un endroit comme celui-là ou il n’y a qu’une seule entrée/sortie, la tâche devient rapidement ardue.
Le chef du groupe se balança vers l’arrière, le dossier de sa chaise l’arrêtant mollement, et posa ses mains sur sa chevelure brune, poussant un long soupir de consternation.
Je ne vois vraiment pas comment on peut entrer et ressortir ni vu ni connu, encore moins avec la tête de l’équipe de recherche du laboratoire… On a même passé une semaine à regarder les caméras du site, ce mec ne va même pas à la surface!Tous prirent un air plus débité que la seconde d’avant. Sado avait raison, aucun moyen d’entrer sans se faire voir. Le laboratoire avait même des sonars qui empêchaient les sous-marins de s’approcher trop près du site sans se faire repérer… Et ses foutus sonars étaient sur un relai indépendant… Impossible de pirater le relai car il n’émettait absolument aucune onde en dehors du laboratoire, il ne faisait que recevoir…
Quelques minutes passèrent une nouvelle fois dans le silence jusqu’à ce que Matari redressa la tête.
Ce n’est pas tout le système qui est indépendant, celui des ressources humaines est envoyé sur le serveur d’une firme externe! Je peux faire entrer n’importe qui dans leur base de données d’employés, il suffit juste de trouver un plan pour le faire sortir!Concocter un plan, c’est comme écrire un livre. On peut y passer des jours sans jamais se sortir du syndrome de la page blanche, mais quand on trouve une parcelle d’idée, c’est comme ouvrir les valves d’un barrage. Sous les mots de Matari, Sado se leva d’un bon, et se mit à faire les cent pas.
D’accord, voici ce qu’on va faire. Met Ashida et moi dans la base de données des employés, moi en tant que concierge. Les concierges ont tous les accès, surtout dans un laboratoire, il faut que tout soit impeccable, Ashida sera un infirmier. Ashida, trouve-nous un poison à donner au vip, il faut qu’il se sente mal et qu’on ait besoin de l’évacuer, mais ça ne doit pas le tuer. Uroi, tu vas devoir voler une ambulance, le plus tôt possible. On va l’évacuer par ambulance et faire croire à une embuscade à ce moment. On détruit l’ambulance et on retrouve nos corps calciné avec nos ID dans les décombres. On va aussi avoir besoin de trois cadavres, donc un petit tour à la morgue va s’imposer pour toi, Ashida.Pour sa part, durant la phase de préparation, Sado allait faire un tour au parc d’attraction. Il devait s’assurer de ne pas avoir d’ennui, mais surtout d’avoir un plan de contingence, si le tout ne marche pas comme prévu.
Centre d’attractions sous la mer / Sadotoru
Sado n’en revenait pas. Cet endroit était une petite bulle sous la mer, mais c’était tellement spacieux qu’ils y avaient construit une grande roue, des stands d’adresse et de multiples manèges si hauts que juste à les regarder d’en bas lui donnait le vertige. La cupidité humaine ne cessera jamais de l’impressionner. Mais bon il n’était pas là pour les manèges, mais bien pour faire du repérage. Avec son appareil photo, Sado fit quelques prises d’agents de sécurité, mesures protectives et portes blindées, le tout camouflé par ce qu’un touriste aurait pu considérer digne d’être dans une photo. Dans son sac pour l’appareil photo, il avait également dissimulé un pistolet qu’il venait d’acheter d’un vendeur d’armes indépendant, déjà monté avec le suppresseur d’attaché dessus. Une fois s’être assuré que personne n’était dans les parages et d’être dans l’angle mort des mesures de sécurité, il sortit rapidement l’arme et la dissimula sous une roche, creusant un petit trou pour qu’elle ne paraisse aucunement.
Ce n’était qu’une mesure de sécurité, un au-cas-ou, et n’avait aucun remord à la laisser là s’il n’en avait pas besoin. Remords qu’il aurait eu s’il y avait caché son arme favorite.
Centre-Ville/ Uroi
Pour avoir l’ambulance, Uroi avait fait appel à quelques contacts qu’il lui restait dans le cartel chinois. Uroi n’aimait pas faire de mal aux gens innocents, mais il devait arriver à ses fins, et s’il pouvait faire une pierre deux coups, c’était une victoire pour lui, autant sur le plan spirituel que le plan professionnel. Il avait donc demandé quelle équipe d’ambulanciers travaillait pour les japonais; mieux vaut avoir des médecins et des ambulanciers de leur côté, il fallait bien quelqu’un pour amener les Yakuzas aux bons docteurs. On lui donna quelques noms, des noms qu’Uroi traqua pendant leurs travaux et remarqua que les numéros des ambulances qu’ils conduisaient n’apparaissaient sous aucune bannière médicale. Étrange, mais un coup de chance pour les Predators, personne ne remarquerait la disparition de deux ambulanciers et une ambulance qui n’apparaît dans aucun registre. Excepté le crime organisé, mais ceux-ci vont juste blâmer une autre faction.
Alors qu’ils répondaient à une urgence, des Yakuzas qui s’étaient fait attaquer dans une ruelle, merci à nos amis du cartels, Uroi s’avança tranquillement et sorti une arme de son holster de hanche. Les deux para-médics reçurent une balle chacun avant de tomber au sol, mort sous le coup. Aucune hésitation à avoir, c’était deux sacs à merde, de toute façon. Avant que la police ne débarque, Uroi se hissa dans le véhicule blanc, après s’être assuré qu’il soit vide, et ira le conduire jusqu’à une planque dont lui seul connaît la localisation.
Morgue/ Ashida
La partie d’Ashida s’était remplie très vite. Matari lui avait fait un faux badge de police fédérale et un mandat pour rapatrier trois cadavres, il n’avait eut qu’à le présenter à la réception et ces derniers étaient pressés d’obtempérer. Personne n’ose réellement contredire un mandat, on lui avait même fourni un véhicule pour les transporter et on avait chargé les précieux corps pour lui.
Tout ce qu’il eut fait, c’était de se prendre un coca diète de la machine et les regarder à l’œuvre, content de l’avoir facile, pour une fois.
Pour le poison, il avait simplement prit une petite plante surnommée l’herbe du diable; le Datura Stramoine. Ils n’avaient qu’à l’introduire dans un plat que le scientifique mangerait ou quand il viendrait à la clinique, mais pour l’instant, il se contenterait de l’amener au QG.
QG / Matari
Un seul firewall pour toute une base de données d’employés d’un site hyper sécurisé… C’en était une véritable honte! Ça avait prit dix minutes à Matari pour entrer dans le système, ajouter les noms et les photos des deux infiltrés et il était en train de leur imprimer leur cartes à puces. Les deux mains jointes derrière la tête, il regarda l’imprimante 3D nextgen faire les cartes et une autre machine créer les puces en se disant qu’il était si bon d’avoir tout le budget qu’on voulait pour acheter quoi que ce soit.
Pour le système de caméras, Matari l’avait déjà infiltré une semaine auparavant, pour trouver un point d’attaque sur le scientifique.
Désormais, toutes les phases de préparation étaient accomplies. Il ne restait qu’à accomplir la mission.