«
Ils sont là… -
Alors, il faut se dépêcher ! »
Les chevaux hurlèrent, et les cavaliers se mirent à dévaler la pente montagneuse, se rapprochant du temple en contrebas, qui était en flammes. Le Maelström, le nom donné à l’épais nuage noir, était déjà là, flottant au-dessus de leurs têtes, vomissant des flopées d’éclairs et de perturbations magiques, faisant apparaître quantité de monstres hideux et redoutables. Parfois même, des météores enflammés jaillissaient du Maelström, sans parler des conditions climatiques perturbées, les orages surpuissants s’enchaînant à des tempêtes de neiges. Il était suicidaire de s’enfoncer dans le Maelström, mais, en ce moment, les paladins n’avaient pas le choix. Leur mission était tout simplement fondamentale, et, s’ils échouaient, c’était le sort du monde entier qui en serait impacté.
Personne ne pouvait dater précisément l’apparition du Maelström, ni son origine. Beaucoup retenaient néanmoins l’hypothèse d’un fléau divin, une punition des Dieux pour purifier le monde. En tout cas, les royaumes avaient tous sombré, et, désormais, le monde n’était plus gouverné que par l’autorité omnipotente de l’Église. Le Maelström était le nom donné à un immense nuage noir, qui, peu à peu, recouvrait le monde entier. Beaucoup de Rois différents avaient essayé quantité de sortilèges pour repousser le Maelström. Mais rien n’avait tenu, que ce soit les dômes magiques, les sphères, ou les sortilèges complexes. Le Maelström corrompait et détruisait tout ce qui passait sous lui, non seulement en vomissant des monstres par nuées, ou en perturbant les conditions atmosphériques, mais aussi en influant sur les morts. Ces derniers revenaient à la vie, leurs yeux devenant verdâtres, et uniquement animés par la volonté de tuer les autres humains, formant une redoutable horde qui avait déferlé sur le monde.
Le Maelström était là depuis plusieurs années, et les survivants avaient tous fini par se rallier à l’autorité de l’Église. Le monde affrontait sa plus grande menace. Le désespoir n’avait pour autant jamais étreint le cœur de
Mirwën, qui avait toujours cru que, tôt ou tard, l’humanité trouverait un moyen de repousser le Maelström. Cette grande guerrière, vétéran de nombreuses batailles, était une légende au sein de son Ordre, et ce n’était pas pour rien si le Grand-Maître lui avait ordonné de mener cette mission périlleuse. Au sein de l’Ordre, elle était la Maître de Guerre, soit le titre le plus élevé à l’exception du Grand-Maître.
Mirwën avait traversé des territoires ravagés vers le Sanctuaire des Monts-Élos avec une compagnie composée des meilleurs paladins de son ordre. Leur mission était de récupérer dans ce temple un nouvel espoir, une femme qui, à en croire les Archivistes et les Cardinaux de la Cité de Lumière, disposait du pouvoir de repousser le Maelström : une femme qu’on surnommait l’
Éclat Divin. Malheureusement, le Maelström, à supposer qu’il soit bien conscient, se dirigeait tout droit vers les Monts-Élos. Il y avait bien une caserne militaire affectée à ces monts frontaliers, mais ils étaient bien insuffisants pour repousser les hordes de monstres du Maelström.
Les paladins avaient voyagé sans relâche. Mirwën affrontait le Maelström depuis des années, et elle savait que, quand on était sous le Nuage Noir, les chances de survie étaient très faibles. Même à l’extérieur, le monde était dangereux. Depuis l’apparition de ce fléau, les monstres étaient plus nombreux, plus puissants, plus
dangereux. Or, pour rejoindre les Monts-Élos, il avait fallu traverser une grande forêt, jadis magnifique et luxuriante, désormais ravagée par les monstres.
Le Sanctuaire des Monts-Élos,
Amfisbena, était historiquement une magnifique forteresse frontalière, qui, depuis les Monts, surveillait toute une grande région montagneuse. Le père de Mirwën avait connu l’époque où le Maelström n’était pas là, et où Amfisbena était un lieu de villégiature par excellence. Maintenant, le fort était en flammes, et les soldats se battaient avec acharnement pour protéger l’Éclat. Des monstres ailés dansaient au-dessus du fort, ainsi que d’autres qui marchaient au sol, et fondaient sur eux.
«
Si l’Éclat est perdu… -
C’est possibilité ne doit même pas être évoquée, coupa court Mirwën.
Allez, mes Frères ! Chargez ! Par la Lumière d’Ilthwën ! »
Mirwën brandit son épée magique, et, malgré l’obscurité qui régnait du fait du Nuage Noir, celle-ci s’illumina, formant comme une puissante torche qui éclaira le groupe, puis les cavaliers fondirent vers Amfisbena, en sachant qu’ils étaient tous sacrifiables.
Seul comptait l’Éclat Divin.