Anastasia avait puisé ses ultimes forces dans cette attaque désespérée, qui aurait pu marcher... Mais échoua. En retour, elle reçut une avalanche de coups. Une femme normale aurait été défigurée, mais, tandis qu’elle s’effondrait, Grak pouvait noter un élément très pratique. La Reine d’Arman n’était pas juste une guerrière exceptionnelle, elle était aussi imbibée de magie. La magie blanche suintait en elle, de sorte qu’elle pouvait se soigner. C’était aussi ce qui la rendait si hargneuse au combat. Les coups de l’Orc Noir avaient mutilé la femme, lui arrachant des dents, défonçant son arcade sourcilière, et les Orcs virent les hématomes partir, son corps redevenant rapidement aussi pur qu’auparavant.
Quand Anastasia se réveilla, elle sut rapidement où elle était. L’Orc était grimpé dans ses appartements, au sommet de la Citadelle, sur une grande tour qui dominait toute la région. Ici, on flottait près du ciel. La Flèche d’Ivoire, ainsi qu’on l’appelait, se dressait au milieu de la citadelle, et la citadelle était déjà haute, surplombant la région. On avait une vue imprenable d’ici, et le soleil dardait ses rayons sur la région. La nuit approchait, et le vent fila le long des cuisses d’Anastasia. Nue, elle comprit qu’on l’avait attaché à un pilori, mais ce qui, surtout, la réveilla, ce fut les cors de guerre de l’armée d’Arman.
La cavalerie royale était là ! Anastasia sentit son cœur bondir dans sa poitrine. La plaine devant le fort était recouvert de multiples carrés noirs, correspondant aux milliers de cavaliers de son armée. Et, comme si son geôlier avait pris connaissance de ce bonheur, l’Orc Noir s’approcha. Il se glissa sur sa droite, et elle serra les lèvres, sans rien dire, pour le voir devant elle. Nu et massif, le corps de Grak était parcouru de plusieurs cicatrices, et son visage était face à un phallus particulièrement imposant... Et puant. Elle grogna.
«
Mon armée est là, c’en est fini de toi et de tes Orcs, tu vas payer ! »
Pour toute réponse, Grak se retourna, et lui présenta son plan. Anastasia, qui avait une très bonne vue, vit ainsi que les Orcs avaient profité des quelques heures disponibles pour retourner les défenses du château contre la cavalerie. Si les Orcs avaient pu passer, c’était aussi parce qu’ils avaient utilisé des gobelins pour s’infiltrer par les égouts, et déverrouiller les corps de garde. La capitale d’Arman était très grande, et, pour rejoindre la citadelle, il y avait plusieurs couches successives de remparts, la ville s’étalant autour de la montagne sur laquelle on avait bâti la citadelle. Les remparts externes étaient les plus résistants, énormes, avec quantité de pièges multiples. Outre les fosses piégées, il y avait aussi, le long des murs, des trébuchets, des balistes, des mangonneaux, et, en contrebas, Anastasia vit les Orcs déployer de gros lance-pieux.
«
Non... »
Elle vit ses ennemis s’emparer de flèches enflammées, et comprit que Grak avait dû avoir accès à la réserve de brai située dans les souterrains de la citadelle.
«
Non ! »
Plus que tout le reste, le brai était une arme mortelle, un système défensif qui avait sauvé à plusieurs reprises Arman. Elle déglutit en serrant les poings, et se débattit vainement. Le collier d’obsidienne se mit à briller en absorbant sa magie, et elle grogna.
«
Ne fais pas ça ! »
Elle se débattit encore, mais en vain. L’Orc Noir avait déployé des fosses empoissées, invisibles sur le sol, et ses hommes n’attendaient plus qu’il souffle dans son cor pour les incendier. Ensuite, ses Orcs attaqueraient pour les prendre en tenailles, chevauchant de redoutables
Wargs. Les cavaliers se ruaient vers la ville, convaincus, en voyant les flammes brûler dans la citadelle, qu’il fallait agir rapidement.
Anastasia frémit en sentant le chibre tendu de l’Orc caresser ses fesses, et hurla encore.
«
JE TE TUERAI !! NE FAIS PAS ÇAAAA ! ORDURE !! TU VAS CREVER, SALE FILS DE PUUUUTE !! »
Le cor de guerre orc résonna alors, et les Orcs lancèrent leurs flèches, enflammant la pointe dans les braseros, puis tirèrent ensuite au jugé. Les cavaliers virent les flèches tomber, et les évitèrent sans trop de peine... Mais le sol se mit alors à bouillir, et, sous leurs yeux horrifiés, ils virent le sol devenir du feu, et les flammèches devinrent d’épaisses flammes. En quelques secondes, tout le brai répandu se mit à s’enflammer, et Anastasia hurla en pleurant, quand elle entendit les clameurs des cavaliers. Le feu se répandit comme une traînée de poudre, en plein milieu de l’armée royale, et les cors de guerre des chevaucheurs wargs rugirent alors, ces derniers fondant sur leurs adversaires...