Peu après son départ, la réplique de Mira face aux attaques vint finalement sous forme de menaces et d'une sorte de discours dans les haut-parleurs disséminés un peu partout dans la ville pour mieux faire passer le message qu'une simple annonce faites pour les hérauts dans les rues de Ghibli. Les menaces pleuvaient. Les propres hommes d'Isabella devaient surement être en train de réfléchir rapidement a la situation. Elle pesta en silence et, trouvant une salle inutilisée, y entra pour s'asseoir sur une chaise, le regard bas, en pleine réflexion. La rébellion avait duré depuis quelques années, et évidemment, la morale de ses propres hommes avaient vacillé par moment, mais elle s'était toujours assurée que l'équilibre revienne au bout d'un moment, qu'ils retrouvent leur entrain.
Mais là ? Jamais il n'y eut de cas pareille, ou un rebelle avait été capturée. Elle pourrait décider d'entrer dans la cellule et le tuer comme elle l'avait fait avec le premier, mais ce serait suspicieux. Déjà que le premier prisonnier est mort durant qu'elle était là, être en présence d'un autre prisonnier aurait déplu à Mira. Elle se serait mise à surprotéger encore plus son propre enfant. Elle savait que beaucoup de ses hommes étaient réalistes, que se rendre ou ne rien révéler aurait des répercussions exactes, la mort et la souffrance, donc peu de chance de s'en sortir. Qui plus est, être en prison, pour eux, ils risqueraient de se faire interroger.
Sortant de sa poche une sorte de bille de métal dorée, Isabella murmura quelques mots en langage magique, et la bille brilla jusqu'à projeter une sorte de lumière devant elle. Quelques secondes passèrent et un homme apparut dans l'image de lumière, l'air inquiet mais sérieux.
-Isabella... Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Un de nos hommes s'est fait véritablement capturer. Je ne sais pas comment, cependant. Je sais simplement qu'il est dans nos cachots. Sa signature magique ne me trompe pas, Haydan. Il est inconscient, grâce a mon sceau. Mais tôt ou tard, ma propre mère trouvera un moyen de le réveiller et de le faire parler.
Le dit Haydan pesta dans la langue du désert, crachant au sol d'un air rageur avant de soupirer, regardant Isabella dans les yeux, l'air pensif.
-Que pouvons-nous faire, Isabella ? J'ai déjà vent que la plupart de nos hommes veulent rejoindre le palais... Sa menace fonctionne. Je pense qu'il y aura trahisons. Ils ont des enfants, pour la plupart. Penseras-tu qu'ils prioriseront la rébellion ou leurs propres enfants ?
-Je préfère qu'ils nous laissent derrière que de continuer la rébellion... Je suis peut-être une femme qui n'hésite pas à se salir les mains, mais je ne mettrais jamais d'enfants en danger.
Haydan hocha la tête, tandis qu'Isabella soupira de nouveau pensive. Non, il n'y aurait pas assez de temps.
-Je pense que nous devons accélérer les choses, Isabella, fit Haydan, auquel Isabella acquiesça d'un hochement de tête. D'ici la semaine prochaine ou dans ce mois-ci, Mira doit tomber. Que cela soit avec ou sans sa tête.
Isabella fronça des sourcils, déplaçant quelques mèches de cheveux. Elle avait toujours prévu de faire tomber sa propre mère de son trône et de la juger ensuite pour ses crimes... Mais la tuer ? Elle avait envisagé la possibilité. Penser est une chose. L'appliquer en est une autre. Que fera-t-elle, le moment venu ? Quand la population déclarera sa mort ? Isabella ne le savait pas. Ce n'était pas encore le temps d'y penser.
-Isabella... Je crois que d'ici demain, nous verrons si nous aurons des traitres, ou non. Repose-toi cependant, aujourd'hui. L'attaque organisée d'aujourd'hui fatigue tout le monde, mentalement.
Isabella soupira.
-D'accord. Toi aussi, Haydan.
La princesse éteignit la bille et les communications magiques furent rompues. Isabella se leva et se dirigea vers sa chambre personnelle, aussi luxueuse que la chambre qui fut autrefois celle d'Eris Langnar, et s'assit à son bureau pour y écrire divers poèmes, pour passer le temps et s'occuper l'esprit, ne voyant pas le temps passer vite.