Quand Karl vit la calèche arriver, puis s’arrêter devant son stand, c'est tout naturellement qu'il se porta à la rencontre de ses occupants... Ses occupantes, pardon. Deux femmes, l'une humaine, l'autre terranide, toutes deux drapées de robes précieuses, elles transpiraient la richesse de partout. La possibilité d'une bonne vente pour le marchand...
« Je cherche à acheter de belles esclaves, donc des femmes... Et pas des humaines, car j’en ai déjà beaucoup. On m’a dit que vous aviez du stock intéressant, je serais donc curieuse de voir ce que vous avez à me proposer... Et je m’appelle Mélinda. Mélinda Warren. »
Mélinda Warren. Le nom ne lui disait rien. Mais, si elle avait les moyens de se promener dans une calèche chic, vêtue de la sorte, alors elle avait de l'or à dépenser. Karl la guida vers la tente réservée aux lots particuliers.
"Soyez la bienvenue dans mon humble étal, Dame Warren. Ici, se trouvent mes meilleurs biens, les plus belles esclaves. Ici, de splendides terranides, ravissantes et dociles."
Karl lui montrait l'emplacement où quelques Neko, Inu, Kitsune et même une Ushi attendaient avec patience teintée de crainte qu'un maitre en fasse l'acquisition. Le marchand ne mentait pas sur la beauté des terranides, il les avait choisies lui-même, et n'avait pas hésité à investir dans des soins du corps. Une belle esclave, c'est une plus-value, et est plus susceptible d'être vendue.
Mais il n'était pas bête pour autant. Cette Mélinda est accompagnée d'une terranide, il y aurait fort à parier qu'elle en possède une dizaine d'autres dans son manoir. Alors, une de plus, une de moins... Tout cela n'était qu'une mise en scène, présenter un produit banal en premier, pour augmenter illusoirement l'aspect exceptionnel du produit suivant.
"Mais peut-être préférez-vous quelque-chose de plus original ? J'ai ici une harpie, de quoi augmenter votre prestige."
Aah, la harpie... Elle était calme, en raison des drogues mélangées à sa nourriture. Sinon, dans cette cage à peine assez grande pour elle, elle aurait été trop agitée pour être vendable. Karl ne doutait pas que cette Mélinda pourrait être intéressée par cet achat. Elle avait autour d'elle une sorte d'aura d'autorité, et il la voyait bien dominer une assemblée du haut de son balcon, et une harpie à ses cotés renforcerait cet aspect.
D'un autre coté, acheter une harpie n'est pas sans soucis. Après tout, elles sont sauvages, dures à dresser, et difficiles à entretenir. C'était surtout un lot réservé à des connaisseurs. Tout ce que souhaitait Karl, en fait, c'était amener Mélinda à une conclusion : seul le troisième lot serait intéressant. Et, comme par hasard, le plus cher...
"Mais peut-être une Dame de votre rang souhaiterait des esclaves plus à même de se rendre utiles à votre volonté ? Si tel est le cas, j'ai un excellent mélange de beauté, d'exotique, et d'agréable, à vous présenter..."
~~~~~~~~
Dans leur alcove, Seren coiffait les cheveux de sa cadette Serys. Maitre Gebst leur avait dit de prouver leur valeur, il fallait donc qu'elles soient aussi belles que possible. On leur avait apprit cela, plus une esclave est belle, plus elle a de la valeur. Seren et Serys savaient prendre soin l'une de l'autre, il le fallait. Seren achevait le brossage quand elles entendirent le vendeur se rapprocher de la tente...
"Un client ? Allons-nous être vendues ?"
"Patience, petite soeur, nous verrons."
Elles entendirent le marchand vanter la qualité des différentes esclaves, et perçurent une voix féminine répondre. Serys interrogea du regard son ainée : une femme ? Maitre Enrick semblait pourtant dire que des hommes seraient plus intéressés... Elles n'eurent pas le temps de poursuivre plus loin, Karl Gebst et sa cliente arrivèrent bien vite devant les deux elfes, qui s'inclinèrent respectueusement.
"Et voici ma plus belle marchandise. Si je puis me permettre, je doute que vous trouviez semblables esclaves dans ce marché. Et pour cause, leur sang est moitié elfe, moitié drow. Elles ont été dressées par Enrick en personne, je peux vous garantir leur obéissance. De même, elles ont été formées à diverses taches ménagères, vous aurez toujours une utilité à ces esclaves."
Seren et Serys s'inclinèrent de nouveau.
"Enchantée, noble Dame."
"Enchantée, noble Dame."
Karl semblait satisfait de la petite démonstration d'obéissance spontanée des deux elfes. Pour le reste, les quelques bijoux et les toges légères qu'elles portaient faisaient leur effet. En effet, les voiles diaphanes révélaient autant qu'ils cachaient leurs formes sous les courants d'airs dansants, mettant en valeur leurs peaux aux teintes si particulières, que l'huile de corps faisait légèrement luire.