S'engouffrant dans ses rêves, la jeune femme se laissa porter par les vagues de son esprit semblable à un lac tranquille qui n'avait jamais été troublé depuis un bon moment déjà. Réfléchissant aux récents événements, Éris se demanda si elle allait vraiment prendre part aux grands événements de ce monde. La jeune Langnar se sentait... Divisée en elle, pour le moins dire. D'une part, elle pourrait faire partie d'événements auquel le royaume de la princesse Rhian lui sera éternellement redevable, elle et sa famille. Ils ne pourront rien lui refuser, ou presque, et c'était un coup risqué, car, d'autre part, ce Warlock, être ultime et légendaire, ancien et puissant, pourrait la détruire elle est sa famille ainsi que ce monde.
Se trouvant dans la vaste inconscience intérieure de son esprit, Éris, entièrement nue mais ne possédant aucun attribut qui pourrait dévoiler son sexe, tétons et intimité incluse, se mit sur ses genoux et réfléchit, mains sur ses cuisses, yeux fermés. Que fallait-il faire ? Fallait-il vraiment aider la princesse Rhian ? Ou au contraire, la laisser partir avec un tant soi peu de ressources pour la route . Elle n'était pas forcément une femme sans-cœur mais pour protéger certaines choses, il faut bien en sacrifier d'autres. Elle était prête à le faire. Pour protéger elle-même comme les autres.
Sentant une froide présence entrer dans sa conscience, elle ouvrit avec lenteur ses yeux et apercevait l'entité de sa famille. Humanoïde en apparence, elle ne pouvait guère deviner ses traits, fumeux et possédant des yeux qui brillaient d'une vive lumière argentée. La jeune femme ne se contenta que de sourire et de laisser entièrement sa conscience ouverte pour l'entité qu'elle avait déjà vue une fois, il y a de cela un moment, sous forme... Humaine, ce qu'elle pensait être humaine en tout cas.
Elle sentit une sensation de givre parcourir son esprit mais tint bon, l'entité l'analysant. Mystérieuse et liée aux Langnar depuis le début de leur création en ce monde, elle était liée à chacun Langnar, hommes ou femmes. Étant possesseur du Viik Torhan, la jeune femme était particulièrement affinée avec cette ancienne présence. Elle resta silencieuse et enfin, la présence finit par disparaître de son esprit, ce qui réveilla Éris. Découvrant que le jour s'était levée, elle battit lentement des paupières et se mit en position assise, frottant ses yeux. Le ciel était pale et aucune fumée ne s'élevait dehors. Se levant de son lit, elle s'étira longuement par la suite et décida de sortir de sa chambre pour se diriger vers celle qu'occupait Rhian, c'est-à-dire sa propre chambre.
Elle entrouvrit la porte en silence et vit que Rhian s'était couchée sur le lit et semblait profondément endormi. Eris ne fit que sourire et se retira ensuite. Une idée vint dans son esprit. Ordonnant avec son esprit que Mualim prépara certaines choses, elle ordonna aux autres employés de la maison de préparer le déjeuner, ce qui se fit rapidement. Les avantages de posséder des employés efficaces, des elfes doués dans l'art culinaire, qui faisaient aussi office de garde du corps. Une cuillère pouvait faire mal.
Elle cogna quelquefois à la porte avant de l'ouvrir.
-Le soleil s'est levée, Rhian...
Eris afficha un sourire en voyant Rhian se réveiller avec un air fatiguée. S'approchant d'elle, elle se baissa proche de son visage, et avec son doigt, retira quelque chose proche de ses lèvres... et le leva devant ses yeux.
-Vous avez bien bavé sur mon lit cette nuit, Rhian. J'espère que vous avez bien marquée votre territoire.
Ricanant, elle fit disparaitre la salive de manière magique.
-Venez, le déjeuner est prêt... Qui plus est, j'ai des idées pour vous.
Eris sortit de la chambre et descendit les escaliers pour ensuite rejoindre une salle adjacente proche de l'entrée principale de la demeure, une grande cuisine contenant une large table auquel était déposée des mets pour bien se réveiller le matin. S'asseyant a une table, elle regarda ensuite Rhian qui s'assit par la suite.
-Voila, Rhian... Je suis bien consciente que vous ne m'aimez pas, évidemment. Moi, Vipère, qui peut tuer aussi facilement que de tuer une mouche vos propres gens. Alors voila ce que je vous propose. Je peux vous laisser partir loin d'ici avec un navire qui appareillerait discrètement pour vous emmener dans un village de pécheur quelque peu éloigné mais souvent fréquenter par le genre de navire que je vous prêterais. Ils ne diront rien de toute façon, ils ne quittent pas leur hameau. Ou je peux aussi vous donner une escorte armée de mercenaire déguisé qui auront comme ordre d'escorter une des nombreuses caravanes qui vont quitter la cité aujourd'hui.
Une option ou l'autre, vous quitterez discrètement la ville, c'est une saison ou beaucoup de commerçant vont et viennent, soit pour se réapprovisionner ailleurs soit pour aller chercher fortune quelque part d'autre. Ce serait l'option la plus pacifiste et la plus calme pour vous. En revanche, en voici une autre. Nous pourrions infiltrer cette nuit le château du seigneur de cette ville et chercher dans son bureau quelque chose qui l'inculperait de trahison, car croyez-moi, enfin si vous le voulez, il n'y a que lui et l'Intendance de l'Immigration pour vérifier la liste exacte des passagers de bateaux, de navires, etc. Nous le ferons discrètement, aussi. Dite vous ceci cependant: si trahison il y a dans cette ville, alors vous devrez faire deux choses: fuir ou appliquer une sentence.
Attrapant proche d'elle une orange qu'elle pela pour y croquer dedans ensuite, du fin jus s'écoulant du coin de ses lèvres, elle avala et sourit, révélant des dents parfaitement blanche et bien alignée.
-Tôt ou tard, il va falloir faire quelque chose. Dans ce genre d'événement, rien ne pourra se passer comme vous le voulez. Votre Royaume va être secouée, majesté.