Papua était un vaste royaume. À l’origine, il s’agissait d’une fédération de différentes circonscriptions administratives : califats, sultanats, royaumes… Progressivement, toutes ces régions s’étaient rapprochées, de telle sorte que, historiquement, avant d’être une province impériale, Papua avait été un
empire. Un grand empire de sable s’étalant sur des centaines de kilomètres, et qui était encore subdivisé par les anciens royaumes ayant formé cet empire. C’était ce qu’on pouvait voir sur la
carte de Papua.
Au sein de la vaste province impériale, il existait une grande diversité de revenus. À l’est, on trouvait les régions les plus riches, car situées le long de la mer et des routes commerciales. Papua se trouvait ainsi à l’extrême est du royaume, le long de la Mer de Papua. Et, à l’ouest, on s’enfonçait dans les terres, dans le désert. Les populations étaient moins nombreuses, il y avait moins de gardes, plus de ruines… Ainsi fonctionnait Papua. Entre les deux grandes régions papuannes, il y avait une province centrale,
Malakim. On surnommait cette ville «
capitale de l’intérieur », tant Malakim était centrale au sein des terres intérieures. C’était la dernière grande ville avant de rejoindre les régions occidentales.
Malakim était reliée à la capitale par le fleuve de Papua, fleuve qui trouvait son embouchure à Papua, et remontait encore plus loin. Continuellement, les navires marchands remontaient le long du fleuve pour aller entre les deux villes, convoyant aussi bien des marchandises que des personnes. Malakim était une belle ville, mais assez différente de Papua, car elle n’était pas proche de la mer. Il n’y avait donc pas le vent frais pour les rafraîchir, mais, au contraire, des vents chauds venant du désert.
C’était ici qu’un navire s’arrêta, venant de la capitale. Le soleil se couchait sur la cité, et les passagers commencèrent à descendre.
«
Voici Malakim, mon fils ! s’exclama un homme en posant sa main sur son enfant.
L’un des joyaux de Papua ! La somptueuse cité au milieu du désert ! »
Le brave voyageur était visiblement sous le charme, et, sous la capuche de sa bure, la femme sourit. Elle avait pris de gros risques en embarquant clandestinement dans ce navire, mais tout avait fonctionné à merveille. En ce moment, une forte inquiétude devait régner au sein du Palais, mais… Il avait fallu le faire, tout simplement. Rhian
sentait que son frère était en danger.
Il y a quelques semaines,
Herebos, son frère, était parti vers les grandes régions occidentales pour y affronter des hordes inquiétantes de brigands. Une mission de sécurisation du territoire, qui, en théorie, était sans problème… Mais Rhian, depuis plusieurs jours, avait un terrible mauvais pressentiment, et se réveillait à chaque fois en pleine nuit totalement paniquée, faisant des cauchemars horribles où elle voyait son frère mourir au fin fond d’
El-Nolom, la province papuanne la plus éloignée du royaume. Elle avait reconnu, dans ses songes, les têtes des immenses statues décapitées, à l’emplacement où, historiquement, Nomeydas Thoris, son ancêtre, avait vaincu le Warlock.
Rhian était convaincue que ces attaques de brigands dépassaient, et ce de très loin, de simples assauts désorganisés. Elle était persuadée que tout cela était lié au Warlock, et c’était pour ça qu’elle avait fini par embarquer à bord de ce navire, délaissant ainsi sa famille et ses proches.
*
Ils m’en voudront, c’est sûr, mais ma priorité est de venir en aide à Herebos…*
Personne ne voulait la croire, sa mère lui disait qu’elle s’inquiétait trop, et qu’il fallait qu’elle attende… Mais Rhian était
têtue.
Elle était donc à Al-Malakim, et ce n’était que le début de son périple…
…De son
odyssée.