Pauline. Pauline ! PAULINE ! Mais, c’était… C’était totalement fou. C’était… C’était n’importe quoi… Elle avait disparu, elle avait complètement disparu, et elle était là, comme si de rien n’était… Camille commençait de plus en plus à questionner tout, même la notion même de réalité… Avait-elle véritablement voyagé dans le passé ? Ou elle s’était retrouvé dans une autre dimension, où elle avait toujours été une fille… Cela expliquerait tant de chose, sur comment elle s’était retrouvée ici, comment cela s’était passé… Bon dieu, elle restait abasourdie, rien que par le fait qu’elle discutait avec Pauline. Bien entendue, elle se souvenait PARFAITEMENT de la crasse qu’elle lui avait fait, il y a bien longtemps maintenant… Est-ce que Pauline s’en souvenait ? C’était une jeune demoiselle à l’époque… Oh, non, elle ne s’en souvenait sans doute plus… C’était… Elle restait paralysée, quand soudainement.
- Avoues ! Je sais que c'est toi ! Comment ça se fait ? Tu étais bien un garçon pourtant... Je ne comprends pas
« ... »
Alors, donc, non. La théorie du monde parralèle venait d’être jeté aux oubliettes. La fameuse Pauline se souvenait d’elle comme un garçon. Encore heureux, cela voulait dire qu’elle n’était pas folle, et que tout cela s’était vraiment passé. Elle s’était vraiment transformé en fille. Elle écouta alors la suite des déclarations de sa cousine :
- Tu es bien moins intimidant maintenant que tu as ce corps. Et je dois dire que le changement de ta voix a été bénéfique. Tu avais une voix cruelle... On a une heure de libre, alors prends ton temps pour tout m'expliquer. Tu me dois bien ça, n'est ce pas ?
« Co… Comment tu peux imaginer ça… ? »
C’était n’importe quoi. Bon, elle ne savait pas trop quoi dire, par rapport au changement de voix ni le fait qu’elle aurait eu, à l’époque où elle avait été un garçon, une voix « cruelle »… C’était peut-être bien possible, après tout, mais bon… Quoiqu’il en soit, elle n’osait même pas imaginer comment sa cousine pouvait accepter cela aussi facilement. Restant toujours bouche bée, elle commença à se réhabiller. Elle n’avait pas envie de rester nue devant sa cousine, encore moins quand celle-ci, elle, s’était rhabillée. Comme toujours, si elle n’eut aucun problème à mettre sa culotte, elle galéra à installer son soutien gorge. Heureusement, sa cousine lui donna un coup de main, permettant à la petite poitrine de la demoiselle de se trouver de nouveau bien à sa place. Camille termina alors de s’habiller, alors que son interlocutrice, elle, déclarait tranquillement, sans une once de moquerie :
- D'après ce que je vois, ta transformation doit être récente, n'est ce pas ?
« T’as toujours été une idiote… Et il faut être une idiote, pour croire cela... »
Camille le pensait totalement. Là, dans sa voix, on reconnaissait « le » cousin, avec une voix moqueuse, sarcastique… Bref, du Camille Catalino comme on avait plus l’habitude. Et elle le pensait donc entièrement. Il faut dire… Oui ! C’était une histoire à dormir debout ! L’idée même qu’elle soit enfaite, un garçon qui a été transformé en fille, était une histoire complètement folle, et… Et bien, elle était vraie. Et évidemment, pensait la fameuse Camille… Si une personne était suffisament stupide, pour ne pas remettre en question cela, cela ne pouvait être que Pauline Catalino, sa cousine. Et l’unique personne qu’elle ne voulait pas revoir… Enfin, non, c’était loin d’être la seule que Camille ne voulait pas revoir, mais bon, c’était le cas… Camille, en tout cas, devait s’expliquer… Elle déclara alors, d’une voix relativement hésitante :
« Yeap, c’est moi Camille… En effet, j’ai… Comment expliquer… C’est... »
C’était en effet très difficile à expliquer. Limite, Camille ne savait pas du tout comment faire. C’était extrêmement complexe. C’était une situation complexe à vivre, et presque impossible à raconter… Mais bon, elle n’avait pas le choix. Elle prit une grande inspiration, et tenta d’expliquer de manière relativement la plus clair possible.
« C’était il y a peine quelques semaines, j’ai… J’ai énervé une fée. Oui, je sais ! Tu dois me prendre pour une folle, mais c’était vraiment une fée. Alors, elle… Elle m’a puni en me transformant en demoiselle. Et le plus étrange, c’est que… J’étais inscrite, yeap. J’étais inscrite ici, et j’avais un dortoir. Comme si j’avais toujours été là, que c’était… Normal. »
Elle avait tout expliqué… Ou tout ? Non, elle avait fait exprès de ne pas expliquer le point, pourtant le plus important… Pourquoi la fée s’était énervée. Et pourtant, c’était quand même l’une des choses les plus importante… Mais voilà, elle n’avait pas voulu expliquer qu’elle / Il avait violé une fée, et que c’était pour ça qu’il devait porter sa croix, avec cette punition. Mais voilà, les dés avaient été tirés, et elle était une fille maintenant. Elle expliquait presque tout ce qui… Tout ce qui lui faisait peur. Le fait que tout semblait normal, comme si cela était normal… Mais non ! Non ! Ce n’est pas normal… Elle voulait dire, elle avait été jusqu’à présent un garçon, et avait fini sa scolarité… Mais non, la voilà maintenant de nouveau une lycéenne ! C’était… C’était pas normal ! Et là, elle était devant Pauline ! Mais bon… Au moins, elle avait lâché son sac… Eh… Cela faisait presque du bien, elle se disait. Oh… Et aussi.
« Oh, euh… Merci cousine, pour le soutif’… J’ai du mal avec ça. »
Là, c’était sans doute la situation que Pauline n’avait jamais vu. Camille remerciant quelqu’un. Oui, visiblement, sa transformation avait aussi touché son caractère. Car au grand jamais Camille aurait fait ses deux choses. La moins importante, celle qu’on a pas abordé jusqu’à présent… C’est que jamais Camille n’aurait abordé une faiblesse de sa part, faiblesse qu’elle avait eu, à l’époque où elle avait été un garçon, toujours tendance à cacher. Mais la seconde, et la plus importante… C’était qu’elle avait dit « Merci ! » D’habitude, elle ne remerciait JAMAIS les gens, estimant quand quelqu’un faisait quelques choses pour elle… Et bien, c’était normal. Mais là, non, elle remerciait, et le pire, c’est qu’on le sentait à la voix : Si elle n’avait pas l’habitude de dire merci, là, cela se sentait… Et bien, elle ne faisait pas non plus semblant. C’était un vrai merci, sincère… Bref, Pauline pouvait avoir de l’espoir. Visiblement sa cousine avait bien changé… Jusqu’à quel point ? Cela restait cependant un mystère.