Leur décision, si elle fut rapide, ne manqua pourtant pas de les diriger droit vers la catastrophe, car une ou deux secondes d'hésitations supplémentaires aurait tôt eut fait de plonger le dernier à grimper dans une bien claire souffrance, la langue épineuse de la chose d'en bas venant claquer à quelque centimètres de sa cheville, non sans qu'un grognement effroyable ne s'échappe d'entre les crocs, bien plus bas. Ils avaient agit sans trop tarder, et cela leur valu un clair succès en cet instant, mais il était bien sur désormais complètement impossible qu'ils retournent plus bas, car il n'y avait pas à douter que cette chose n'allait faire que les attendre, prête à attraper le premier qui viendrait se placer à portée de sa longue langue barbelée. Non désormais ils ne pouvaient que monter, et un malheur ne venant finalement qu'avec un peu de réconfort en retour, la corde qui brûlait désormais d'un feu clair avait au moins l'occasion de leur offrir un peu de chaleur et de lumière durant leur terrible ascension, dont le membre le plus gêné devait sûrement être Ariman, vu que seul la pointe de ses pieds, et deux phalanges de ses mains, pouvaient se tenir sur les étroites marches permettant de continuer cette incertaine escalade. Toutefois, ce moment fut calme, et hormis les morceaux d'os, et les crépitements de la corde, qui avaient tendance à leur projeter au visage une écaille enflammée, ils n'eurent sûrement pas plus de soucis durant leur ascension, leur permettant par là de continuer sans autres formes de difficultés, ne leur demandant en retour que le minimum de précautions pour ne pas venir poser un pas maladroit qui viendrait précipiter une chute involontaire.
En revanche, la nuit noire les a tant et si bien entourée qu'hormis les marches, ils sont sûrement bien incapable de voir quoi que ce soit d'autre, et qui sait ce qui peux, depuis tout à l'heure, se terrer dans les ombres froides qui les entourent. Parfois, alors même que le silence est complet, de légers ricanements s'élèvent autour d'eux, ou de fins chuchotements, des échanges qui semblent promettre mille maux aux trois curieux qui ont osés venir chercher en ces lieux quelques promesses de vaines richesses, et ce parfois si proche de leur oreille, qu'ils pourraient même sûrement se demander si il ne s'agit pas là des propos de leur camarades, jusqu'à ce qu'ils puissent remarquer que les autres membres de leur groupe possèdent eux-même des doutes équivalents. Ils peuvent toutefois être sur d'une chose, mais les lieux savent que leur présence ici, toute fortuite qu'elle est, peut offrir un étrange festin à ceux qui y résident, et de manière bien étonnante, rien ne vient portant leur porter un coup de surin terrible alors qu'ils sont clairement dans une position de faiblesse. Quoique... Alors que Julius continue sa terrible montée en tête, il peut remarquer sur le bord des marche un liquide épais, poisseux, qui commence à couler lentement pour teindre le bas de ses solerets d'une teinte carmin. Un sang épais et tiède est en train de se mettre à descendre les marches, et rend la fin de leur montée particulièrement hasardeuse, ne manquant pas de rendre le moindre pas incertain glissant, et les obligeant sûrement à redoubler de prudence pour ne pas venir perdre le contrôle d'une foulée pour ne pas finir en bas, briser, et offert en pâture à la bête qui n'attend qu'un repas supplémentaire. Par chance, ou par expérience, cette situation ne survint pas, et ils purent enfin se hisser sur un sol plat, afin de contempler tous ensemble le vil spectacle qui se déroulait devant leurs yeux circonspects :
Tout le sang qui s'était répandu provenait d'une chèvre, à la fourrure si sombre qu'elle semblait presque se mélanger à la couleur de la nuit, et encore maintenant son cou tranché semblait laisser s'épandre le liquide poisseux qui s'écoulait en flot profus à leur pied. La bête respirait encore, faiblement, mais surtout, elle était placée en dessous d'un haut portique de bois vermoulu, ne tenant que par un mince morceau de poutre rongée, et présentant en lettres capitales le nom du lieu qu'il s'apprêtait à visiter : Halloween Town. De nombreux flambeaux sont plantés, de-ci, de-là, projetant une lumière orangée et hasardeuse sur un village qui semble être à l'abandon, chaque bicoques étouffées entre d'autre semblant s'élever haut dans le ciel pour se terminer en pointe, les toits se perdants dans les ténèbres nocturnes. Les fenêtres étriquées sont cloutées de planches épaisses, les portes semblent tellement gonflées par l'humidité qu'elle suinte lentement d'une sève à la couleur verdâtre, et la peinture s'écaille sur chacune des terribles façades, laissant de petits morceaux s'effondrer au sol, tandis que le vent finit de les réduire en poussière, et de faire voler leurs petits bouts acérés au travers des lieux. Les lieux sont sordides, et la lumière elle même ne suffit pas à réchauffer ce lieu plein d'une horreur étouffante, comme si il y avait là quelques tristes sorts qui empêchait la moindre petit once de paix et de tranquillité de subsister. Tout semble austère, mort, asséché, ou noyé, dans une sorte de mélange entre une crypte, et une tombe marécageuse, ne laissant finalement aux nouveaux arrivants qu'une impression sordide : ils ne devraient pas se trouver ici.
La chèvre au sol se met soudainement à bêler à la mort, semblant soudainement souffrir de sa blessure, mais pire encore, les trois aventuriers peuvent voir son corps se tordre, son ventre gonfler terriblement, avant que, lentement, il se distorde pour laisser transparaître, au travers de son cuir déformé, une paire de mains poussant contre le ventre de l'animal, et la forme saugrenue d'un visage humain y apparaître, souriant avec un air de maniaque. La chose d'ailleurs se déplace alors d'une manière complètement abominable, traînant le corps de la chèvre par son ventre, tandis que cette dernière hurle à la mort, et lentement, se hisse au portique avec une force inconnu, avant de se suspendre, et de venir tordre le cou de la bête en arrière, pour finalement l'arracher, laissant le sang couler à flot devant eux, se répandant en une flaque épaisse, accompagnée de nombreuses éclaboussures. Et la chose dans son ventre se met à ricaner, puis à rire à gorge déployée, laissant le son de sa voix se distordre au travers du cuir de l'animal décapité, dont la tête pend mollement au bout de sa main anormale, tandis que le sol continue à se gorger du sang frais. Pourtant, finalement, il se tait, et vient lever lentement la tête de la chèvre aux yeux exorbités, à la langue pendante, et à la base couverte de son liquide vital, pour que finalement... ce soit celle-ci qui se mette à parler, tandis que ses yeux ovins se mettent à se déplacer dans tous les sens, observant tantôt un des visiteurs, tantôt un autres, mais jamais de ses deux mirettes à la fois :
- Bonsoir et bienvenue, commence-t'il, d'une vois grave, étouffée par le sang, et à la lenteur exagérément pesante. Je suis ravi de vous accueillir dans mon domaine. Entrez ! Faites comme chez vous ! Vous serez reçus avec tout l'honneur qui vous est dû. D'ailleurs, voici mon cadeaux de bienvenue.
Et, ouvrant grand la gueule, la tête décapitée vient lentement à vomir une longue dague dentelée, qui tombe au milieu de la flaque de sang, se plantant dans le sol invisible désormais, et laissant sa lame rouillée scintiller d'un éclat malsain grâce aux reflets des torches dans la mare sanguine.
- N'hésitez pas, si le voyage est trop dur, d'en faire usage. Il s'agit sûrement de la meilleur des médecines ici !
Et c'est dans un ricanement sépulcrale que le corps vient lamentablement s'échouer en contrebas, ne portant plus que de larges vergetures aux niveau de son ventre, tandis que la tête vient rouler à leurs pied, désormais inerte.