« Ben... Parce que c’est encombrant, et pas franchement discret comme tenue ? »
La porter au quotidien... Et puis encore ! Ça, c’était le genre de trucs qu’elle enfilerait le jour de Mardi gras, pas continuellement ! Jadis, MJ aurait pourtant adoré avoir une tenue comme ça, être la coéquipière de Spider-Man... C’était ce qui faisait rêver au lycée, quand on était adolescente. Et puis, après, on commençait à grandir, on quittait le cocon douillet pour affronter les réalités du monde, la nécessité d’avoir un travail, de payer les factures, de se battre avec ses banquiers, puis on divorçait, on connaissait les frustrations et les déceptions de la vie, on se faisait capturer par un maniaque, on se trouvait au cœur d’un combat sanglant et violent entre Spider-Man et Docteur Octopus, et on voyait sa meilleure amie se faire infecter par un virus créé par le Bouffon Vert, et contrainte de se rendre dans une clinique spécialisée en Europe pour se soigner. Tout ça vous faisait réfléchir.
Outre le caractère seyant du costume, MJ n’avait tout simplement pas envie de le porter, car, porter une tenue de ce genre, c’était la mettre du côté des super-héros, de ces gens en costume, et ça, elle n’en avait guère envie. Elle ne faisait pas partie de tous ces haters qui vilipendaient contre les justiciers, elle reconnaissait leur utilité, car les super-héros se battaient vraiment pour défendre les gens, et n’hésitaient pas à se sacrifier, mais... Pour elle, c’était tout simplement trop dur. Porter ce costume, c’était prendre le risque de revenir à nouveau dans son ancienne vie, faite d’explosions, de combats, d’insomnies notoires, et de thérapies intensives pour tenter de retrouver une vie normale.
Susan, par contre, se rappelait de ses deux pouvoirs : devenir invisible, et créer des barrières. MJ savait que les pouvoirs de Susan étaient redoutables, et que sa capacité à créer des champs de force faisait potentiellement d’elle l’une des plus puissantes métahumaines. Si elle le voulait, elle pouvait en effet générer un champ de force dans le corps d’une personne, par exemple dans son cœur, et le tuer sur place. Ses champs de force étaient particulièrement résistants, et liés à sa condition physique. Autrement dit, si Hulk s’attaquait à un champ de force, et parvenait à le briser, Susan tombait aussi dans les pommes. Susan avoua ensuite que, si un danger arrivait, elle ne sait pas si elle pourrait y faire face, ce qui fit doucement sourire MJ.
« Susan... Je ne veux pas critiquer, mais... Tu as fait partie des Quatre Fantastiques. Il y a quelques années, toi et Richards, vous faisiez les couvertures des journaux du monde entier, et tu as sauvé le monde... Un nombre incalculable de fois, je suppose... Et même au-delà du monde, le Multivers, toutes les réalités potentielles... Et tu voudrais me faire croire qu’un simple braqueur armé d’un revolver pourrait te battre ? Ma chérie, tu es potentiellement invulnérable ! »
Tout de même ! S’il y avait bien une femme, au monde, qui n’avait pas besoin que personne veuille sur elle, c’était bien Susan ! MJ connaissait l’histoire. Quand Red Richards avait rejoint Tony Stark pour soutenir le Superhuman Registration Act, et qu’ils avaient fait une liste de cent propositions au gouvernement, dont la 42ème était de créer une prison dans la Zone Négative, lui et Susan avaient eu des mots. Red lui avait affirmé qu’il avait rejoint le SRA pour protéger sa femme, et elle, qui avait choisi de soutenir Captain America, avait rétorqué en générant un champ de force qui avait défoncé le sol et le plafond, formant un épais cône lumineux et imperméable, en rétorquant, acerbe, à son mari, qu’elle n’avait pas besoin de protection.
Susan lui demanda néanmoins si la zone était sûre, et MJ haussa les épaules, tout en se déplaçant un peu.
« Cortana te ferait un meilleur compte-rendu que moi, mais... Il y a les Yakuzas, et...
- La ville est sous la coupe réglée des Guramu, un clan yakuza dont les premières traces remontent à la création de Seikusu pendant l’ère Edo. Le fondateur du clan Guramu, Tashihiro Guramu, était un bakuto, terme désignant des joueurs professionnels, qui a contrôlé les premiers troquets de la naissante Seikusu, et qui...
- Va à l’essentiel, Cortana ! la coupa MJ.
- L’actuel Oyabun des Guramu, Akihiro Guramu, contrôle une grande partie du crime organisé depuis le château historique de Seikusu, Muramasa-jo, qui a la couverture légale d’un restaurant de luxe et d’un musée. Les Guramu ont historiquement contrôlé toutes les activités de Seikusu, mais des dissensions sur les nouvelles orientations du clan ont engendré des guerres avec les autres clans, notamment les Akuma, ce qui a permis l’essor d’autres groupes étrangers, comme la Mafia russe. Les Guramu, outre les activités criminelles ordinaires, trempent aussi dans des activités criminelles de haute technologie, impliquant l’utilisation d’armes futuristes issues de Tekhos, ou d’artefacts magiques, et sont supposés être à l’origine d’un trafic planétaire de grande importance. »
MJ fit signe à Cortana de se taire, et croisa les bras.
« Navrée de te décevoir, Sue, mais j’ai bien peur que beaucoup de choses vont te sembler familières ici. Il y a des criminels, des super-criminels, et des super-héros... Moins qu’à New York, mais suffisamment assez pour qu’on le remarque. »
Mary Jane lui sourit ensuite, et posa ses mains sur les épaules de Susan.
« Donc... Si on veut survivre, je crois qu’il va falloir qu’on se serre les coudes ensemble ! »