La puissante magicienne et haute-fonctionnaire impériale qu’était Samara disposait, à Ashnard, d’un magnifique appartement, un immense penthouse aux allures de villa, situé dans les beaux quartiers de la ville. Ce penthouse faisait partie de tout un ensemble d’appartements prestigieux servant à héberger les hauts-fonctionnaires de l’Empire. Vu de l’extérieur, l’endroit ressemblait à un solide bâtiment, entouré par d’épais murs, comprenant un vaste patio, avec plusieurs ailes. Un immense immeuble en forme de U, avec des colonnades en marbre le long de l’immeuble, des fontaines en marbre, et de multiples gardes à l’extérieur. L’immeuble était solidement gardé, et les gardes se trouvaient aussi dans les parties communes, afin de prévenir contre toute infiltration, ou contre toute tentative d’assassinat.
Samara avait donc un logement ici. Un énorme logement avec plusieurs balcons. La particularité de cet endroit était que chaque escalier renvoyait vers un appartement uniquement. L’appartement de Samara s’étalait sur deux étages, tout en longueur, et, aujourd’hui, sa fidèle servante et garde du corps,
Kazuha, dans sa belle tenue d’esclave, s’entraînait dans le gymnase de cet appartement, tapant avec son pied contre des mannequins d’entraînement.
«
Haaaa… !! Haaaaa… !! »
Des coups précis, mortels, appuyés. Kazuha n’était pas une femme hyper-musclée, mais elle savait user de sa force quand il le fallait. En ce moment, sa Maîtresse méditait dans sa salle de résonance magique, une pièce hermétiquement close, coupée du monde extérieur. Ainsi, elle pouvait méditer. Récemment, Samara avait accompli un exorcisme difficile, et elle avait été touchée par le démon quand il avait résisté au sortilège. Cette attaque avait détraqué ses sens, et, depuis, elle méditait pour retrouver son calme. Pendant ce temps, Kazuha s’occupait, avec dévotion, du logement. Elle ramassait le courrier, faisait le ménage, entretenait les plantes, et s’entretenait elle-même, tout en continuant à réfléchir aux meilleures façons d’améliorer la vie de sa Maîtresse.
Très bien formée comme esclave, Kazuha ne voyait sa vie qu’à travers le prisme de sa Maîtresse. Tout ce qu’elle voulait, c’était la rendre heureuse. Et, pour ça, elle savait qu’il y avait encore une chose que Samara devait dépasser. Être puissante, voilà tout ce qui intéressait Samara, et ça, Kazuha l’admettait, et l’acceptait. Il ne lui incombait pas de juger ce que sa Maîtresse voulait, simplement de trouver la meilleure façon de l’aider à y parvenir. Si Samara aurait voulu commettre un acte de trahison, Kazuha l’aurait aidé de la même façon. Elle était
dévouée au-delà du raisonnable, comme toute bonne esclave se devait de l’être. En conséquence, la jeune esclave savait que quelque chose pesait sur sa Maîtresse : sa peur du sexe masculin.
Une peur qui se justifiait par le fait que, dans le passé, elle avait été torturée et traumatisée par un mage, celui qui l’avait invoqué, et qui l’avait tellement torturé qu’elle en avait oublié son passé. Depuis lors, chaque fois qu’elle couchait avec un homme, les choses étaient… Compliquées. La dernière fois, elle avait vomi sur le torse de son amant, un guerrier musclé et viril, et, dans un accès de rage, elle l’avait étranglé.
Samara avait
honte de cette peur, et elle n’était pas à Tekhos. Ici, il fallait compter avec les hommes, et, à Terra, le sexe était un élément à ne pas négliger. Il était fréquent que, quand elles dorment ensemble, ce qui arrivait quasiment toutes les nuits, Kazuha voit ses nuits être agités. Il lui arrivait même de pleurer.
*
C’est mon devoir de l’aider à aller mieux, et, pour ça, il faut qu’elle surmonte sa peur du sexe masculin, qu’elle couche avec un homme…*
Depuis que Samara avait rencontré
Sya, l’Archimage avait manifesté un intérêt renouvelé pour les rapports sociaux. L’Ange de la Luxure était une amante régulière, la « fille » adoptive de Samara. Une magnifique poupée, mais qui, comme Samara, abhorrait les hommes. Autant dire que, de ce point de vue, sa présence ne l’aidait pas beaucoup. Pour autant, Kazuha ne désespérait pas.
Régulièrement, elle faisait les marchés d’esclaves, à la recherche d’hommes susceptibles de plaire à sa Maîtresse. Et, tandis qu’elle s’entraînait, elle songeait à cela. Un entraînement qui était aussi très gymnastique, puisqu’elle enchaîna les poiriers, toujours dans le but de conserver une grande souplesse.
Finalement, le corps en sueur, la femme sortit du gymnase, et s’avança le long des couloirs, puis ouvrit la porte menant à la serre intérieure.
Il y avait là toute une série de plantes et de fleurs de tous les horizons, servant pour les ingrédients alchimiques de Samara, mais on trouvait aussi des fruits, des bananes, des pommes, des cerises… De grandes verrières au plafond illuminaient cette zone, et, alors que Kazuha attrapait un panier pour attraper des fraises afin de préparer un gâteau, elle s’arrêta brusquement.
L’esclave était une sorte de couteau-suisse humain, disposant d’un grand-nombre de fonctions, et elle fronça les sourcils. Elle venait de sentir un léger courant d’air, et d’entendre un bruit… Un bruit de buisson qu’elle n’aurait pas dû entendre. Sa main se saisit instantanément du
kunaï accroché à sa ceinture, et elle reposa le panier, en se mettant en position de combat.
«
Qui va là ? Identifiez-vous tout de suite, je vous ai entendu ! »