La vache.
La tête lui tournait et un goût métallique lui titillait la langue. Et elle avait une méchante gueule de bois. Okay. Quelque chose clochait. Ce n'était pas normal, elle n'avait (presque) jamais de gueule de bois. Il lui avait fallu un peu de temps pour connecter les quelques neurones survivants avant de faire un état de la situation. Boudiou ! Elle avait bien une belle gueule de bois ! Enfin... s'agissait-t-il vraiment de cela ? Parce qu'elle n'avait absolument aucun souvenir de la façon dont elle était arrivée là, étendue, yeux mi-clos alors que sa vision tâchait de s'adapter au manque de lumière de la petite caverne. Solace remua ses doigts. Bon. Ses doigts de pied ? Aussi. Peu à peu se dessinait devant son regard les alentours, des angles aigus et pierreux qui n'inauguraient rien de bon.
On se calme... on... se... calme.
La quantité d'alcool et de drogues qu'elle aurait ingéré pour l'amener dans cet état et dans ce lieu serait phénoménale. Ou bien - ce qui était plus probable - elle était entrée en frénésie. Une orgie qui avait mal tourné et qui l'avait emmené vers d'autres cieux peut-être ? Non, c'était peu probable, elle n'avait jamais de blackout et de pertes de mémoire, aussi violente la "crise" fut elle. Donc... de quoi s'agissait-t-il ? Puis, un grésillement se fit entendre, ainsi qu'un bruit si aigu qu'il semblait lui percer les tympans. Ses mains, dont les paumes pressaient un tapis de mousse végétale, glissèrent sur le sol, lui permettant de prendre appui et de se relever.
Quelque chose n'allait pas.
Elle était nue.
Enfin... pas nue, nue. Solace portait bien un t-shirt et l'un de ses habituels shorts en tissu noir agrémenté d'un collant rose foncé. Mais... elle ne possédait aucune arme. On les avaient prises. Elle fulminait. Qui que c'était... il allait passer un sale quart d'heure. Parce qu'on avait du l'amener ici, la droguer aussi (elle nota toutefois de demander le nom de la substance avant de faire sauter le caisson à son ravisseur). Mais la question était : pour quelle raison ? A l'extérieur, quelques claquements se firent entendre... puis des cris et des impacts de balles. Solace grimaça. Quelqu'un a l'extérieur était armé. Et elle ne l'était pas. Impuissante, elle tourna la tête, cherchant quelque chose pour se défendre mais la petite caverne était vide. De plus, la jeune femme ne comptait pas rester ici indéfiniment, il faudrait bien, qu'à un moment ou à un autre, elle sorte. C'est donc ce qu'elle fit, non sans avoir pris une grande inspiration agrippant la roche qui glissait sous ses doigts, se hissant vers une ouverture étroite assez mince pour lui permettre de passer. La lumière du soleil la frappa de plein fouet. L'extérieur était calme, à l'écart un corps reposait sur le sol (surement les hurlements qu'elle avait entendu), au dessus de celui-ci une petite silhouette qui esquissa un mouvement de recul lorsqu'il aperçu la jeune femme. Ils se trouvaient dans une petite forêt, quelques ruines s'étendaient à l'horizon. « Attend ! » cria-t-elle à l'adresse de l'inconnu qui semblait prêt à fuir, un jeune d'une petite vingtaine d'année. « Faut que tu fuis ! » lui cria-t-il, des larmes coulant sur ses joues. « Quoi ? » lui répondit-t-elle avec un regard hébété. « Ils nous chassent ! T'as pas compris ? » retorqua-t-il en pleurs avant de se mettre à reculer. Avec qu'elle ne lui demande la question inévitable ("Qui ?"), il lui jeta la réponse qui claqua comme un fouet. « Les Traqueurs, de riches types qui ont payés pour nous faire souffrir. » Il reprit son souffle avant de continuer « Ils veulent notre peau, t'as pas compris ?... Faire les pires trucs...ils ont payés. » Puis sur ces derniers mots, il fuit en courant vers l'orée de la forêt.
Eh merde, marmonna-t-elle.
Une journée ruinée.