Une magicienne? Sur ce monde? Voilà qui était singulier pour Roger, lui qui croyait être l'unique créature extra-humaine sur cette planète. Et il se serait sûrement penché bien plus sur la question si il n'avait pas été pressé par le fait que si la donzelle réussissait à finir l'incantation, il aurait sûrement des difficultés. Et voilà qui serait ennuyeux.
Repoussant donc à contre-cœur sa curiosité, il entreprit de faire taire la demoiselle, par la manière aussi explicite que violente de lui enfoncer, d'un coup sec -et donc relativement douloureux- un tentacule dans la bouche. Le dit tentacule, qui plus est, était loin d'être l'un des plus petits. Une largeur d'environ huit centimètres.
Mais maintenant, penchons nous un instant sur le point de vue de cet être qu'est le tentacule. Que peut-il bien ressentir, que peut-il bien faire, lorsqu'il est enfoncé ainsi à l'intérieur d'un corps étranger, le plus souvent féminin?
Et bien tout d'abord, un tentacule est aveugle, n'a pas de nez, ni d'oreilles, et, étant dépourvu de bouche, doit se reposer sur cet unique sens qu'est celui du toucher. Mais, n'ayant que celui-ci, cela va s'en dire qu'un tentacule est nettement plus sensible à ce qu'il touche que la majorité des êtres humains, et de très loin.
C'est donc conscient de ce fait que nous allons nous plonger dans les actions de ce tentacule pionnier, premier de toute une colonie à arpenter les intérieurs de cette nouvelle femelle -à priori- humaine. Tout d'abord, il analyse les premières impressions. C'est doux. C'est chaud. Très chaud même. Un peu plus de 37 °C. Ce sont les premières impressions. Suite à quoi, heureux de ce milieu, notre petit tentacule solitaire commence à se frotter, à entamer une rotation sur lui même, dans un sens, puis dans l'autre, se vautrant dans cette cavité tel un cochon dans une flaque de boue.
Puis, nouvelle constatation. C'est humide. Et, à l'arrière, il y a comme des choses pointues qui semblent vouloir appuyer sur son corps mou. Alors, par réflexe, le tentacule avance, lentement, mais perceptiblement, vers le fond. Par réflexe, car même s'il ignore encore être dans une bouche, ce petit tentacule en a déjà arpenté un nombre étonnant. Cette action de se placer au fond de la bouche, à la limite de la gorge, n'est donc pas étonnant, puisque cette position empêche la cavité buccale de se refermer.
Ce faisant, le tentacule frottait sur une autre partie de la bouche de Succubus. Un membre légèrement râpeux, mais plus doux que le reste, et parfaitement adapté pour se montrer "diligent" avec lui. Ce membre, il le connaissait parfaitement, pour adorer son contact plus que de raison. La langue.
Heureux, heureux qu'était ce tentacule, si bien qu'il commença à faire ce dont il avait l'habitude pour se sentir encore mieux. Il commença, d'abord lentement, à se frotter, faire de longs aller-retours à l'intérieur de cet endroit qu'il aimait tant.
De l'extérieur, tout ceci se traduisait uniquement par le mouvement du tentacule, d'avant en arrière, jusqu'au fond de la bouche de Succubus. Mieux valait pour elle qu'elle sache bien respirer par le nez.
Ce premier désagrément écarté, Roger s'empressa de monologuer sur le sujet d'une telle présence, ici, à Seikusu. Alors que le tentacule joyeux continuait joyeusement ses va-et-vient à l'intérieur de la jeune femme, le tentacule principal élaborait des théories, imaginait des possibilités, et le tout avec un grand sérieux, mais trop de dissipation pour être compréhensible, le mélange du japonais et de la langue des tentacules étant trop inéligible pour être écrit, et le tout sous l'attention suppliante et impatiente de tous les autres tentacules, légèrement jaloux de leur confrère déjà au travail. Ce n'est qu'au bout d'une petite dizaine de minute de discours que Roger s'aperçut enfin avoir laissé sa troupe en plan, alors que le premier attaquant était toujours en train d'user la bouche de la demoiselle.
Entre temps, il avait eu le temps d'accélérer. Énormément. Il était maintenant lancé à pleine vitesse, incapable de s'arrêter, et ce fut presque au moment où Roger se désintéressa de ses hypothèses qu'eut lieu la première éjaculation, à l'intérieur de la bouche de Succubus, qui se transformait, au sens propre -quoi que... Sale plutôt- du terme, en jacuzzi pour spermatozoïdes. Il n'y était pas allé de main morte le petit, le liquide blanc et chaud dégoulinant dans un long filet de la bouche de la créature, parfois surplombé de bulles, et le tout transmettant à tous les autres tentacules un appétit sexuel, attisant le leur déjà bien entamé. Mais Succubus ne devait pas être en reste de son côté. Dix minutes à sucer un membre, même tentaculaire, de ce calibre là, plus une éjaculation intérieure, la donzelle devait commencer à être chatouillée par ses hormones, et pas qu'un peu, à moins que la sensation de viol n'ait entamé le blocage complet de toute sensation de plaisir.
Roger rougissait. Il rougissait, non pas de honte, mais parce que ce premier apéritif était en train, peu à peu, de débrider ses quelques faux semblant de civilité, pour laisser place à la bête sexuelle qu'il était, avide de jeunes corps à souiller. Relevant la tête, les prunelles brûlant d'un feu puissant, il annonça:
" Et voilà, je parle, je parle, et la fête commence sans tout le monde... Messieurs! Gaaaaaarde à vous! "
Aussitôt, tous s'alignèrent, bien droits, en bons petits soldats, parés à conquérir le territoire ennemi à l'ordre de leur chef.