La personne qui franchit alors la porte était lui aussi un professeur, bien qu'il n'en donnait pas une image conventionnelle. Il s'agissait en effet d'un homme assez jeune, ne devant pas dépasser de beaucoup la vingtaine d'années. Ce qui frappait au premier abord était sa chevelure flamboyante, aux doux reflets roux, tombant en mèches éparses sur sa nuque, couleur si atypique au Japon, héritage de sa mère étrangère disait il. A cela s'associait une peau lisse, sans imperfections, reflétant des traits harmonieux et peu marqués, comme pour altérer au minimum ce visage vierge. Que ce soit son nez, son menton ou ses pommettes, rien ne ressortait de manière affirmée, se fondant dans le reste de ce faciès. Deux yeux, vifs et brillants, laissaient leur teint d'émeraude pâle éclairer tout ce sur quoi ils se posaient . Venait alors à la suite un corps fin et élancé, sans aflux important de masse, musculaire ou autre, le taillant tel un danseur, et pourtant laissant s'échapper une véritable vitalité énergique de son corps. Corps vêtu, comme de façon distraite, par une chemise noire au col négligemment tombant, les pans en liberté le long de ses flancs retombant sur un pantalon resserré, presque moulant, faite de toile fine tout aussi noire que son haut. De sobres mocassins de la même teinte achevaient la scène en couvrant ses pieds. De taille respectable pour un homme, il ne semblait pourtant pas en imposer, comme se fondant dans son environnement sans heurt, un fin sourire bienveillant et discret inscrit sur son visage ouvert et délicat.
Il portait d'un air presque distrait un dossier en classeur souple sous son bras droit, le gauche allant librement de-ci de-là dans l'espace, comme pour souligner ses gestes et propos. Il était venu se placer poliment non loin en retrait du bureau de sa confrère, restant immobile avec un détachement élégant, sans s'en rendre vraiment compte. Il prit ainsi la parole d'un ton doux et bienveillant.
Ne vous en faites pas, c'est toujours comme cela au départ. Après, l'on se fait vite à la paperasse et on l'expédie assez vite. Et quand vous aurez à vous occuper de tout le reste de votre travail, vous verrez que cela sera le moindre de vos soucis.
Le professeur sembla alors se rendre quelque chose. Prenant alors un air un peu embarrassé, passant d'un petit air contrit sa main libre dans ses cheveux, le sourire néanmoins toujours sur les lèvres, il s'empressa de reprendre la parole d'un air d'excuse.
Désolez, je ne me suis pas présenté en premier lieu. Suzaku Ryujin, professeur de la même discipline que la votre, mais à temps partiel. Comme je ne vous avez pas encore vue, je me suis dit que cela pourrait être bien si je pouvais au passage voir si vous aviez besoin d'aide ou de conseil dans votre préparation. Je me souviens qu'a mes propres débuts, je n'étais vraiment pas aidé, et c'était assez dommage. Si tout cela vous intéresse, évidement!
Oui, Suzaku était prof à mi temps seulement, et ce pour une raison. Le démon qui l'incarnait n'allait pas passer tout son temps libre à faire des choses aussi rébarbatives que des cours! Déjà, pour les fois ou il abandonnait un temps ce passe-temps, il mettait un de ses subordonné obéissant à sa place afin de lui permettre de réintégrer ce rôle après tout prometteur quand il le désirait. Le temps partiel de travail était du coup parfait pour cela. Pour la matière, il avait évidement choisit celle qui lui convenait le plus (professeur d'éducation sexuelle à part entière n'existant malheureusement pas!). Voila comme il se retrouvait en ce jour dans cette apparence là. Une chose aussi intéressante qu'une nouvelle confrère, il ne pouvait décemment pas rater l'événement!