Le vampire ne put s’empêcher de sourire devant le toupet de cette jeune femme. Ceci étant dit, elle avait vu juste. Dowell aimait effectivement les défis, et c’était bien pour ça que ses cibles privilégiées étaient des femmes de haute stature. Il ne voulait pas de vulgaires gourgandines. Elles, aussi belles soient-ils, il les conservait pour des coups brefs, et n’hésitait pas à leur montrer ce qui se cachait derrière le costume d’élégance du gentleman si elles se montraient insistantes par la suite. Mais là, avec Elizabeth, c’était… C’était différent. Dowell, encore une fois, se sentait partagé entre des émotions contradictoires. Le désir sexuel était pour lui une puissante énigme, quelque chose qu’il détestait, en ce qu’il lui donnait le sentiment de n’être rien de plus qu’une simple bête attirée par la chair fraîche, et qu’il adorait en même temps. C’était bien simple, l’idée que des femmes puissent rire de ses capacités sexuelles dans son dos lui était absolument insupportable. Alexandre prenait ça très au sérieux, et ce alors que, voyant le sexe comme un plaisir infantilisant et primaire, devrait logiquement s’en moquer. Il y avait donc, bel et bien, une contradiction, qui le troublait, mais qu’il avait réussi, progressivement, à accepter. Et, aujourd’hui, tout son corps lui soufflait de jouer avec cette femme, de la narguer, de la titiller, de brûler en elle ce feu qui sommeillait dans sa poitrine.
Il sentait les braises à travers ses pulsations sanguines, ou même à travers ce mordillement de la lèvre inférieure, mordillement qu’il trouvait définitivement très craquant. Il n’incombait qu’à lui de transformer ce léger feu naissant en de belles flammes, de lui faire perdre la tête, et d’en faire sa soumise, sa chienne. À cette idée, Dowell sentit un bref frisson le traverser, partant de son sexe, frisson qu’il réprima en tentant de se focaliser sur elle. Elle l’avait provoqué, elle l’avait défié, et il lui sourit en retour.
« Les mots sont du vent, comme le dit la vieille formule. Je comprends donc que tu souhaites voir si je mérite d’être vraiment ton Maître ou non. »
Ne jamais sous-estimer les femmes et leurs corps, voilà une leçon que Dowell avait retenu. Explorer le corps d’une femme, c’était comme mener une bataille. Au lieu de s’échanger des jeux de conclusions avec des ribambelles d’arrêts, de commentaires de doctrine, et d’analyses théoriques, Dowell se livrait à un jeu tout aussi intellectuel, consistant à être également adroit de ses mains, afin d’explorer le corps de la femme, d’en saisir les faiblesses, les points forts, les zones d’appui… Le corps d’une femme, c’était aussi une véritable carte stratégique, où Dowell déplaçait ses petits soldats pour rechercher les lignes de faille, là où faire craquer son adversaire. Il voulait qu’elle soit à ses pieds, et il voulait que ce le soit dès les prochaines minutes.
Dowell se redressa donc, tenant la main gantée d’Elizabeth dans la sienne.
« Viens donc, ma douce, laisse-moi te prouver que tu es digne d’être à moi… »
Et, tandis qu’elle se relevait, il se pencha vers elle, et murmura quelques mots dans le creux de son oreille, afin qu’elle seule n’entende les ultimes syllabes de sa phrase :
« …Que tu es digne d’être ma chienne. »
Sur cette note, le duo rejoignit rapidement les toilettes. Il s’agissait de superbes toilettes, très luxueuses, et, suite au passage du duo, l’un des agents des lieux se rendit devant, afin d’inciter les clients à aller voir d’autres toilettes. En effet, Alexandre était très influent ici, et, partant de là, avait droit à quelques facilités. L’avantage d’être membre du club VIP du restaurant.
Les toilettes en question, donc, étaient très belles, avec du marbre, un grand miroir, et trois cabines parfaitement nettoyées. Alexandre s’imprégna rapidement des lieux, puis se retourna vers Elizabeth. Sa main se retira doucement de la sienne, et remonta, venant caresser l’une de ses joues. Une poigne ferme et assurée, tandis que son pouce allait frotter les lèvres de la jeune femme, glissant doucement dessus, en sentant la douceur, en percevant la tendresse et la finesse.
« J’ai remarqué que tu avais un tic nerveux, Elizabeth… Tu te mordilles la lèvre inférieure quand tu es très excitée… Et, pour être honnête, quand tu fais ça, je ne peux m’empêcher de te dire que tu feras une parfaite petite chienne. »
Les mots n’avaient beau n’être que du vent, ils avaient aussi un poids certain. Un avocat comme Dowell était bien placé pour le savoir. Une plaidoirie, c’en était un exemple parlant. Et, en attendant, il approcha ses lèvres de celles de la femme, posant ensuite sa main sur son menton, tenant fermement son visage, leurs regards se croisant ainsi.
Quelques secondes s’écoulèrent, un ange sembla s’attarde… Dowell sentait le souffle précipité de la femme contre ses lèvres, la sentait toute fébrile, prête à s’effondrer, et il alla l’embrasser. Un baiser tendre, qui fut délicat au début, avant de gagner en intensité, tandis que son corps semblait s’abattre sur celui, chétif, de la jeune femme. L’une de ses mains se posa sur ses cheveux, s’appuyant dessus, et l’autre alla se poser sur le creux de son dos, appuyant sur sa superbe robe. Elizabeth devait sûrement avoir le sentiment de faire l’une de ces rêves de jeunes adolescentes, qui s’imaginaient devenir les amantes de superbes patrons beaux comme des Dieux grecs. Le Paradis était à portée de ses lèvres, la promesse d’une vie riche et épanouie, délestée du fardeau étouffant de la liberté. Ce que toute l’Histoire humaine enseignait, que ce soit la foi, ou les régimes politiques, c’est que l’Homme n’était heureux que quand il suivait une personne supérieure, et qu’on prenait des décisions à sa place. Comment, autrement, expliquer le fait que la monarchie ait pu dire des millénaires, ou que la démocratie ne soit qu’une vaine illusion ? Les hommes aimaient se faire commander, ils aimaient pouvoir suivre les ordres, et c’était bien là tout ce que Dowell offrait à la femme. Le bonheur, en échange d’une vaine liberté.
Le baiser dura ainsi un certain temps, Alexandre déplaçant la femme. Sa langue partit au bout d’un moment à l’assaut de ses lèvres, en léchant une, puis ses dents tirèrent sur la lèvre inférieure de la femme, l’écartant vers le bas, pour laisser la place à sa langue de s’immiscer dans la bouche de la femme, se perdant en elle, remuant dans sa salive, finissant par heurter la sienne, et la caressant sensuellement.
« Hmmm… »
Au bout d’un moment, Alexandre finit par se retirer, non sans laisser traîner sa langue, léchant ainsi les lèvres et le nez de la femme. Tout en l’embrassant, il l’avait aussi déplacé, de telle sorte qu’Elizabeth était maintenant contre le lavabo, ses fesses heurtant le rebord. Lui souriant encore légèrement, Alexandre la retourna, et posa une main sur son menton, la forçant à se voir à travers le miroir, et à les voir. Elle put ainsi voir l’autre main d’Alexandre, filant sous sa robe, pour caresser sa culotte, glissant ses doigts le long de sa fente, contre ses lèvres intimes.
Sa bouche alla alors embrasser son cou, mordillant un peu sa peau, à l’endroit même où, sous peu, Elizabeth aurait deux petites marques.
« Tu vas jouir ici, petite chienne, contre mes doigts… Et tu lècheras ensuite mes doigts… »
Ses ongles avaient légèrement grossi, devenant de courtes griffes, ce qui permettait à Dowell de s’enfoncer plus facilement contre sa culotte.
« Si tu veux empêcher ça, prononce le mot magique… Ou laisse-toi bercer, et accepte de devenir à jamais, outre ma chienne, ma… »
Dowell maintint sa phrase en suspens, le temps de déposer un baiser sur l’oreille de la femme, et conclut ensuite, par deux petites syllabes :
« …Salope. »