Imrian vit rapidement le talent incroyable de Yennesä quand elle fondit sur un groupe de Shantaks. Rapide et meurtrière, elle était d’une efficacité impressionnante, fusant sur ses adversaires, optant pour des frappes chirurgicales, avant de bondir sur les autres. Elle était douée, mais encore inexpérimentée, ce qui l’amena à sous-estimer une Horreur, qui la frappa avec sa longue queue, formant comme ,un terrible fouet, balançant la femme, qui alla s’exploser dans un gratte-ciel, pulvérisant la façade, transperçant ce dernier, pour s’écraser sur le toit d’un immeuble plus bas, s’écrabouillant sur cinq ou six étages.
«
Yennesä ! » hurla Imrian.
Elle n’eut guère le temps d’en dire plus, car l’Horreur chasseresse fila ensuite vers elle, et cracha sa redoutable salive acide, l’amenant à esquiver. Son corps se mit alors à luire, et elle se concentra. Des éclairs jaunâtres, lumineux, se formèrent autour de son corps, puis elle fusa à la vitesse de la lumière, et transperça l’Horreur, ressortant de l’autre côté, après avoir manqué découper en deux le monstre. Des shantaks fusèrent vers elle, et ses yeux flamboyaient de magie, des éclairs lumineux crépitant devant son visage. Dans un hurlement de rage, Imrian fit exploser la magie autour d’elle, déformant l’air tandis qu’une bulle magique se formait, enflant, grossissant... Jusqu’à exploser dans une violente et assourdissante onde, qui fit exploser de nombreuses fenêtres, dispersant des flopées de monstres.
Sans attendre l’avis d’Imrian, Ianazaël s’était précipitée vers l’endroit où Yennesä s’était écrasée. La surface de la planète était déjà en train de se recouvrir d’un épais mucus verdâtre, gluant, gélatineux, composé de multiples yeux, et qui laissait s’échapper une fumée verte mortelle. Elle remontait à la surface, recouvrant les rues, et les malheureux qui avaient eu la malchance d’inhaler ce gaz avaient commencé à se transformer en monstres. Inazaël percevait ainsi, sous cette couche de gaz qui se répandait sur toute la surface de la planète, d’abominables zombies. Les humains s’étaient transformés, leurs cheveux tombant, tandis que des pustules naissaient sur leurs corps boursouflés, leurs doigts devenant d’interminables griffes. La corruption des Tyrans se répandait dans leur chair, faisant d’eux des monstres assoiffés de sang, qui continuaient à muter. Des épines dorsales sortaient de leur colonne vertébrale, des pointes noires, leur peau devenant plus verdâtre, plus écailleuse. Pour les plus avancés, des tentacules avaient poussé à la place de leurs bras, ou même le long de leurs bouches.
Ils se ruèrent vers l’immeuble où Yennesä s’était effondrée, et Inazaël fila à son tour, défonçant d’autres plafonds, jusqu’à arriver près d’un endroit sinistre...
«
Yennesä !! »
Inazaël s’approcha d’elle, dans un espace très sombre, et ses ailes se mirent à flamboyer, comme pour les éclairer. Elle déglutit alors en voyant la
corruption se rapprocher. Yennesä était là, sonnée, ou visiblement perturbée, car elle avait atterri dans un esorte de charnier sinistre. Des mots étaient inscrits sur les murs, tracés dans le sang :
« N'gai, n'gha'ghaa, bugg-shoggog, y'hah ; Yog-Sothoth, Yog-Sothoth... »
Cependant, outre ces inscriptions funèbres, l’endroit ressemblait surtout à une sorte de curieux temple religieux sinistre. Des corps étaient accrochés le long des murs, découpés, massacrés, pendus, crucifiés, se vidant de leurs sangs. On avait ouvert le ventre d’un malheureux, et utilisé ses intestins pour pendre quelqu’un. Le sang gisait sur le sol, avec de nombreux cadavres. Encore « jeune », Yennesä semblait choquée par cette vision, et Inazaël posa sa main sur son épaule.
«
Ressaisis-toi, ma sœur, il faut... -
VERMINE !! SUCCOMBEZ !! SUCCOMBEZ DEVANT MOI, RENONCEZ À VOS FAUSSES IDOLES !! -
C’est Nyarlathotep ! Yennesä, il ne faut pas l’écouter ! -
NOTRE ÈRE EST VENUE, EMBRASSEZ NOTRE EXISTENCE !! EMBRASSEZ-LÀ, ET DISPARAISSEZ !! DISPARAISSEZ, VERMINES !! DISPARAISSEZ, MÉCRÉANTS !! RETOURNEZ DANS VOS TOURS ARGENTÉES, PRIEZ-Y ENSEMBLE, ET ATTENDEZ NOTRE COURROUX !! NOUS VIENDRONS, ET NOUS VOUS DÉVORERONS !! »
Les murs se craquelèrent, et le mucus vert apparut... Et, sous les yeux ébahis des Anges, quand cette épaisse de mucus verdâtre tentaculaire heurta les cadavres, ces derniers s’animèrent brusquement. On les vit remuer des bras, se redressant lentement, hurlant et grognant, que ce soit les hommes, les femmes, les enfants... Et même les bébés que les mères avaient sacrifié d’eux-mêmes. Ils poussèrent des couinements meurtriers en se mettant à ramper, les encerclant.
«
Yennesä, il faut sortir, vite ! »
Inazaël se concentra, et sa magie étincela le long de ses ailes, formant une onde de choc autour d’elle, qui heurta les abominations se rapprochant d’elles, mais sans pouvoir les retenir davantage.
Tout l’immeuble était par ailleurs en train de trembler sur ses fondations, sur le point de s’effondrer sur place...