Est-ce que vous connaissez cette sensation ? Celle qui vous fait sentir plus bas que terre, celle qui vous donne la chair de poule à la moindre idée qu'un seul de vos propos pouvait vous mener à une mort quasi-certaine, et que le plus petit des mouvements pouvait être si mal prit qu'il aurait le don de vous jeter droit dans la gueule du loup, prêt à être mâchouillé comme la dernière des gourmandises le temps que vous deveniez l'équivalent d'un vieux chewing-gum au goût usagé ? Darthestar avait déjà ressenti ce genre de sensations, mais cela datait du commencement de son voyage, à l'époque même où, souffrant d'une faiblesse notoire, le moindre ennemi d'un certain talent était capable de lui faire comprendre que la différence entre eux deux était autant évidente qu'implacable, et le fait de ressentir, en cette heure de la soirée, cette impression désagréable n'était clairement pas pour lui plaire, lui qui avait acquis tant de puissance justement pour ne pas se retrouver à nouveau dans une situation similaire. En tout cas il avait bien prévu de réagir au bout d'un moment, mais il était aussi évident qu'il n'avait quasiment aucune chance s'il cherchait à la provoquer de front, si bien qu'il restait pour l'instant statique, droit et fière, répondant aux exigences de la femme non sans sentir au plus profond de lui une puissante envie de rébellion. Par contre, la femme en face de lui ne manqua pas de venir lui faire une petite démonstration, faisant apparaître du vide le plus complet un pieu qui n'avait aucuns buts plus précis que celui d'éliminer un vampire, quel qu'il soit, avant de le projeter droit vers son coeur, celui-ci s'arrêtant à quelques infimes distances de son poitrail. Il resta froid, calme, observant la jeune femme qui se déplaçait de manière légère, toujours aussi étrange, un maillet d'argent dans la main, surement prête à frapper au moindre instant où le vampire se permettrais une action déplacée, avant d'enfin lui répondre :
- Hmm, qui suis-je ? Edrusba Snes-Non et je suis hmm, voyons voir... Une divinité errante ? Mais tu peux m’appeler Edru, ou Snes, comme tu veux.
- Je penses que je vais me tenir à vous appelez Dame Edrusba, si cela ne vous offusque pas...
Bravo. Non franchement, il n'y avait plus vraiment de raisons de se questionner, elle venait d'elle-même, en tout honnêteté, expliquer l'inconfort qu'il ressentait depuis maintenant quelques minutes : il était actuellement en face d'une divinité, une puissance supérieur, inégalable, incontrôlable, dont la simple présence sur terre équivalait au dérèglement complet de celle-ci, si bien que soudainement tout paraissait à la fois plus clair et plus insensé. Plus besoin de se demander en quelle honneur elle avait put à ce point transformer la petite ruelle sombre en lieu d'un théâtre étrangement malsain, ni comment elle était capable, sans le moindre petit signe de fatigue ou d'effort, faire apparaître des choses à partir du vide le plus complet, et ce sans même que quoi que ce soit ne fasse sens. Par contre cela soulevait d'autres questions proprement gênante, comme la raison de sa venue en ces lieux, sachant que l'homme était déjà depuis longtemps au service d'une divinité, certes mineure, mais malgré tout influente, et que les autres membres de ce lieux n'étaient autres que de biens simples humains, certes un peu grossier et irrespectueux, mais loin d'avoir les spécificité requises pour attirer le regard d'une entité supérieure comme pouvait l'être la puissante Edrusba. Finalement il avait bien fait de poser une question complète plus tôt, en lui demandant quelles étaient ses intentions, car cela allait clairement lui permettre de découvrir ce qu'elle avait en tête en venant ici, du moins si elle lui répondait clairement, sans parler du fait qu'elle puisse, d'une manière ou d'une autre, arriver à être explicite sans pour autant être direct dans sa réponse au vampire. Enfin, il attendit calmement qu'elle continue son petit ménage, l'observant se retourner à nouveau la tête à l'envers pour aller embrasser la victime crucifiée, chose qui sembla enfin faire reprendre conscience à la jeune femme, qui ne manqua pas de proférer un maximum d'insanités avant de voir sa bouche scellée par quelques manipulations de la puissante déesse.
- Franchement, quelle vulgarité dans la bouche d’une jeune fille ? Ha oui, ce que je veux de vous... Hmm voyons voir...
Si elle lui disait qu'elle n'avait aucuns projets, le vampire allait surement perdre un peu de sa contenance, ce qui le gênerait pour le coup, mais préférant pour l'instant se muer dans le silence le plus parfait, il se contenta de l'observer alors qu'elle se créa de toutes pièces une assise digne des plus grands rois, afin de finalement s'y installée avec plaisir, la corps toujours renversé dans cette position tout à fait artificielle, pour y croiser les jambes dans une position des plus supérieurs, semblant réfléchir distraitement à la question de l'homme. Rien ne manqua à l'oeil vif du vampire, que ce soit son air pensif, preuve qu'elle avait vraiment peu d'idées sur sa propre présence en ses lieux, tout comme le rapide regard qu'il put capter sur le sous-vêtement de la jeune femme, qui faillit le faire rougir, sans parler non plus du fait que d'un tout petit geste des plus discrets, elle rappela à elle l'arme pointue qui était dirigée droit vers son coeur, celui-ci remontant rapidement à l'abri dans sa longue chevelure platine, alors qu'elle vint, non sans un petit coté théâtrale, ranger le maillet qui lui correspondait dans son couvre-chef. Un danger de moins ? Pas vraiment, étant une divinité elle avait surement largement la capacité d'agir sur l'essence même d'un pauvre mortel tel que lui, et elle ne manquerait pas de le lui faire savoir si il lui venait la mauvaise idée de réagir avec une certaine "agressivité". Finalement, ce qui eut surement le don de le troubler le plus ne fut pas tant toute cette mise en scène, mais plutôt le regard qu'elle posait sur celle-ci : un regard pourpre, où l'on pouvait autant y lire des signes d'amusement, de calme, et de carnage, un symbole même surement de ce que cette femme était. Qu'elle soit une divinité errante ou non n'était plus vraiment une question à se poser, Darthestar étant surtout dans une position où la question importante était devenue : Était-elle belliqueuse, ou tout simplement inconstante de nature ? Dans un cas, s'en était fait de lui, dans l'autre, peut-être avait il quelques chances de s'en sortir...
- Je n’attends rien de vous, je suis là uniquement, car vous faisiez tellement de bruits que je ne parvenais plus à traverser cette ville tranquillement. En fait je compte prendre celle-ci pour m’amuser un peu avec, elle est tellement jolie avec ses airs méchants... Vous savez qu’en vrai elle n’a plus de famille et est hébergée par une famille d’accueil, son père la bats et sa mère la vends aux voisins si vous voyez ce que je veux dire...
- Je n'ai pas vraiment votre prescience, mais je pense du moins comprendre ce que vous sous-entendez en effet.
Si cela n'était pas encore assez malsain, ce fut le moment où les choses changèrent, laissant voir la femme sous un jours complètement différent : un rictus mauvais, pervers, un air de pur plaisir malsain, non sans mentionner son apparent manque d'empathie... Pour le coup le vampiroïde aurait presque put se laisser convaincre par la supposition de la divinité belliqueuse, mais finalement il ne se précipita pas dans un tel constat, et se permit seulement d se préparer au pire, commençant à intériorisée son énergie au cas où il allait devoir tenter quoi que ce soit de profondément stupide et héroïque... Chose qui ne le mènerais surement qu'à une mort évidente, mais par laquelle sa morale l'empêchait de s'en libérer.
- Je vous laisse donc les autres pour vous repaître, les gens de votre espèce font cela non ? Mordre dans la viande encore vivante et chaude... Peut-être devrais-je essayer ça aussi un jour... Tenez, j’ai le coeur sur la main ce soir, mordez donc, c’est encore chaud, regarder moi toute cette vie !
Pour le coup le vampire ne put pas vraiment répondre, mais si il l'avait voulut au début, car ce qui venait de se produire devant ses yeux était surement quelque-chose de proprement inconcevable, d'incroyable, et il peinait même à garder son calme quand cela se produisit devant son regard éffaré, peinant à considérer une telle chose comme potentiellement existante en ce monde. La déesse, comme si elle n'avait pas le moindre souci à traverser n'importe quel être humanoïde, comme si elle n'avait pas le moindre problème à considérer un être matériel, de chair et de sang, comme rien d'autre qu'une simple flaque d'eau que l'on pouvait traverser sans encombres, venait de téléporter la jeune délinquante aux lèvres scellées, pour finalement la placer sur ses genoux, et faire pénétrer sa main de manière totalement illogique dans son poitrail, sans même que la moindre petite goutte de sang ne vienne rougir les vêtements et la peau pâle de la lycéenne. Puis, sans que cela ne puisse paraître envisageable, quelque soit la puissance de l'entité existante en face du vampire, elle retira lentement du corps de la jeune femme, avec un certain dont pour la dramatisation de ses gestes, le coeur de cette dernière, celui-ci apparaissant aux yeux de la divinité, du vampire, et de la victime qui semblait vouloir hurler de terreur face à une telle situation. Quand à l'homme, il eut un mal fou à ne pas se laisser submerger par la colère, se retint avec un calme que beaucoup lui envierait dans une telle situation, et eut encore plus de difficulté à retenir ses muscles quand la déesse se permit une petite taquineries innocentes, un petit jeu de mot taquin, avant de chercher à attiser ses instincts de prédateurs avec le coeur battant entre ses doigts. Elle cherchait à attiser ses besoins, comme on attise la faim d'un chien avec un bout de viande laissé devant sa truffe... et cela, plus que s'attaquant à son orgueil, était en train de mettre Darthestar dans une rage folle.
- Je sais, je sais ce que je veux de vous maintenant ! Je veux vous voir manger votre repas, vous voir chasser aussi, oui ce sera certainement amusant, bien sûr je participerais à l’amusement... Vous devrez chasser pour vivre, vous avez soif pas vraie ? Vous sentez cette soif grandissante ? Venez donc boire un peu sur ce coeur frais tant qu’il bat, nous pourrons jouer après.
- Il n'y a pas que cette demoiselle ce soir qui se fait insolente...
Là, elle était allée trop loin. Beaucoup trop loin. Prenant une puissante impulsion, l'homme parvint en un pas au mur qu'elle avait écartée plus tôt, se trouvait désormais derrière la divinité et son trône clinquant, et il enchaîna avec une deuxième poussée, qui l'envoya en l'air avant qu'il ne se réceptionne de l'autre coté de l'assise de la divinité, entre les quatre pieds de ce fauteuil aux airs royaux, les poings serrés, et une expression de colère sur le visage. Il était rare que quelqu'un le mette dans un état pareil, la dernière personne en date ayant réussi cet exploit se trouvant être un nécromancien, serviteur d'une divinité chaotique, et si l'homme n'était pas bien sur de l'origine purement mauvaise de la jeune femme, du moins avait-il compris qu'elle était bien loin de représenter un état bénéfique de l'ordre du monde, si bien qu'il n'avait pas beaucoup de remord à s'opposer à ses choix. Alors qu'il s'était placé en ce lieux, surement encore plus en danger qu'un peu plus tôt, mais ayant sciemment choisi cette mise en scène pour lui signifier qu'il n'était non seulement pas sous ses ordres, mais qu'en plus il n'aurait aucune retenue si il s'agissait de l'approcher et de s'en prendre à elle, il laissa échapper un léger soupir de manière à dominer sa nervosité, ses muscles, sa rage, avant d'ouvrir la bouche pour s'exprimer à nouveau, alors que soudainement autour d'eux la température chute drastiquement, expression de l'utilisation des arts magiques par le vampiroïde. Il se doutait que même ses sorts les plus puissants n'auraient pas le dons d'effleurer la divinité, mais c'était aussi une autre manière de lui signifié qu'il n'était pas le pantin de ses plaisirs, et que si elle cherchait bien à s'amuser, et non pas à manquer de respect à autrui, où à les mettre dans un danger évident, il allait aussi falloir qu'elle change d'attitude.
- La soif est loin d'être ce qui m'a poussé à agir. La morsure n'était qu'une juste punition pour cette jeune femme, un retour rapport à son comportement déplacé, et non pas une tentative de meurtre, ce dont vous vous rapprochez dangereusement en touchant à son coeur. Je suis pour un jugement adéquat, mais vous y prenez bien trop de plaisir. Ils ne sont que de simples humains, quand à moi je ne suis pas la marionnette de vos désirs.
Une neige épaisse envahit alors la rue, et c'est avec deux projectiles de givres que l'homme, d'un mouvement habile, coups les cordes suspendues dans le vide, permettant aux deux autres victimes de chuter au sol sans se briser la nuque, et donc de se libérer, ne fut-ce qu'un instant, de l'effet néfaste de la puissance de la déesse. L'homme savait qu'il ne suffirait que d'une volonté de la déesse pour les faire retourner à leur état initiale, mais pour le coup, il s'agissait bien plus de passer un message plutôt que de l'empêcher de faire ce qu'elle désirait. Sautant de son piédestal improvisé, et se retournant dans sa chute pour avoir le regard dirigé droit vers la déesse, il se réceptionna au sol en la regardant avec autant de défi dans le regard que d'insoumission.
- J'ai surement omis de l'exprimer, je suis le serviteur d'Unahzaal Dovahiiz, la déesse des grands dragons du froid. Je suppose que les querelles entre divinités sont à éviter n'est-ce pas, si bien que je vous propose quelque chose de plus simple : Vous voulez jouer ? Très bien, je suis à votre disposition, et je peux surement accepter quelques idées si vous avez la valeur et l'honneur d'agir comme une divinité, et non une enfant gâtée, Dame Edrusba. Quand au fait de garder cette humaine, je n'ai pas la capacité de l'ôter de votre étreinte, ce qui serait en sus une bien mauvaise idée... Ainsi, je vous invite plutôt à laisser partir les deux autres, qui eut ne vous ont pas manqué de respect personnellement.
C'était audacieux de parler ainsi en la présence d'une divinité, mais il n'avait pas trop le choix. Quitte à faire, si elle pouvait haïr quelqu'un dans cette ruelle, autant que ce soit le vampire, et non les innocents qui n'auraient même pas la capacités de s'en sortir un minimum face à Edrusba.