SARAH KERRIGAN
Audacieux, le plan de Javert n’avait été rendu possible que parce que les boucliers de la Base Spatiale étaient extrêmement résistants. Il avait mené des études avant. La Base Spatiale voyageait dans un immense superamas de galaxies, une véritable région de l’Univers, et, à ce titre, elle disposait d’un système de protection révolutionnaire, très avancé, même par rapport à la technologie gordanienne. Il avait donc mis au point toute une stratégie visant à appâter la puissante Uterus, puis à déclencher sur elle l’apocalypse. Le résultat était à la hauteur de ses espérances, et, quand le
LightStorm fit feu, on vit une énorme boule de plasma se diriger vers la planète, avant de provoquer un véritable holocauste. Depuis l’espace, on voyait la surface de la planète se vaporiser sous des vagues de feu hautes de plusieurs centaines de mètres de haut, incinérant et vaporisant tout, tout en s’enfonçant dans les couches les plus profondes de la bioplanète.
Toute planète tellurique présentait la même structure interne, de la surface vers l’intérieur :
- La croûte continentale,
- La croûte océanique,
- Le manteau supérieur (asthénosphère),
- Le manteau inférieur (mésosphère),
- Le noyau externe,
- Le noyau interne, la « graine ».
C’est dans la graine de la bioplanète qu’on trouverait Uterus, à plus de 6 000 kilomètres de profondeur. Il fallait donc des bombardements particulièrement intensifs et violents pour atteindre cette partie-ci de la planète, et, déjà, en voyant Uterus, on avait l’impression que la planète était comme éventrée. Un immense cratère, faisant plusieurs centaines de kilomètres de long, s’étalait, se creusant à chaque tir du
LightStorm, et une cohorte de vaisseaux, de cuirassés, et de destroyers, entouraient ce vaisseau disposant d’une puissante arme.
Des tirs supplémentaires firent gicler dans l’espace la lave du manteau supérieur. Cependant, la composition interne d’une bioplanète était très particulière, car il y avait des Formiens partout. Une bioplanète ne ressemblait donc à aucune planète tellurique, la preuve en étant que la croûte continentale et la croûte océanique ne formaient plus qu’un seul ensemble indistinct. Le manteau, lui, était une sorte de ligne profonde composée de milliards de nids et de ruches produisant autant de Formiens.
«
Continuez à pilonner, nous nous rapprochons du noyau extérieur. »
Uterus se trouverait là. En voyant une telle abomination, on ne pouvait que repenser à ces vieilles légendes, ces récits d’outre-temps narrant la guerre contre les Grands Anciens, des entités cosmiques cauchemardesques tentaculaires faisant la taille de planètes. Uterus était à leur image, et sa surface était en train de devenir une zone toxique hautement invivable, chaque tir continuant à creuser la surface. On lançait même des bombes spéciales, des mines qui s’enfonçaient dans le sol, filant le plus loin possible, avant de provoquer d’antiques et surpuissantes déflagrations. Le sol d’Uterus s’illuminait alors, puis se craquelait dans tous les sens.
La planète saignait, littéralement, et, depuis le pont de son vaisseau, Kerrigan réfléchissait à une stratégie.
«
Rapprochez le Kommander-IV de la Base, je veux récupérer ma fille ! -
Que fait-on des ordres d’Uterus ? s’enquit une assistante.
-
Je vais d’abord récupérer ma fille, puis nous irons ensuite récupérer Uterus. »
Sarah vit donc le
Kommander-IV se déplacer. Les Formiens l’entourant combattaient les forces de la Base Spatiale, et le
Kommander-IV fit feu de tous ses canons, explosant sans problème, à l’aide de redoutables tirs lasers, des corvettes légères. Enb chemin, elle vit brièvement Uterus…
Les ultimes nids éclatèrent, et on put voir le noyau extérieur.
Un amas incroyable de tentacules immenses, noirâtres, formant comme un ultime mur de protection. De nombreux tentacules jaillirent alors de la surface de la planète, comme pour se battre encore contre les attaquants.
THORNE
Thorne et Ryan étaient tranquillement loves, l’un contre l’autre, quand Thorne avait senti la mort de tous ces Formiens. Nu, Ryan était dans son dos, caressant de la main le ventre de Thorne, où la vie était en train de pousser, lorsque les Formiens avaient hurlé. Alors que la Base Spatiale allait bientôt succomber, la bataille s’était violemment inversée, et, pendant un certain temps, la Cérébrate n’avait fait qu’hurler et gémir, tandis que Ryan, inquiet, lui demandait ce qu’elle avait, avant de comprendre.
Puis Kerrigan avait envoyé un message à Thorne, en lui disant qu’elle venait la chercher.
«
Les humains ont dirigé toute l’énergie vers les boucliers… Leurs défenses sont affaiblies, nous pouvons nous faufiler pour récupérer un vaisseau, oui… »
La panique passée, Thorne réfléchissait rapidement, et elle embrassa Ryan. Son Slime noir agit alors comme un camouflage, et la recouvrit d’un uniforme faisant penser qu’elle était une ingénieure.
«
Remets ton uniforme, amour… Les scanneurs et les détecteurs formiens doivent être désactivés. Avant de prendre un vaisseau, il va effectivement falloir qu’on trouve un moyen de saboter la Base. »
La priorité était de faire gagner du temps.
«
Tu connais la Base, guide ta Maîtresse, et pense à nos enfants… Ils ne doivent pas grandir en captivité dans une cellule scientifique, mais dans l’une de nos planètes, où tu pourras enfanter ta Maîtresse aussi longtemps que tu le souhaiterais, amour. »
Et hop ! Nouveau baiser, ce qui, bien entendu, s’accompagna d’une joyeuse dose d’aphrodisiaque.
Sous la panique, Thorne ne voulait pas perdre son lien avec Ryan.