Le soir tombait sur les terres rocailleuses de
Castelroc, un bastion construit sur une montagne surplombant la région et réputé pour être l'une des plus puissantes forteresses de Vezelos. C'est la cité la plus riche de l'Empire car elle contrôle de nombreuses mines d'or et de nombreuses maisons vassales. C'est aussi un lieu disposant d'une forte emprunte religieuse et donc de son propre Ordre religieux dont le but n'est autre que de protéger le temple le plus populaire et puissant de la région. Ces cavaliers de la foie sont également appelés les Templiers.
Ayant un rôle plus qu'important, ses membres sont choisis, élevés et entraînés à devenir des Templiers dès leur naissance. On choisit soigneusement les bébés les plus forts et en excellente santé, ceux-ci étant alors arrachés à leur mère pour grandir au sein même de la nurseries de l'ordre. Là-bas, des femmes spécialement désignées pour leur lait d'excellente qualité allaitent les nourrissons jusqu'à ce qu'ils soient sevrés. On les place ensuite entre les mains de nourrisses spécialisée qui dès leur plus jeune âge vont les éduquer pour la guerre. On les encourage même à se battre pour régler leur conflit, quand bien même ce ne serait que l’emprunt d'une simple peluche. On en fait des machines de guerre, des machines à tuer sans pitié et sans peur. Et dès l'âge de 16 ans, ils sont envoyés sur le terrain, obligé de se battre pour survivre.
L'Ordre n'agit cependant pas au sein même de la Cité de Castelroc. Les hommes mûrs et les meilleurs éléments vivent et restent au Temple Principal dédié aux Dieux et Déesses les plus puissants, situé à l'extérieur de l'enceinte, à environ cinq kilomètres de la ville sainte. Là-bas, ils la défendent à n'importe quel prix.
Mais cela fait bien des années que l'Ordre n'a pas eut a essuyer de conflits, sa puissance et sa réputation suffisant à elles seules à effrayer ses ennemis.
Ce jour-là était un jour comme les autres.
Yohan Baltrim, un jeune écuyer de l'ordre, délassait les jambes de la jument de son maître trop occupé à entraîner ses hommes. Les méthodes particulièrement strictes et limites consistant à éduquer les enfants dès leur naissance avait été abandonnée depuis longtemps. Cela coûtant trop cher, et les ennemis étant excessivement rares, on se contentait d’enrôler de jeunes garçons au fort potentiel et de les entraîner. Yohan faisait partit de ces jeunes prometteurs et espérait un jour pouvoir faire partie de l'Ordre. Mais il n'était encore qu'un pauvre écuyer et devait d'abord faire ses preuves... et essuyer de longues années d’entraînement.
Ayant repéré un lièvre, le jeune homme avait lancé la monture au galop, puis au trot, tentant d'attraper l'animal avec la seule aide de ses mains. S'accrochant à la selle, il se baissait et tendait le bras vers le sol au maximum, frôlant parfois la proie avec habilité, mais sans parvenir à refermer ses doigts dessus. Finalement, il abandonna, tout de même le sourire aux lèvres.
- On y était presque, hein Pyama ? La jument renâcla en guise de réponse et Yohan tira doucement sur la bride de sa monture pour l'immobiliser au niveau d'un promontoire surplombant une large plaine rocailleuse. Il ferma les yeux, profitant de l'air frais venant caresser son visage, puis fronça les sourcils et releva les paupières, soudain envahit par un mauvais pressentiment. En effet, un groupe de corbeaux noirs passablement agités s'enfuyaient à tire d'aile au-dessus de lui. Comme s'ils fuyaient quelque-chose. Soucieux, l’écuyer reposa son regard sur la plaine, l'observant avec plus d'attention. C'est alors qu'il la vit. Cette horde dense, noire et inquiétante qui se mouvaient avec une rapidité stupéfiante, droit dans sa direction. Yohan écarquilla les yeux de terreur.
- Par tous les Saints...Soudain, prise de panique elle aussi, la jument se cabra en hennissant. Le jeune homme s'accrocha à la crinière, parvenant à rester en selle puis tira sur les rênes pour faire faire demi-tour à sa monture avant de la talonner avec empressement.
- Allez galope, ma vieille ! Galope !!L'animal s'élança comme une fusée, zigzaguant entre les rochers, ses sabots claquant furieusement contre le sol rocailleux de la montagne. La peur au ventre, couché sur l'encolure du destrier, Yohan lançait parfois un coup d’œil derrière son épaule. La horde n'allait pas tarder à arriver, ils étaient rapides et s'il ne se hâtait pas, les autres n'auraient jamais le temps de réagir et de faire face à cette menace.
- Yah ! Yah ! Hurla le garçon pour encourager la jument.
Ils y étaient presque, encore quelques mètres.
* * *
Aramon Lassiter était le Commandeur des Chevaliers de l'Ordre du Temple. Un rôle qui impliquait de grandes responsabilités, notamment l'efficacité de ses troupes.
Dans la carrière d'entraînement, à l'extérieur du
temple, il supervisait l'entraînement d'une partie de ses hommes, aboyant ses ordres pour motiver ses troupes. Tout se passait pour le mieux et d'après lui, son jeune écuyer n'allait pas tarder à revenir avec sa jument qu'il avait malheureusement du délaisser ces derniers jours, faute de temps libre pour s'en occuper. Le garçon aimait les bêtes et faisait ça très bien, il avait toute confiance en lui.
C'est alors que le Commandeur entendit une sorte de cri au lointain. Fronçant les sourcils, il tourna son regard vers les étendues sauvages et plissa les yeux. D'où pouvait bien provenir cette voix ?
Il l'entendit de nouveau. Décidant de sortir de la carrière, il en fit le tour et s'éloigna un peu, attentif. Il ordonna d'un ton sec à ses hommes de cesser tout mouvement et se concentra de nouveau. Oui, quelqu'un était bien en train de hurler par là-bas.
Tout à coup, il aperçut une silhouette. Celle d'un cavalier. Plus précisément encore, celle de sa jument à la robe blanche comme la neige et de Yohan, son écuyer. Qu'est-ce qu'il avait à brayer ? Que se passait-il ? S'étant un peu approché, le jeune homme hurla de plus belle :
- On nous attaque !! Commandeur, des ennemis arrivent !- Non de Dieu ! Jura l'homme.
Ses hommes aussi avaient entendu. Il beugla des ordres, enjoignant tous les membres de l'Ordre présent à se préparer au combat et à mettre tous les hommes et femmes de foie en sécurité dans les profondeurs du Temple.
Ils ignoraient encore qui seraient exactement leurs adversaires, mais ils devaient s'attendre au pire.
Yohan descendit prestement du cheval, essoufflé, terrifié, attrapa son Maître par les épaules.
- Ils sont des centaines ! Très rapide ! Il seront là d'une minute à l'autre !- Calmes-toi mon garçon. Ramènes Pyama à l'écurie, enfile de quoi te protéger et te battre et amènes-moi une monture fraîche.- Mais... Commandeur...- Ne discutes pas ! Va !Yohan opina du chef et s’exécuta, tirant la jument par la bride pour la guider. Il ne prit pas le temps de la déharnacher, le temps était compté. Au lieu de cela, il sella un autre cheval, un étalon puissant et musclé à la robe noire ébène. Il le fit attendre le temps d'enfiler une armure de cuir et d'attraper une épée courte, seul équipement dont il disposait à son niveau. Alors seulement, il entraîna l'animal vif et fougueux derrière lui jusqu'à son Maître. Celui-ci avait revêtu son armure de fer rutilante et son épée pendait majestueusement à sa ceinture, logée dans son fourreau. Dans sa main droite, il tenait le bouclier des templiers. Il avait fier allure, mais son charisme ne lui servirait pas à grand chose dans la bataille.
L'air sévère, il attrapa la bride du cheval que lui tendait son écuyer et l'enfourcha avec agilité. Pendant ce temps, ses hommes le rejoignaient, se mettant en formation aussi rapidement que possible. Si ses calculs étaient exact, ils formaient une troupe d'environ cent hommes hommes. Moitié moins sans doute que leurs adversaires. Peut-être moins encore, impossible de savoir. Cela ne suffirait pas. Il héla alors un messager et lui ordonna d'aller prévenir la cité. Ils auraient besoin de renfort.
Une fois ses hommes prêts et en formation, Aramon attendit. Il entendait déjà les pieds de ses ennemis piétiner le sol, non loin. Puis il vit des silhouettes, nombreuses. Une horde de barbares déchaînée.
- Les voilà...Yohan avala difficilement sa salive, debout, les pieds fermement encrés dans le sol, en retrait, il leva son épée en priant les Dieux de les protéger...