Cordélia avait envie de pleurer. Cela faisait déjà quelques temps que son ancien grand amour l'avait abandonnée et vendue comme une marchandise à un esclavagiste. Elle était restée un moment, parmi d'autres esclaves, observant le monde qui l'entourait aux travers des barreaux de sa cage ou d'une fenêtre minuscule d'une cave. Elle avait longuement espéré qu'il revienne la chercher ou qu'elle se réveille d'un simple cauchemar. Mais plus le temps passait plus elle perdait espoir. Il n'y avait aucun moyen de fuir et elle savait pertinemment que tôt où tard, elle allait être vendue comme une bête à la foire.
Ce jour arriva en effet. Les enchères furent longue et fastidieuses. Beaucoup de gens s'arrachaient cette jolie sirène si rare et si exotique. Ce fut finalement un riche notaire qui remporta la mise. Fier comme un paon, il l'avait menée par ses chaînes jusqu'à une petite calèche qui les mena elle-même jusqu'à une riche propriétaire au abord de la ville, surplombant celle-ci depuis une colline. L'homme était très riche et Cordélia s’imaginait qu'il avait besoin d'une servante supplémentaire pour entretenir sa belle maison. Mais il n'en était rien. Il ordonna à des valets de la préparer. Elle fut lavée de haut en bas, on ne lui laissa pas le choix. Puis on la fit attendre, enfermée dans une petite pièce meublée d'un simple bureau, d'une chaise et de quelques étagères bourrée de babioles en tous genre. Alors quand enfin on va la rechercher dans la soirée, elle pensait avoir le droit à un repas et une chambre. Au lieu de cela, on la fit monter à l'étage et on la laissa entre les griffes du notaire. Un homme puissant et diablement pervers qui l'obligea à faire les choses les plus ignobles au monde. Il la viola, la frappant parfois lorsqu'elle se débattait trop. Cela dura des heures entières, Cordélia ne parvenait même plus à savoir comment s'écoulait le temps. Et lorsqu'enfin l'homme en eut assez, il l'agrippa par les cheveux et la jeta hors du lit, appelant ses valet qui vinrent la ramasser et la trainer jusqu'à une petite chambre de bonne. On la laissa là, sur le sol, secouée de sanglots, recroquevillée sur elle-même.
Les jours suivant, on l'obligea à faire le ménage ou la cuisine. Et chaque soit, le notaire recommençait son œuvre perverse, se montrant toujours plus violent. Elle n'était pas douée dans ce qu'on lui demandait de faire. Elle ignorait tout des tâches des êtres humains et se montrait maladroite. Et plus les nuits s'enchaînaient, plus elle se rebellait contre le notaire. Elle était parvenue à le mordre et le griffer, alors le soir suivant il l'avait attachée et rouée de coups en prime. Mais elle ne s'était jamais soumise. Si bien qu'un bout d'une semaine, le notaire finit par la revendre à une autre esclavagiste pour un prix dérisoire en décrétant qu'elle ne valait rien.
Certes, Cordélia n'était pas mieux lotie entre les mains d’esclavagistes. Quoique. Elle serait toujours bien mieux dans une cage que dans cet endroit. Plus jamais elle ne voulait revivre un tel calvaire. Elle avait tellement honte...
Voilà deux jours qu'elle était enfermée avec les autres esclaves. Aujourd'hui, c'était jour de marché dans une petite ville non loin de Nexus. La jeune demoiselle tremblait, angoissée à l'idée de devenir de nouveau l'esclave d'un être abject. Elle avait été installée dans une cage individuelle. Tous les autres esclaves venaient d'être vendu. Il ne restait plus qu'elle, on l'avait gardée pour la fin. Bientôt on viendrait la chercher pour la montrer nue à la vue de tout le monde. Bientôt elle serait encore vendu comme une vulgaire marchandise. A cette idée, la jolie sirène se mit à pleurer...