Lorsqu'il entra dans la dimension nouvelle, quelque chose de vaguement familier explosa en lui.
La sensation d'un pouvoir immense, d'être décuplé en plusieurs milliers ; ou plus exactement, de grandir pour devenir le tout qu'il avait été jadis.... Pour redevenir lui-même.
Enfin, il sentait que tout se remettait en place, et la sensation d'être bloqué, coincé dans une réalité qui ne lui appartenait pas s'envolait, au profit d'une autre impression, nouvelle cette fois-ci. Il était libre.
Mais quelque chose venait ternir ce tableau, qu'il préféra ne pas remarquer. Même si il était libéré, il n'était pas chez lui. Il n'était pas la bienvenue.
Alors il se détourna de ce sentiment, car il sentait que la liberté qu'il éprouvait ne durerait peut-être pas éternellement, et qu'il devait en profiter avant qu'il ne soit trop tard et que le ciel ne lui tombe sur la tête.
C'est ainsi qu'il arriva sur Terra.
Bien sûr, il connaissait déjà le lieu, et des détails plus ou moins importants lui revenaient à l'esprit. Il avait observé, de sa constellation, les choses se former, petit à petit. Il avait vu la paix de se pays, puis des guerres et des conflits la diviser. Il avait vu la formation même de Nexus, ce pourquoi certaines gens se la disputaient, comment la déesse Aphrodite, protégée de la Déchéance, l'avait créée de ses propres mains. D'en haut, discret, invisible, il avait tout vu, tout observé ; tout compris, et maintenant que cette terre parvenait à ses yeux, tout lui revenait.
Mais ses émotions étaient trop fortes pour que ces informations capturent son attention.
A présent, peu importait la raison de ce monde, son fonctionnement, ses politiques et sa création.
A présent, tout ce qui importait était la Liberté.
Une étendue verte s'inclinait devant lui. Elle courait, courait, jusqu'à s'arrêter soudainement, pour plonger dans une petite falaise de roches et de verdure. Puis elle recommençait, encore et encore, parfois organisée en de larges rectangles cultivés, parfois entachés par des forêts épaisses.
Tout cela défilait sous ses yeux.
Ses ailes claquaient dans l'air d'une après-midi fraîche.
Enfin.
Il en avait rêvé, depuis des mois et des mois. Enfin, il était lui-même.
Ce n'était pas un homme qui parcourait le ciel, mais un immense cheval blanc.
Cet espace lui appartenait. Il lui avait toujours appartenu. Sur son passage, toute chose s'écartait. Il ne portait pas la foudre, mais ses sabots s'appuyaient sur l'air qui le portait avec joie.
Combien cela faisait-il de temps qu'il tournoyait dans le ciel ? Il avait perdu le comte, et finalement, cela importait peu. Peut-être quelques minutes, voire même quelques heures.
A moins que cela ne fasse des mois, des années.
Finalement, repérant un petit lac qui bordait l'étendue d'herbe, le cheval se posa. Il entra dans l'eau avec reconnaissance car il faisait chaud et le lac était frais, et y passa un petit moment, ses immenses ailes ne rentrant pas totalement dans l'eau délicieuse.
Quand soudain, il entendit un bruit.