Et il hennissait vers l'invisible
Ales Pégase
Comme tous les autres matins, Ales se leva de bonne heure.
Il aimait cette solitude, la douceur du matin et la claque magistrale du vent froid que fournissait l'aube.
Et ce qu'il aimait par dessus tout, c'était ce silence.
Alors, et seulement là, il se retrouvait lui-même. Ne cherchait plus à comprendre avec son esprit mais avec son cœur. Dans cet instant là, tout était parfait. Les réponses à ses questions étaient directes, simples, vraies. Et seulement alors, ces questions n'avaient plus raison d'être. C'était si beau qu'il en aurait sacrifié sa vie pour rendre l'instant plus réel.
Car réel, ça ne l'était pas. Non, ça ne l'était pas.
Et chaque matin, la vérité retombait, limpide et froide comme un mur de verre.
On l'avait perdu. On l'avait abandonné.
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Blanches, majestueuses, les puissantes ailes du cheval d'argent prenaient appui sur l'air pour s'élancer toujours plus en avant. Il était fier ; il était beau, il était le messager d'un Dieu, et il était sa propre Liberté. Voyager par le ciel était son plus bel exercice, transporter la foudre sa raison de vivre, là où il rayonnait toujours.
On l'appelait Pégase.
Sa renommée n'était pas feinte. Le cheval fendait l'air avec une aisance fascinante. Il n'était pas accompagné, n'avait aucun message à apporter à quiconque ; non, c'était juste une de ses ballades dont lui seul connaissait la destination, qu'il ne dévoilait jamais à personne.
Il s'était fait le compagnon de nombreuses légendes, désormais indissociable à l'image que l'on se faisait du ciel, à l'image que l'on se faisait de Zeus.
C'est alors qu'il rencontra Bellérophon.
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Ales poursuivi son chemin vers Le Cheval Ailé. Il avait passé la journée à éplucher les recensements sur internet, faisant défiler de nombreuses fenêtres d'informations, Wikipédia en premier abord.
Des choses lui revenaient. C'était la déchéance. Que croire ?
Mais peut-être n'est-ce pas par ici qu'il faut commencer à expliquer l'histoire d'Ales.
Non, il est plutôt judicieux de la débuter là où la raison l'accorde. De la débuter aussi loin que les souvenirs remontent.
C'est dans un douillet lit d’hôpital de la ville de Seikusu, au Japon, qu'il se réveilla. Son corps avait quelques 25 années, mais son esprit était comme neuf. Rien ne lui venait. Un véritable tableau blanc, sans un seul point sombre pour entacher sa vision.
Il ne se rappelait plus.
Longtemps, il resta dans cet hôpital, abandonné de ses propres souvenirs. Qui était-il ? Que faisait-il là ? Pourquoi donc existait-il, si différent du reste du monde ?
Et pourquoi ne se sentait-il pas chez lui ?
L'hôpital ne pu le garder indéfiniment en son sein. Cet homme était en bonne santé, apte, il pouvait marcher, courir, vivre seul.
Mais son identité demeurait un mystère. Il n'avait pas d'argent, pas d'endroit où aller, ni de nom, nuls parents ni amis. Personne n'avait souvenir de lui comme lui n'avait souvenir de personne. Il n'existait dans aucun registre.
Avait-il seulement existé ?
Il sut alors qu'on l'avait trouvé dans un champ, nu, au delà de la constellation de Pégase. Constellation qui avait soudainement changé, comme se dispersant. Un énorme tatouage prenant tout son dos représentait deux magnifiques ailes peintes de noir.
On lui donna le nom d'Ales, et le mystère demeura.
Alors, on lui procura un peu d'argent et un logement social, peu spacieux, dans un immeuble miteux au fin fond d'une sombre banlieue.
Qui que ce soit, la personne qui lui avait joué ce tour était des plus mauvaises qui pouvaient exister.–-
Bellérophon, pour sauver sa vie et se faire renommée, s'était fait jurer qu'il capturerait et tuerait la Chimère, un monstre terrifiant capable de cracher un feu féroce. Mais aucune solution n'existait sans qu'il ne se blesse à la tâche, brûlé par les flammes.
Il devait trouver la monture parfaite, assez rapide pour échapper aux flammes mortelles et atteindre le monstre.
La réponse lui vint en rêve : Pégase.
Mais comment le dresser ? Le Héros n'en avait pas la force. Mais la réponse lui vint aussi en rêve, et lui apparut à son chevet, bien réelle : un philtre magique qui pouvait atténuer les ardeurs du cheval ailé, suffisamment longtemps pour le monter. Muni de l’élixir, il alla à la rencontre du coursier et parvint à le monter sans mal, comme personne n'avait pu le faire avant lui sans le consentement de la bête.
Ainsi, Bellérophon tua la Chimère avec l'aide du cheval blanc, et il aurait sauvé sa vie et serait devenu un Héros aux exploits de renom si il était rentré chez lui après cela.
Mais c'était sans compter sur l'ambition des Hommes et la vengeance du cheval.
Car Bellérophon décida que sa place chez les Dieux de l'Olympe lui était légitime.
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Quelques temps après son emménagement dans l'appartement qui lui était loué, Ales commença à se rendre à divers magasins de casino. Il semblait qu'il en avait l'âge, d'après la loi des Hommes.
Peu à peu, les choses lui revenaient, sans pour autant qu'il se les approprie.
Il avait l'impression de se souvenir de choses qu'il avait observées, lointain, des centaines d'années durant.
Il passa son temps sur son ordinateur, essayant de se rappeler des choses qu'il avait apprises, sans même comprendre pourquoi.
Il apprit rapidement à jouer au poker, au black jack ou à la roulette Anglaise. Bientôt il se fit une place dans le casino Le Cheval Ailé, un auquel il se rendait souvent. Il y était comme attiré. Il n'arrivait pas à résister à son appel.
A l'entrée de ce casino se tenait une gigantesque statue de fer représentant un fier cheval aux ailes blanches déployées vers le ciel.–-
-J'irai, par le ciel, à la rencontre du Dieu le plus puissant de tous les Dieux, qui m'acceptera dignement au sein de ses frères. Et c'est toi, mon cher Pégase, qui m'y emmènera. Que ta fierté soit mise à bas devant ma puissance et puissent tes ailes m'emporter vers le ciel.
Sur ces pompeuses paroles, le grand Bellérophon décolla du sol pour venir s'installer dans l'encolure de l'animal. Animal qui ne broncha pas.
On ne pouvait mettre sa fierté à bas.
Mystérieusement calme et docile, le cheval blanc s'élança dans le bleu du ciel, fixant sans le voir le majestueux palais des Dieux.
C'était le calme avant la tempête. Mais le Hérso, trop occupé à se voir en Dieu comme si c'était chose acquise, ne fit pas attention à l'attitude de sa monture et la pressa pour aller plus vite et en finir avec cette longue et fastidieuse montée.
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A chaque fois qu'il dépassait la majestueuse statue, son cœur s'emballait et d'étranges pensées lui venaient. Des souvenirs, il en était maintenant sur. Il se prenait pour ce cheval, voguant dans le ciel et transportant les éclairs de Zeus par delà la Terre. Était-il donc stupide à ce point ?
Son tatouage lui brûlait le dos.–-
On était bien loin du palais des Dieux quand Pégase se mit en action.
Alors que la confiance de son cavalier était pleine et tranquille, le cheval se mit en branle.
Comme prit d'une soudaine crise de panique, il rua, hennit, se cambra avec une violence étonnante. Personne n'aurait pu tenir, tellement la force de ses mouvements étaient puissantes et intenables. Bellérophon se mit d'abord dans une colère tempétueuse. Comment lui, une simple bête, pouvait se permettre de déranger ses plans ? Il allait le regretter. Était-il stupide ...? Bien sur qu'il l'était ! Comment un simple cheval pouvait-il réfléchir distinctement ?
Alors qu'il levait la main pour frapper l'animal, éprouvant de plus en plus de difficultés à rester assis stablement sur sa monture, le regard du Hérso tomba vers le bas.
Tout s’effaça soudain. Il n'existait plus que ces minuscules points au sol, terre immense et déserte qu'il avait quittée avec un rapidité effrayante. Si il tombait, il s'écraserait là, broyé, explosé contre ce sol qu'il avait tant désiré quitter. Son estomac se souleva, sa vision se brouilla et il crut défaillir.
Les assauts du cheval étaient de plus en plus extrêmes.
Alors il lâcha les rênes, et ses propres forces disparurent.
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Le cheval vit la silhouette disparaître entre les nuages, mais un sourd bruit brisa le silence du ciel, lourd et mate.
Lorsqu'il se réveilla, une étrange sensation de satisfaction l'entourait.
Son tatouage le brûlait tellement qu'il se redressa vivement sur son matelas déformé. Une affreuse démangeaison l'assaillit. Alors qu'il essayait de se gratter le dos, sans grand succès, ses doigts s'arrêtèrent sur une sensation étrange.
On aurait dit une plume.
Ales se leva, titubant, et se dirigea vers le miroir brisé de la salle de bain. Se déboîtant pour apercevoir son dos, ses yeux tombèrent sur le reflet que lui rendait le miroir. Ce qu'il y vit lui coupa le souffle, et il resta une bonne minute à observer, tétanisé.
A la place du tatouage sombre tentaient de se décoller deux petites ailes blanches.
Cela faisait un an et demi qu'il était tombé sur Terre.–-
Le Héros était bel et bien tombé à terre. Il y avait de grandes chances qu'il soit mort.
Le cheval ailé avait eut sa revanche. Peut-être la paierait-il un jour ou l'autre.
Se détournant d'un mouvement d'aile du sol et de ce qu'il dévoilait, Pégase s'élança de nouveau, enfin libéré de l'être qui l'avait enchaîné et privé de liberté.
Il lui fallut un certain temps afin d'arriver au palais des Dieux.
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Qu'était-il vraiment ? Voila que cette question continuait à le poursuivre, inlassablement.
Par moment, il cessait de se la poser. Par moment, il acceptait simplement la réalité combinée à ce qu'il savait au fond de son cœur. Les ailes le prouvaient. Tout comme ses rêves étranges de cheval et de Dieux, tout comme ces pensées farouches qui ressemblaient fort à de véritables souvenirs.
Il avait été Pégase, il avait été ce fameux cheval de la mythologie grecque.
Puis la raison lui revenait.
C'était impossible. Il manquait d'éléments pour arriver à cette conclusion loufoque. Certes, ces ailes qui poussaient dans son dos étaient surnaturelles. Certes, le fait qu'il n'est aucun passé normal et solide était tout à fait anormal.
Mais quand bien même, comment aurait-il pu être un cheval ? Vieux de plusieurs millénaires ? Issu de l'imagination de l'Homme ?
Il aurait fallu être le dernier fou pour croire en une telle hypothèse.
Cependant, Ales n'alla jamais voir aucun médecin autre que le suivi que lui fournissait l'hôpital qui l'avait recueilli. Il ne parla de ses ailes à personne. Par ailleurs, personne ne pouvait les voir, car lorsqu'il le voulait et que les démangeaisons ne le prenaient pas, ses ailes se transformaient de nouveau en tatouage noirâtre. Souvent, il crut que c'était le fruit de son imagination.
Alors la question revenait.
Qu'était-il ?
Il lui manquait quelque chose pour comprendre. Il y avait un trou. Quelque chose pour lier ces souvenirs indécis et la vie qu'il menait à présent.–-
Ce fut Zeus qui l’accueillit.
Pourquoi le cheval ailé avait-il tenu à continuer son chemin ? Pourquoi ne pas s'en être allé, à tire d'aile ? Il avait regagné sa liberté, après tout. Que cherchait-il donc ?
Mais il était attiré. Quelque chose de plus grand que lui lui soufflait de continuer sa route jusqu'à l'Olympe.
Alors c'est ce qu'il fit.
Arrivée à l'étable du Dieux, Zeus était là.
Comment avait-Il su qu'il venait, délié de son cavalier ? Nul ne le sait. Peut-être observait-Il, de son royaume d'or si haut dans le ciel où le cheval se tenait maintenant.
La foudre brûlait à ses sabots. Elle n'avait qu'une seule intention : rejoindre son maître.
Et c'est ce qu'elle fit.
Ainsi, Zeus récupéra le pouvoir qu'il avait prêté à Pégase, récupéra une partie de sa foudre.
Pour le remercier de sa loyauté, mais aussi d'avoir battu le Bellérophon, Zeus offrit au cheval une ultime chose, que seuls les Dieux peuvent octroyer : la jeunesse éternelle.
Pour ce faire, il fit du cheval une constellation, quinze étoiles scintillantes qui pouvaient voir, observer et voler.
« Maintenant il jouit du ciel que jadis il cherchait à atteindre au galop de ses ailes, et il brille et scintille de ses quinze étoiles. »
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La vérité lui parvint le jour où il utilisa les ailes qu'on lui avait offert.
C'était un ultime cadeau de Zeus, avec celui de la jeunesse éternelle.
Les plumes, blanches comme elles l'avaient été si longtemps auparavant, avaient maintenant atteint une taille gigantesque. Il ne pouvait plus les déployer dans le petit espace de son appartement sans risquer de faire tomber et briser quelques objets encombrants.
Déchiré entre la peur et l'envie irrésistible d'utiliser sa capacité, il hésita longtemps à redevenir lui-même.
Car c'était bel et bien ce qui l'attendait. Bien qu'il l'eut désiré tout le long de son existence sur Terre, cette idée même lui faisait peur.
Allait-il s'écraser, confirmant en ce sens la raison qui lui affirmait que tous ces souvenirs n'étaient que pure imagination ?
Ou bien allait-il bel et bien voler, et confirmer par la même occasion qu'il n'avait pas fait que rêver ?
La peur lui tordait le ventre. Mais il ne pouvait résister.
En haut d'une haute falaise, alors que la jour sombrait et que la ville aux lumières chatoyantes s'allumait, Ales sortit ses immenses ailes.
Il ne donna pas le temps à une autre hésitation de s'encrer dans son esprit.
Il prit son envol.
Et se sentit tomber.
–
Il tombait. Ils tombaient.
Tout se mélangeait.
Étaient-il morts ? Pourquoi tout s’éteignait soudainement ?
Il tâcha de concentrer son attention, mais il avait le tournis.
Où était-il ?
Était-il haut dans le ciel, représentant les étoiles ? Si c'était le cas, tout était perdu. Les Dieux avaient perdu. Zeus avait perdu. Le cheval, de sa constellation, le voyait s'éteindre à petit feu, comme ses congénères. Plus personne ne croyaient en eux. Ils l'abandonnaient. Ils partaient pour des siècles, des millénaires, peut-être même pour toujours. Avaient-ils seulement existé ? Après tout, ils l'avaient aussi abandonné à son sort, perdu dans le ciel, sans même une attention. Comment croire en eux alors ?
Il n'y en avait qu'une seule qu'il voyait survivre, la déesse de l'Amour. Mais elle disparut elle aussi soudainement.
Le monde n'était plus le même. Il n'avait plus sa raison d'être.
Mais peut-être se trompait-il. Peut-être se trouvait-il bel et bien dans le ciel du Japon, tombant et tombant encore, découvrant ses illusions et les faux semblants qui s'étaient emparés de lui. Peu importait qu'il soit seul maintenant.
Il avait récupéré ses ailes. Zeus les lui avaient rendues.
Alors il mit sa musculature en branle. Maintenant, il pouvait distinguer le sol et les champs qui lui faisaient face. Il devait éviter de s'écraser. Il ne finirait pas comme Bellérophon. Pas avec ses ailes.
Avec toute la maigre puissance qu'il possédait sous forme humaine, Pégase fit bouger ses ailes et sentit la résistance du vent contre son corps. Soudain, il ne fut plus à quelques mètres du sol.
Soudain, il vola.
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Identité : Anciennement Pégase, de son nouveau nom sur Terre
Ales Pégase officiellement.
Âge : Bien que le personnage ai plusieurs milliers d'années, il a fait physiquement moins de trente ans et a officiellement 28 ans.
Sexe : Masculin ~
Race : Bonne question... On pourrait dire que c'est un ancien avatar, ayant été un messager de Zeus, donc un ange déchu vu la déchéance de ce Dieu. Sinon, une créature.
Sexualité : Sous sa forme humaine, il a été exclusivement hétéro, se réfugiant souvent dans le plaisir du sexe pour oublier ses préocupations étranges. Cependant, il n'est pas sans se savoir une attirance pour les hommes. Il est assez expérimenté.
NB: Doublette mes amis ♥ J'ai adoré écrire cette fiche, j'espère qu'elle n'est pas trop floue et que d'autres que moi rentrerons dans l'histoire. L'histoire de Pégase est une qui existe parmi tant d'autres versions, retapée, assez à côté de la plaque pour marcher dans ce contexte: donc, paix !
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