Félicia ignorait si cette mystérieuse femme capable de se transformer en animal l’avait suivi. Si elle était intelligente, elle n’avait aucune raison de le faire, car elle avait obtenu ce qu’elle voulait, et ce de justesse. La Chatte Noire filait le long des rues de campagne, rejoignant rapidement Seikusu. Elle s’enfonça dans la forêt entourant la ville. Les voitures la poursuivaient rapidement, mais elle avait l’avantage dans les virages. La Chatte Noire pouvait plus facilement les aborder, sans trop freiner, contrairement aux solides voitures. Elle entendait les moteurs rugir. Le convoi passa assez rapidement dans la forêt, pour rejoindre Seikusu par plusieurs tunnels permettant de pénétrer directement dans la ville. Slalomant à gauche et à droite, Félicia évitait les voitures et les camions, et rejoignit un grand boulevard très lumineux. Les voitures continuaient à la poursuivre, et la Chatte Noire regarda dans son rétroviseur. Les voitures continuaient à la traquer, et elle vit également des motards débarquer. Ils étaient plus rapides que les voitures, et chaque moto se composait d’un pilote et d’un copilote, le copilote ayant un pistolet-mitrailleur. Les Uzis canardaient, mais avec très peu de chances de l’atteindre. Félicia s’élança le long du grand boulevard, et fila sur la gauche, laissant des traînées de pneus sur le sol, puis fila à nouveau, remontant une rue en sens interdit.
*La vache, ils ont une dent contre moi !*
La Chatte Noire partit sur la droite en arrivant de l’autre côté de la rue. Les trois berlines venaient à nouveau de la rejoindre, et des trappes s’ouvrirent à hauteur des toits, livrant passage à des hommes armés de mitraillettes. Plusieurs balles filèrent juste à côté de la moto, et Félicia recommença à zigzaguer. Elle fila en plein milieu d’un carrefour bondé, amenant un bus des transports publics à piler brutalement. Il heurta l’une des trois voitures, celle à l’arrière, amenant le véhicule à partir en vrille, et à faire une série de tonneaux, avant de se heurter à un camion de marchandise. La voiture noire explosa brutalement, répandant un chapelet de flammes.
Le chaos se déchaînait autour de la Chatte Noire, qui continua sa course, et fila sur la gauche, rejoignant une rue plus étroite, une rue piétonne avec des escaliers publics. Elle les descendit avec sa moto, les berlines s’arrêtant à l’entrée de cette rue.
« On la tient, c’est une impasse ! s’exclama l’un des Japonais.
- On se dépêche ! »
Félicia arrêta sa moto dans une sorte de place publique avec une fontaine, plusieur bancs devant, et quelques parterres. Elle était en fait dans une place cernée par de multiples immeubles, et entendait les bruits de pas précipités des Yakuzas. Regardant autour d’elle, la Chatte Noire chercha une piste pour fuir, et les Yakuzas dévalèrent les marches, puis lui tirèrent dessus, de loin. La femme courut rapidement, et longea un immeuble. Elle fila le long d’une petite promenade dallée serpentant entre les immeubles pour rejoindre un gros mur séparant la résidence de la rue., et approcha de l’entrée arrière de l’un des immeubles. La porte était éclairée par un lampadaire fixé contre le mur, et Félicia prit son élan, puis bondit.
Elle atterrit à pieds joints sur ce lampadaire et s’en servit pour rebondir gracieusement, et ainsi se poser sur un balcon. Rapidement, elle se coucha sur le balcon, et vit, en contrebas, les Yakuzas arriver.
« Merde, elle est où ?!
- Elle a pas pu filer comme ça ! »
L’un des Yakuzas s’approcha de la porte, et constata qu’elle était fermée. Pour l’heure, le plus important était de ne pas se faire repérer, et Félicia, en conséquence, restait aussi silencieuse qu’une ombre. Les Yakuzas finirent par s’écarter, et elle se redressa lentement, choisissant de rester sur le balcon... Puis se retourna subitement. Bouche bée, un petit garçon la regardait depuis le salon, tenant dans sa main une glace qu’il était venu chercher à la cuisine, juste à côté. Une porte entrouverte sur la gauche, au sein de l’appartement, diffusait la lueur bleuâtre caractéristique d’un reflet d’écran télévisé. Félicia lui fit un clin d’œil, puis lui souffla un baiser avec ses lèvres, et descendit en contrebas, se réceptionnant sur l’herbe.
*Les vilains chiens sont partis, la chatte est sauvée...*
Ou presque. Car il lui fallait encore récupérer sa moto. Cependant, elle avait avec elle l’avantage de la surprise, ce dont elle espérait bien profiter.